Châtillon a écrit :
Le fanatisme du XVIe siècle servira de prétexte pour remettre en cause l’Église catholique et en premier lieu Voltaire qui s'est montré très mauvais historien (...) Un siècle plus tard, Michelet (qui est protestant) et les historiens de son époque vont rester prisonnier de ce filtre.
Je propose que l'on regarde comment Michelet a exprimé sa vision calomnieuse des Guise et de Catherine de Médicis.
Dans "L’histoire de France" de Michelet, le Tome IX est consacré aux "Guerres de religion". Il est composé de 38 chapitres comme indiqué dans cette table des matières :
Citer :
Chapitre Ier. — Henri II. — La cour et la France. — Jarnac (1547)
Chapitre II. — Le coup de Jarnac (10 juillet 1517)
Chapitre III. — Diane. — Catherine. — Les Guises (1547-1550)
Chapitre IV. — L’intrigue espagnole
Chapitre V. — Les Martyrs
Chapitre VI. — L’école des martyrs
Chapitre VII. — Politique des Guises. — La guerre. — Metz (1548-1552)
Chapitre VIII. — Ronsard. — Marie-la-Sanglante. – Saint-Quentin (1553-1558)
Chapitre IX. — Persécution. — Mort d’Henri II (1558-1559)
Chapitre X. — Royauté des Guises sous François II (1559-1560)
Chapitre XI. — Terrorisme des Guises. — La Renaudie (1560)
Chapitre XII. — Mort de François II et chute des Guises (1560)
Chapitre XIII. — Charles IX. — Le Triumvirat. — Poissy et Pontoise (1561)
Chapitre XIV. — Intrigue des Guises en Allemagne (1562)
Chapitre XV. — Massacre de Vassy (1562)
Chapitre XVI. — Première guerre de religion (1562-1563)
Chapitre XVII. — La paix et point de paix (1563-1564)
Chapitre XVIII. — Le duc d’Albe. — La seconde guerre civile (1564-1567)
Chapitre XIX. — Suite. — Conquête de la liberté religieuse (1568-1570)
Chapitre XX. — Charles IX contre Philippe II (1570-1572)
Chapitre XXI. — Coligny à Paris. — Occasion de la Saint-Barthélemy (1572)
Chapitre XXII. — Les Noces vermeilles (août 1572)
Chapitre XXIII. — Blessure de Coligny. — Charles IX consent à sa mort (22-23 août 1572)
Chapitre XXIV. — Mort de Coligny et massacre du Louvre (22-26 août 1572)
Chapitre XXV. — Quelle part Paris prit au massacre (août 1572)
Chapitre XXVI. — Suite (août, septembre, octobre 1572)
Chapitre XXVII. — Le lendemain de la Saint-Barthélemy. — Triomphe de Char-les IX (1572-1574)
Chapitre XXVIII. — Fin de Charles IX (1573-1574)
Chapitre XIX. — Des sciences avant la Saint-Barthélemy
Chapitre XXX. — Décadence du siècle. — Triomphe de la mort
Chapitre XXXI. — Henri III (1574-1576)
Chapitre XXXII. — La Ligue (1576)
Chapitre XXXIII. — La Ligue échoue aux États de Blois (1576-1577)
Chapitre XXXIV. — Le vieux parti échoue dans l’intrigue de Don Juan (1577-1578)
Chapitre XXXV. — Le Gesù. — Premier assassinat du prince d’Orange (1579-1582)
Chapitre XXXVI. — La Ligue éclate (1585-1586)
Chapitre XXXVII. — Les conspirations de Reims. — Mort de Marie Stuart (1584-1587)
Chapitre XXXVIII. — Henri III est forcé de s’anéantir lui-même (1587)
Les chapitres XXII et XXIII relatent l'attentat manqué contre Coligny. Catherine de Médicis et les Guise ont soigneusement préparé le guet-apens. Les Guise fournirent l’assassin. Ils fournirent le logis d’où Maurevert devait tirer. Ils fournirent le cheval qui devait sauver l’assassin.
Citer :
Chapitre XXII
(...)
