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Message Publié : 11 Août 2013 17:08 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 21 Mars 2010 20:11
Message(s) : 11
Bonjour, travaillant sur les réformes religieuses que connait l'Europe à l'époque moderne (mais surtout pour la France et l'Empire), je me demandais pourquoi le luthéranisme s'est imposé aussi "facilement" dans les régions du Nord de l'Europe, principalement autour de la Baltique (Livonie, ex-Union de Kalmar...). Cette dernière s'apparentant pratiquement à un véritable "lac luthérien". Quand on compare avec les affrontements en Empire, aux Pays-Bas et bien sur en France...
Merci !


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Message Publié : 12 Août 2013 21:09 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
Message(s) : 1522
Localisation : Belgique
pierre romain,

je sais je reste assez vague et je n'ai pas des vérifications.
J'ai fait pour ce forum une étude rapide sur une question comment le lutheranisme était répandu en France et j'ai l'impression que c'est vite, avant un déploiement plus vaste, est écarté par le Calvinisme plus virulent? Le même dans les Pays Bas (les 17 provinces) où le Calvinisme est infiltré venant de la France.
Pour l'Europe du Nord? Moins de résistance des Catholiques comme en Allemagne, la France, les Pays Bas?
Le lutheranisme déja bien établi, comme en Allemagne, quand le concurrent Calviniste arrive?
Le compromis de "cuius regio, eius religio"?

Mais je dis comme Verbum:
"Mais il est vrai que la question mérite une réponse en détail, plus approfondie."
Et je suis curieux, parce que ça m'intéresse, de voir une étude détaillée.

Cordialement,

Paul.


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Message Publié : 20 Août 2013 17:06 
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Salluste
Salluste

Inscription : 22 Jan 2013 16:31
Message(s) : 222
Localisation : Helvétie
Pour les princes d'empire, on peut déjà imaginer une réponse assez terre-à-terre. Maximilien de Habsburg et Charles Quint voulaient renforcer l'empire en le centrant sur les terres autrichiennes. Or d'une part, les nobles très haut placés voyaient d'un mauvais œil l'agrandissement du pouvoir impérial, d'autre part, l'empereur demeurait catholique. Se convertir au protestantisme leur permettait de se démarquer de l'empereur et de lui tenir tête.

Pour le reste, je pense que les mentalités ont joué un rôle important. Le protestantisme est austère, plus terre-à-terre et moins exubérant que le catholicisme. Il correspond plus à la mentalité germanique qu'à la mentalité méditerranéenne. Cette dernière a plus besoin de montrer ses richesses et de "parler fort". On comprend facilement alors pourquoi le baroque s'est implanté dans ces régions.

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"L'amitié est une âme en deux corps" Aristote
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Message Publié : 20 Août 2013 17:35 
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Salluste
Salluste

Inscription : 29 Août 2009 19:30
Message(s) : 252
Localisation : METZ
Les raisons sont multiples, et l'on peu trouver des raisons générales comme des raisons locales.

L'on oublie souvent que le catholicisme considère comme un péché l'usure et l'affairisme. Pour être un bon catholique, il ne faut pas chercher à faire de l'argent.

C'est pourquoi les prêts à intérêts étaient souvent donnés par les juifs, dont beaucoup feront fortune avec ça. Comme ils ne sont pas chrétiens, l'Église n'y trouve pas à redire (surtout qu'elle récupère sa part grâce aux revenus que ses taxes sur l'usure lui procure). Bien sûr, beaucoup de catholiques (des italiens, tous indifféremment désignés de lombards, mais pas seulement) vont passer outre cette règle, et seront de ce fait mal vu par les populations qui leur servent de clients.

Les laborieuses populations du nord de l'Europe vont être sensibles aux arguments de la nouvelle doctrine, qui valorise le travail et la réussite professionnelle. Ca les change. Surtout que leur commerce les fait vivre, et leur permet même parfois de s'affranchir de l'autorité du prince (Ligue Hanséatique).

De plus, les taxes versées au Vatican sont devenues très mal acceptées par de nombreuses populations, toutes catégories sociales confondues.

Dans le cas de la Suède, il faut ajouter que l'Église catholique suédoise s'est discrédité en soutenant le pouvoir de l'occupant danois.

