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Message Publié : 23 Juil 2012 21:33 
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Fustel de Coulanges
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Je replace l'expédition dans un cadre plus général de désir d'aller en Orient et en Chine notamment


Voilà qui est un peu plus clair.
Néanmoins, il faut prendre garde de ne pas aller trop vite en besogne ; (pour rester dans le cadre français) une campagne militaire à objectif colonial visant l'Egypte (avec les Indes comme éventualité mal définie), et un intérêt (encore ici fragile) d'établir des relations amicales avec la fort lointaine Chine sont deux choses bien différentes ; même si les regards (aux intensités néanmoins guère comparables) sont portés dans la même (mais bien vaste) direction.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 23 Juil 2012 23:05 
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Georges Duby
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Mais j'ai bien le droit, sans sortir du sujet, d' émettre l'idée, pas très originale d'ailleurs, que la campagne d'Egypte s'inscrit dans un cadre plus vaste d'intérêt pour l'orient, en rappelant que l'orient fascinait Napoléon, ainsi que toute l'époque, au delà de l'Egypte. Prenez de la hauteur, sortez de vos textes.
Dès sa jeunesse le jeune Napoléon se passionne pour l'Orient et il a en tête un rêve d'Orient comme Alexandre.
Evidemment que l'expédition d'Egypte a un but plus précis et plus restreint mais Furet traduit bien le sentiment des historiens que Napoléon voyait bien plus loin. Napoléon caressait peut-être l'idée, comme son modèle, d'un empire universel. C'était banal à cette époque des Lumières. La Chine comme l'Inde avait leur place dans la réflexion de Napoléon, ainsi que l'emire ottoman déjà en crise.
Napoléon avait des idées sur la manière de gouverner un grand empire, tout comme Alexandre le Grand, et il pensait probablement qu'on devait pouvoir écarter l'Angleterre d'une domination mondiale. L'hypothèse a été émise qu'il envisageait un autre type de gouvernance que ce pays, notamment en Inde, d'où ses déclarations pour faire croire aux musulmans qu'il respecte leur foi, qui rappellent l'Alexandre de Plutarque en Perse.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 23 Juil 2012 23:33 
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Fustel de Coulanges
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Napoléon voyait bien plus loin


Entre les rêves répétés à loisir après les faits (quoi de plus simple) et la dure réalité du terrain (là c'est sûr, pour reprendre votre expression, il est bien difficile de "prendre de la hauteur"...), il y a parfois des fossés bien profonds :

viewtopic.php?f=55&t=29484

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Message Publié : 24 Juil 2012 7:46 
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Georges Duby
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Il existe une culture générale de Napoléon, qui permet de mieux comprendre son action. Si on ne l'a pas on ne saisit pas tout. Il existe un rêve napoléonien.
Napoléon était passionné par l'Asie, Chine incluse. C'est ainsi que sous le Directoire, il s'intitule, à l'occasion de l'expédition d' Egypte, Général en chef d'Afrique et d'Asie. Son ambition ne concerne pas la seule Méditerranée.
Empereur, il prescrit en 1908 un dictionnaire franco-chinois.

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Message Publié : 24 Juil 2012 8:15 
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Fustel de Coulanges
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Napoléon était passionné par l'Asie, Chine incluse.


Ah ?... Pouvez-vous nous en dire plus sur cette "passion" vis à vis de la Chine, s'il vous plait ?

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Message Publié : 24 Juil 2012 9:02 
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Georges Duby
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Je vous ai dit passion pour l'Asie, Chine incluse et pas passion pour la Chine. Il y a une nuance. Lisez svp le texte de Pierre-Richard Feray sur ce thème à:

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=napol%C3%A9on%20bonaparte%20et%20la%20chine&source=web&cd=1&ved=0CFYQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.feray.org%2Fpdf%2FNapoleonOrients.pdf&ei=kVMOUOmyEcqa0QXF7YHgDQ&usg=AFQjCNGyacKvxbD2wZfXONjSSE5IEGi1Rw&sig2=qIGI_OX-MrgtHhfLjC3lCg

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Message Publié : 24 Juil 2012 13:23 
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Fustel de Coulanges
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Il y a une nuance.


Raison de plus pour ne pas sombrer dans des généralisations sur ce qu’auraient pu être les passions de Napoléon vis-à-vis de l’Orient transformé en Asie, terre plurielle, immense, plus ou moins lointaine, plus ou moins méconnue et surtout, plus ou moins liée au contexte européen.


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Lisez svp le texte de Pierre-Richard Feray sur ce thème à:


Vous aviez déjà donné ce lien. Le recopier ne changera pas grand-chose, d’autant plus que l’essai en question m’a pour le moins laissé sur ma faim. M’étant plus précisément intéressé à ce que Feray pouvait dire de la campagne d’Orient, il est assez cocasse de voir que l’auteur en question se mélange dans les sources (d’ailleurs étonnamment peu fournies concernant l’expédition ; ceci expliquant peut-être cela…) et surtout leur fait dire n’importe quoi.

