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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 7:49 
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Pierre de L'Estoile
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Les 6 explications que j'en donne, me paraissent suffisantes. Il ne faut pas sous-estimer l'amour du roi pour sa moitié. Quand le roi est assassiné par Jacques Clément, la première chose que le roi décide de faire une fois qu'il a retrouvé sa conscience, c'est d'écrire à son épouse pour la rassurer qu'il va bien, car il sait pertinemment que les rumeurs précédent toujours les nouvelles et il ne veut pas qu'elle se fasse du mauvais sang.

On peut remettre en cause l'"amour" que se portait mutuellement le couple royal, mais pas leur amitié. Ce sont bien deux moitié. Peut-on séparer cela ? Henri III avait beau avoir une haute conscience de sa fonction de roi, il n'en est pas moins quelqu'un de débonnaire et de sensible.

Par ailleurs, Louise de Lorraine a eu des espérances jusqu'au milieu des années 1580. Quand le roi fait un pèlerinage à pied de Paris à Chartres pour prier la vierge d'avoir un enfant, ça signifie bien qu'il y croit. Et les pèlerinages et participations du roi aux processions se poursuivent après 1584.

Enfin, j'ai du mal à croire qu'on puisse divorcer comme ça à l'époque. Cela était faisable mais et-ce que cela se faisait moralement ?


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 8:24 
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Jean Mabillon
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Châtillon a écrit :
Les 6 explications que j'en donne, me paraissent suffisantes.

Disons que j'en vois plutot trois:
Citer :
- l'amour ou la sympathie que voue Henri III à Louise
- la complicité, voire la communion des deux époux
- la générosité et le caractère débonnaire du roi (vertus que la veuve Louise a particulièrement mis en exergue après sa mort).

Dans le sujet qui nous occupe, c'est plus ou moins la même chose.

Citer :
- la préoccupation de ne pas mécontenter la famille de Lorraine (mais je pense que ce facteur n'a pas eu beaucoup de poids)
- l'amitié de la famille royale pour la famille de Lorraine. Sous le règne d'Henri III, la famille de Lorraine était très proche de la famille royale. Les deux familles n'en faisaient qu'une. Catherine de Médicis considérait le duc de Lorraine comme son fils et Christine de Lorraine, comme sa fille à elle. Enfin, le père de Louise, avait beaucoup servi les intérêts de la France en Lorraine.
- la préoccupation de ne pas mécontenter davantage la famille de Lorraine (les relations entre les deux familles se dégradèrent à la fin des années 1580, des désaccords eurent lieu entre le roi et son beau-frère, puis entre la reine-mère et la duchesse de Nemours)

Idem

Citer :
- le fait que l'annulation du mariage, même si c'est faisable, "ça ne fait pas très bien" dans les annales de la famille et je gage que c'est l'un des facteurs auquel Catherine de Médicis a été la plus sensible. Un "divorce" reste un procédé déshonorant qui ternit plus qu'il ne glorifie le blason familial.

Certes, ces explications ne sont pas à prendre à la légère, mais quand même...
Passons sur la volonté de ne pas mécontenter la famille de Lorraine. Je n'y crois pas une seconde. Les familles royales ne s'embarassent pas de tels scrupules. Pareil pour le mariage et la répudiation: ca n'aurait pas été la première fois dans l'histoire qu'un roi répudie sa femme pour stérilité. Quant à l'amour...
J'émets ces doutes surtout à cause du contexte de l'époque. En temps normal, bon... Mais là, en pleines Guerres de Religion, avec un successeur protestant... Henri III, lui d'habitude si soigneux de son royaume, devait parfaitement connaître les dangers de guerre civile au cas où il n'aurait pas de descendant. Non, ça ne colle pas...


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 19:37 
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Pierre de L'Estoile
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Enki-Ea a écrit :
Certes, ces explications ne sont pas à prendre à la légère, mais quand même...
Passons sur la volonté de ne pas mécontenter la famille de Lorraine. Je n'y crois pas une seconde. Les familles royales ne s'embarassent pas de tels scrupules. Pareil pour le mariage et la répudiation: ca n'aurait pas été la première fois dans l'histoire qu'un roi répudie sa femme pour stérilité. ...
Justement Enki-Ea, pouvez-nous donner un exemple d'une annulation d'un mariage royal ou princier au XVIe siècle ? Mis à part le cas exceptionnel de Marguerite et d'Henri IV, je n'en connais pas.

