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Message Publié : 27 Juil 2020 15:30 
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Jean Froissart
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Barbetorte a écrit :
Kurnos a écrit :
Chaque confession a pour mission sur terre d'être l'esclave de l'autre.
Cette phrase n’a d’ailleurs guère de sens.

C'est un constat et c'est écrit dans certains préceptes religieux que certains doivent se soumettre ou mourir, je n'ai rien inventé.

L'esclavage a pris fin quand on n'a plus eu besoin de rameurs dans les galères. C'est la marine à voile qui a contribué à la fin de l'esclavage (des blancs)


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Message Publié : 27 Juil 2020 15:38 
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Elviktor a écrit :
C'est en espagnol, bien sûr, mais j'essayerais si vous le désirez et en ai le loisir de vous faire un résumé (et traduction) des points qui me sembleraient, en lecture rapide, signifiants et y soient contenus (tels que les Lois et normes sur l'esclavage, comment on en arrivait à être esclave, les contrats et statuts juridiques autour de l'esclavage ou qui étaient les propriétaires d'esclaves...).


Si vous pouviez en faire un petit résumé, cela nous éclairerait grandement.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 27 Juil 2020 15:41 
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Kurnos a écrit :
L'esclavage a pris fin quand on n'a plus eu besoin de rameurs dans les galères. C'est la marine à voile qui a contribué à la fin de l'esclavage (des blancs)


Ce qui est faux, car beaucoup d'esclaves restaient à terre, j'ai donné une liste sur un autre fil qui démontre que ces esclaves libérés par les Mathurins n'étaient pas galériens.

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Message Publié : 27 Juil 2020 16:45 
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Grégoire de Tours
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Jean-Marc Labat a écrit :
Elviktor a écrit :
C'est en espagnol, bien sûr, mais j'essayerais si vous le désirez et en ai le loisir de vous faire un résumé (et traduction) des points qui me sembleraient, en lecture rapide, signifiants et y soient contenus (tels que les Lois et normes sur l'esclavage, comment on en arrivait à être esclave, les contrats et statuts juridiques autour de l'esclavage ou qui étaient les propriétaires d'esclaves...).


Si vous pouviez en faire un petit résumé, cela nous éclairerait grandement.

Avec plaisir,
Voici déjà (en résumé) ce qu'on y trouve en préambule :

"L'esclavage n'était pas un élément fondamental de l'économie aragonaise de l'époque. Dans ce royaume, il y avait des esclaves, mais en petit nombre, beaucoup moins que dans d'autres régions comme l'Andalousie, la Catalogne et Valence. Une grande partie d'entre eux étaient engagés dans du service domestique et les corvées, mais comme nous le verrons, les cas d'ouvriers artisanaux ne manquent pas, qui aidaient leurs maîtres dans leurs tâches de fabrication et étaient même dédiés par eux à un métier, les maîtres recevant le salaire de l'esclave. C'était un phénomène urbain, limité aux grandes familles ou aux artisans aisés. Les mentions de captifs ruraux sont très rares, en raison entre autres des prix élevés qu'ils ont atteints; cependant, la traite négrière commerciale a fait l'objet d'une certaine considération, comme le révèlent les modèles d'actes juridiques qui nous sont renvoyés sous diverses formes notariales le long des XIVe au XVIe siècles, puisque l'existence de ces modèles de contrats montre qu'ils étaient fréquemment utilisés. Ils se réfèrent exclusivement à l'acquisition et à la manumission d'esclaves, appelés en Aragon "franqueza", "aforría" ou "enfranquimiento". Cela révèle qu'à Saragosse il n'y avait pas de marché aux esclaves comme dans d'autres villes péninsulaires, par exemple Barcelone, mais de nombreuses transactions individuelles d'une personne à une autre. Un autre exemple de cela est constitué par la très faible réglementation de l'esclavage dans les Fueros* y Observancias* de Aragón, qui contraste avec les usages et les "Coutumes" de Barcelone, des Fueros* de Valencia ou des Lois des "Siete Partidas"**."

