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Message Publié : 17 Août 2006 11:29 
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Salluste
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Je viens de tomber sur quelque chose qui m'a interloquée... Pourquoi le Parlement de Paris a-t-il interdit les représentations de mystères en 1548?
J'imagine que c'est en partie lié au conflit religieux, mais c'est une hypothèse toute personnelle...

Si quelqu'un a des informations à ce sujet, merci d'avance!!

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"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)


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Message Publié : 17 Août 2006 18:16 
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Philippe de Commines
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Peut-être pour le même genre de motifs qui conduiront le Concile de Trente 14 ans plus tard, à recentrer la pratique religieuse sur la messe dite par les prêtres dans les églises ?

Citer :
XXII. SESSION,

Qui est la sixiéme tenuë sous Pie IV. Souverain Pontife, le 17. de Septembre 1562.

Exposition de la doctrine touchant le Sacrifice de la Messe.

L E Saint Concile de Trente, Oecuménique, & Général, légitimement assemblé sous la conduite du Saint Esprit, les mesmes Légats du Siege Apostolique y présidant : Afin que dans la Sainte Eglise Catholique, la doctrine, & la créance ancienne, touchant le grand Mystere de l'Eucharistie, se maintienne entiere & parfaite en toutes ses parties, & se conserve dans sa pureté, en bannissant toutes les erreurs, & toutes les Hérésies ; Instruit par la lumiere du Saint Esprit, Déclare, prononce, & arreste ce qui suit, pour estre enseigné aux Fidelles, au sujet de l'Eucharistie, considérée comme le véritable & unique Sacrifice.

(...)

D E C R E T
Touchant les choses qu'il faut observer & éviter dans la célébration de la Messe.

I L sera aisé à chacun de juger quel soin il faut apporter pour célébrer le Tres-Saint Sacrifice de la Messe avec tout le respect & toute la vénération dont on doit user dans les choses de la Religion ; si on considere que celuy qui fait l'œuvre de Dieu avec négligence, est traité de maudit dans les saintes Lettres (Hier. 48. 10.) : Car si nous sommes nécessairement obligez d'avoûer que les Fidelles ne peuvent éxercer aucune œuvre si sainte, ni si divine, que ce mystere terrible, dans lequel cette Hostie vivifiante, par laquelle nous avons esté réconciliez à Dieu le Pere, est tous les jours immolée sur l'autel par les Prestres ; il paroist assez clairement qu'il faut mettre tout son soin & toute son application, pour faire cette action avec la plus grande netteté & pureté intérieure de cœur, & la plus grande piété & dévotion intérieure qu'il est possible.


Mais comme il semble que, soit par relaschement des temps, soit par la corruption & la négligence des hommes, il se soit glissé plusieurs choses fort contraires à la dignité d'un si grand Sacrifice : Pour rétablir l'honneur & le culte qui luy est deû, à la gloire de Dieu, & à l'édification des Fidelles ; Le Saint Concile ordonne, que les Evesques ordinaires des lieux auront un soin tres-particulier, & seront tenus de défendre & abolir tout ce qui s'est introduit, ou par l'avarice, qui est une maniere d'idolatrie (Ephes. 5. 5.) ; ou par l'irréverence, qui est presque inséparable de l'impiété ; ou par la superstition, qui est une fausse imitatrice de la véritable piété. Et pour renfermer beaucoup de choses en peu de paroles ; Premierement, pour ce qui regarde l'avarice (...)

En second lieu, pour éviter l'irrévérence, (...) ne souffriront que le Saint Sacrifice soit offert par quelques Prestres que ce soit, Séculiers, ou Réguliers, dans des maisons particulieres, ni aucunement hors de l'Eglise & des Chappelles dédiées uniquement au Service divin, & qui seront pour cela désignées, & visitées par les mesmes Ordinaires ; & à condition encore que ceux qui y assisteront, feront connoistre, par leur modestie & leur maintien extérieur, qu'ils sont présens non-seulement de corps, mais aussi d'esprit & de cœur, dans une sainte attention. Ils banniront aussi de leurs Eglises toutes sortes de Musiques, dans lesquelles, soit sur l'Orgue, ou dans le simple Chant, il se mesle quelque chose de lascif, ou d'impur ; aussi-bien que toutes les actions profanes, discours & entretiens vains, & d'affaires du siecle, promenades, bruits, clameurs ; afin que la Maison de Dieu puisse paroistre, & estre dite véritablement une Maison d'Oraison (Matt. 21. 13.).

