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Message Publié : 14 Juin 2006 19:42 
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Je voudrais relever un fait qui me semble passer trop inaperçu dans l’histoire de la Contre-Réforme (ou Réforme catholique si vous préférez), alors qu’il me semble capital pour le renouveau de Rome, c’est la redécouverte des catacombes en 1578, quand la première d’entre elle est retrouvée sur la via Salaria.

Au XVIème siècle, Rome était largement contestée, non seulement bien sûr à cause de l’éclatement de la Chrétienté, mais aussi par la concurrence de villes comme Venise ou Florence. Alors que Rome végète, et peine à remplir sa muraille antique, Florence a explosé, tant sur le plan artistique qu’économique, et Venise, malgré ses difficultés, est unanimement admirée pour la perfection de ses institutions, ses palais, ses peintres et paraît devenir la référence en Italie.

Paul III (1534-1549) entame certes la résurrection de la ville, et en particulier de Saint-Pierre, en confiant son chantier à Michel-Ange.
Mais malgré tout, la continuité bi-millénaire de la présence urbaine de Rome est alors considérée comme un handicap face à ses concurrentes plus neuves et plus dynamiques. Or, cette redécouverte des catacombes change la donne à plusieurs niveaux :

- Elle redonne à Rome la primauté sur les autres villes « superficielles », et change le sens de son ancienneté : ce n’est plus une dégénérescence, mais une légitimité gagnée par le temps et le sang des martyrs romains.
- Elle donne à Rome un avantage décisif sur les Protestants en prouvant que Rome n’est pas seulement construite sur le « païen », mais que physiquement même, ses « soubassements » sont chrétiens. Les catacombes donnent à Rome une dimension verticale qui l’ancre dans le sacré des origines, confisquant ainsi à la Réforme l’argument de la pureté de la foi des premiers Chrétiens ; tout se passe comme si c'était par la volonté divine que ces souterrains ont été découverts à ce moment particulier. On y découvre aussi des inscriptions, des images, par conséquent, les attaques des hérétiques contre le culte des images sont illégitimes.

Donc, comme le mythe de la croisade s’est effacé pour toujours, les catacombes fournissent à Rome ce qui lui manquait pour remplacer Jérusalem comme centre du monde chrétien. L’instrumentalisation de l’Antiquité chrétienne est stratégique pour les papes de la fin du XVIème et du XVIIème siècle pour exalter cette suprématie romaine.

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Message Publié : 15 Juin 2006 7:33 
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Philippe de Commines
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Merci pour ce texte très intéressant! J'aimerais toutefois y apporter deux ou trois précisions et, éventuellement, créer le débat...
Tout d'abord, je ne suis pas du tout d'accord avec vous quand vous écrivez

Plantin-Moretus a écrit :
Contre-Réforme (ou Réforme catholique si vous préférez)


Les deux termes sont très loin d'être les synonymes que vous sous-entendez. Le Concile de Trente a été le point de départ d'une Contre-Réforme ET d'une Réforme catholique, les deux étant liées, mais sans jamais se confondre. La Contre-Réforme, c'est la lutte active contre les idées "hérétiques" des protestants et l'affirmation d'un dogme catholique et réellement "orthodoxe". La Réforme catholique, c'est l'effort de purification des moeurs ecclésiastiques, de la formation des prêtres, de l'encadrement des fidèles, etc. De plus, le terme de "Contre-Réforme est très connoté "historiographie allemande", puisque les Allemands, notamment les protestants, ont longtemps vu l'histoire de la période en 3 temps, "Préréforme" (les agitations religieuses et spirituelles de la seconde moitié du XVe siècle), la "Réforme" et la "Contre-Réforme". Il est bien évident que c'est très réducteur et que cela ne laisse de place qu'à la Réforme protestante, alors même que la Réforme catholique participe tout autant à ce que Pierre Chaunu a mis en évidence comme étant le "siècle des réformes".
Il s'agit donc bien de deux choses différentes. Désolé de pinailler sur cette toute petite partie de votre phrase, mais je crois que c'est important à souligner.

Ensuite, vous écrivez que

Plantin-Moretus a écrit :
Paul III (1534-1549) entame certes la résurrection de la ville, et en particulier de Saint-Pierre, en confiant son chantier à Michel-Ange.


