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Message Publié : 28 Juil 2009 18:35 
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Polybe
Polybe

Inscription : 28 Avr 2009 17:32
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Les humanistes se sont souciés du sort des hommes en général et avaient à coeur la liberté. Pourtant j'ai lu qu'à l'époque de François Ier ils avaient au contraire eu tendance à accroitre le pouvoir du roi puisque celui-ci en tant qu'homme ne pouvait pas être freiné par Dieu. Quelqu'un peut m'en dire plus?


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Message Publié : 29 Juil 2009 15:44 
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Plutarque
Plutarque
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Inscription : 18 Avr 2006 14:59
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Localisation : Loin de tout
Il faudrait préciser ce que vous entendez par
Citer :
Les humanistes se sont souciés du sort des hommes en général et avaient à coeur la liberté.

La liberté du XVIe siècle, ce n'est peut-être pas la même signification d'aujourd'hui... Le Roi, qui se veut "Père du Peuple", administre "sagement" son Etat dans l'intérêt général, n'empêche pas la "liberté" du moment qu'il ne se conduit pas en "tyran" (usurpateur, violent, ...).
De plus, au début du XVIe siècle, le "pouvoir absolu du roi" est encore à construire.

La "liberté" dont parlent les humanistes, c'est peut-être davantage un débat théologique au sujet du "libre-arbitre" (voir Érasme) et de la responsabilité de l’homme devant Dieu.

L'humanisme remet "l'homme au centre du monde" en montrant sa spécificité par rapport aux autres espèces, c'est sans doute un des aspects les plus prioritaires de l'humanisme, avec la redécouverte des textes anciens...

Le Roi, lettré, se veut justement protecteur des savants et des artistes (en particulier François Ier)... Puisqu'il participe à la diffusion des idées humanistes (voir ses liens avec Guillaume Budé), le Roi n'a pas de raison d'être combattu...


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Message Publié : 29 Juil 2009 19:58 
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Polybe
Polybe

Inscription : 28 Avr 2009 17:32
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Je me demandais surtout si l'humanisme avait pu renforcer un temps le pouvoir du roi qui aurait été vu d'une façon un peu plus romaine et un peu moins chrétienne dans le sens médiéval.


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Message Publié : 29 Juil 2009 21:52 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Il est possible que les humanistes hommes épris de connaissances, de beauté et de progrès, aient pensé qu'un pouvoir fort était nécessaire pour monter plus haut vers leurs objectifs. Une soif d'efficacité. L'idée qu'il faut des princes puissants, aimant la grandeur et disposant de moyens importants, pour progresser vite à cet égard et aider les artistes, les hommes de lettres et de sciences à créer. On ne parle pas encore liberté ?

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 29 Juil 2009 22:03 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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Localisation : 中国
Alain.g a écrit :
Il est possible que les humanistes hommes épris de connaissances, de beauté et de progrès, aient pensé qu'un pouvoir fort était nécessaire pour monter plus haut vers leurs objectifs. Une soif d'efficacité. L'idée qu'il faut des princes puissants, aimant la grandeur et disposant de moyens importants, pour progresser vite à cet égard et aider les artistes, les hommes de lettres et de sciences à créer. On ne parle pas encore liberté ?
C'est même plus que possible.
Du XVème au XVIIIème siècle, tout ou presque ce que l'Europe compte de grands esprits (humanisme, Lumières) est partisan d'un pouvoir fort. En France, cela va de Bodin, plus ou moins théoricien de la monarchie absolue, à Voltaire, partisan du despotisme éclairé.


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Message Publié : 29 Juil 2009 23:12 
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Polybe
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Inscription : 28 Avr 2009 17:32
Message(s) : 112
François Ier a été un roi plus centralisateur que ses prédecesseurs. J'ai posé la question car je pensais voir un lien avec son gout pour l'humanisme et la redécouverte de l'Antiquité.