Enfin, pour ne laisser aucun lieu à la superstition, ils ordonneront par mandement exprés, sous les peines qu'ils jugeront à propos, que les Prestres ne disent la Messe qu'aux heures convenables ; & qu'ils n'admettent dans la célébration de la Messe aucunes autres pratiques, cérémonies, ni priéres, que celles qui ont esté approuvées par l'Eglise, & receûës par un usage loûable & fréquent. Ils aboliront aussi entierement dans leurs Eglises l'observation d'un certain nombre de Messes, & de lumieres, qui a esté inventée par une maniere de superstition, plûtost que par un esprit de véritable piété : Et ils apprendront aux Peuples, quel est, & d'où principalement procéde le fruit si précieux, & tout céleste de ce Tres-Saint Sacrifice ; & les avertiront aussi, d'aller souvent à leurs Paroisses, au moins les Dimanches, & jours de grandes Festes.
(...)


Source : http://membres.lycos.fr/lesbonstextes/trentevingtdeuxiemesession.htm


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Message Publié : 17 Août 2006 18:40 
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Philippe de Commines
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Localisation : Lorraine
Encore un peu de lecture.
Dans le "Dictionnaire portatif historique et littéraire des théâtre, contenant l'origine des différens théâtres de Paris" (http://www.cesar.org.uk/cesar2/books/leris/origine.php) écrit par M. de LERIS en 1763, je viens de lire ceci :

Citer :
(…)
Sous le regne de Saint Louis, les Pelerins qui revenoient des Lieux saints se mirent dans le goût de réciter & de chanter publiquement dans les carrefours de Paris, les cantiques qu'ils avoient composés sur leurs voyages: de riches particuliers, édifiés de ces déclamations, se cottisèrent & acheterent un lieu situé de façon, que ces Pélerins puissent élever un théatre & y chanter leurs cantiques plus commodément. Ce projet fut à peine exécuté, qu'on s'imagina de mettre la plûpart de ces cantiques en action, sous le nom de MYSTERE, & le premier qui fut représenté publiquement, fut le Mystere de la Passion. Le peuple applaudit si fort à ce spectacle, qui s'étoit donné au bourg de S. Maur, & y revint avec tant d'affluence, que le Prevôt de Paris craignant que cet entousiasme ne dégénérât en fanatisme, rendit le 3 Juin 1398 une Ordonnance, portant défense de représenter à l'avenir ce Mystere, ni aucune Vie des Saints.

Charles VI, sollicité par ces nouveaux Acteurs d'accorder leur rétablissement, voulut, avant que de rien statuer, juger par lui-même d'un spectacle qui avoit déja tant fait de bruit, & il en sortit, dit-on, si satisfait, qu'il leur accorda le 4 Décembre 1402 des Lettres pour former un établissement, afin qu'ils fussent à l'abri de toute crainte. En vertu de ce privilege, les Pélerins, qui prirent alors le titre de Confreres de la Passion, se placerent à l'Hôpital de la Trinité, où ils représenterent, toutes les Fêtes & Dimanches, des Mysteres tirés du Nouveau-Testament ; & les Curés même voyant que ces spectacles étoient très-agréables au Public, avancerent l'heure des Vêpres, afin que tous leurs Paroissiens pussent s'y trouver. Cet établissement fit un si grand bruit, que presque toutes les villes desirerent d'en former de semblables ; celles de Rouen, d'Angers & de Metz furent les premieres qui en fonderent : elles furent suivies par toutes les autres villes du Royaume, & malgré les guerres civiles, ces spectacles continuerent d'avoir la même réussite.

Comme dans la suite, cependant, la gravité de ces représentations de Mysteres commençoit à moins intéresser, les Confreres imaginerent de les entremêler de différens divertissemens : pour cet effet, ils s'associerent avec le Prince des Sots & ses sujets.
Ces Comédiens, ou pour mieux dire, ces Farceurs, s'étoient établis à Paris quelques années auparavant sous le nom d'Enfans sans souci : c'étoit des jeunes gens de famille, bien élevés, mais aimant l'indépendance & le plaisir, qui s'étoient formés en société. Ils avoient élu un Chef auquel ils avoient déféré le titre de Prince des Sots ou de la Sotise. lls réussirent d'autant mieux, qu'ils inventerent un genre de Farce qui renfermoit d'abord une critique fine & sensée des moeurs. Ils jouerent sur le Théatre de la Trinité jusqu'en 1540, avec le même succès. Mais les Confreres ayant été obligés de sortir de cette maison, ils louerent une partie de L'Hôtel de Flandre, s'y établirent, & y resterent jusqu'en 1543, que François I. ayant besoin de cette maison & de plusieurs autres qui l'environnoient, en ordonna la démolition ; ce qui leur fit prendre la résolution, afin de n'être plus obligés de déloger si souvent, d'acheter une partie de l'HOTEL DE BOURGOGNE (qui tomboit en ruine, & se trouvoit sans maître depuis la mort de Charles le Hardi, dernier Duc de Bourgogne, tué au siege de Nanci) d'y bâtir une salle avec un théatre, & d'y continuer leurs représentations ; ce qu'ils exécuterent. Ce bâtiment subsiste encore rue Françoise, & l'on y voit toujours sur la porte les instrumens de la Passion.