*Les "Fors" (los "Fueros") aragonais (source wiki):
Les fors à leur origine se présentaient sous forme d'un pacte, c'est-à-dire, le fruit d'un apport commun des Conseils auquel le Roi donnait son agrément. Dans un premier temps ils étaient le résultat d'une compilation et finirent par remplir douze livres après les révisions de 1496, 1517 et 1542. En 1552 a été réalisée une grande refonte, qui incluait les Observancias. Le dernier travail de compilation a été réalisé en 1667. Le travail de codification s'est vu supplanté dans de nombreuses occasions par les règles que formulaient les Cortes d'Aragon elles-mêmes et ces règles étaient incorporées au corpus des règles juridiques du Royaume.

**Les "Siete Partidas" (tjrs source wiki)
Les Siete Partidas (signifiant Sept Parties en espagnol), sont un corpus législatif élaboré en Castille sous le règne d'Alphonse X le Sage entre 1256 et 1265. L'exercice vise à uniformiser le droit à l'intérieur du royaume. Désigné à l'origine sous le vocable Livre des Lois, il reçoit au XIVe siècle le nom sous lequel il est désormais connu du fait de sa structure en sept sections. Cet ouvrage est sans aucun doute l'un des plus fondamentaux de l'histoire du droit comme il sert de fondement juridique longtemps en Castille, puis en Espagne et en Amérique hispanique jusqu'au XIXe siècle. Il couvre l'ensemble des évènements et activités de la vie des hommes au Moyen Âge. Qualifié d'encyclopédie humaniste, ce recueil traite de thèmes philosophiques, moraux et théologiques du point de vue gréco-latin, bien que l'ensemble soit un texte législatif.

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Message Publié : 27 Juil 2020 18:33 
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Si je comprends bien la Catalogne et l'Aragon ont des législations différentes.

Merci de votre traduction et de votre résumé qui m'ont appris des choses. Il faut dire que mon savoir sur les royaumes ibériques est succinct.

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Message Publié : 28 Juil 2020 11:29 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Si je comprends bien la Catalogne et l'Aragon ont des législations différentes.
Merci de votre traduction et de votre résumé qui m'ont appris des choses. Il faut dire que mon savoir sur les royaumes ibériques est succinct.

Tout à fait compréhensible Jean-Marc Labat, c'est un sujet plutôt "touffu" dont il me semble qu'en France l'on en a qu'une connaissance quelque peu sommaire. Je vais, du coup, peut-être en profiter ici (puisqu'on devrait parler sur ce fil de L'Espagne en général et non seulement de l'Aragon) pour vous repréciser succintement la géopolitique dynastique espagnole (Xe / XVIe s.), par le biais d'un re-postage d'un des commentaires que j'avais fait sur le fil: "la numérotation des rois d'Espagne" viewtopic.php?f=82&t=37532&hilit=aragon

"Il n'existe pas d'Espagne, à proprement parler, jusqu'à Philippe V d'Espagne (premier roi espagnol de la dynastie des Bourbons) qui par les décrets de "Nueva planta" signés entre 1707 et 1716 abolit les fors (droits) des royaumes de la couronne d'Aragon, dissout l'organisation territoriale des royaumes de la couronne de Castille et unifie, ce-faisant, les anciennes couronnes de Castille et d'Aragon sur le plan institutionnel, juridique et administratif.
Avant l'Union dynastique entre Castille et Aragon réalisée par le mariage d'Isabelle et Ferdinand en 1469 et effective à compter de 1474, c'est la dynastie des Trastamare (du comté de Trastamare domaine féodal du nord de la Galice) qui se trouvait sur le trône de Castille dont la couronne rassemblait depuis 1037 les territoires de Castille et de León ainsi que depuis le moyen-âge les royaumes des Asturies et de Galice.
Au XVIe siècle la couronne comporte:
Le royaume de Castille
la Castille propre (vieille Castille)
le royaume de Tolède (nouvelle Castille)
le royaume de Cordoue
le royaume de Jaén
le royaume de Murcie
le royaume de Séville
Le Royaume de Léon
le Léon propre
la principauté des Asturies
le royaume de Galice
l'Estremadure
Le royaume de Grenade
Le royaume de Navarre
Les provinces et seigneuries basques d'Alava, Guipuscoa et Biscaye
Les Canaries
Les royaumes de Nouvelle-Espagne (qui inclut les Philippines et le Pérou).