Enki-Ea a écrit :
Quant à l'amour...
Oh ! Comment ? Vous ne croyez pas au grand amour ? lol
Je ne prétend pas que Henri III était fou amoureux de son épouse, mais il avait pour elle, un grand amour. Je parle de cet amour que les hommes se vouent entre eux et que nous traduisons vulgairement aujourd'hui par une grande amitié.
Il suffit de lire les lettres de la reine Louise pour se rendre compte à quel point ce couple royal était exceptionnel.

Maintenant, vous avez raison de souligner que ce n'est pas le seul facteur d'explication. Imaginons qu'il n'y ait eu aucune amitié entre eux, aurait-ils "divorcé" pour autant ? Pas forcément. Regardons le cas du dauphin Henri et de Catherine de Médicis. Pourquoi François Ier n'a t-il pas entamé une procédure d'annulation ? Son troisième fils Charles pouvait encore avoir des enfants. Mais c'est exactement pareil pour Henri III. De 1574 à 1584, la famille royale pouvait encore compter sur François d'Anjou.

Votre questionnement se pose donc pour la période 1584-1589. Pourquoi Henri III n'a t-il pas entamé une procédure de mariage ? Votre question est juste. Peut-être que la réponse est qu'il n'était plus temps de procéder à ces choses !?
Je rebondis par la même occasion sur ce que vous disiez à la fin de votre dernier post.

Enki-Ea a écrit :
J'émets ces doutes surtout à cause du contexte de l'époque. En temps normal, bon... Mais là, en pleines Guerres de Religion, avec un successeur protestant... Henri III, lui d'habitude si soigneux de son royaume, devait parfaitement connaître les dangers de guerre civile au cas où il n'aurait pas de descendant. Non, ça ne colle pas...

En 1584, à la mort de son frère, Henri III fait de Navarre son héritier. Cela signifie donc que le roi a accepté la situation. Il a son héritier, pourquoi divorcer dans ce cas ? A cette date, Henri III ne pouvait pas s'imaginer qu'il allait susciter une réaction incroyable et provoquer un soulèvement au printemps 1585. La question du divorce ne se pose donc pas (du moins pas plus que pour un autre couple royal stérile).

Une nouvelle situation apparait avec le traité de Nemours (1585). Qu'allait-il se passer ? Henri III n'allait tout de même pas divorcer parce que des français, traitres à leur roi, venaient de le faire tourner en bourrique. Par ailleurs, imaginons, un instant que le roi ait divorcé, qu'il se soit remarié et eut un fils. Cela aurait -il changé quelque chose à la volonté des Ligueurs de se débarrasser des hérétiques ? Non, alors pourquoi divorcer ?


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 20:03 
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Jean Mabillon
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Cher Châtillon,

vous marquez indéniablement des points dans ce que vous dites et il faut reconnaître que c'est cohérent. Je ferai quelques commentaires...
Châtillon a écrit :
Justement Enki-Ea, pouvez-nous donner un exemple d'une annulation d'un mariage royal ou princier au XVIe siècle ? Mis à part le cas exceptionnel de Marguerite et d'Henri IV, je n'en connais pas.

Au XVIème siècle, peut-être pas. Mais l'histoire est pleine d'exemples similaires.

Citer :
Votre questionnement se pose donc pour la période 1584-1589. Pourquoi Henri III n'a t-il pas entamé une procédure de mariage ? Votre question est juste. Peut-être que la réponse est qu'il n'était plus temps de procéder à ces choses !?
En 1584, à la mort de son frère, Henri III fait de Navarre son héritier. Cela signifie donc que le roi a accepté la situation. Il a son héritier, pourquoi divorcer dans ce cas ? A cette date, Henri III ne pouvait pas s'imaginer qu'il allait susciter une réaction incroyable et provoquer un soulèvement au printemps 1585. La question du divorce ne se pose donc pas (du moins pas plus que pour un autre couple royal stérile).
Une nouvelle situation apparait avec le traité de Nemours (1585). Qu'allait-il se passer ? Henri III n'allait tout de même pas divorcer parce que des français, traitres à leur roi, venaient de le faire tourner en bourrique. Par ailleurs, imaginons, un instant que le roi ait divorcé, qu'il se soit remarié et eut un fils. Cela aurait -il changé quelque chose à la volonté des Ligueurs de se débarrasser des hérétiques ? Non, alors pourquoi divorcer ?