Dans le cas de l'Angleterre, c'est plus profond et plus complexe. Pendant la guerre de 100 ans, les anglais se sont rendu compte que certaines taxes qu'ils payaient à Avignon étaient reversées à l'ennemi français. Ensuite, la guerre civile des Deux Roses a ravagé le pays, le laissant exsangue, mais avec des couvents qui abritaient de nombreuses richesses. L'anglais moyen n'est plus autant papiste qu'avant au moment de la réforme. Malgré leur poigne de fer, Henri VIII et sa fille Élisabeth n'auraient jamais pu faire basculer leur royaume sans ces paramètres (et de fait, dans le cas de l'Irlande, ils n'y sont pas arrivé).

Voilà un court texte sur ce phénomène qui mériterait des pages entières. Surtout que la question se posera forcément dans le sens inverse : pourquoi les populations du sud de l'Europe n'ont pas abandonné le catholicisme ? Là aussi, ça peut être long...

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Une fable à découvrir :
http://www.edilivre.com/doc/16397


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Message Publié : 20 Août 2013 19:40 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 21 Mars 2010 20:11
Message(s) : 11
Merci à vous pour vos explications ! Il y a en effet de nombreuses raisons que l'on peut évoquer à ce que je vois... Pour les possessions des Habsbourg (Autriche, Bohème notamment), il est intéressant de remarquer également comment Ferdinand II est parvenu à "re-catholiciser" ces provinces, que ce soit par la force, la législation ou par le biais des Jésuites et des Capucins. Il parait difficile, bien que l'Histoire en offre plusieurs exemples, de constater qu'il est possible d'assouvir la volonté religieuses d'un homme à toute un(e) région/pays/territoire.


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Message Publié : 21 Août 2013 5:01 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 17 Juin 2013 18:20
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Sont restés fidèles à Rome :
a) Les Italiens. Parce que la papauté était à eux. Cela signale la distance à Rome comme un des déterminants essentiels de l'inclination à la Réforme.
b) Les Ibériques et les Polonais. Parce qu'ils étaient à la frontière du monde des infidèles musulmans ou des schismatiques orthodoxes.

C'est en Allemagne - pays éloigné de Rome - que la Réforme est née. Ses idées se sont évidemment mieux répandues là que dans d'autres pays. Les Allemands du Sud ont été maintenus dans le catholicisme ou reconquis à lui par les Habsbourg.
Les Scandinaves étaient encore plus loin de Rome que les Allemands. De plus ils étaient en contact avec les Allemands protestants, et pas en contact avec des territoires catholiques.
Ce qui est le plus délicat à expliquer, ce sont les pays à la fois
a) non-allemands
b) intermédiaires en ce qui concerne la distance à Rome
c) pas en contact avec l'infidèle
à savoir la France, l'espace de langue néerlandaise, les îles britanniques, la Hongrie. Et, justement, la situation y est intermédiaire...


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Message Publié : 21 Août 2013 9:04 
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Salluste
Salluste

Inscription : 29 Août 2009 19:30
Message(s) : 252
Localisation : METZ
jovien a écrit :
Sont restés fidèles à Rome :
a) Les Italiens. Parce que la papauté était à eux. Cela signale la distance à Rome comme un des déterminants essentiels de l'inclination à la Réforme.
b) Les Ibériques et les Polonais. Parce qu'ils étaient à la frontière du monde des infidèles musulmans ou des schismatiques orthodoxes.
Je ne pense pas que les vénitiens considéraient la Papauté comme étant à eux. C'était même franchement l'ennemi. Pourtant, leur répression du protestantisme a été d'une efficacité redoutable (les adeptes de la nouvelle religion disparaissaient purement et simplement, ce qui évitait d'en faire des martyrs).

Pour la Pologne, ce pays a dés le départ été très tolérant avec ses protestants, qui représentaient une forte minorité. Il faut attendre l'avènement de Sigismond III Vasa pour que les choses commencent à changer. D'ailleurs, à cette époque, les polonais sont séparés des russes et des turcs par le grand-duché de Lituanie, qui est catholique et dont l'union avec le royaume de Pologne est encore plus ou moins théorique (cette union, si je me souviens bien, sera même rompu de 1492 à 1500).