Pour être tout à faut complet, il faut dire que la construction de Saint-Pierre elle-même, le choix de Bramante comme architecte et la découverte de vestiges archéologiques datent de pontificats bien antétieurs (c'est Jules II qui choisit Bramante) et, pour les découvertes, remontent même au XVe siècle.
On ne peut donc pas lier de façon aussi nette que vous le faites Contre-Réforme, Réforme catholique et redécouverte du passé chrétien de Rome, puisque cette redécouverte était, à mon sens du moins, antérieure à la Réforme elle-même.

Enfin, quand vous avancez que

Plantin-Moretus a écrit :
Elle [la découverte archéologique] donne à Rome un avantage décisif sur les Protestants en prouvant que Rome n’est pas seulement construite sur le « païen », mais que physiquement même, ses « soubassements » sont chrétiens.


Il faut rappeler que les protestants ne haïssent pas autant Rome que ce que les catholiques (dans le cadre de la Contre-Réforme cette fois) veulent bien le laisser entendre. Dans bien des textes de controverse protestante, on voit que les pasteurs calvinistes ne nient pas du tout l'ancienneté et l'historicité du christianisme romain. Certains, la plupart même, vont jusqu'à reconnaître que l'évêque de Rome méritait une certaine prééminence sur ses collègues. Ce que rejettent les protestants, c'est la monarchie pontificale qui s'installe et l'infaillibilité de plus en plus souvent évoquée (même si elle ne devient dogme qu'en 1870).
Lorsque vous rappelez plus loin que cela donne un argument en faveur des images dans le culte chrétien, je suis par contre pleinement d'accord avec vous.


Voilà mes quelques réflexions. Elles n'enlèvent bien sûr rien au grand intérêt et au grand plaisir que j'ai pris à la lecture de votre intervention.

Sinon, d'un point de vue de modo, merci pour ce beau texte, qui réveille un peu le forum Renaissance :wink:

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Message Publié : 15 Juin 2006 12:00 
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Citer :
Les deux termes sont très loin d'être les synonymes que vous sous-entendez

Moi qui voulais prendre des précautions et désamorcer une polémique sur les termes (après l’avoir observé sur un autre sujet), c’est gagné :lol: ! Mais vos précisions sont tout à fait justifiées. De même, d’accord avec vous sur la vision de Rome qu’ont les protestants ; il y a une sorte de légende commode qui daterait du voyage de Luther à Rome sa prise de conscience (« Rome, cette pute immonde »), ce qui est en fait bien plus complexe.

Citer :
Pour être tout à faut complet, il faut dire que la construction de Saint-Pierre elle-même, le choix de Bramante comme architecte et la découverte de vestiges archéologiques datent de pontificats bien antétieurs (c'est Jules II qui choisit Bramante) et, pour les découvertes, remontent même au XVe siècle.
On ne peut donc pas lier de façon aussi nette que vous le faites Contre-Réforme, Réforme catholique et redécouverte du passé chrétien de Rome, puisque cette redécouverte était, à mon sens du moins, antérieure à la Réforme elle-même.


Effectivement, on peut remonter beaucoup plus loin pour dater les premiers efforts de reconstruction. De Nicolas V à Jules II, les papes ont compris le danger que fait courir à leur pouvoir l’abandon de la ville à ses ruines. Mais leur action est selon moi extrêmement différente dans sa nature de celle de Paul III et de ses successeurs, de part le statut donné aux vestiges découverts.

Redonner à Rome sa grandeur, pour ces précurseurs, c’était plutôt reprendre les formes anciennes, rivaliser avec l’ancien, une forme de « Renovatio Imperii » en fait : restaurer la Rome constantinienne ; par exemple, Nicolas V restaure les murailles, les églises et projette de créer un palais pontifical agrémentée d’un théâtre antique). Cette volonté est encore plus nette avec Jules II: il est vrai qu'il choisit Bramante, mais c'est aussi pour la villa du Belvédère, réminiscence des palais impériaux du Palatin ou de la Domus Aurea. Bref, même si une impulsion est donnée, elle propose une Rome qui découvre, préserve et imite, mais qui tourne ainsi le dos au présent.
Le point de rupture, à mon avis, avant même la Réforme, est le sac de la ville en 1527 : il prouve que cette rénovation de l’antique ne fait pas de Rome une ville sacrée, et qu’il est illusoire de restaurer l'autorité de Rome par l’imitation du passé.