Le royaume d'Aragon est lui une entité politique née en 1035 de l'union des comtés d'Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce. Avec le mariage de la reine Pétronille d'Aragon et du comte Raimond-Bérenger IV de Barcelone en 1137, il devint l'un des royaumes composant la Couronne d'Aragon (le titre de «roi d'Aragon» désigne non seulement le souverain du royaume d'Aragon, mais aussi et surtout le souverain de la couronne d'Aragon) qui comprendra en 1516 :
le Royaume d'Aragon,
le Royaume de Majorque,
le Royaume de Naples,
le Royaume de Valence,
le Royaume de Sardaigne,
le Royaume de Sicile,
la Principauté de Catalogne (dont dépendent les comtés d'Urgell, de Vic, de Besalú, d'Empúries, de Gérone , de Pallars, du Roussillon et de Cerdagne).

Les histoires particulières constitutives de ces deux entités étatiques (Couronne de Castille et Couronne d'Aragon) ont impliqué que par exemple pour la désignation du Souverain celui (ou celle) de Castille avait à se faire "adouber" par les seules "Cortes" (Les assemblées) de la Castille alors que celui d'Aragon devait réunir et obtenir l'aval aussi bien des "Corts"- (NB: chaque Couronne avait sa propre langue) aragonaises, catalanes, mallorquines que de celles de Valence.
Il faudrait pour être complet, à propos de états chrétiens de la péninsule mentionner également la couronne du Portugal (qui participera tout comme les deux autres au processus de conquête territorial envers les royaumes-principautés et états musulmans existant dans la péninsule ibérique de 711 à 1492.

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Message Publié : 28 Juil 2020 12:54 
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Grégoire de Tours
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Voici la suite de ma traduction de ce qu'on peut lire dans l'ouvrage de Manuel Gomez de Valenzuela: "Esclavos en Aragón (siglos XV a XVII)" (Esclaves en Aragon XVe / XVIIe s.) au chapitre concernant Les lois et normes sur l'esclavage (je précise "ma traduction" car ce sont des textes rédigés avec du vocabulaire et tournures de phrases propres au castillan ancien dont je vous livre simplement pour exemple les deux premiers articles...)


"Les "Sept Parties", en particulier la quatrième, contiennent une large réglementation de l'esclavage et du statut des esclaves:
- Le Titre 5, Loi 1 de la Quatrième Partie définit la servitude comme "La mas vil et despreciable cosa que entre los omnes puede ser. El omne (...) se torna en poder de otro de guisa que puede fazer del lo que quisiere, bivo o muerto" (la chose la plus vile et la plus méprisable qui puisse être parmi les hommes. Un Homme (...) prend le pouvoir sur une autre personne et peut en faire ce qu'il veut, morte ou vivante*).
- Le titre 21 loi 1 de la même Partie, affirme que la servitude (comprendre l'esclavage) "Es postura et establecimiento que fizieron antiguamente las gentes por la qual los omnes que eran naturalmente libres se fazen siervos et se meten a señorio de otro contra razon et contra natura" (est une disposition établie autrefois par les gens/ les peuples par laquelle les hommes qui étaient naturellement libres se font des serviteurs et entrent dans la seigneurie d'un autre contre raison et contre nature*).
Ce même titre 21, loi 1, de la 4eme Partie, réglemente toujours l'appartenance à la qualité d'esclave par naissance, transmise par la mère: les enfants de père libre et de mère servile sont des serfs, ceux de mère libre et de père servile sont libres et le titre 22 de la loi 10 dispose: "que les biens de ceux-ci appartiennent à leurs maîtres, y compris les legs testamentaires reçus par eux. Le titre 22, loi 2 réglemente la copropriété des esclaves: "Si un individu est le serf de deux seigneurs et que l'un veut le libérer et l'autre non, il peut être libéré mais si l'un des copropriétaires veut acheter les parts du ou des autres seigneurs, ce serf doit être vendu au juste prix ou surcoût approuvé par un juge, en cas de divergence et pour réparation du préjudice."

La loi 15 recommande que les maîtres traitent correctement leurs serviteurs, "bien que si le maître trouve l'un d'entre eux avec sa femme ou sa fille ou commettant quelque faute similaire, il peut le tuer."

La loi 8 interdit "aux juifs mauresques, aux hérétiques ou à quiconque autre que de nôtre loi (c'est-à-dire nôtre religion) de posséder des esclaves chrétiens", et la 9 fait référence à "la possibilité que l'affranchi perde sa nouvelle condition en raison d'ingratitude envers son ancien maître".