Oui, mon questionnement porte bien sur la période qui suit la mort D'Alençon, pas avant (quoique... Henri savait bien que D'Alençon.
La où je me pose des questions, c'est quand vous dites qu'Henri ne s'imaginait pas la tempête qu'il allait soulever. Il devait forcément en être conscient. Et puis, la réaction des Ligueurs et plus généralement de la population lui a ouvert les yeux. Il fallait être aveugle pour ne pas voir l'énorme malaise dans lequel la reconnaissance de Navarre comme successeur plongeait le royaume.

Henri III semble avoir fait un choix, presque têtu, de faire payer les Guise. Qu'en pensez-vous?

Cordialement


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 20:17 
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Plutarque
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La raison d'état va bien au delà des considérations romantiques qui se limitent à parler d'amour et d'amitié. Quand il est question de descendance et de continuité dynastique du pouvoir, une seule chose compte: l'efficacité.

La version très XIX ème siècle qui nous est proposée ici est certes gentiment romantique mais ne correspond que de manière marginale aux faits tels que je les envisage. Si Henri III et son épouse pouvaient s'apprécier, voire s'aimer, ils connaissaient un sérieux problème de fécondité. Celui-ci aurait très probablement été réglé d'une manière ou d'une autre si une solution existait. Un héritier mâle était absolument indispensable pour tâcher de maintenir les Valois au pouvoir. Tout le monde le savait et cette préoccupation devait tourner à l'obsession.

Je pense que si rien n'a été fait, le roi devait y être pour quelque chose. Les femmes ne sont pas les seules responsables de stérilité et Henri III pouvait lui-même en souffrir. Si cette hypothèse est prise en compte, on comprend immédiatement qu'il ne servait à rien de lui donner une autre femme à partir du moment où le résultat aurait été identique. Il a d'ailleurs eu d'autres relations féminines sans plus de succès. Alors, sachant que l'on va me rétorquer qu'il a failli avoir un enfant avec la reine Louise au tout début de leur mariage, je crois utile de préciser qu'un homme peut avoir une fertilité très réduite à une période de sa vie et la voir disparaître totalement au cours du temps.

Même en croyant aux "miracles", et je ne pense pas que le couple royal ait pu être si crédule, il est difficile d'enfanter si tout n'est pas réuni pour le faire. Les enfants illégitimes d'Henri III ne sont pas légion, il me semble, signe que notre homme ne devait pas être très performant en la matière. Cette piste m'apparaît plus crédible qu'une simple question sentimentale....

L'enjeu est tout bonnement l'avenir du royaume et des Valois, je ne crois pas qu'une affaire de coeur ait été suffisante pour le compromettre...

Maintenant, à propos de son homosexualité, si le consensus actuel y est plutôt opposé, il ne faut pas oublier que de très nombreux historiens, et je ne parle pas seulement de ses contemporains protestants, mais bel et bien des siècles suivants et de toutes confessions, ont soutenu la thèse contraire. Il est donc difficile de savoir exactement quelles étaient ses préférences sexuelles. Cependant, même s'il aimait les femmes, ce que je crois personnellement, il pouvait les apprécier pour bien d'autres aspects que pour le sexe, les fréquenter de forme platonique et ainsi limiter au strict minimum les possibilités de progéniture.


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 22:09 
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Enki-Ea a écrit :
La où je me pose des questions, c'est quand vous dites qu'Henri ne s'imaginait pas la tempête qu'il allait soulever. Il devait forcément en être conscient. Et puis, la réaction des Ligueurs et plus généralement de la population lui a ouvert les yeux. Il fallait être aveugle pour ne pas voir l'énorme malaise dans lequel la reconnaissance de Navarre comme successeur plongeait le royaume.

Henri III semble avoir fait un choix, presque têtu, de faire payer les Guise. Qu'en pensez-vous?