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Message Publié : 24 Juil 2012 23:36 
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Fustel de Coulanges
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Dans le cadre des fragiles relations franco-chinoises, on trouve un étonnant personnage : Félix Renouard de Sainte-Croix.

Ce dernier, petit fils de l’ancien intendant de Picardie, avait quitté Brest le 4 mars 1803, à l’âge de 26 ans, au sein de l’escadre du contre-amiral Linois en partance, suite à la paix d’Amiens, pour les Indes. N’ayant pu combattre au côté des Marathes, il fit voile pour les Philippines où il devint aide de camp du gouverneur durant deux années. Il fit ensuite escale à Macao, où il rencontra Jean-Marie Dayot, un officier français qui avait contribué à faire monter Gia-Long sur le trône d’Annam. Dayot sachant le désir de Renouard de Sainte-Croix de retourner en métropole lui remit alors en novembre 1807 ses notes et son Mémorial sur la Cochinchine par lesquels l’auteur entrevoyait tous les avantages que la France pourrait tirer de liens d’amitié avec le monarque d’Annam dans l’optique du contrôle de la mer de Chine et de l’exclusion des Anglais desdits espaces.
De retour en France via New-York, après un passage à Canton, Renouard de Sainte-Croix transmit les documents fournis (et autres écrits sur le Tonquin, les Philippines et la Chine) à Champagny, ministres des Affaires extérieures. Les souhaits de Dayot restèrent lettres mortes…
En 1810, Renouard de Sainte-Croix fit publier son « Voyage commercial et politiques aux Indes orientales, aux îles Philippines, à la Chine avec des notions sur la Cochinchine et le Tonquin, pendant les années 1803, 1804, 1805, 1806 et 1807 »
L’année suivante, il rédigea un fort intéressant mémoire concernant un projet d’ambassade en Chine. L’écrit en question fut adressé à l’Empereur le 21 décembre 1811. Le voici :