Déjà en Aragon, le Vidal Mayor (In excelsis Dei Thesauris ou Compilatio maior qui est la première compilation du "Fuero" d'Aragón écrite par l'évêque de Huesca, Vidal de Canellas entre 1247 et 1252) assimile l'obligation "que quiconque tuerait un serf, un captif, un boeuf, un âne ou des choses similaires devrait indemniser le propriétaire de cette chose morte, ainsi que les dépenses engagées, perdues et les dégâts occassionés". Autrement dit, il assimile l'esclave (le captif) dans une même énumération aux animaux domestiques ou de trait (livre V,chap.5)
Dans le livre VIII, chap. 19 il est établi que tous les Maures hommes et femmes appartiennent au Roi, à l'exception des captifs qui, avec leurs descendants, sont la propriété de "l'infanzón" (cad les membres de la basse noblesse, généralement les cadets de famille noble) qui les aura introduits dans son domaine.

Les chapitres 16, 17 et 18 du même livre traitent des vols et / ou des évasions d'esclaves: "quiconque emmènerait un maure captif hors la volonté de son maître sur des terres maures, le libèrerait ou le ferait sortir de prison, pourrait être dépouillé de ces biens (les captifs) par celui qui les y trouve.
Le 18, comme le 46 du livre IX, autorisent à fouiller dans toutes les maisons, même les privilégiées, à la recherche d'un esclave fugitif ou volé, sans que le propriétaire de la maison puisse s'opposer à la perquisition et oblige également le maire a la permettre.


Les "Fueros" et "Observancias" contiennent peu de règles sur les esclaves:
Le Fuero "De receptatoribus", dispose ainsi en variant les nuances, ce que l'on trouve déjà dans la jurisprudence du Vidal Mayor (bien qu'immédiatement précédée par d'autres faisant référence aux dommages causés par les animaux, y compris les chiens).
Le Fuero "De judaeis et sarracenis", interdisait à un chrétien de rester dans la maison d'un Juif ou d'un Sarrasin comme messager, esclave, serviteur, nourrice ou domestique, ce qui coïncide avec la quatrième Partie, loi 8.ª, titre XXII.
Le "De cetero sarracenis" ordonne que les musulmans qui n'étaient pas des esclaves ne puissent être saisis pour les dettes de leurs seigneurs, à moins qu'ils n'en soient devenus les garants.
L'Observance "De lege Aquilia" suit la doctrine du Vidal Mayor mentionnée auparavant concernant l'indemnité à verser au maître d'un esclave fugitif qui l'aide à s'échapper.
Le Fuero de Teruel, de la fin du 12ème siècle, en vigueur jusqu'à la fin du 16ème, dans son art. 136 précise à propos de la profession de "sayón" (= huissier) qu'il doit être rémunéré par douze salaires pour la vente aux enchères d'un Maure captif (mêmes honoraires que pour un cheval). L'art. 35 établit que tout seigneur d'un esclave maure qui tuerait un chrétien doit imdémniser le seigneur du défunt et lui livrer ce dernier, afin qu'il en dispose selon sa volonté. L'art. 521 traite de façon confuse l'échange d'esclaves maures contre des chrétiens.
En revanche, les Fueros de Valencia, depuis Jaime Ier sont assez étendus en tout ce qui qui touche aux "captifs". Ils traitent de la casuistique de l'affiliation des enfants d'esclave et répètent l'interdiction que des non-chrétiens aient des esclaves chrétiens.
Les "Coutumes" de Tortosa réglementaient, elles également, le statut des esclaves. Et aux XIVe et XVe siècles «le gouvernement municipal de Barcelone, comme celui de nombreuses autres villes où le nombre d'esclaves était considérable, s'est soucié de régler la situation de ce groupe social»


