Jean-ClaudeP a écrit :
l'estime ( utilisation de la boussole et d'un loch pour estimer la vitesse du navire et par synthèse ensuite savoir où il est).
En effet, l'estime permet un calcul de la position. La date et l'heure précises d'une éclipse de lune est un moyen complémentaire. L'un n'exclut pas l'autre, d'autant plus que ces expéditions étaient assez bien organisées. Elles ne concernaient pas que des commerçants illettrés et aventureux, mais aussi une élite européenne cherchant à mieux connaitre la Terre. Il y avait sûrement des personnes à bord de ces vaisseaux portugais qui connaissaient les mathématiques, la géographie et l'astronomie.
Jean-ClaudeP a écrit :
Les tables alphonsines, très répandues jusqu'au 16e siècles sont fausses, et de beaucoup, surtout en ce qui concerne la lune, astre dont la position est une des plus difficiles à prévoir précisément par le calcul : ainsi, les erreurs sur les conjonction des planètes pouvaient atteindre plusieurs mois... Bruno Morando, Denis Savoie, Etude de la théorie du Soleil des Tables pruténiques
Merci pour le livre que vous citez, que je ne connais pas. Jusqu'à présent je fais confiance au livre de Jannice Adrienne Henderson,
On the Distances between Sun, Moon & Earth, According to Ptolemy, Copernicus, & Reinhold, Studia Copernica 30, Leiden, The Netherlands, 1991, E. J. Brill, 222 pages, contenant d'abondant calculs géométriques, préfacé par l'historien des sciences et astronome amateur anglais, John David North. Cette étude a montré, le contraire de ce que vous dites, à savoir qu'il n'y a pas eu beaucoup de progrès car les tables basées sur l'Almageste de Ptolémée étaient déjà relatives bonnes. (D'autres études ont été menées pour la validité des tables concernant les planètes par Otto Eduard Neugebauer, dont je ne possède pas les livres, mais dont il est rapporté qu'il a trouvé quelques écarts principalement pour les mouvements de Mercure qui est très proche du soleil. Ces écarts se chiffreraient en heures, mais pas en mois, à moins de cumuler des erreurs sur de très longues périodes. Mais les mouvements de Mercure sont hors sujet pour ce fil.) Pour les mouvements de la lune, Henderson les analyse en détail de la page 81 à 91, puis de la page 209 à 215. Elle trouve une éclipse annoncé à 5 heures, qui eut lieu en réalité à 4h36, et une autre éclipse annoncée à 22h10 qui eut lieu à 22h58.
Ces écarts de moins d'une heure sont largement acceptables, étant donné que le but est de savoir à l'avance dans quelle grosse tranche horaire aura lieu l'éclipse, afin d'organiser la mobilisation des scrutateurs du ciel. La longitude se fait en notant l'heure observée, pas en notant l'heure trouvée dans une table. C'est l'observation qui compte. Ensuite, le calcul se fait tout simplement par le décalage avec l'heure d'observation au Portugal. Et encore une fois, la communication instantanée est inutile. L'heure notée qui est envoyée par un courrier lent convient tout aussi bien.
Cependant, je ne dispose d'aucun document sur le cas de la longitude des Molluques avant 1518. Je ne fais que des suppositions, qui sont malgré tout inspirées d'autres cas :
Amerigo Vespucci écrit une lettre en 1502 où il rapporte qu'il a mesuré sa longitude par les éclipses et les conjonctions de la lune avec les planètes. Cette méthode fut connue d'autres scientifiques, tels que Johannes Werner dans
In hoc opere haec continentur Nova translatio primi libri geographiae Cl. Ptolomaei, publié à Nuremberg en 1514, repris par Apianus, etc. Voir Wikipedia en anglais (
https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_longitude ).
Nicolas de Peiresc, lance une campagne d'observations de l'éclipse du 28 aout 1635. Voir le résumé dans le fichier PDF, aux pages 23 et 24 (
http://clea-astro.eu/archives/cahiers-c ... 102_04.pdf ). Il y est dit :
"Peiresc veut améliorer la méthode des mesures de longitudes. On utilisait alors les éclipses de Lune".