« Sire,
Les relations politiques de la France avec l’Empire de la Chine, interrompues depuis la Révolution
(1), peuvent être rouvertes d'une manière marquante pour la gloire du règne de Votre Majesté, et l'influence que les Anglais ont encore dans cette partie du monde peut aujourd'hui leur être enlevée.
Je n'ai pas besoin de rappeler à Votre Majesté le crédit dont la France jouissait en Chine, antérieurement à la Révolution, et l'île qui porte encore son nom dans le Tigre, à Vampou
(2), prouve assez que les Chinois la considéraient comme supérieure à toutes les autres nations.
Mais, dans ce temps, les Missionnaires français
(3) plus au fait de la politique à suivre dans ce pays, tout en nous laissant des mémoires instructifs, et en nous éclairant sur le Gouvernement et les moeurs de ces peuples, soutenaient les droits de la France auprès du chef de l'Empire et faisaient tous leurs efforts pour parer aux coups que des Nations rivales, et souvent ennemies, cherchaient à nous porter.
Tel était le soutien de nos affaires politiques en Chine avant la Révolution où la France était, en quelque sorte, représentée à Pékin par les Missionnaires.
Au moment où nos troubles civils ont éclaté, les Anglais jugèrent que le système antireligieux, régnant alors en France, devait mécontenter les Missionnaires Français à Pékin, et dès lors, ils résolurent de profiter de ce moment favorable pour tenter une ambassade, celle de lord Macartney en 1792
(4), dont le but secret était non seulement l'exclusion de la France au commerce de' la Chine, mais encore celle de toutes les autres nations maritimes. Il est douteux que ce Lord eût obtenu la permission de se rendre à la Cour de Pékin, s'il n'eût trouvé dans les Missionnaires Français, alors aigris contre leur patrie, des dispositions conformes à son désir.
Les Hollandais suivirent en 1794 les Anglais à la Cour de Pékin
(5). Ils y contrebalancèrent l'influence des premiers et, sans cette Ambassade, il est très probable que les Anglais seraient restés seuls possesseurs du commerce qui se faisait à Canton.
Depuis cette dernière Ambassade le Gouvernement Anglais n'a cessé d'écrire à la Cour de Pékin, pour l'influencer à sa manière de la situation de l'Europe, et pour l'engager surtout à fermer ses Ports à tous les vaisseaux Français ou alliés de la France, comme Sa Majesté a été à même de s'en convaincre par la lettre du Roi d'Angleterre à l'Empereur de la Chine
(6), au renouvellement de la guerre en 1804, et que j'ai eu l'honneur de mettre sous les yeux de S. Ex. le Ministre des Relations Extérieures à mon arrivée de Chine en France en 1808.
Mais le temps est arrivé où Votre Majesté peut, tout en cherchant à relever les griefs de nos ennemis à la Cour de Pékin, porter le coup le plus fatal à leur commerce, et jamais moment ne fut plus propice.
J'ai mis sous les yeux de Son Ex. le Ministre des Relations Extérieures les causes des différends que les Anglais ont eu à Canton et plus récemment encore sous ceux de Monseigneur le Duc de Bassano l'entreprise formée par cette nation sur Macao
(7) et les suites de cette affaire, renseignements précieux et que je tenais de l'amitié des ci-devant facteurs hollandais.
Ces mêmes facteurs m'ont écrit, sous la date du 20 février 1810, qu'ils s'informaient des moyens à prendre pour renverser le système de commerce que les Anglais font en Chine, et que les suites du massacre des Chinois à Canton par un matelot anglais
(8), ainsi que la prise de Macao, qu'ils ont été obligés d'abandonner depuis, avaient fort indisposé le Gouvernement Chinois contre eux ; et sous la date du 28 février de cette année, que d'après les informations qu'ils ont prises, si une Ambassade française pouvait parvenir à Pékin et y réclamer contre tous les torts que nous imputent nos ennemis, et demander l'exclusion de cette nation dangereuse des ports de Chine et particulièrement de Canton, Votre Majesté pouvait l'obtenir avec facilité dans ce moment. Ce serait le coup le plus fatal pour le commerce de la Compagnie Anglaise par les débouchés que lui procure la Chine, soit pour les cotons du Bengale et de Bombay, soit par l'extraction des thés, commerce, à ce qu'assure l'auteur du Code Pénal de Chine, qui monte à plus de 20.000.000 sterling.
Une Ambassade de Votre Majesté serait d'autant mieux reçue à la Cour de Chine, en observant les usages, que le Gouvernement Chinois a le plus grand mépris pour tous les peuples qui s'occupent exclusivement de commerce, et que l'Envoyé de Votre Majesté ne demanderait aucun privilège particulier et se bornerait à la simple demande de l'exclusion des Anglais.
L'Ambassade aurait plusieurs buts d'utilité reconnue pour l'Etat ; elle ferait connaître à la Cour de Pékin les hauts faits de Votre Majesté, demanderait l'exclusion des Anglais de tout commerce de Chine et la France retirerait, sur l'état actuel de cette partie du monde si vantée, des notions certaines qui seraient recueillies avec soin par des personnes savantes attachées à la Suite de l'Envoyé de Votre Majesté, et il n'y a nul doute qu'une Ambassade composée de militaires et de savants, ne manquerait pas de s'attirer, d'une manière distinguée, l'attention du Gouvernement Chinois.
La possibilité de faire parvenir des Envoyés à Pékin, par la Russie, ne peut un instant être mise en doute; l'adhésion de Sa Majesté l'Empereur de Russie au système continental, son voeu pour la paix générale de l'Europe, que l'Ambassade ne peut manquer de rendre plus prochaine, prouvent assez qu'il ne mettrait aucun obstacle au passage des Envoyés de Votre Majesté ; qu'il pourrait même leur prêter secours en nommant un Commissaire pour hâter leur marche dans ses Etats, afin que les Gouverneurs ne pussent, sous aucun prétexte, les retarder.
Les relations entre la Russie et la Chine sont aujourd'hui si ouvertes que je l'appellerai seulement à Votre Majesté que cette route est suivie par toutes les caravanes russes qui vont commercer à la frontière de la Chine, et qu'elle a été suivie par le Vassilik-Ismaïlof, envoyé par le Czar Pierre le Grand à l'Empereur Camhi en 1720 ; et plus récemment encore jusqu'à la frontière de cet Empire par Mr. de Golofkin en 1805 ; ce dernier éleva sur le cérémonial des prétentions qui ne convinrent pas aux Chinois
(9). Sa suite nombreuse et les deux vaisseaux russes de la Marine impériale occupés à faire le voyage du tour du monde, qui se rencontrèrent à Canton, dans le temps où Mr. de Golofkin désirait être introduit en Chine donnèrent de l'ombrage à la Cour de Pékin, j'ai été à même de me convaincre de ce fait.
La seule chose à observer strictement, pour la réussite complète du projet, c'est de n'en donner connaissance aux Employés de Votre Majesté qu'à un endroit désigné, afin que les Anglais ne puissent en être instruits assez à temps pour faire des démarches qui pourraient nuire au succès de la négociation.
Toutes les Ambassades qui sont parvenues à la Cour de Chine y ont porté des présents qui sont devenus en quelque façon de rigueur ; mais au lieu de ces mécaniques, de ces produits de l'art, auxquels les Chinois ne peuvent rien comprendre, et qui restent entassés sous les hangars des Palais Impériaux, une nation guerrière, comme l'est aujourd'hui la France, ne peut et ne doit offrir que des cadeaux en armes de toutes espèces, tirées des Manufactures de Votre Majesté, et qui seraient pour les Envoyés d'un transport plus facile.
Comme chaque personne devra un compte exact et détaillé de ses travaux à Votre Majesté, je crois nécessaire à son succès de désigner la manière dont cette Ambassade doit être composée :
1-Un Général en Chef de l'Ambassade et qui la dirigera, chargé de toutes les instructions particulières.
2-Un Secrétaire général d'Ambassade.
3-Deux officiers du Corps du Génie, Géographes, Aides-de-camp de M. l'Ambassadeur, à ses ordres pour asseoir les positions géographiques par des observations astronomiques dans les pays que l'on parcourra.
4-Un auditeur au Conseil d'Etat s'occupant, avec M.' le Secrétaire Général, des Observations politiques.
5-Deux Naturalistes pris parmi les membres de cette classe de l'Institut.
6-Un médecin et un chirurgien qui s'occuperont principalement de l'application des plantes chinoises à la médecine française.
7-Deux dessinateurs.
8-Deux interprètes ; mais je dois faire observer à Votre Majesté qu'il vaudra beaucoup mieux les prendre sur les frontières parmi les sujets russes accoutumés à faire ce voyage ; par la raison que lorsqu'il y a des discussions il est impossible de faire dire aux interprètes sujets chinois des raisons qui pourraient contrarier les mandarins.
Trop heureux, Sire, si les renseignements que j'ose mettre sous les yeux de Votre Majesté Impériale et Royale peuvent être conformes à ses vues, et lui prouver mon désir d'être utile à l'Etat, et mon sincère amour pour sa personne. »