Cordialement

En reconnaissant Navarre comme son héritier, Henri III s'attendait forcément à une violente réaction de la part des prêcheurs. Il s'attendait également à ce que les Guise fassent leur mécontents. Mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'est le formidable soulèvement qui a eu lieu au printemps 1585. C'est toute une noblesse qui s'est soulevé. Des anciens proches comme Saint-Luc. Même des Grands comme Nevers ont pu être tenté. Quant aux Guise, ils ont osé faire courir la reine-mère jusqu'en Bourgogne. Ca été la panique dans le camp royal et on connait le résultat : l'incroyable traité de Nemours.

A partir de ce moment, le roi avait d'autre chat à fouetter que de se remarier. et puis, il avait assez de problèmes familiaux avec sa sœur.

Enfin, Henri III était intimement persuadé qu'un jour ou l'autre Navarre allait revenir au catholicisme. Henri III connait son bonhomme. Navarre était connu pour sa faible attirance pour la religion. A Nérac, il vivait tantôt comme un catholique, entouré de maîtresses catholiques avec une cour composé de catholiques. Henri III et Navarre avaient grandi ensemble. Henri III sait que le bonhomme avait aussi bien hérité de son père que de sa mère. Il sait que cela se terminera par une conversion et c'est effectivement ce qui se passera en 1594. C'est là qu'on voit toute l'intelligence du roi.

Henri III comptait sur les princes de sang pour le faire cheminer dans cette voie-là : le prince de Conti, le comte de Soissons et le duc de Montpensier, tous les trois catholiques, fidèle au béarnais et à Henri III, œuvraient dans ce sens.

Au passage, je salue l'intervention raisonnée d'Indefini.


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 22:21 
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Jean Mabillon
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Châtillon a écrit :
A partir de ce moment (1585, NDLR), le roi avait d'autre chat à fouetter que de se remarier. et puis, il avait assez de problèmes familiaux avec sa sœur.

Ben non, justement! Ce que vous dites n'est pas logique. C'est justement à ce moment précis que cette histoire de stérilité aurait du le préoccuper et qu'il aurait eu toutes les excuses du monde de répudier sa femme. Ou alors voulait-il par cet acte, ce refus de trouver une autre femme, prouver (se prouver à lui-même) son pouvoir et tenir tête aux Guise?

Citer :
Enfin, Henri III était intimement persuadé qu'un jour ou l'autre Navarre allait revenir au catholicisme. Henri III connait son bonhomme. Navarre était connu pour sa faible attirance pour la religion. A Nérac, il vivait tantôt comme un catholique, entouré de maîtresses catholiques avec une cour composé de catholiques. Henri III et Navarre avaient grandi ensemble. Henri III sait que le bonhomme avait aussi bien hérité de son père que de sa mère. Il sait que cela se terminera par une conversion et c'est effectivement ce qui se passera en 1594. C'est là qu'on voit toute l'intelligence du roi.

Heu... A-t-on des preuves de cela ou est-ce une interprétation après-coup? Que sait-on exactement de ce que Henri pensait vis-à-vis de la religion de Navarre et de son éventuel retour au catholicisme? Vous êtes un peu contradictoire car, dans un autre message, vous dites que sur son lit de mort, Henri a urgemment recommandé à Navarre de se convertir (donc il n'en était pas si sûr...).

Cordialement


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 22:49 
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Pierre de L'Estoile
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Enki-Ea a écrit :
Ben non, justement! Ce que vous dites n'est pas logique. C'est justement à ce moment précis que cette histoire de stérilité aurait du le préoccuper et qu'il aurait eu toutes les excuses du monde de répudier sa femme
Vous avez peut-être raison. Ce fut certainement, l'époque du gros doute.

Enki-Ea a écrit :
Heu... A-t-on des preuves de cela ou est-ce une interprétation après-coup? Que sait-on exactement de ce que Henri pensait vis-à-vis de la religion de Navarre et de son éventuel retour au catholicisme? Vous êtes un peu contradictoire car, dans un autre message, vous dites que sur son lit de mort, Henri a urgemment recommandé à Navarre de se convertir (donc il n'en était pas si sûr...). Cordialement

Henri III n'était pas si sûr, mais il savait qu'il y avait de fortes chances que cela devait finir comme ça. Sur son lit de mort, Henri III est plus que jamais persuadé que Navarre va franchir le pas, mais il sait que Navarre est "bloqué" par ses sentiments de fidélité envers ses amis huguenots et envers sa mère défunte. C'est pourquoi il le pousse avec vigueur à franchir le pas.

