Pierma a écrit :
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Cordialité avec Guise, certainement. Amitié et estime, j'aurais du mal à y croire. Guise était celui qui, au début de la Saint Barthélémy, s'était déplacé pour l'assassinat de Coligny. A moins que Navarre soit une tête à vent (et ce n'est pas le cas) ce sont des choses qui ne s'oublient pas.
Et puis l'époque est comme ça : on se prodigue force compliments et gestes d'amitiés, sachant qu'on n'hésitera pas à s'égorger le lendemain. Les rapports entre les nobles de l'entourage d'Henri III et ceux de la ligue ne seront pas très différents.
Je suis assez d'accord sur les relations d'amitié entre Guise et Navarre. Ce sont deux princes qui sont habitués à "jouer ensemble" depuis leur enfance, mais plusieurs raisons d'ordre familial et politique les empêche d'être "amis". Henri de Navarre peut passer une bonne soirée à jouer aux cartes avec Guise et Mayenne, mais il ne peut pas oublier le massacre et il ne l'oubliera jamais... C'est d'ailleurs une chose que Catherine de Médicis aura beaucoup de peine à intégrer. Son beau-fils n'est pas aussi frivole et médiocre qu'elle le croit. Il s'avère que Henri de Navarre a aussi des valeurs...
Sur l'entourage d'Henri de Navarre, je ne suis pas certain qu'il soit possible pour lui, après le massacre du 24 aout, d'avoir des serviteurs qui soient ouvertement protestants. Pendant la Saint-Barthélemy, certains de ses gentilshommes ont été obligés se convertir sous peine d'être tués. Mais après ? Qu'en est-il des "petits" serviteurs ? Fallait-il prouver sa foi catholique et de quelle manière ?
Agrippa D'Aubigné, alors jeune écuyer du prince a raconté lui-même comment il avait amusé le duc de Guise, en ironisant dans une église sur son absence de foi catholique. L'anecdote racontée par D'Aubigné semble montrer qu'après 1572, on pouvait vivre à la cour, sans être inquiétés pour ses opinions... du moment qu'on reste discret et qu'on fasse semblant d'aller à la messe. Henri III lui-même avait vanné son beau-frère en 1574, à une sortie de messe, voyant bien qu'il feignait de faire le "catholique".
Quand on regarde de façon superficielle l'entourage d'Henri de Navarre à la cour de France, deux personnages dominent : d'un coté, le protestant, D'Aubigné qui pousse son maître à fuir cette cour exécrable et monstrueuse. De l'autre, il y a le catholique Fervacques, qui pousse son maître à profiter des plaisirs de cette cour merveilleuse où l'on s'amuse beaucoup. Or si pour certains, Fervacques est un agent de la reine-mère. il fait aussi figure de favori. Lorsque Navarre s'enfuira, il fera partie des catholiques qui le suivront et formeront son conseil pendant un laps de temps, ... au grand dam de D'Aubigné qui claquera la porte à de nombreuses reprises, voyant son maître redevenu protestant lui préférer ... des conseillers catholiques (du moins pour la période 1576-1578 ; Fervacques sera quand même élevé au titre de maréchal de France en 1597).
... et on n'a pas encore parlé de Charlotte de Sauve, véritable Calypso qui pousse Henri de Navarre à venir chaque matin au lever de sa "terrible" belle-mère...