(1) Chrétien-Louis-Joseph de Guignes avait été le dernier agent du Roi à Canton. Il avait finalement quitté la cité portuaire pour se joindre en tant qu’interprète à l’ambassade hollandaise à Pékin où il resta de 1794 à 1795. Il quitta finalement la Chine deux ans plus tard et ne revint, après un passage aux Philippines en France qu’en 1801. Attaché au ministère des Affaires extérieures, il publia en 1808 son « Voyage à Pékin, Manille et l’île de France fait dans l’intervalle des années 1784 à 1801 ».


(2) Les Français avaient reçus le droit de s’installer à Wampou (à proximité de Canton) en 1745.


(3) A ce propos, on peut évoquer ce passage de la lettre de Bonaparte au Pape (28 août 1802) :
« Je désirerais de donner une nouvelle activité aux missions de la Chine, et je ne cacherai pas à Votre Sainteté qu'indépendamment du bien général de la religion, j'y suis porté par le désir d ôter aux Anglais la direction de ces missions, qu'ils commencent à s'attribuer. »
En 1805, le consul de France à Canton, Piron, rédigea (à l’appel des missionnaires lazaristes Ghislain, Lamiot, Dumazel et Richenet) un rapport soutenant les missions où l’on pouvait lire :
« Le Gouvernement français ne peut être indifférent à cet établissement [de Pékin]. Qu'il jette les yeux sur les motifs de l'ambassade des Anglais à Pékin, il verra qu'ils n'ont pas eu d'autre objet que de chercher à s'établir dans l'intérieur de la Chine.
[…]
Les causes [de l’échec de l’ambassade anglaise] en sont bien connues des résidents dans ce pays, et n'auront pas échappé aux politiques en Europe. Car ce n'était pas pour augmenter leur commerce : il est brillant. Que veulent-ils ? disaient nos Chinois. Mais il paraît qu'ils voudraient par la suite se mêler aussi de nos affaires comme dans l'Inde. Il n'en coûtera pas tant au Gouvernement français pour conserver l'établissement de Pékin. Point d'hommes à moustache, ni portant fusil, sabres et pistolets, bruyants, toujours en colère; cela fait peur aux Chinois ; mais bien des hommes artistes, instruits, modestes, accoutumés à vivre en société, unis entre eux par la douceur. Ajoutez quelques fonds, et l'établissement se trouvera comme dans le temps de sa plus grande splendeur, sera utile et fera honneur à la nation. »
Le 23 janvier 1806, l’Empereur rendait finalement un décret par lequel trois missionnaires étaient désignés pour la Chine. Viguier, Roubi et Chabrol de Marmol furent choisis mais ne purent s’embarquer.


(4) Le voyage de Lord Georges Macartney fut un échec. Il rencontra l’Empereur de Chine le 14 septembre 1793, près d’un an après son départ de Grande-Bretagne.


(5) Il s’agit de l’ambassade d’Issac Titsingh, déjà évoqué avec de Guignes. Parti de Batavia le 15 août 1794, il rencontra l’Empereur le 12 janvier 1795. Là encore les résultats du voyage ne furent pas à la hauteur des attentes.