Puis, à partir de Paul III, les succès de la Réforme font de l’utilisation de ces découvertes et de ces vestiges un véritable enjeu, plus seulement de pouvoir, mais de dogme (voir G. Labrot, L'image de Rome, Champ Vallon, 1987). Les vestiges antiques découverts ne sont plus alors intouchables et dignes d’imitation : au contraire, on en détruit beaucoup, pour faire la place aux constructions nouvelles. La lutte contre le paganisme du passé devient une sorte de métaphore de la lutte contre le paganisme dans le présent (le plus grand « vandale », si l’on peut dire, fut Sixte V !). Par exemple, on peut s'interroger sur la véritable manie des humanistes de « recopier » le maximum d’inscriptions antiques, alors que le support ne semblait pas les intéresser. En fait, la pierre finissait souvent débitée ou réutilisée dans d’autres monuments. La vision de la Rome antique devenait plus intellectuelle que véritablement concrète.

Quand on ne détruit pas, on christianise à tout prix les vestiges antiques : Urbain VIII dépeçant le Panthéon de ses poutres de Bronze pour en faire les colonnes du baldaquin de Saint-Pierre ne le fait-il en vérité que pour une raison pratique, ou veut-il aussi symboliquement marquer la victoire du sacré sur le païen ? Même idée, me semble-t-il, dans la réutilisation des colonnes des temples, ou encore dans l’aménagement, entre autre, de l’église de Santa Maria degli Angeli dans les thermes de Dioclétien (Dioclétien, précisément, ce ne doit pas être indifférent...).

Par contre, et permettez-moi de persister dans mon interprétation, quand le péril protestant devient moins inquiétant, au XVIIème siècle, les thèmes païens ressortent, sont à nouveau utilisés largement, mais sans danger idéologique cette fois, dans le décor : c’est alors que Rome se peuple de tritons (Piazza Barberini), dauphins, nymphes, allégories mythologiques (ex : la fontaine des Fleuves de la Piazza Navone), etc...

Enfin, pour revenir aux catacombes, une image à la fois « géologique », psychologique et historique, et qui peut être discutée : la concomitance de la redécouverte des catacombes (1578) et de l’achèvement de la coupole de Saint-Pierre (1593 si je ne me trompe pas : d'après Wikipedia en tout cas) n’ont-elles aucun rapport ? La strate païenne détruite ou christianisée, la couche chrétienne des catacombes magnifiée, les constructions pontificales triomphantes ne devaient-elles pas recevoir leur couronnement par une dernière strate, juste en-dessous du ciel ?

Edit: cette page intéressante (en anglais) sur la redécouverte des catacombes

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Dernière édition par Plantin-Moretus le 29 Avr 2007 17:59, édité 1 fois.

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Message Publié : 15 Juin 2006 15:07 
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Philippe de Commines
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Merci pour ces précisions très intéressantes et ces réflexions stimulantes, qui achèvent de me convaincre et de me rallier à vos idées, sauf quand vous dites:

Plantin-Moretus a écrit :
quand le péril protestant devient moins inquiétant, au XVIIème siècle


Pour moi qui me suis spécialisé dans le protestantisme français du XVIIe siècle, quelle douleur que de lire qu'il était moins dangereux que celui du XVIe! 8O Il s'agit à mon avis d'une vieille idée d'Emile-G Léonard, le plus grand spécialiste du protestantisme des années 1950 à 80, qui voyait dans la Réforme au XVIIe une sorte d'affadissement de celui d'un XVIe héroïsé à l'extrême. Quand on lit les sources du XVIIe et quand on regarde de plus près les débats théologiques intraprotestants et la controverse anticatholique, on ne peut que nier la réalité d'une prétendue perte de vitesse du protestantisme au XVIIe s. La preuve en est que Henri IV pensait que les réformés disparaitraient d'eux-même dans le préambule de l'édit de Nantes et que son petit-fills a dû pour cela employer la force 87 ans plus tard...

Mais je sors du sujet initial et vous prie de m'excuser pour ce playdoyer pro domo. :wink:
Sur tout le reste je suis, encore une fois, d'accord avec vous et vous remercie d'être intervenu pour nous faire découvrir cet aspect méconnu de l'histoire du XVIe siècle.

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Message Publié : 15 Juin 2006 17:45 
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Ah, c'est très intéressant, même si on dévie un peu du sujet...

