durallo
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Posté le: 13 Sep 2003 9:01 Sujet du message:
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Hannibal a écrit:
On s'écarte un peu du sujet, non?
Quant à une vision uniquement matérialiste des Lumières, c'est ce me semble quelque peu réducteur, non
je vais consacrer un post sur ca.
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Pallas
Vidame
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Posté le: 13 Sep 2003 11:05 Sujet du message: échec de l'humanisme
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Le concept de liberté est très complexe pour être pleinement utilisé comme dénominateur commun entre humanisme des XV et XVI siècles et les lumières du XVII siècles. Si l’on entend par liberté, une liberté d’existence ou liberté existentialiste, il est indubitable qu’elle n’eut aucune évolution notable chez les humanistes de la renaissance.
La renaissance enferma l’homme aussi bien dans la nation, le peuple, la tribu et la religion. Ce que les philosophes de cette période de l’histoire devaient certainement chercher le plus, c’est l’aliénation de l’homme à la nature et à l’Etat en étant influencés dans cet esprit, par les grecs et les romains (Humanitas et dichotomie entre barbares et grecs). Machiavel enferma « l’homme » dans le libre arbitre du prince, Erasme dans « une église réformée . L’humanisme cache également un sentiment national qui s’exprime avec Machiavel mais également avec Etienne Pasquier et Claude Fauchet qui étudient les origines du peuple français au XVI siècle. Un sentiment contradictoire avec la liberté affirmée dans les lumières.
Quant à la liberté de pensée, le fait de voir dans l’humanisme, une philosophie qui met les valeurs humaines comme une fin ne doit pas égarer car elle enferma les traditions antiques dans le cadre étroit du christianisme. Christianiser les écrits antiques comme le Banquet de Platon par Ficin 1470 veut dire destruction du contenu libre et ésotérique de cette œuvre foncièrement païenne.
Pallas
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Hannibal
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Posté le: 13 Sep 2003 11:13 Sujet du message:
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Les humanistes se battent pour sortir de l'aliénation de l'Eglise romaine qu'ils jugent trop sclérosées. Ils veulent donc la modifier pour laisser plus de place à la spiritualité individuelle, comme l'Imitation de Jésus Christ de Nicolas de Cues.
Ils ne visent donc pas à les enfermer dans une autre Eglise mais bien à les libérer d'une pensée à sens unique seulement détenue par l'Elite. Et comme toutes religions, elle avait besoin d'une hiérachie donc...
Machiavel n'enferme l'homme dans le "libre-arbitre" du prince que s'il est incapable de lui résister. Mais le libre-arbitre est l'expression de la liberté, non
De plus, je ne vois pas en quoi un sentiment national est négatif.
Pour ce qui est de christianiser la doctrine païenne, l'humanisme se range dans une tradition existant déjà dans l'Antiquité et pendant tout le moyen Age. Et selon moi, parvenir à conjuguer des doctrines si différentes est pour moi l'expression d'une liberté de pensée assez affirmée.
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Pallas
Vidame
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Posté le: 17 Sep 2003 18:52 Sujet du message: échec de l'humanisme
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Je ne partage pas votre remarque sur l’harmonie spirituelle entre l’humanisme de la renaissance et l’antiquité. D’abord, l’occident n’a commencé à regarder de près les œuvres antiques que grâce aux travaux philosophiques arabes du Moyen Age et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les occidentaux bien que comprenant le grec, ne pouvait assimiler les doctrines philosophiques grecques car ils n’avaient aucune connaissance de la philosophie qui était nécessaire pour comprendre Platon, Plotin et Aristote. L’indigence philosophique de l’Occident fut le résultat de la longue domination romaine. Les romains n’avaient aucune prédilection pour la philosophie, il ne s’intéressaient qu’aux choses pratiques et peu d’œuvres philosophiques grecques furent traduites en latin. Les arabes furent donc les véritables éducateurs de l’occident.
Ensuite, la liberté de pensée hors de l’église ne fut réalisée que durant la période des lumières du XVII siècles grâce aux efforts des savants comme Newton et Voltaire qui libérèrent les gens des élucubrations aristotéliciennes de l’Eglise.
Pallas
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durallo
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Posté le: 18 Sep 2003 8:04 Sujet du message: Re: échec de l'humanisme
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Pallas a écrit:
Je ne partage pas votre remarque sur l’harmonie spirituelle entre l’humanisme de la renaissance et l’antiquité. D’abord, l’occident n’a commencé à regarder de près les œuvres antiques que grâce aux travaux philosophiques arabes du Moyen Age et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les occidentaux bien que comprenant le grec, ne pouvait assimiler les doctrines philosophiques grecques car ils n’avaient aucune connaissance de la philosophie qui était nécessaire pour comprendre Platon, Plotin et Aristote. L’indigence philosophique de l’Occident fut le résultat de la longue domination romaine. Les romains n’avaient aucune prédilection pour la philosophie, il ne s’intéressaient qu’aux choses pratiques et peu d’œuvres philosophiques grecques furent traduites en latin. Les arabes furent donc les véritables éducateurs de l’occident.
Ensuite, la liberté de pensée hors de l’église ne fut réalisée que durant la période des lumières du XVII siècles grâce aux efforts des savants comme Newton et Voltaire qui libérèrent les gens des élucubrations aristotéliciennes de l’Eglise.
Pallas
C'est completement faux, les pères de l'Eglise ont interprété les ouevreux grec nottament Platon (christianisme néoplatonicien) et au XIIIeme siècle, ce fut Aristote qui fut mis en honneur (les socatiques et Saint Thomas d'Aquin)
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Hannibal
Marquis
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Posté le: 18 Sep 2003 15:16 Sujet du message:
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Citation:
D’abord, l’occident n’a commencé à regarder de près les œuvres antiques que grâce aux travaux philosophiques arabes du Moyen Age et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les occidentaux bien que comprenant le grec, ne pouvait assimiler les doctrines philosophiques grecques car ils n’avaient aucune connaissance de la philosophie qui était nécessaire pour comprendre Platon, Plotin et Aristote.