(6) Voici la dite lettre :
« Très Haut et Grand Empereur,
La réputation, la générosité, la splendeur et la magnificence du grand Empereur, père de V. M. Impériale, se sont répandues dans les régions les plus lointaines. Tout le monde le savait et reconnaissait qu'il avait gouverné son Empire avec sagesse, comme aussi personne n'ignorait la bonté et les vertus aimables, dont était orné le grand Empereur père de V. M. De même, tout le monde sait aujourd'hui que V. M. est douée des mêmes vertus héroïques, avec lesquelles elle gouverne si sagement son Empire, et à l'admiration de toutes les nations. Et, en effet, je me réjouis beaucoup de cette nouvelle, et j'espère que V. M., en suivant l'exemple du grand Empereur, son père, permettra à ses sujets la même communication et la même correspondance avec les sujets de mon royaume, que nous désirons établir, et que V. M, recevra avec bonté et une égale justice les sujets de mon royaume, qui vont ordinairement tous les ans dans l'empire de V. M. pour y faire commerce, et qu'elle les traitera comme je sais que V. M. les a traités jusqu'à présent. Et comme je sais que les sujets de V. M. ne peuvent pas venir commercer dans mon royaume, j'ai ordonné à tous les magistrats des pays sujets à ma juridiction, et principalement aux gouverneurs des pays qui sont plus proches de l'Empire de Chine, de traiter avec une extrême bonté les sujets de V. M. qui viendraient dans les ports des pays sujets à ma juridiction. Si dans quelque affaire de l'Empire, V. M. désire user de mes services, je m'offre à V. M., de bonne volonté, pour qu'elle dispose de moi comme elle voudra.
J'avais fait la paix avec le gouvernement du royaume de France cependant ce gouvernement, en même temps qu'il traitait de paix, détruisait au contraire tout sans but et sans politique et c'est par cette raison que je lui ai déclaré la guerre une autre fois. En vérité, je désirerais avoir la paix avec ce gouvernement mais je ne puis nullement souffrir les injures et les mépris de ce gouvernement, qui sans doute entretient de mauvais desseins, puisqu'il a des troupes nombreuses dans ses ports maritimes ce qui me fait soupçonner que cette nation prétend de s'emparer un jour de mon royaume. Par ce motif, je tiens également prêtes beaucoup de troupes, pour prévenir une attaque imprévue, et non pas dans le dessein de faire la guerre comme elle fait. Cependant, quoique mon royaume soit en guerre avec le gouvernement français, mes sujets peuvent aller tous les ans sans obstacles dans les ports de votre Empire à l'effet d'y négocier, comme ils avaient coutume de le faire jusqu'à présent. Quoique le gouvernement français tienne ses escadres sur les frontières de ses ports maritimes, il n'en sortira aucune car j'ai donné ordre à mon escadre de bloquer tous les ports, afin que l'escadre de cette nation n'en puisse pas sortir ; j'ai ordonné à quelques-uns de mes vaisseaux de guerre de défendre les bâtiments de commerce, ils peuvent, par conséquent, naviguer avec sûreté, et sans craindre les vaisseaux de guerre ennemis. Les Français cherchent souvent à répandre dans votre Empire des bruits désavantageux, en parlant mal de mon royaume ; je pense que V. M. comme Empereur très sage et prudent, n'y prêtera pas l'oreille, et qu'elle ne croira point à de pareils bruits. Le gouvernement français ne peut nullement prétendre de s'emparer de mon royaume mais il cherche à se mettre en possession des pays appartenant à ma juridiction. Comme son escadre et son armée ne se rencontrent point avec les miennes, il cherche à nous ruiner, tantôt d'une, tantôt d'autre manière néanmoins jusqu'à présent il n'a pas réussi car j'ai fait toutes les dispositions pour prévenir ses desseins, et j'ai préparé tout ce que la nature d'une pareille affaire exige.
Le royaume de France se trouve depuis douze ans en état de révolution et de guerre avec mon royaume. Il serait inutile à présent d'en rapporter à V. M. toutes les circonstances, vu que V. M. les connaît toutes. Le roi de France était brave homme il a péri par les mains des Français, sujets de la nation ; je pense que V. M. n'ignore pas cette circonstance depuis plusieurs années. Certes, ces hommes de cette horrible conspiration méritent l'indignation perpétuelle. Actuellement il existe dans ce royaume un homme vil qui le gouverne comme chef de cette nation ; il cherche continuellement à tromper tout le monde par sa doctrine insidieuse et ses faux projets ; c'est pourquoi les habitants du royaume de France vivent dans le désordre, sans lois et sans aucune impulsion de leur conscience. Je pense que les Français dans l'empire de Chine n'entreprendront jamais de répandre sa doctrine insidieuse et les desseins de ses faux projets car V. M, comme empereur très sage et prudent conçoit très bien ses projets trompeurs et ses faussetés.
Je me réjouis beaucoup, et me glorifie de pouvoir féliciter V. M., et je désire en même temps que son empire jouisse d'un bonheur perpétuel. Comme il s'offre dans ce moment une occasion, je vous envoie des présents, productions de mon royaume, destinés pour V. M. et elle me fera la grâce et l'honneur de les recevoir. »



(7) Les Anglais menèrent en effet en 1808 une opération (qui n’est pas sans rappeler celle de 1802 dans les mêmes lieux) contre Macao. Prétextant la volonté de protéger la ville d’une éventuelle attaque française, une escadre britannique commandée par le contre-amiral Drury se présenta devant Macao, le 11 septembre. Le gouverneur portugais Lemos Faria refusa l’entrée du port aux navires anglais, mais ne put empêcher finalement le débarquement. La réaction chinoise fut vive. Une armée de plusieurs dizaines de milliers d’hommes fut réunie à Canton et un ultimatum lancé le 18 décembre. Drury préféra alors abandonner la position.