Bien sûr, j’adhère à votre affirmation de la vitalité du protestantisme sur le plan théologique au XVIIème siècle, d’autant plus que mes modestes compétences sur ce sujet précis m’interdisent d’en douter.

Je me plaçais plutôt dans une perspective politique européenne, avec la reconquête à la fin du XVIème siècle de plusieurs régions au sud et à l’ouest de l’Empire, qui ont dû largement soulager la papauté ; et un phénomène paradoxal aussi : il me semble que du côté des Protestants, la contestation au XVIIème siècle glisse du champ des valeurs et du dogme au champ politique de « l’antipapisme », c’est d’ailleurs ce que vous suggérez dans votre premier message :

Citer :
Ce que rejettent les protestants, c'est la monarchie pontificale qui s'installe et l'infaillibilité de plus en plus souvent évoquée


...Paradoxal disais-je, parce que ce statut de cible aussi clairement identifiée a peut-être permis à la papauté d ‘éluder un débat théologique trop déstabilisant et de simplifier l’antagonisme en le personnifiant, dans leur propagande interne vers les catholiques en particulier. Cette exaltation de la personne du pape, évidente notamment dans les tombeaux baroques du XVIIème siècle, peut ainsi être interprétée comme un défi calculé à cet antipapisme presque salvateur, pourrait-on dire.

Et pour en revenir au thème des catacombes, il reste pour moi un mystère, une incompréhension concernant leur oubli à un certain moment du haut Moyen-âge: comment cela a-t-il pu se produire, alors que:
- Elles ont servi de réservoir quasiment inépuisable de reliques pendant une longue période après la victoire du christianisme dans l'Empire romain, et que la "faim de reliques" est un phénomène avéré pendant tout le Moyen-âge.
- L'enjeu mémoriel était absolument considérable, notamment dans le cadre de la rivalité avec les Eglises d'Orient; en un sens, elles auraient pu jouer le même rôle au Moyen-âge face aux orthodoxes qu'au XVIème siècle face aux Protestants...
Cela mériterait surement un sujet dans la période concernée du forum.

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Message Publié : 02 Juil 2006 7:41 
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Fustel de Coulanges
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Toutes mes félicitations pour la teneur et la tenue de cet échange courtois d'informations pertinentes! Toute mon admiration pour la valeur exemplaire du ton et de la forme!


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Message Publié : 02 Juil 2006 9:28 
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Pierre de L'Estoile
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Et oui ! On se sent si petit à côté de ces ''maîtres''. :oops:

J'aurais une petite question à poser.

N'y avait-il pas de catacombes à Florence ou dans les autres villes d'Italie ?
Je croyais également que les célébrations chrétiennes dans les catacombes n'étaient pas aussi certifié que ce que l'on a pu croire. Quid ?


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Message Publié : 02 Juil 2006 11:19 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 28 Avr 2006 23:02
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1. L'importance des catacombes

D'autres villes ont des catacombes, par exemple Paris (je ne sais pas pour Florence). Cela me fait penser que moi, qui suis parisien depuis ma naissance, je ne les ai jamais visitées. Il faudrait que je le fasse un jour.
Récemment, en 1997, l'équipe du grand archéologue français, Jean-Yves Empereur, en Egypte à mis à jour la gigantesque Nécropolis des grecs d'Alexandrie. Cette ville des morts n'avait été qu'à moitié fouillée par quelques pilleurs et partiellement explorée par quelques enfants du bidonville voisin. Le reportage, qui est passé à la télévision dernièrement, montrait une population locale quasiment indifférente à cette nécropolis, et très peu d'intérêts de la part des autorités politiques et de la communauté des historiens, alors que Strabon a spécialement forgé le néologisme, "nécropolis", pour exprimer son étonnement devant la taille inhabituelle de ce cimetière qui couvre plusieurs kilomètres carrés.