Une réglementation aussi clairsemée du statut des esclaves dans le corpus statutaire aragonais, révèle la faible présence de ce groupe au sein de la société du royaume, les législateurs n'ayant pas jugé utile d'édicter des réglementations spécifiques en la matière, sauf pour quelques-uns, se référant principalement à la responsabilité civile et pénale ou à la capture de fugitifs. Les autorités aragonaises ont, du coup, utilisé les réglementations étrangères susmentionnées, en particulier les constitutions et les coutumes de Barcelone, pour régler leurs relations avec les captifs qu'ils possèdaient et les contrats les concernant.
Il convient de noter la confluence des approches de ces normes castillanes, catalanes et valenciennes ainsi que celles du Vidal, Mayor, ce qui indique une nette influence sur elles du droit romain. Il est quelque peu surprenant de voir que dans plusieurs actes et formulaires de manumission aragonais, il est déclaré que l'affranchi pourra faire la même chose qu'un citoyen romain: "facere qua quivis patri families et quilibet cives romanus et quelibet persona libera"..."facere potest quod cives romani facere possunt", être considéré comme libre comme tout citoyen romain. Ce qui démontre qu'en l'absence de législation autochtone sur l'esclavage, la législation romaine a été utilisée comme substitut."

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Message Publié : 28 Juil 2020 14:49 
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Il faut décidément que je m'achète un ouvrage sur l'Espagne médiévale. Si vous avez un bon livre à me conseiller, je suis preneur. L'ouvrage le plus sérieux que j'ai est Famines et épidémies dans les campagnes navarraises à la fin du Moyen-Age de Maurice Berthe, cer qui fait un peu juste.

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Message Publié : 28 Juil 2020 15:47 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Il faut décidément que je m'achète un ouvrage sur l'Espagne médiévale. Si vous avez un bon livre à me conseiller, je suis preneur.

Je vous recommande le livre de Denis Menjot : "Les Espagnes Médiévales, 409-1474" collection Carré Histoire chez Hachette
Très complet et de lecture agréable. :)

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Message Publié : 28 Juil 2020 15:54 
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Je vais me le procurer, merci.

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Message Publié : 28 Juil 2020 23:33 
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Pour compléter votre lecture Jean-Marc je vous conseillerais la lecture de l'ouvrage d'Adeline Rucquoi intitulé "Histoire médiévale de la Péninsule ibérique", Points Seuil, édition de 2014. C'est un ouvrage complet allant de l'installation des Wisigoths en 409 jusqu'en 1516 avec une bibliographie mise à jour.

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''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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Message Publié : 29 Juil 2020 4:52 
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Abondance de biens ne nuit pas, la collection Points Histoire n'est pas ruineuse. Merci.

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Message Publié : 29 Juil 2020 11:02 
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Suite de l'ouvrage de Manuel Gomez de Valenzuela: "Esclavos en Aragón (siglos XV a XVII)" (Esclaves en Aragon XVe / XVIIe s.)

Comment devenait-on esclave?
Le 4ème Partie (du code de "Las Siete Partidas", promulgé par Alphonse X le Sage entre 1256 et 1265), titre 21, loi 1, distingue: Trois formes de servage: "Ceux qui capturés en temps de guerre, étant ennemis de la foi, ceux qui sont nés de serfs et celui qui libre se laisse vendre". Ce sont les formes dites «légales» d’esclavage, mais le roi Sage omet la forme forcée, celle hors la guerre et vente.

Droit de capture en temps de guerre
Depuis très longtemps, même avant Rome, l'esclavage des prisonniers de guerre était admis et considéré comme naturel. À l'époque considérée, en Aragon (et dans toute l'Espagne), on pensait qu'il était licite d'asservir les Turcs ou les Maures (en tant que nation) "qui sont les esclaves de ceux qui les prennent", en partant du principe que la guerre des chrétiens contre les infidèles était juste, non à cause de la différence des religions, mais à cause de la réciprocité du traitement que les chrétiens recevaient de leurs ennemis islamiques, puisque ces derniers avaient occupé de nombreuses terres des premiers, ce qui justifiait la lutte contre eux ainsi que pour leurs propres captifs « qui même s'ils ne participent pas à la guerre, il suffit qu'ils fassent partie de la république ennemie».
C'est pourquoi, il est fréquent que dans les contrats de vente d'esclaves, le vendeur déclare qu'ils sont des esclaves "de bonne guerre" pour les différencier des «Maures de paix», c'est-à-dire ceux qui n'avaient pas résisté par les armes à la conquête chrétienne et s'étaient rendus par capitulations ou que l'acheteur fasse constater que celui qui les lui avait vendu les avait acquis de la manière susmentionnée. En s'agissant d'esclaves musulmans, maghrébins ou turcs, la déclaration semble crédible, mais pas dans le cas d'individus en provenance des côtes de la mer Noire: bulgares, circassiens, abkhazes, tatars, russes, bulgares ou de peau noire, pays avec lesquels l'Aragon n'avait jamais établi. ni maintenu d'hostilités. Pedro Tafur, par exemple, dans son livre de recits de voyages, déclare catégoriquement: "Que si des Tartares (Criméens) arrivent en nôtre pouvoir en tant qu'esclaves, c'est parce-que volés et vendus par leurs proches".