Il y a aussi eux des protestants espagnols, qui ont formé des communautés dans les grandes villes. Mais les buchers de Charles Quint puis de Philippe II ne leur ont laissé aucune chance...

Ceci dit, on ne peut nier, en regardant une carte, que les pays qui ont basculé vers le protestantisme sont les plus éloignés de Rome (avec l'exception notable de la Pologne et de la Lituanie). Est-ce un hasard ou y a-t-il un lien ? C'est une bonne question dont je n'ai pas la réponse :wink:

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Message Publié : 21 Août 2013 9:22 
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Salluste
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Inscription : 22 Jan 2013 16:31
Message(s) : 222
Localisation : Helvétie
Pour les Néerlandais, c'est assez clair je pense. Le commerce était vital pour eux et le catholicisme le voyait d'un mauvais œil comme ça a été dit. Et à l'époque, ils étaient considérés comme Allemands faisant partie de l'empire.

En Suisse, le canton de Zurich se convertit grâce à Zwingli qui sut convaincre ses concitoyens de passer à la réforme; il mourut pour sa nouvelle foi d'ailleurs. Et si Zurich devenait protestante (une des grandes villes de la confédération), Berne ne pouvait pas rester en retrait. Il en fut de même pour Bâle. Par contre, je ne connais pas l'explication à Schaffouse, Glaris et Appenzell.

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Message Publié : 21 Août 2013 13:50 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 17 Juin 2013 18:20
Message(s) : 470
PAC a écrit : "Je ne pense pas que les Vénitiens considéraient la Papauté comme étant à eux. C'était même franchement l'ennemi. [...]
Ceci dit, on ne peut nier, en regardant une carte, que les pays qui ont basculé vers le protestantisme sont les plus éloignés de Rome (avec l'exception notable de la Pologne et de la Lituanie). Est-ce un hasard ou y a-t-il un lien ? ".
Ce que je veux dire est ceci : Quand un Allemand était en désaccord avec le pape, il se disait : mais qu'est-ce que je fiche à obéir à l'évêque de cette ville au loin ? Et il avait l'impression de se réveiller.
Un Vénitien vivait dans l'aire culturelle italienne. Il ne trouvait pas pas anormal d'être soumis spirituellement au pape, comme Jeanne d'Arc ne trouvait pas anormal d'être sujette du roi couronné à Reims et établi à Paris. Quand des Vénitiens n'étaient pas d'accord spirituellement avec la papauté, il n'étaient pas enclins à rompre avec elle : "l'opinion publique" jugeait le pape légitime. Les Etats italiens savaient cela, et se sont rangés dans le camp catholique.
Je tente cette explication faute d'une meilleure...

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Message Publié : 21 Août 2013 14:28 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 27 Août 2012 15:49
Message(s) : 745
jovien a écrit :
Ce que je veux dire est ceci : Quand un Allemand était en désaccord avec le pape, il se disait : mais qu'est-ce que je fiche à obéir à l'évêque de cette ville au loin ? Et il avait l'impression de se réveiller.


On pourrait vous répondre : qu'en est-il de la pologne, l'irlande, une partie de la "belgique", l'allemagne rhénane ?

Je pense que le facteur le plus important est le fait que le centre de gravité économique se déplace. Il était autour de la méditérannée et se déplace vers l'atlantique. Notamment avec les grandes découvertes, la méditérannée devient plus un "lac".
Au XVIe siècle, on voit des villes commes Anvers, Amsterdam et Londre supplanter Venise et autres.

Cela a pour conséquence de développer encore plus l'esprit "industrieux", "entrepreneur" et commerçant des pays comme les provinces-unis, l'angleterre, nord de l'allemagne, suède... qui n'ont ni le climat ni la géographie pour se diriger vers le métier agricole bien plus présent dans les pays latins catholiques.

Ainsi la religion protestante arrive a trouver des conditions optimales à se déployer dans ses régions grâce à un message plus "libéral" disons et favorisant l'état d'esprit de ces populations.
Peut-être même que l'anthropologie (voir Todd) est l'un des facteurs, les familles nucléaires absolues qui prône l'individu sont ainsi séduit par le message de la Réforme. Tandis que les systèmes familiaux plus égalitaires et communitaires restent prôche de l'église catholique.


