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Message Publié : 02 Mars 2010 15:22 
On date souvent la répression de la pauvreté en France à l'époque moderne, plus spécifiquement au XVIIème siècle. Pourtant, des mesures visant à employer gratuitement les pauvres mendiants pour des travaux publics furent prises en 1532 et 1547. Connaissez-vous d'autres exemples lors de ce siècle ?


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Message Publié : 02 Mars 2010 22:42 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Averm a écrit :
On date souvent la répression de la pauvreté en France à l'époque moderne, plus spécifiquement au XVIIème siècle. Pourtant, des mesures visant à employer gratuitement les pauvres mendiants pour des travaux publics furent prises en 1532 et 1547. Connaissez-vous d'autres exemples lors de ce siècle ?


Il n'est pas exact de dater la répression de la pauvreté, en France, à l'époque moderne.
L'antiquité et le haut moyen age s'étaient déjà penchés sur le problème de l'existence oiseuse et du vagabondage et avaient dénoncé les vagantes comme des êtres malfaisants et dangereux.
Les capitulaires carolongiens avec " l'admonitio generalis " de 789 ou le capitulaire des missi dominici de 802, inspirés par les canons des conciles, avaient fustigé la paresse et mis au ban de la société les parasites sociaux.

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )


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Message Publié : 02 Mars 2010 23:08 
Certes on s'y était penché dès le Moyen-Âge, mais c'est véritablement à l'époque moderne que l'on a voulu la résoudre et surtout, c'est durant cette période que le pauvre a vraiment été marginalisé alors qu'il avait été durant longtemps l'image du Christ souffrant) mais ça ne répond pas à ma question... ;)

J'en profite pour poser une seconde question: sait-on ce qu'encourait le pauvre qui refusait de travailler en 1532 et en 1547 ?


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Message Publié : 02 Mars 2010 23:14 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Je ne sais pas bien que vous répondre Averm, mais je crois qu'il faut distinguer de quelle pauvreté (urbaine, rurale, vagabonde) on parle et à faire attention à distinguer pauvreté et marginalité.

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"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 02 Mars 2010 23:18 
Peut-être Châtillon, s'il passe par là, pourra me répondre ? Alfred, lorsque je parle de "pauvres", j'évoque en fait les "mendiants" et les vagabonds. Si vous voulez, je fais référence aux mesures restrictives par lesquelles ils furent touchés: j'ai cité plus haut les dates de 1532 et 1547. Je souhaiterais obtenir plus d'informations sur ces mesures et savoir s'il s'agissait de cas isolés.


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Message Publié : 03 Mars 2010 10:47 
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Eginhard
Eginhard

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A la même période, dans les années 1530-1540, l'Espagne adopte aussi des "lois des pauvres", notamment sous l'impulsion de l'humaniste espagnol Juan Luis Vivès qui, dans son traité De subventione pauperum, condamne la mendicité et préconise la mise au travail des vagabonds. Cette oeuvre inspira aussi la ville de Bruges (alors sous domination espagnole) qui prit des mesures dans le même sens.

Le cas français n'est donc pas isolé, ces mesures correspondent à l'air du temps. Mais ce type de mesure est difficile à appliquer car les solidarités sociales traditionnelles, fortement imprégnées de la conception chrétienne de la charité, résistent. Faire l'aumône aux mendiants et avoir beaucoup de pauvres dans son cortège funèbre sont un moyen pour les riches de s'assurer une place au paradis et ce n'est pas la loi qui va les en empêcher.


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Message Publié : 13 Mars 2010 22:44 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 19 Mars 2005 18:17
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Averm a écrit :
Peut-être Châtillon, s'il passe par là, pourra me répondre ?
.. euh ...
En faite, si le sujet touchait à l'art du portrait, j'aurai peut-être pu dire quelque chose, mais là .... :mrgreen: Nous avons plein de spécialistes sur le forum qui -je ne doute pas - apporteront une réponse..

Si les modérateurs pensent que ce message est inutile, n'h'ésitez pas à l'éliminer.


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Message Publié : 13 Mars 2010 23:33 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 27 Avr 2008 14:42
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Averm a écrit :
On date souvent la répression de la pauvreté en France à l'époque moderne, plus spécifiquement au XVIIème siècle. Pourtant, des mesures visant à employer gratuitement les pauvres mendiants pour des travaux publics furent prises en 1532 et 1547. Connaissez-vous d'autres exemples lors de ce siècle ?