La capture et vente
Les Parties ne mentionnent pas les esclaves vendus par leurs propres roitelêts -chefs de tribu ou même par leurs proches. Le général Bayle Ximénez de Aragüés affirme «qu'au Portugal, il est très courant d'acheter des noirs et autres esclaves sur les terres mêmes où ils sont échangés, mais que leur provenance est très douteuse» . Cet état de fait ne concerne pas seulement le continent africain, mais également les rives de la mer Noire.

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Message Publié : 29 Juil 2020 13:14 
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Il existe aussi des esclaves de religion orthodoxe, mais qui ne demeure dans cet état qu'un temps. Ce n'était pas en Espagne, mais surtout en Italie et en Provence.

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Message Publié : 29 Juil 2020 15:41 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Il existe aussi des esclaves de religion orthodoxe, mais qui ne demeure dans cet état qu'un temps. Ce n'était pas en Espagne, mais surtout en Italie et en Provence.

Effectivement Jean-Marc Labat, l'esclavage de populations de religion orthodoxe est également et implicitement attesté par Manuel Gomez de Valenzuela lorsqu'il aborde, ci-dessous, son chapître sur l'origine et composition ethnique de l'esclavage en Aragon:

Provenance des Esclaves

Contrairement à ce qui est communément admis, tous ne sont pas issus de guerres ou de batailles contre les musulmans ou des razzias chrétiennes sur les côtes du Maghreb. Il est étonnant de voir que jusqu'à la seconde moitié du XVe siècle, un grand nombre d'entre eux venaient des environs de la mer Noire et Caspienne et des Balkans, comme la Slavonie et autres régions d'Europe de l'Est telle la Hongrie. On trouve des captifs d'Abkhazie, de Circasie, du Kirghizistan, de Tartarie, de Bulgarie et de Turquie, sans que cela exclue ceux du royaume de Grenade, des nord-Africains et des Africains subsahariens. Le mentionnement précoce d'esclaves Noirs ne doit pas nous surprendre: ils étaient amenés au Maroc et en Algérie par les caravanes transsahariennes depuis Tombouctou et les villes mauritaniennes de Chinguetti, Nema et Ualata reliant l'Afrique centrale au Maghreb.

Jaques Heers dans son livre "Esclaves et domestiques au Moyen-âge dans le monde méditerranéen" explique l'abondance des esclaves d'Europe de l'Est par l'arrivée des Génois sur les côtes de la mer Noire et de la Crimée, protégés par les privilèges que leur avaient accordés les empereurs byzantins. Non seulement ils ont fait des esclaves dans ces régions, mais ils en ont acheté sur les marchés intérieurs, comme celui de Derbent, d'où venaient les Abkhazes (de l'actuelle République de Géorgie), les Circassiens, les Kirghizes (de l'actuelle République kirghize), les Russes (Ukrainiens) et les Tatars, en fait originaires de Crimée.
La reprise de la guerre contre le royaume de Grenade et les campagnes en Méditerranée contre les Turcs fourniront par la suite de nouveaux esclaves musulmans qui remplaceront les susnommés. Les tartares méritent une mention particulière. Ceux dont nous parlons ici provenaient de la dite «Petite Tartarie», territoire eurasien habité par des Tartares, précisément de la péninsule de Crimée qui se distinguait de la Grande Tartarie située, elle, en Asie centrale et en Sibérie. Nous avons un témoignage inestimable à leur sujet contenu dans le récit du voyage que le Cordouan Pedro Tafur effectua en Méditerranée orientale entre 1435 et 1439 et qu'il cite le marché aux esclaves chrétiens de Cafa (le port de Kaffa en Crimée). Les fabriques génoises et vénitiennes disparaissant avec la chute de l'Empire byzantin et l'occupation de ces territoires par les Turcs entre 1453 et 1475. A partir d'environ 1450, le nombre d'esclaves de la mer Noire ou des pays balkaniques est en diminution. La dernière citation trouvée de ces esclaves dans la documentation date de 1473.