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Message Publié : 21 Août 2013 18:11 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
jovien a écrit :
Sont restés fidèles à Rome :
C'est en Allemagne - pays éloigné de Rome - que la Réforme est née. Ses idées se sont évidemment mieux répandues là que dans d'autres pays. Les Allemands du Sud ont été maintenus dans le catholicisme ou reconquis à lui par les Habsbourg.


C'est pour cela qu'il y avait un roi des Romains en Germanie ... Qu'en Allemagne, il y a eu, comme en Italie un parti Guelfe et un parti Gibelin. Que dans de nombreuses villes, il y a eu des quasi guerres civiles entre les rouges et les noirs. Les uns tenaient pour le pape, les autres pour l'empereur.
Une grande partie de l'histoire moyennageuse du SERG tourne autour d'un affrontement entre l'empereur et le pape. Et des villes de toutes l'Allemagne furent en certaines périodes en faveur du pape, donc contre l'empereur. Même dans les recoins les plus éloignés de Rome su SERG.

En fait, ceux qui ne désiraient pas un pouvoir central fort étaient pour le pape et ceux qui voulaient un état plus centralisé étaient pour l'empereur. Mais parfois, certains étaient contre l'empereur simplement parce qu'ils étaient alliés à une famille qui s'opposait à l'empereur. Du coup, ils étaient en faveur du pape. Jusqu'à ce que leur favori soit nommé empereur, où ils changeaient de parti...

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 21 Août 2013 20:44 
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Salluste
Salluste

Inscription : 28 Jan 2011 2:34
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il me semble que en France il y a eu des guerres de religions, assez sanglantes si ma mémoire est bonne (la St Barthélémy, par ex.), et que elles ont sévi également dans le sud, où on retrouve les huguenots qui vivaient en marge de la communauté avec leurs cimetières à eux.
Est-ce que la répression, en France, aurait fait un nettoyage par le vide, que ce soit par "voies de fait" et/ou par émigration de protestants vers des cieux plus.. "cléments"?


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Message Publié : 21 Août 2013 22:08 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 28 Avr 2006 23:02
Message(s) : 1397
Localisation : Orne
Pour l'Europe du Nord, et plus précisément pour la Prusse qui se situe au sud de la Mer Baltique et au nord de la Pologne, j'ai noté les faits suivants :

- Déjà, avant la conversion au luthéranisme, la Prusse s'oppose à la très catholique Pologne.
- En 1522, le Grand Maitre Albrecht, chef de la Prusse, se rend à Nuremberg où il est impressionné par un discours du Luthérien Andreas Osiander.
- Le 28 mars 1523, Luther écrit aux haut clergé de Prusse pour les inciter à changer de religion, avec l'argument principal qui est qu'ils pourront se marier. Ensuite, Luther continue sa correspondance avec chacun des quatre évêques de Prusse. Il les invite à venir le voir à Wittenberg où il réside. L'évêque de Warmie, Johannes Dantiscus, accepte et passe trois journées là-bas. Il dira qu'il a été très bien reçu, qu'il en garde une bonne impression, même s'il reste catholique.
- A Noël 1523 , Georg von Polenz, renonce à ses voeux et incite le reste du clergé à le suivre. Il reste à son poste, et à Paques 1524, il impose les rites luthériens dans son évêché.
- En 1524, l'évêque de Pomesania, Erhard von Queis, devient luthérien.
- Fin 1524, le Grand Maitre Albrecht décide de renoncer à ses voeux pour pouvoir se marier et devenir duc de Prusse. Des négociations sont entreprises pour que le roi de Pologne accepte cette décision.
- Le 10 avril 1525, Albrecht se met à genou devant le roi de Pologne qui le fait duc.
- Le 27 mai 1525, à Koenigsberg, Albrecht dissout l'ordre des Chevaliers Teutoniques. Toute la Prusse orientale devient ainsi luthérienne.