Puisque vous avez des dates aussi précises, vous devez bien avoir en plus quelques précisions sur les lieux et les circonstances.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 13 Mars 2010 23:48 
Je cherche à comprendre si le changement de perception de la pauvreté date vraiment du XVIIème siècle. Je ne sais plus où j'ai lu que les pauvres avaient été astreints à des travaux publics en 1532 et 1547. Et donc je me demandais quels autres édits pouvaient y être liés.


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Message Publié : 07 Mai 2010 10:20 
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Tite-Live
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Inscription : 03 Mars 2010 11:03
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Localisation : France
Mécène a écrit :
Je cherche à comprendre si le changement de perception de la pauvreté date vraiment du XVIIème siècle. .


En lisant des séries de testaments sur la région albigeoise couvrant le XVIe siècle, j'ai noté des variations intéressantes du traitement de l'aumône aux pauvres. Il ne s'agissait pas de les intégrer au cortège funèbre (dans cette micro-région, sud d'Albi, c'est le nombre de curés (capella )qui donne le rang honorifique du défunt) mais de leur offrir, sur une période dont la durée n'est pas indiquée, du pain. Au début du XVIe siècle, ce pain est distribué par l'héritier sur le pas de la porte du défunt (l'expression ,en latin ou en occitan, est "des mains de l'héritier bas nommé au seuil de la maison du défunt"). Par contre vers 1560, la distribution se fait sur le seuil de l'église et par le curé officiant; l'héritier est appelé par le testateur à donner un certain nombre de miches. Puis vers 1580(les dates sont très approximatives et peut-être ont elles une micro géographie), le pain disparaît et le testateur demande une aumône-offrande en argent (quelques sous ou quelques livres).Il semble que la somme allouée soit directement liée au rang scial du défunt.

Parallèlement, les protestants , dans cette région, avaient dans leurs consistoires un "syndic des pauvres" dont le rôle était de canaliser la charité. Un synode provincial du Haut-Languedoc de la fin du XVIe siècle interdisait les aumônes directes au-devant de la maison du défunt.

Par contre élément extraordinaire, la formule, alors archaïque, de distribution directe à la porte du défunt, réapparait en 1685 sur le testament d'un Réalmontais s'apprêtant à fuir la France "pour cause de religion". Je n'ai pas d'explication pourquoi cette formule ressurgit, mais cela me conforte dans la conviction que la vieille tradition de réception des pauvres à domicile a évolué au cours du XVIe siècle (à cause de l'insécurité ambiante de la région ?) en Albigeois vers une charité contrôlée par de autorités ecclésiastiques, au point d'arriver, vers 1680, aux propositions du jésuite R.P. Chaurand (son texte est sur mon blog que vous trouverez dans mon profil).

Si quelqu'un a des précisions sur ce type d'évolution ailleurs, je suis preneur. Idem pour cette resurgence de 1685 : quelqu'un comprend-il pourquoi ?


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Message Publié : 07 Mai 2010 10:56 
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Bergerac a écrit :


Parallèlement, les protestants , dans cette région, avaient dans leurs consistoires un "syndic des pauvres" dont le rôle était de canaliser la charité. Un synode provincial du Haut-Languedoc de la fin du XVIe siècle interdisait les aumônes directes au-devant de la maison du défunt.



Je connais mal la gestion des marginaux par l'église catholique, si tant qu'il y en eu. Je connais un peu mieux leur gestion en angleterre entre le XVIème et la fin du XIXème Siècle. Les premières lois au XVIème siècle avait pour but de contrôler la masse des pauvres et marginaux. Elles ont évolué dans le temps, mais au début elles reposait sur 2 piliers :
- répressif : avec le marquage au fer rouge des vagabonds
- assistance : avec octroi d'allocations. Ce système était confié aux paroisses

Mais ce système allait être abrogé par la "old poor law" de 1601 et surtout le terrible "Poor Law Amendment Act" de 1834 où les pauvres sans ressources étaient enfermés dans les infectes "Workhouses" véritables bagnes où les conditions de vie étaient terribles.