Vous dites "d'abord" et il n'y a pas d'ensuite...
Le manque de connaissance de la philosophie grecque du Moyen Age est surtout du à la quasi-ignorance de cette langue durant la plupart du Moyen Age, malgré ce que vous en dites. Après le Ve S et avant la fin XIVe-XVe S, le grec est généralement ignoré sauf par certains esprits exceptionnels mais trop rares pour le répandre.
Ensuite la compréhension de Platon et de Plotin est une réalité dès l'émergence du christianisme car comme j'ai déjà du le dire, le démiurge et les Idées sont facilement assimilable.
Aristote restera plus longtemps à l'écart car il est vrai que sa philosophie se concilie moins facilement avec le christianisme.
Et n'oubliez pas que pour comprendre Platon ou Aristote, il n'est nécessaire d'aucun prérequis, il suffit d'avoir un esprit ouvert.
Votre avis sur l'attitude romaine vis-à-vis de la philosophie n'est pas dénué de sens, mais uniquement pour des temps forts anciens. Des gens comme Marc-Aurèle et d'autres vont populariser la philosophie aidé par la "grécisation" de l'Empire au fil du temps.
Le rôle des Arabes est tel que vous l'avez décrit, il n'y a rien à y redire. C'est grâce à eux que le XIIe-XIVe S reçoit la sagesse grecque qui ne fut pas traduite et donc inaccessible.
Citation:
Ensuite, la liberté de pensée hors de l’église ne fut réalisée que durant la période des lumières du XVII siècles grâce aux efforts des savants comme Newton et Voltaire qui libérèrent les gens des élucubrations aristotéliciennes de l’Eglise.
Les Lumières, n'est-ce pas le XVIIe ...
Pour ce qui est des élucubrations aristotéliciennes de l'Eglise, je ne peux vous suivre car le courant dominant à Rome, et à Paris, fut "platonisant". Seule l'Angleterre est réellement changée par l'apparition d'Arsitote qui modifie son enseignement et sa pensée.
Enfin, comme je l'ai dit ailleurs ("Averroïsme latin" in "Moyen Age"), dès le Moyen Age, l'Eglise cesse pour certains d'être la seule détentrice de la vérité car la philosophie puis la science s'érigent en autres "points focaux".
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Arduino
Ecuyer
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Posté le: 23 Sep 2003 3:03 Sujet du message: Re: échec de l'humanisme
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Pallas a écrit:
....les occidentaux bien que comprenant le grec, ne pouvait assimiler les doctrines philosophiques grecques car ils n’avaient aucune connaissance de la philosophie qui était nécessaire pour comprendre Platon, Plotin et Aristote. L’indigence philosophique de l’Occident fut le résultat de la longue domination romaine. Les romains n’avaient aucune prédilection pour la philosophie, il ne s’intéressaient qu’aux choses pratiques et peu d’œuvres philosophiques grecques furent traduites en latin. Les arabes furent donc les véritables éducateurs de l’occident.
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Bonjour
n'avez-vous pas exagéré? Bien sur que la culture romaine n'est pas comparable à celle de la Meditarrenée orientale. Cette aire fut la plus évoluée de ce bout du continent afro-euro-asiatique avant du triomphe de Rome, pendant l'empire et après sa chute. La culture romaine dut beaucoup à celle grecque: on fait commencer la littérature latine avec les ouvrages de Livius Andronicus, un esclave de la Grande-Grèce, et le très connu vers d'Horace "Graecia capta ferum victorem cepit" rapprésente la reconnaissance de la supériorité de la culture grecque; sa langue était consideré celle des gens cultivés, qui aimaient parfois citer des phrases en grec . On peut dire que les Romains n'eurent jamais des philosophes. Mais je ne vois pas comme ils aient pu empecher la diffusion de la philosophie en Occident. Ils y portèrent la culture de l'Orient, la philosophie comprise. S'il est vrai ce que vous dites, qu'ils ne traduisirent beaucoup des oeuvres philosophiques grecques, je pense que ce fut parce qu'il ne fallait pas, car les gens cultivés, comme vous avez écrit, connaissaient déjà cette langue. Dans l'aire celtique on connaissait ou on pouvait connaitre les philosophes orientaux. Donc plusieurs siècles avant de la civilisation arabe, ces peuples eurent l'opportunité d'etre éduqués. Probablement ils etaient encore trop arrierés pour avoir les moyens par construire des systèmes philosophiques, ou ils avaient un esprit trop pratique, comme les Romains. Mais ça ce n'est pas la faute de ces derniers.
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excusez mon approximatif français s.v.p.
cordialement
Arduino
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Pallas
Vidame
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Posté le: 29 Sep 2003 16:04 Sujet du message: échec de l'humanisme
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Je crois qu’on commet une confusion entre littérature (dans le style poétique) et philosophie. On ne trouve chez les romains aucun système philosophique bien qu’ils eurent des poètes et des émules de la rhétorique.
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Hannibal
Marquis
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Posté le: 01 Oct 2003 12:19 Sujet du message:
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Les Romains eurent des philosophes, certainement pas aussi connu, voire aussi "bon", que les Grecs mais nier leur existence serait une grave erreur.
Si je vous cite Sénèque ou Marc Aurèle, vous ne pouvez pas dire que ce ne furent que des écrivains.
Sur ce point d'ailleurs, il ne faut pas oublier qu'à l'époque, tout discours deviat être supporté par un texte qui prenait la forme que lui donnait son auteur.
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