2. L'anti-papisme

Il est assez fort chez les anglais. Ils font une différence très nette entre, d'une part les "Roman catholics" et d'autre part les "catholics" ou "Anglo-catholics".
Un événement, qui a contribué à cette antipapisme et qui est un peu oublié de nos jours, est la demande d'annulation du mariage d'Henri VIII d'avec sa première femme, Catherine d'Aragon, qui ne lui a pas donné d'héritier au bout de 13 ans de mariage. Ces annulations était rares mais pas exceptionnelles (notre roi de France, Henri IV, en aura une pour se séparer de Marguerite de Valois). Cependant, le pape Clément VII, Jules de Medicis, refuse catégoriquement l'annulation, et il excommunie même Henri VIII. Clément VII n'a eu aucune clémence, car il lui était impossible de ne pas obéir aux espagnols qui possédaient tout le sud de l'Italie.

Il est dit que Luther a commencé à se montrer anti-papiste quand il a été choqué de la vente des indulgences. Or celles-ci avaient pour but de remplir les caisses et les poches de la curie romaine. Peut-être que Luther aurait été plus indulgent envers les indulgences si elles-ci avaient permis d'aider le clergé local.

L'anti-papisme existait aussi dans une certaine mesure chez les catholiques, comme le montrent toutes les querelles entre Rome et les souverains français, vénitiens, polonais, et bien d'autres, pour le choix des membres du haut clergé.


3. Le renouveau démographique de Rome

Il est étonnant de voir que Rome en 1500 ne comptait que 38.000 habitants, alors que Palerme en avait 48.000, Bologne 55.000, Gênes 62.000, Florence 70.000, Milan 104.000, Venise 115.000 et Naples 125.000 (source : T.Chandler et G.Fox, 3000 years of urban growth, tableau repris dans Bardet et Dupâquier, Histoire des populations de l'Europe, Fayard, 1997, page 261).
Pourquoi Rome était-elle si peu peuplée ? Rome a été touchée par la grande peste, mais c'était en 1348, et les autres villes en ont aussi souffert. Le schisme de 1309 a certainement détourné quelques capitaux vers Avignon, mais il s'est achevé en 1377. Finalement, je me demande si le chiffre de 38.000 habitants n'est pas un peu sous-estimé.

Il est étonnant de voir que, cent ans plus tard, en 1600, la population de Rome est passé à 110.000 (augmentation de +189%), alors que Palerme a 105.000 (+119%), Bologne a 63.000 (+15%), Gênes 70.000 (+13%), Florence 65.000 habitants (-7%), Milan 119.000 (+14%), Venise 151.000 (+31%), et Naples 275.000 (+120%) (même source).
La population de Rome aurait explosé en cent ans, ainsi que la population des autres villes du sud de l'Italie. L'immigration des maures et des juifs chassés d'Espagne vers 1500 ne suffit pas pour expliquer le doublement de Palerme et de Naples, et le quasi-triplement de Rome. Dans le même temps, l'Angleterre qui a vécu une période de prospérité sous Henri VIII et Elisabeth I, n'a augmenté que de 50%. Néanmoins, les brusques augmentations de population ne sont pas rares, par exemple 1900 à 2000, la terre est passée de 1 milliard d'hommes à 6 milliards malgré les deux guerres mondiales.


Ma conclusion : le triplement (ou le doublement) de la population de Rome au 16ème siècle et l'acroissement de son influence politique et religieuse est probablement réelle, et il est intéressant de savoir que la redécouverte des catacombes a eu lieu à ce moment-là, même s'il est difficile d'en mesurer l'importance.

Comme Châtillon, j'aimerais un peu plus d'informations non romancées sur les catacombes.


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Message Publié : 02 Juil 2006 15:53 
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Inscription : 13 Mars 2006 10:38
Message(s) : 2476
Localisation : Lorraine
Pour vous répondre à propos de la population de Rome au Moyen-âge, j'ai ouvert un topic dans le forum approprié, car cela mérite un développement qui serait ici hors-sujet.
http://passion-histoire.net/phpBB3_Fr/v ... 255#119255

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Message Publié : 24 Juil 2006 14:17 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 10 Mars 2005 16:29
Message(s) : 658
Citer :
Récemment, en 1997, l'équipe du grand archéologue français, Jean-Yves Empereur, en Egypte a mis à jour la gigantesque Nécropolis des grecs d'Alexandrie.


a mis au jour et non à jour...

faute banale, malheureusement que tout commet...
On met à jour un fichier et on met au jour des découvertes archéologiques...


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Message Publié : 24 Juil 2006 16:19 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

Inscription : 09 Août 2005 17:34
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Citer :
a mis au jour et non à jour...

faute banale, malheureusement que tout ["le monde" -- probablement...] commet...


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