(8) Renouard de Sainte-Croix doit peut-être faire ici référence à l’affaire qui toucha Canton en mars 1807. Suite à une querelle entre des matelots anglais du vaisseau Le Neptune et des Chinois, un début d’émeute eut lieu. De la rixe qui s’en suivit, un Chinois trouva la mort. L’incident fut réglé par une amende, mais avait mis un temps en péril le commerce britannique à Canton.


(9) Là encore, comme pour le kotow de l’ambassade de Macartney, l’ambassade russe échoua face au refus du comte Golofkin de se prosterner devant un trône impérial vide lors d’un banquet organisé par un gouverneur chinois. L’ambassadeur eut beau assurer qu’il se conformerait au cérémonial lorsqu’il serait en présence de l’Empereur, il lui fut signifié de Pékin qu’il pouvait s’en retourner.







Le projet de Renouard de Sainte-Croix fut renvoyé à Maret. Mais à cette heure, l’Empereur avait bien d’autres pensées…

Renouard de Sainte-Croix avait adressé son mémoire à Napoléon le 21 décembre 1811. Deux jours plus tôt, ce dernier écrivait à Antoine-Alexandre Barbier, son bibliothécaire, afin de lui transmettre des ouvrages sur la topographie de la Russie et de la Lithuanie, et sur les campagnes de Charles XII en Pologne et en Russie…

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Pour revenir à l’objet de ce fil, on dit souvent, mais malheureusement sans le moindre début de démonstration, que la citation en question (qui apparaît pour la première fois dans un texte de Lénine : «Moins nombreux mais meilleurs ») aurait été prononcée par Napoléon à Sainte-hélène à l’occasion de la visite à Longwood de lord Amherst, revenant de son ambassade en Chine.
Nombreux ont été les mémorialistes à parler de cette journée du 1er juillet 1817 comme Gourgaud (Journal de Sainte-Hélène), Montholon (Récits de la captivité de l’Empereur Napoléon à Sainte-Hélène), Marchand (Mémoires), Bertrand (Cahiers de Sainte-Hélène), O’Meara (Napoléon dans l’exil), Ellis (Journal of the proceedings of the late embassy in China ; on peut citer aussi son journal privé cité par Walter Scott (Vie de Napoléon Buonaparte, empereur ders Français) sous le titre « Entrevue de Napoléon Buonaparte avec Henry Ellis, écuyer, troisième commissaire de l’ambassade de lord Amherst en Chine »), Abel (A narrative of a journey into the interior of China), ou encore Mac Leod (The voyage and shipwreck of the Alceste).

De tous ces témoignages, rien ne fait penser à la citation susdite. Il faut de plus bien préciser que le principal objet de l’audience accordée à lord Amherst n’était pas de s’entretenir sur l’ambassade, mais de tenter de se servir de cet important personnage, grâce à son influence supposée sur Lowe ou à la cour de Londres, afin d’améliorer les conditions de détention de l’Empereur.



Néanmoins, Napoléon s’est entretenu avec O’Meara avant la venue de l’ambassadeur (qui avait été annoncé dès avril). De ces conversations, il ressort l’opinion que la Chine n’était pas à mépriser :
« (26 mars 1817) : J’ai dit à Napoléon pourrions aisément forcer les Chinois à nous accorder des conditions favorables, au moyen de quelques vaisseaux de guerre, que, par exemple, nous pourrions les priver tout à fait de sel, au moyen de quelques croiseurs bien placés. Napoléon a répondu :
« Ce serait bien la pire sottise commise depuis maintes années, que de faire la guerre avec un empire aussi immense que celui de la Chine, et qui possède tant de ressources. Sans doute vous réussiriez d'abord, vous vous empareriez de leurs vaisseaux, et détruiriez leur commerce ; mais vous leur feriez connaître leur propre force. Ils seraient forcés de prendre des mesures pour se défendre contre vous. Ils réfléchiraient et diraient : Nous devons tenter d'égaler cette nation. Pourquoi souffrir qu'un peuple aussi éloigné fît ce qui lui plaît contre nous ? Construisons des vaisseaux, mettons-y des canons, et rendons-nous leurs égaux. Ils feraient venir, a ajouté l’Empereur, des armuriers et des constructeurs de France et d'Amérique, même de Londres. Ils construiraient une flotte, et, par la suite, ils vous battraient.