Dès le commencement d’août, sous le prétexte des noces prochaines, l’armée des Guises est entrée dans Paris, je veux dire les bandes nombreuses que cette riche maison, du revenu de ses quinze évêchés, et dans ses terres, ses fiefs, ses innombrables seigneuries, nourrissait et gardait en armes. Quelques-uns étaient des bravi comme Maurevert et Attin, pensionnés pour tuer Coligny et son frère. La grande masse étaient de pauvres gentilshommes, gueux nobles et mendiants bien nés que les cardinaux de Lorraine et de Guise, les princes de la famille, Henri de Guise, Aumale, Elbeuf, etc., tenaient en meutes, avec leurs dogues, pour les lâcher au jour utile.
(...)
Elle [Catherine] alla jusqu’à leur faire faire la démarche qui autrement leur eût ôté la plus antipathique, une alliance avec les Guises. Ceux-ci avaient besoin extrêmement de l’assassinat. Pourquoi ? Parce que, Henri de Guise, leur héros, ayant tellement échoué à la guerre, il leur fallait un coup pour se relever. Le crime fut débattu entre deux femmes. Catherine fit venir la veuve de François de Guise (alors duchesse de Nemours), la mère de Henri de Guise. Il n’y eut, avec le duc d’Anjou, que deux témoins, probablement Gondi (Retz) et Birague. On demanda à la veuve de Guise si elle ne voulait pas, ayant si belle occasion, exécuter enfin cette vengeance dont elle faisait bruit, qu’elle affichait depuis dix ans. Mais maintenant que la question était vue de si près, la mère de Henri de Guise eût bien voulu que l’affaire se fit par les hommes du roi, ou de Henri d’Anjou. Elle proposa un Gascon, épée connue et sûre. On le fit venir et causer. Mais le duc d’Anjou n’eut garde de le prendre. Il insista pour que cette vengeance de famille se fit par la famille, par l’homme qu’elle nourrissait exprès, l’assassin patenté, Maurevert. En d’autres termes, sa prudence laissait tout sur le dos des Guises. Ceux-ci réfléchirent qu’après tout, ayant à commandement, outre leurs bandes personnelles, cette grosse ville, sa milice de cinquante à soixante mille hommes contre les six cents gentilshommes de Coligny ; ayant, par le duc d’Anjou, lieutenant général du roi, les Suisses royaux, tous catholiques, et la garde royale, ils étaient plus de cent contre un ; que d’ailleurs, très probablement, il n’y aurait point de bataille ; que, Coligny tué, tout se disperserait. Donc ils prirent tout sur eux ; ils fournirent l’assassin ; ils fournirent le logis d’où l’on devait tirer ; ils fournirent le cheval qui devait sauver l’assassin. L’intendant de Guise, Chailly, alla chercher Maurevert et le logea chez le chanoine Villemur, ex-précepteur de Guise, au cloître Saint-Germain-l’Auxerrois. Ce fut des écuries des Guises qu’on tira un cheval d’Espagne, qui, sellé, bridé, attendit dans l’arrière-cour, près de la porte de derrière. Trois jours durant, derrière un treillis de fenêtre masqué de vieux drapeaux, se tint patiemment l’assassin, l’arquebuse chargée de balles de cuivre, appuyée et couchant en joue.
(...)
Chapitre XXIII
(...)
Au moment où l’assassin attendait déjà Coligny, la reine mère est si convaincue de l’indifférence d’Élisabeth à cet événement, qu’elle suit avec confiance l’affaire du mariage (...) Le vendredi 22 août, comme il rentrait lentement chez lui, revenant du conseil et lisant une requête, il passe devant la fenêtre fatale, il est tiré... Une balle lui emporte l’index de la main droite, une autre traverse le bras gauche. Maurevert avait tiré, comme Poltrot, de manière à blesser son homme, lors même qu’il serait cuirassé. Son arme était appuyée et pouvait tirer bien mieux. Mais la main du fanatique était restée ferme, et la main du coquin trembla. Sans s’émouvoir, Coligny montre la fenêtre d’où l’on a tiré, et dit : « Avertissez le roi. » (...) L’illustre chirurgien Ambroise Paré coupa le doigt blessé et fit à l’autre bras de profondes incisions. Ses amis pleuraient. Lui, merveilleusement patient : « Ce sont là des bienfaits de Dieu. » (...) D’autre part, malgré tant de vraisemblances, de preuves même et d’aveux des gens de la maison fatale, comme on parlait des coupables, il [Coligny] dit : « Je n’ai d’ennemis que MM. de Guise. Toutefois je n’affirme point qu’ils aient fait le coup. » Quelques hommes déterminés offrirent à l’amiral d’aller poignarder les Guises à la tête de leurs bandes. Mais il le leur défendit.