Dans la région d'Aragon il y eût aussi des esclaves en provenance d'autres territoires de la Couronne d'Aragon. Des régistres en citent deux de Sardaigne et un Sicilien noir de 12 ans (sans doute originaire d'Afrique du Nord ou fils d'esclaves). L'aprovisionnement en esclaves sardes a dû être fréquent en Catalogne, car à la fin du XIVe siècle la "Generalitat" institua une taxe sur ceux prélevés sur cette île.

Les esclaves noirs apparaissent dès les premières années du XVe siècle: 1406, 1411. L'historien Miret i Sans avance qu'à partir du XIVe siècle, le flot de captifs sarrasins a diminué lorsque le royaume de Grenade n'ayant plus eu de frontières avec la Couronne d'Aragon, il devenait plus difficile de capturer des musulmans, exception faite des razzias opérées par des corsaires, qui ne permettaient toutefois pas de les ramener en grand nombre et bien que la reprise de la guerre avec Grenade dans les trente dernières années du XVe siècle ait revitalisé cet approvisionnement. Comme dit plus haut, ces esclaves noirs provenaient du Mahgreb, où ils arrivaient avec les caravanes qui traversaient le désert du Sahara pour être ou utilisées dans ces pays ou revendus. Mais à partir du moment où les marins portugais ont établi des comptoirs sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest, leur nombre augmenta rapidement.

Au travers des actes notariés, il est possible également de localiser différents points d'origine, même en tenant compte de la transcription capricieuse de leurs lieux d'origine par les notaires: Jelof (Wolof), Biafaras (de Biafra), Bénin (république actuelle de ce nom) , Mavicongo, Macicongo et Neuve-Terre (pays jusqu'ici non identifié), ainsi que le royaume Mandusset de Gaussiet, du lieu dit de Chloffo, de l'île de Guaff dans le royaume Bandiga, et du royaume de Mandinga.

Les plus nombreux furent des musulmans, d'origines diverses, mais surtout des maghrébins. Ils sont généralement désignés comme "linatge de moros" (lignée maure), "hun sclavo moro sarraceno" (esclave maure sarrasin), de "gente agarena" (du peuple Agarene), de lignage des "alarbes", naturel ou né "alarbe", en précisant en plus parfois leurs lieux d'origine: de Tunisie ( "de generacion tunisenquo ") ou de terres tunisiennes, de la ville de Tunis et royaume de Tunisie en Berberie , Maroc: du royaume de Fès , Algérie: Bejaia, Ali d'Alger et Ali d'Oran, de la nation des alarpes (= alarbes), noir naturel de Trimizent (= Tlemcen) ), de la ville d'Alger, Turcs des terres d'Ezcandar (probablement Iskandirun ou Alexandrete), plusieurs Libyens de Buquar de Tripol, ou alors de la nation des Maures. Avec un peu moins de précision, il peut être indiqué qu'ils venaient de Berberie ou de Barcas ou Mont de Barcas, une zone côtière nord-africaine entre Tripoli et la Cyrénaïque , c'est-à-dire la côte libyenne actuelle.

Sous le règne des Rois Catholiques (1479-1516), la guerre reprit pour conquérir le royaume de Grenade et le nombre de captifs originaires d'Al-Andalus (à cette époque partie de l'Andalousie actuelle) augmenta. Et postérieurement, après la reddition de la capitale du dernier royaume musulman en Espagne, les campagnes de 1508 en Afrique du Nord amenèrent de nouveaux captifs de guerre.

En résumé en Aragon, il y eût des esclaves des côtes de la mer Noire, de la Méditerranée orientale, des mudéjares castillans capturés dans des actions de guerre, des Andalousiens capturés durant la guerre de Grenade, des Maghrébins (marocains, algériens, tunisiens et libyens) et des Ouest-Africains subsahariens , très peu de juifs, pas des Guanches des îles Canaries ou d'Indiens d'Amérique, comme cela s'est produit à Séville, où n'apparaissent presque pas les premiers cités.

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“Etudie, non pour savoir plus, mais pour savoir mieux. ”
Sénèque


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