[…]
(27 mai 1817) : [De l’échec de l’ambassade], le commerce anglais pourrait […] perdre de grands avantages, et il se peut qu’une guerre avec la Chine en soit la conséquence. Si j’étais Anglais, je regarderais l’homme qui conseillerait de faire la guerre à la Chine comme le plus grand ennemi de mon pays. Vous finiriez par être battus, ce qui serait peut-être suivi par une révolution dans l’Inde. »


Pour terminer et juste pour l’anecdote (puisque sans valeur aucune), ce passage des Mystères de Sainte-Hélène de Marco Saint-Hilaire :
« La Chine, dit l'Empereur, est appelée à jouer un jour un grand rôle dans l'histoire du monde. C'est dans ce pays que se rencontreront les deux forces rivales européennes, la Russie et l'Angleterre. Tandis que les Anglais aborderont les côtes, les Russes perceront la grande muraille, et feront invasion, par la Tartarie, dans le Céleste Empire. Voilà, M. l'ambassadeur, où se décidera la destinée de votre puissance dans les Indes. Au maître, au vainqueur de la Chine, reviendront de droit les provinces arrosées par le Gange. Le sort de l'Europe sera donc souverainement fixé par une bataille donnée sous les murs de Pékin ou sur les rives du fleuve Jaune. Ce sera, pour l'Angleterre, Pharsale ou Waterloo, mais je crains que ce ne soit Pharsale.
Lord Amherst fit alors observer à Napoléon que, dans la supposition même que la Chine devînt un champ de bataille entre les Anglais et les Russes, il était permis de croire que toutes les chances de la lutte seraient pour les premiers, puisque, outre une marine formidable, ils auraient encore les sympathies des populations chinoises.
- Détrompez-vous, interrompit l'Empereur avec vivacité. Les sympathies d'une nation chancelante ne peuvent ajouter aucune force à une armée. D'ailleurs, les Chinois ne voient dans les Anglais que des marchands armés qui leur vendent de l'opium et des produits fort peu nécessaires à leur existence. En outre, l'Angleterre, en s'épuisant d'hommes et en admettant qu'elle néglige la garde des possessions qu'elle compte sur tous les points du globe, ne pourra mettre en ligne que trente ou quarante mille hommes tout au plus; la Russie lui en opposera deux cent mille, et si ces deux cent mille ne suffisent pas, elle en enverra trois cent, quatre cent, cinq cent mille ; car la Chine est sa voisine, et si de son pied la Russie touche à l'Europe, elle tient par son bras à l'Asie, qu'elle doit dévorer tôt ou tard.
- Mais, sire, objecta lord Amherst, permettez-moi de faire observer à Votre Majesté que la Russie s'affaiblira par le seul fait de cet immense empiétement de territoire. L'invasion de la Chine pourra lui coûter cher.
- Monsieur, repartit l'Empereur, si l'Angleterre a pu, depuis près de deux siècles, se créer dans l'Inde un vaste empire, dites-moi qui empêchera la Russie, quarante fois plus peuplée que l'Angleterre, de fonder en Chine un royaume florissant ? Mais là ne sera pas tout le mal pour vous, je le répète : la conquête de la Chine par les Russes entraîne nécessairement pour vous la perte des Indes, la ruine de votre commerce, de votre marine, de votre puissance politique. »

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Message Publié : 27 Juil 2012 17:29 
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Grégoire de Tours
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Citer :
Si j’étais Anglais, je regarderais l’homme qui conseillerait de faire la guerre à la Chine comme le plus grand ennemi de mon pays. Vous finiriez par être battus, ce qui serait peut-être suivi par une révolution dans l’Inde. »
Raté :wink: La première guerre de l'Opium (1839-1842) est remportée par la Grande-Bretagne sur la Chine, forçant celle-ci à signer le premier des traités inégaux en faveur des anglais. L'Inde, quant à elle, restera britannique jusqu'en 1947.

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Message Publié : 28 Juil 2012 15:50 
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Fustel de Coulanges
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A noter que sur ce point Las Cases (Mémorial de Sainte-Hélène) n’avait pas le même avis :
« De Botany Bay, [l’Europe] couvrira, avec le temps, la Nouvelle-Hollande, d’où elle subjuguera la Chine. La race européenne couvrira le globe et le régira »

Pour revenir, à la citation napoléonienne sans doute apocryphe, on peut s’étonner que ce soit l’audience offerte à lord Amherst (1er juillet 1817) qui soit la seule évoquée quand les hypothèses sont échafaudées pour tenter de trouver le moment où l’Empereur aurait prononcé sa (trop) fameuse « prophétie ».
Pourtant d’autres occasions pourraient tout autant faire l’affaire comme la visite de Manning, de retour du Tibet (7 juin 1817) ou encore celle de Urmston, de la Compagnie des Indes à Macao et à Canton, présenté à l’Empereur le 5 mai 1816.
A cette occasion, Gourgaud (Journal de Sainte-Hélène) retranscrit l’échange suivant :
« L’Empereur […] invite [Balcombe] à déjeuner dans le jardin, ainsi que le résident en Chine, puis demande à ce dernier quelle est la population de ce pays. « Trois cents millions d’habitants. –Quel est leur caractère ? – Faux, voleur ; on perfectionne rien chez eux. Les plus gros vaisseaux chinois portent à peine vingt canons, et ils sont mal construits ; si l’on changerait jamais quelque chose à quoi que ce soit, le mandarin qui aurait ordonné la modification aurait le cou coupé. »