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Message Publié : 29 Juil 2009 23:35 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
Message(s) : 2722
Localisation : 中国
Kurro a écrit :
François Ier a été un roi plus centralisateur que ses prédecesseurs. J'ai posé la question car je pensais voir un lien avec son gout pour l'humanisme et la redécouverte de l'Antiquité.
Il est vrai que son penchant pour l'humanisme, s'il était bien réel, participait également au prestige du roi et de sa fonction. C'est d'ailleurs après le désastre de Pavie et son emprisonnement que François Ier appuie fortement les arts. On peut peut-être y voir une manière de redorer son blason.


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Message Publié : 30 Juil 2009 11:41 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 25 Mai 2004 21:35
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Localisation : Paris
Kurro a écrit :
Je me demandais surtout si l'humanisme avait pu renforcer un temps le pouvoir du roi qui aurait été vu d'une façon un peu plus romaine et un peu moins chrétienne dans le sens médiéval.

Concernant la conception du pouvoir royal, il faut savoir que le droit romain a déjà été profondément redécouvert durant le Moyen-Âge, notamment à partir du XIIe siècle. C'est ainsi que, depuis le XIIIe siècle, le roi de France est imperator in regno suo. Les légistes du Moyen-Âge avaient donc déjà développé un arsenal théorique au service du pouvoir royal, qui puisait beaucoup dans le droit romain.
De même, depuis le XIVe siècle, la science politique avait émergé comme une branche distincte de la théologie avec la redécouverte de l'Aristote politique. La Politique d'Aristote a été traduite pour Charles V, et elle justifie l'Etat comme un bien. On commence donc à s'éloigner du pouvoir féodal, du roi primus inter pares.
Les traités politique de l'époque de Charles V insiste sur la nécessité d'un roi lettré : ce n'est pas encore le despotisme éclairé, mais on quitte là aussi le mythe du roi chevalier. Je ne sais plus d'où vient cet adage, mais il se répand à l'époque : "un roi illettré n'est qu'un âne couronné". Bref, le roi n'est pas encore un monarque absolu, mais il commence à émerger comme un individu supérieur qui doit avoir des vertus propres pour mener une politique et diriger un Etat.
Bref, de nombreuses étapes conceptuelles ont été franchies dès le Moyen-Âge, sous l'influence du droit romain et de la philosophie d'Aristote, sur le chemin de l'absolutisme royal.
Mais il est vrai que la tendance s'accentue au XVIe siècle. Jean Bodin a déjà été cité, qui dit que la souveraineté n'est pas plus divisible que le point en géométrie (fondement de l'absolutisme royal), mais il est postérieur à François Ier. A l’époque de François Ier, le nom le plus marquant de la philosophie politique est Machiavel. C’est un humaniste convaincu (voir son Art de la Guerre, une tentative de restauration de l’armée romaine, complètement déconnectée des réalités de la guerre de l’époque et des transformations dues à l’artillerie). Si la fin justifie les moyens, c’est que le prince n’a plus à être limité par des préceptes religieux et moraux. A voir quelle influence il a eu en France. Il était détesté par la majorité de la population et, évidemment, par la grande noblesse. A-t-il eu une influence sur François Ier et ses conseillers ? Je ne sais pas. Je pense plutôt qu’il a une influence sur la politique française à partir de Catherine de Médicis.

Kurro a écrit :
François Ier a été un roi plus centralisateur que ses prédecesseurs. J'ai posé la question car je pensais voir un lien avec son gout pour l'humanisme et la redécouverte de l'Antiquité.

La tendance centralisatrice de François Ier s'inscrit dans le long terme de la monarchie française. Ce n'est pas une vraie rupture. Il suffit de penser à Louis XI par exemple.
Et François Ier reste malgré tout un roi très médiéval, épris de chevalerie et bercé des mêmes illusions que ses deux prédécesseurs sur le mirage italien.


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