On peut remarquer que :

- Il y avait un terrain favorable.
- L'opposition à Rome n'est pas un sujet important.
- Le développement du commerce par l'autorisation des intérêts sur les prêts, etc. n'est pas un sujet important.
- L'action de séduction et de propagande de Luther a joué un grand rôle.
- Le petit peuple, et même les bourgeois, n'ont pas eu leur mot à dire.
- La conversion est venue d'une partie du haut clérgé catholique, et du Grand Maitre.
Donc la maxime Cujus regio, ejus religio ("tel prince, telle religion") s'applique bien à la situation en Prusse orientale.


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Message Publié : 22 Août 2013 8:18 
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Salluste
Salluste

Inscription : 29 Août 2009 19:30
Message(s) : 252
Localisation : METZ
Belle démonstration Oliviert, mais je me permet de ne pas être entièrement d'accord avec vous :wink:

En effet, vous parlez des puissants. Quid du petit peuple ? Quantité négligeable ? Je ne pense pas que se soit si simple. Si on prend l'exemple de l'Écosse, ce royaume conservera très longtemps une monarchie et un gouvernement catholique, alors que le peuple, lui, s'est massivement converti au protestantisme.

Quand à la France, des régions entières deviendront protestante ou resteront catholique malgré la répression et la religion du seigneur local. 80 à 90 % de la population française est restée catholique, alors que 40 % de la noblesse est devenue protestante.

Tout ceci qui démontre, selon moi, que la volonté des dirigeants n'étaient pas toujours suivie de leurs sujets.

Quand à dire que le commerce n'était pas très important, je trouve que c'est allé vite en affaire. Il ne faut pas oublier que de nombreuses villes côtières de la mer Baltique étaient membre de la Ligue Hanséatique. Tous ces territoires ont massivement adhéré aux idées de Luther.

En revanche, il n'y avait effectivement pas une grande opposition au Pape à l'époque de Luther. Même les conflits entre ce dernier et l'empereur étaient éteints (quelques tensions subsistaient).

Le choix du grand maître de l'Ordre Teutonique est essentiellement venu de ce qu'il était déçu de l'attitude de Charles Quint qui n'a pas voulu (parce qu'il ne pouvait pas) l'aider à s'affranchir de la tutelle Polonaise. Du coup, il décidera de travailler pour lui. Mais sur les terres de Prusse (qui deviendra bien plus tard la Prusse Orientale), le protestantisme faisait déjà de nombreux émules.

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Message Publié : 22 Août 2013 8:48 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
Message(s) : 2693
En complément de ces intéressants débats, je voudrais apporter quelques précisions ponctuelles :

- la situation britannique me semble tout à fait distincte au vu de l'énorme spécificité de l'anglicanisme qui ne se protestantise vraiement que dans le dernier tiers du XVIè siècle
- en Allemagne la situation est peu claire et l'Eglise catholique résiste farouchement - surtout dans le sud il est vrai mais il y a des poches catholiques dans le Nord ouest de l'Allemagne jusqu'à aujourd'hui - Munster ou la frontière hollandaise par exemple
- aux Pays Bas un tiers de la population est catholique aujourd'hui - ils étaient sans doute majoritaires en 1600 (les ruraux).

Partout la volonté des nobles et des rois de mettre la main sur les terres ecclesiastiques est un puissant moteur de conversion.


S'agissant plus particulièrement de la Scandinavie, je note deux choses : culturellement et économiquement la Scandinavie n'est pas vraiment séparée de l'Allemagne - et ce sera vrai jusqu'en 1945. Les élites parlent l'allemand, les étudiants scandinaves sont nombreux dans les universités allemandes. La Hanse mêle Allemands et Scandinaves.
Et ce qu'on ignore souvent c'est qu'il y a un Etat scandinave qui a résisté farouchement à la réforme : l'Islande. La réforme n'y fut imposée qu'après une très longue guerre. Peut on expliquer la fidèlité des Islandais à la foi de leurs ancêtres par un sentiment national (danophobe ou germanophobe ?) ou social (hostilité des paysans et des pêcheurs contre les commerçants ?).

On notera aussi que sur la forme la réforme scandinave a été très discrète. L'usage du latin a été maintenu jusqu'en 1580 environ et jusqu'aux années 1960, la liturgie suédoise ressemblait extérieurement à la liturgie catholique d'avant Vatican II. Seul le texte de certaines prières avait été modifié. le chant grégorien avait été conservé.


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