Jérémy76 a écrit :
Mais Henri III ne l'entend pas ainsi. J'ai vu dans un livre qu'il aurait put accepter une monarchie tempérée comme Élisabeth en Angleterre, mais il tenait à garder sa "Majesté" et il ne voulait pas partager la souveraineté, alors que les huguenots et les ligueurs veulent que les États-Généraux et les Princes du royaume puissent aussi avoir une part de souveraineté dans le gouvernement du royaume... seul le roi est souverain, car il détient son pouvoir de Dieu (sacre) et de ses ancêtres (transmission de la Couronne selon les Lois Fondamentales) c'est-à-dire Saint Louis... Joël Cornette, dans Chronique de la France Moderne, Paris, SEDES (coll. Regards sur l'histoire), tome I: Le XVIe siècle, p.318, cite Robert Descimon, Qui étaient les Seize? Mythes et réalités de la Ligue parisienne (1585-1594), Paris, 1983, où il explique que la guerre de la Ligue est un conflit de même nature que les révolutions anglaises du siècle suivant et de même nature que les révoltes néerlandaises face au pouvoir absolutiste du roi d'Espagne.
Je vous remercie pour ces éléments : un vrai cours bien agréable à lire et à retenir.
Je savais qu'Anjou avait été approché pour être prince consort d'Angleterre. J'ai un peu de mal à imaginer un Henri III belliqueux mais vous m'avez justement rappelé qu'Anjou avait fait ses preuves à Jarnac.
Pour se qui concerne la Saint Barthélémy, je n'ai jamais bien saisi. Dans "
Catherine de Médicis" (
Robert-Jean Knecht), on voit dans une discussion serrée -il a fallu convaincre Charles IX- une liste s'établir pour les Huguenots présents dans le Louvre et ceux hors Louvre.
@ Châtillon :
Merci pour le recadrage des dates et toutes mes excuses pour cette erreur. Là encore existe un changement conséquent de l'état de duc à celui de Roi sans compter avec l'évolution des politiques. J'ai du mal à me faire à l'idée que Guise n'est qu'un simple soutien d'Anjou. En deux générations la famille montre combien elle est mue par l'ambition et que "
la fin justifie amplement les moyens". On le voit avec l'épisode détestable concernant Marie Stuart lorsqu'elle rejoint l'Ecosse. Cette famille flaire les trônes et n'aura de cesse de s'élever. Le départ d'Anjou pour La Pologne était une aubaine. Alençon est connu pour s'allier au plus offrant et sera pris dans une cabale contre son frère, cabale menée par les Guise.
La journée de 1572 est une chaude journée comme tant d'autres à ce moment. La différence : les Huguenots présents en la capitale s'aperçoivent que Coligny a failli être tué, le commanditaire ne peut être qu'une personne haut placée : le roi, sa mère, Anjou-Guise ? Les démonstrations de paix sont réduites à néant et le mariage qui déjà posait problème se termine en bain de sang. Paris est la ville à fuir ou celle dont on ne sortira pas indemne. Il est évident que l'on atteint un point de non retour à ce moment. Lorsque le vin est tiré il faut le boire et ce jusqu'à la lie. Privé de Coligny, Charles IX se retourne vers le clan car la famille "
fonctionne à l'italienne". A l'extérieur les Huguenots savent que ce qui a été commencé doit être fini mais quand et comment ? La grosse erreur a été d'avoir raté Coligny. Coligny mort la situation n'était pas plus enviable mais nette. Le mariage pouvait être remis et Paris dégagé par la force vu les échauffourées qui n'auraient pas manqué. Vous oubliez aussi l'impact de Madame Catherine. Elle a connu Guise père, l'a combattu dans ses conseils politiques intolérants et intransigeants dont François II était abreuvé. Elle ne souffre pas cet homme qu'elle sent comme une menace pour ses fils donc pour le trône. N'a-t-il pas essayé via Marguerite de se lier plus intimement à la famille de France ? Pour le moment Guise joue un rôle de bascule mais de la bascule à la pirouette, tout s'annonce pour le mieux le concernant.
Rien en royaume de France n'est fait pour consolider la royauté. Certes la reine Elisabeth est enceinte mais nul ne peut dire si cette Xème grossesse verra son terme, si l'enfant sera viable (là encore il y a eu des précédents) et si ce sera un mâle. "
on s'attend à la naissance d'un dauphin", j'aurai plutôt écrit "
la naissance d'un enfant mâle est plus que souhaitée car à ce moment le trône se voit consolidé pour un certain temps". Un seul fils est encore peu pour l'ancrage du trône. Madame Catherine connait ce genre de situation pour l'avoir vécue en tant que femme prégnante et en tant que mère de roi. Sur dix enfants : trois passent juste l'année dont un garçon ; François, Elisabeth et Charles s'éteignent entre 19 et 25 ans ; Alençon et Claude ne voit pas les 30 ; il devient évident qu'aucune postérité n'est à espérer pour le futur Henri III seule Marguerite parvient à passer le cap des 50 ans sans postérité.
Il fut un temps où Anjou n'était pas à l'abri d'un complot qui aurait été attribué aux Huguenots et Alençon est pris dans une cabale qui lui promet le trône. Guise peut aisément s'imaginer sur les rangs.
1588 : le roi est à Blois et Paris a pour Guise les yeux de Chimène en cette journée des barricades. On crie déjà "
vive le Roi", il se contente de sourire et de quelques mots pour la forme afin de ne pas trop parader. Il peut car dès
1584 tout est permis : Henri III n'a pas d'héritier quant à Alençon, il passe ad patres. Il est étonnant de voir avec quelle célérité soudaine se créent la Sainte Union et la Ligue cette même année. Vous oubliez aussi le statut de Guise à la Cour : il est pair de France, la bisaïeule de sa mère (une Este) est fille de Louis XII, par son bisaïeul il descend des Borgia, en cherchant bien son arbre généalogique doit frôler celui de la reine d'alors, sa mère est une T.A.
Cette homme n'est rien moins que traître à son roi et par là à son pays. Il entretient avec l'aide sonnante et trébuchante d'Espagne un climat détestable et propice à la guerre civile. "
Diviser pour mieux régner" est ajouté à son credo. Il aura une mort bien méritée et je trouve la patience d'Henri III royale ! En fouillant ses papiers, on trouvera la preuve de ses combinaisons. Par delà la mort du duc, l'acte du Roi se justifiait encore.