Peut-être que je me suis permis un peu trop de liberté sur ce que pensait Henri III de la religion de Navarre. Mais, c'est un fait reconnu par tous, y compris par Shakespeare dans son œuvre sur la cour de Nérac. Jeanne d'Albret qui était une femme intelligente, le savait pertinemment et redoutait cet instant. Heureusement, elle ne l'a pas connu.

Le vrai chef des protestants c'est le prince de Condé, protestant corps et âme. D'ailleurs, Condé s'oppose à Navarre sur ce point. Les deux ne s'entendent pas. Navarre supporte les sermons des pasteurs, mais on sait ce qu'il en pense.

Après l’assassinat de Condé, Henri s’est illustré d’une manière flamboyante comme le leader des protestants. C’est ce que l’historiographie a retenu. Henri IV a été retenu dans l’imagerie populaire comme une personnalité protestante. On oublie alors que durant toute sa vie, il a été le désespoir des pasteurs protestants. Je m’excuse si je force légèrement le trait, mais c’est un aspect méconnu. Au XIXe siècle, on a même fait de Navarre un martyr du massacre de la Saint-Barthélemy. On monte ainsi la légende. En 1572, Navarre n’avait strictement rien à craindre de quiconque. En réalité, ce qu'il craignait le plus à l'époque, c'était le "fantôme" de sa mère. C'est ce qui fait qu'il soit si longtemps resté protestant.


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 18 Juil 2008 23:45 
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Châtillon,

vous avez raison quand vous dites que Navarre n'était pas le plus zélé des Protestants, c'est un fait connu de tous. N'empêche, combien de temps a-t-il mis à se convertir après la Saint Barthélemy? Combien de temps a-t-il mis à se convertir après la mort d'Henri III?
Je ne vois pas du tout comment vous pouvez dire qu'Henri III s'attendait à ce que Navarre se convertisse et que c'est pour cette raison qu'il a eu toute confiance envers son successeur après la mort D'Alençon.


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 19 Juil 2008 0:02 
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Enki-Ea a écrit :
Châtillon, vous avez raison quand vous dites que Navarre n'était pas le plus zélé des Protestants, c'est un fait connu de tous. N'empêche, combien de temps a-t-il mis à se convertir après la Saint Barthélemy? Combien de temps a-t-il mis à se convertir après la mort d'Henri III?
Je ne vois pas du tout comment vous pouvez dire qu'Henri III s'attendait à ce que Navarre se convertisse et que c'est pour cette raison qu'il a eu toute confiance envers son successeur après la mort D'Alençon.

Henri de Navarre n'a jamais été libre de choisir son parti. S'il avait eu le choix, il serait resté protestant, mais à sa manière. Ce n'était pas possible.

Comment dire ? Henri III ne s'attend pas à ce que Navarre se convertisse comme ça en un clein d'oeil, mais il savait que cela devait se terminer de la sorte. Henri III est un homme fin, il sait qu'un roi de France ne peut être que catholique et il sait que Navarre devra et saura franchir ce pas, le jour J. Par ailleurs, Henri III est un croyant catholique, il pense intimemment que Dieu lui ouvrira son coeur. Il prie pour ça d'ailleurs.

Henri III a t-il toute confiance envers son successeur après la mort D'Alençon ? Non, car Henri III sait que Navarre est un fin politique et qu'avec lui cela ne sera pas gagné d'avance. Il garde une méfiance envers l'ancien malcontent. Ils ont des idées politique opposés. Dans certains domaines, ils sont même ennemis. Mais le trône les rapproche.

En 1584, Henri III demande officiellement à Navarre de réfléchir à sa conversion. Rebelote en 1586. En 1584, c'était par l'intermédiaire de d'Epernon et en 1586, par l'intermédiaire de Catherine de Médicis qui pour éviter la guerre décide de rencontrer Navarre.
Enfin, en 1589 sur son lit de mort, nouvelle demande de la part du roi pour qu'il se convertisse.