Quelque tems après, c'est-à-dire le 19 Novembre 1548, le Parlement confirma par un arrêt les privileges des Confreres de la Passion, mais à la condition expresse, de ne jouer à l'avenir que des sujets profanes, licites & honnêtes, & de ne plus entremêler dans leurs Jeux rien qui eût rapport aux Mysteres ou à la Religion, avec défenses à tous autres de s'immiscer en ces choses. La premiere disposition de cet arrêt les engagea à louer leur théatre à une Troupe de Comédiens, déja formée apparemment depuis que la Farce étoit à la mode, & ils se réserverent deux Loges, pour assister au Spectacle gratis ; c'étoit les plus proches du théatre, distinguées par des barreaux, & on les nommoit les Loges des Maîtres. (…)


En somme, le Parlement de Paris voulait éviter que les Mystères tournent à la farce...

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Message Publié : 18 Août 2006 10:26 
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D'accord. merci...
Et est-ce que l'utilisation du théâtre par les Jésuites après le concile de Trente peut être rattachée à cette tradition? (avant qu'elle ne tourne à la farce évidemment)

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Message Publié : 18 Août 2006 11:00 
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Philippe de Commines
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Aliénor a écrit :
d'accord. merci...
et est-ce que l'utilisation du théâtre par les Jésuites après le concile de Trente peut-être rattachée à cette tradition? (avant qu'elle ne tourne à la farce évidemment)

Pas vraiment. Il me semble que le Théâtre des Jésuites (qui se déroulait dans les collèges) doit être regardé comme un moyen d'enseignement, de formation, dont la finalité n'était d'ailleurs pas seulement religieuse.

Sur cette question, vous pouvez lire THÉÂTRE DES JÉSUITES, par J. Verdeil, Maître de Conférences à l'Université Lyon 2

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Message Publié : 19 Août 2006 9:36 
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Localisation : Paris
Euh, le lien n'est qu'indirect mais je m'intéresse aussi à la Commedia dell'arte (j'adore les masques)... Quelle est son origine?

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Message Publié : 19 Août 2006 10:13 
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Philippe de Commines
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Aliénor a écrit :
Euh, le lien n'est qu'indirect

Désolé de ne pas avoir trouvé mieux.
Mais l'article apporte des éléments de réponse à votre question, qui était de savoir si l'utilisation du théâtre par les Jésuites après le concile de Trente peut être rattachée à la tradition des Mystères

Aliénor a écrit :
mais je m'intéresse aussi à la Commedia dell'arte (j'adore les masques)... Quelle est son origine?

Si c'est de l'institution de la Commedia dell'Arte que vous voulez parler, elle remonte à 1545, à Padoue, où huit acteurs de la "compagnie fraternelle" signent un contrat pour ne plus être des dilletanti (comédiens amateurs), mais désormais des comédiens professionnels, des comédiens dell’arte (= de métier).

http://www.pug.fr/telech_ouvrage/commedia.pdf
ou encore
http://paularbear.free.fr/commedia-dell-arte/index.html


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Message Publié : 19 Août 2006 18:12 
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Localisation : Paris
Karolvs a écrit :
Aliénor a écrit :
Euh, le lien n'est qu'indirect

Désolé de ne pas avoir trouvé mieux.
Mais l'article apporte des éléments de réponse à votre question, qui était de savoir si l'utilisation du théâtre par les Jésuites après le concile de Trente peut être rattachée à la tradition des Mystères

Aliénor a écrit :
mais je m'intéresse aussi à la Commedia dell'arte (j'adore les masques)... Quelle est son origine?

Si c'est de l'institution de la Commedia dell'Arte que vous voulez parler, elle remonte à 1545, à Padoue, où huit acteurs de la "compagnie fraternelle" signent un contrat pour ne plus être des dilletanti (comédiens amateurs), mais désormais des comédiens professionnels, des comédiens dell’arte (= de métier).

http://www.pug.fr/telech_ouvrage/commedia.pdf
Ou encore
http://paularbear.free.fr/commedia-dell-arte/index.html


C'est moi qui me suis mal faite comprendre... Votre première réponse sur les Jésuites correspondait parfaitement à ma question...

La question sur la Comedia dell'arte n'a pas de lien direct avec la première question, si ce n'est le monde du théâtre...
Votre réponse est d'ailleurs intéressante, puisque justement je ne savais pas qu'il s'agissait d'une réelle institution, mon intérêt se portant plutôt sur les personnages, les pièces, les circonstances donnant lieu aux réprésentations... L'origine traditionnelle, de ce monde étonnant et burlesque...

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Message Publié : 20 Août 2006 15:19 
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Salluste
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merci pour ces références :D

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