Je viens de lire Onze énigmes de Louis XI, de Lydwine Scordia, dont j'ai trouvé qu'il se laisse lire (d’autant plus qu’il est court). L’auteur dit que Louis chassait tous les matins, et était ordinairement vêtu d’un habit de chasse le reste de la journée. Elle cite Commynes disant qu’il chassait par tous les temps et souvent loin. À la lire, on comprend qu’il chassait le sanglier l’hiver, le cerf le reste du temps (d’autres chasses ne sont pas mentionnées). On sait que la statue tombale qu’il a fait réaliser le représente en tenue de chasse et « non pas vêtu d’attributs royaux (vêtements et regalia) », à Cléry et « non pas dans la nécropole royale, à Saint-Denis ». Interprétation de l’auteur : le roi a voulu être représenté « comme un chasseur de Dieu (venator Dei) ».
.1 Je me demande si Louis poursuivait la bête à cheval, ou bien dans un véhicule. En général, si les rois chassaient à cheval, ou non.
.2 Les interprétation de l’auteur tendent en général à minimiser la singularité de Louis. Je me demande si on ne peut pas interpréter son souhait quant à son monument funéraire de la façon suivante : en tant que chasseur il se sentait innocent (il jouait ; il satisfaisait la passion de ses chiens en même temps que la sienne), en tant que roi il ne se sentait pas tellement innocent, et se sentait aussi très profane. Et en tant qu'homme (fils, frère, époux, relation) il ne se sentait pas tellement affectueux et désintéressé. Son grand but avait été l’agrandissement du domaine royal, qu’il ne devait pas percevoir comme tellement saint, et dont il devait bien percevoir comment il avait pour origine chez lui l’avidité. Et les moyens qu’il employait n’étaient pas particulièrement nobles… Certes, on peut justifier sa politique en disant qu’elle diminuait les risques de guerre civile, et soutenir que ses procédés permettaient finalement d’économiser des combats, c'est-à-dire du sang et de l’argent. Mais cela n’empêche pas que le bien public ait compté pour peu dans sa motivation, et qu’il se soit jugé lucidement… Ce comportement me paraît (d’assez loin d’ailleurs) pouvoir être rapproché de celui de Frédéric II de Prusse, qui s’est fait enterrer avec ses lévriers. Avec eux il ne ricanait pas... Il me paraît d'ailleurs sympathique, attendrissant en fait.
Ceci sans exclure évidemment la motivation mentionnée par l’auteur, mais enfin, la plupart des rois chassaient, aucun ne s’est fait représenter en chasseur, et aucun n'a fait édifier son tombeau ailleurs qu’à Saint-Denis (que je sache).
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