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 19 Juil 2008 0:30 
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Châtillon, vous allez me détester (ce qu'à Dieu ne plaise!) mais je trouve vos propos contradictoires:
Châtillon a écrit :
Comment dire ? Henri III ne s'attend pas à ce que Navarre se convertisse comme ça en un clein d'oeil, mais il savait que cela devait se terminer de la sorte. Henri III est un homme fin, il sait qu'un roi de France ne peut être que catholique et il sait que Navarre devra et saura franchir ce pas, le jour J. Par ailleurs, Henri III est un croyant catholique, il pense intimemment que Dieu lui ouvrira son coeur. Il prie pour ça d'ailleurs.
En gros, il est convaincu que Navarre se convertira.


Citer :
En 1584, Henri III demande officiellement à Navarre de réfléchir à sa conversion. Rebelote en 1586. En 1584, c'était par l'intermédiaire de d'Epernon et en 1586, par l'intermédiaire de Catherine de Médicis qui pour éviter la guerre décide de rencontrer Navarre. Enfin, en 1589 sur son lit de mort, nouvelle demande de la part du roi pour qu'il se convertisse.
Voilà maintenant qu'il le prie de réfléchir à sa conversion, totalement hypothétique d'après ce que vous laissez entendre.


Citer :
Henri de Navarre n'a jamais été libre de choisir son parti. S'il avait eu le choix, il serait resté protestant, mais à sa manière. Ce n'était pas possible.
Mmm... Vous voilà bien mystérieux mon cher Chàtillon. ;) Quelle est donc cette "manière" de rester protestant?

Cordialement


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 19 Juil 2008 0:53 
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Il n'y a aucune contradiction. Permettez moi de reprendre vos deux phrases :
En gros, il est convaincu que Navarre se convertira (exact), mais il le prie de réfléchir à sa conversion (exact).

Si Henri III pense que Navarre se convertira un jour, c'est bien parce qu'il sait qu'on ne cessera de lui en prier. Et il pense qu'à moment donné ou à un autre, Navarre cédera sous les pressions.

Enki-Ea a écrit :
Mmm... Vous voilà bien mystérieux mon cher Chàtillon. ;) Quelle est donc cette "manière" de rester protestant?


C'est vivre le rituel protestant tout en ne respectant pas certains interdits, à savoir le fait de :
- danser et de chanter sur de la musique profane
- d'entretenir des bals
- d'écouter de la musique
- d'avoir des maîtresses
- d'avoir des maîtresses ... catholiques
- de tolérer la présence de catholiques à sa cour, car cela revient à tolérer la présence de la mode à sa cour
- bref de se comporter comme un catholique

Tous ces comportements faisaient l'effroi des pasteurs calvinistes.


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 Sujet du message : Re: Succession de Henri III
Message Publié : 19 Juil 2008 14:51 
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Pour en revenir au mécanisme juridique de la succession, il me semble que plus qu’à sa conviction concernant le caractère d’Henri IV, se fondant sur ses revirements passés en matière de foi, Henri III, sous le règne duquel s’est fixé pour de bon la « mystique royale » était surtout convaincu que la succession royale obéissait à des principes supérieurs à toute volonté humaine : celui de la dévolution par primogéniture masculine, sans limitation de degré d’abord (la loi salique, pour résumer); celui de catholicité ensuite, qui était implicite jusqu’à la Réforme, avant de devenir, sous la pression des circonstances, explicite (Etats-Généraux de Blois en 1576, puis Edit d’Union de 1588).
En somme, selon ces principes, Henri IV était « successeur légitime, mais pas roi légitime, roi de droit, mais pas roi d’exercice » (j’emprunte l’expression à Jean Barbey, Etre roi, Fayard 1992) ; le Béarnais était assez fin pour le comprendre et a saisi une perche tendue par le Parlement de Paris: plutôt qu'aux supplications passées d’Henri III, c'est à lui qu'il a répondu, immédiatement après un acte dont il n’a pas du tout été question encore ici, bien qu’il ait été décisif : l’arrêt Lemaistre qui définit le 28 juin 1593 ces deux principes comme non hiérarchiques, mais complémentaires, et exclut toute succession non française. Un mois plus tard, Henri IV abjurait, réconciliant ainsi ces deux principes, et ôtant à la Ligue ses arguments, elle qui faisait primer le principe de catholicité sur celui de dévolution, comme le prouvent la multiplicité des prétendants qui s’en réclamaient, une fois le cardinal de Bourbon disparu, et la solution de l’élection qu’elle défendait.

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