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme


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Message Publié : 07 Mai 2010 12:57 
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Eginhard
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Il existe un ouvrage passionnant de R. (?) Walzer, La Révolution des Saints, paru dans la collection Logique sociale de Lefort. Il insiste sur le puritanisme anglais. Voilà un résumé de ses thèses
- avec Calvin, l'homme et la nature sont avant tout marqués par la chute. On efface tout le thomisme au profit d'un augustinisme (non pessimiste toutefois, mais ce n'est pas nore sujet)
- on ne peut plus avoir une vision platonicienne de la société, où tout s'ordonnerait merveilleusement du caillou à l'empereur selon un ordre reflet de l'ordre céleste.
- les puritains, par l'exil (Francfort surtout) expérimentent violemment la rupture avecl'ordre traditionnel. Les vieux liens de fidélités sont brisés. Il faut reconstruire une autre société, qui tienne compte de la nature pécheresse de l'homme d'où les Disciplines (réglements) de Francfort. On glisse vers une approche contrac tuel
- déception et nostalgie de Genève au retour en Angleterre. Même la société élisabéthaine porte la marque du péché. Il faut donc un bureacratie et mode contractuel pour empêcher la perversité de s'exprimer.
- l'un des pires maux est l'oisiveté, d'où l'attention particulière aux mendiants, à la fois charitable (les paroisses puritaines les encadrent) et répressifs : rééducation par le travail dans un cadre fermé.
Inutile de vous dire que Walzer cite souvent Max Weber. Résumé en qq points, ça a un air évidemment schématique mais le livre est passionnant.

_________________
"Denken heisst überschreiten" : Penser signifie faire un pas au-delà. Ernst Bloch (1885-1977)


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Message Publié : 07 Mai 2010 13:35 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 27 Avr 2008 14:42
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Helios a écrit :
A la même période, dans les années 1530-1540, l'Espagne adopte aussi des "lois des pauvres", notamment sous l'impulsion de l'humaniste espagnol Juan Luis Vivès qui, dans son traité De subventione pauperum, condamne la mendicité et préconise la mise au travail des vagabonds. Cette oeuvre inspira aussi la ville de Bruges (alors sous domination espagnole) qui prit des mesures dans le même sens.


En fait, il faut vérifier l'application réelle de ce genre de mesures. En Espagne par exemple, elles sont mal reçues et les espagnols restent très attachés à l'aumône manuelle et défendent leurs mendiants. Les autorités n'appliquent que très mollement de telles lois.

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Message Publié : 07 Mai 2010 13:40 
Alceste a écrit :
En fait, il faut vérifier l'application réelle de ce genre de mesures. En Espagne par exemple, elles sont mal reçues et les espagnols restent très attachés à l'aumône manuelle et défendent leurs mendiants. Les autorités n'appliquent que très mollement de telles lois.


Merci de ces précisions. Et les travaux de Vives sont donc restés lettres mortes ?


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Message Publié : 07 Mai 2010 14:59 
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Pierre de L'Estoile
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.[/quote]

Merci de ces précisions. Et les travaux de Vives sont donc restés lettres mortes ?[/quote]

Oui justement en Espagne, il suffit pour s'en convaincre de voir les tableaux de Murillo ou Velasquez. Il ne faut pas oublier que le mendiant a une fonction, celle de vous aider à gagner le paradis par l'aumône que vous lui faite. A partir du XVe XVIe s'est effectivement développé tout un mouvement qui disait que "l'aumône manuelle", le don direct à un mendiant était néfaste, provoquant paresse et désordre, et on lance donc "le grand renfermement des pauvres" avec les hôpitaux vers lesquels les bons chrétiens devraient diriger leurs aumônes. C'est vrai que l'aide y est plus efficace et plus rationnelle, mais c'est une idée d'intellectuel, dans les pays du sud, le succès est faible. Les espagnols tiennent à leurs mendiants à la porte des églises. Même en France on cite des cas de soulèvement d'une rue ou d'un quartier pour qu'on ne leur enlève pas "leur mendiant". Et puis ça tombe bien parce que finalement même avec un grand mouvement de construction des hôpitaux, il n'y aurait jamais assez de place pour tous les miséreux qui survivent dans les villes.

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