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Message Publié : 29 Juil 2012 21:03 
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Fustel de Coulanges
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Outre les audiences offertes à Manning ou Urmston, on pourrait pareillement évoquer, comme terrain favorable à quelque réflexion sur la Chine, bien d’autres occasions comme l’arrivée de la flotte de Chine à Sainte-Hélène, le 2 mars 1816 ; escale qui mit en effervescence la petite communauté des exilés et qui ne laissa pas indifférent Las Cases (Mémorial de Sainte-Hélène) :
« Aujourd'hui [4 mars 1816], l'Empereur a reçu quelques capitaines de la flotte de la Chine; il a causé fort longtemps avec eux sur la nature de leur commerce, la facilité de leurs relations avec les Chinois, les mœurs de ceux-ci, etc., etc... Ces bâtiments de la Chine sont de quatorze ou quinze cents tonneaux, à peu près égaux aux vaisseaux de soixante-quatre ; ils tirent vingt-deux ou vingt-trois pieds; ils sont chargés, presque en totalité de thé ; l'un d'eux en avait près de quinze cents tonneaux à bord. Les six bâtiments qui sont entrés hier sont estimés environ soixante millions, et comme ils seront frappés en arrivant d'un droit de cent pour cent ils jetteront dans la circulation de l'Europe une valeur de cent vingt millions.
Les Européens ont très peu de liberté à Canton : ils ne peuvent guère circuler que dans les faubourgs; ils sont traités avec le plus grand mépris par les Chinois, qui exercent sur eux une grande supériorité et beaucoup d'arbitraire. Ceux-ci sont très intelligents et fort perspicaces, industrieux, alertes, voleurs et de mauvaise foi. Toutes les affaires se traitent en langues européennes, qu'ils parlent avec facilité.

[…]
Autour du jardin [6 mars 1816] rôdaient encore beaucoup d'officiers ou des employés des bâtiments de la Chine. Leur curiosité, quelques heures auparavant, les avait portés à pénétrer chez nous ; nous avions été littéralement envahis dans nos chambres. L'un disait que l'orgueil de sa vie serait d'avoir vu Napoléon; l'autre, qu'il n'oserait pas se présenter devant sa femme, en Angleterre, s'il ne pouvait lui dire qu'il avait été assez heureux pour apercevoir ses traits ; l'autre, qu'il abandonnerait tous les bénéfices de son voyage pour un seul coup d'oeil, etc.
L'Empereur les a fait approcher; il serait difficile de rendre leur satisfaction et leur joie: ils n'avaient pas osé autant prétendre ni espérer. L’Empereur leur a fait, suivant son usage, de nombreuses questions sur la Chine, son commerce, ses habitants; leurs rapports, leurs mœurs, les missionnaires, etc. Il les a gardés plus d'une demi-heure avant de les congédier. »



Et c’est sans parler des occasions où Napoléon a pu évoquer les Chinois de Sainte-Hélène, notamment ceux employés à Longwood…



Et puis pourquoi s’attacher qu’à la période de l’exil hélènien ?
Pourquoi ne pas penser aux divers moments où le Premier consul, puis l’Empereur, se pencha sur le cas des missionnaires français en Chine ; ou quand Napoléon fut mis au courant de la lettre du roi d’Angleterre à l’Empereur Kia K’ing ; ou bien encore quand Bonaparte s’intéressa au jeune Chinois Tchong-A-Sam.
Voici un rapide aperçu de son périple :

En 1800, la presse de l’époque se fit largement l’écho d’un évènement peu commun : la présence d’un Chinois en France.
Fait prisonnier par un corsaire, débarqué à Bordeaux, malade, il n’avait pu être, comme d’autres compatriotes, compris dans l’échange touchant les Anglais du navire sur lequel il s’était embarqué. Placé à l’hôpital du Val-de-Grâce, il suscita bien vite l’intérêt de la Société des Observateur de l’Homme.
Ephémère société savante, berceau de l’anthropologie française, la Société des Observateurs de l’Homme avait tout juste été créée l’année précédente, en décembre.

Lors de la séance publique du 6 août 1800, le vice-président et linguiste Le Blond présenta ce rapport (texte retranscrit par la suite en 1909 dans les Bulletins et Mémoires de Société d’anthropologie de Paris) :
« La Société des Observateurs de l'Homme ne pouvait être indifférente au bruit public qui annonçait l'existence à Paris d'un Chinois.
Elle éprouva naturellement le besoin de recueillir, dans une telle occasion, des matériaux précieux pour la connaissance d'un peuple qui se tient religieusement isolé du reste de l'univers.
Elle nous a chargés, Jauffret [naturaliste, membre fondateur et secrétaire perpétuel de la société] et moi, des premiers renseignements ; elle a voulu que nous pussions la mettre à portée de juger ce qu'elle doit espérer ou tenter, et de déterminer la série d'observations que peut fournir, au physique, au moral et à l'intellectuel, le représentant de la plus ancienne et de la plus nombreuse des associations existantes.
Nous ne nous dissimulons pas combien sont encore imparfaits les résultats de nos recherches; mais nous .croyons avoir fait ce que permettaient les circonstances, et la Société pourra estimer le moment où il sera convenable d'en faire davantage.

[…]
Deux voies se présentaient : enseigner à l'étranger le français; apprendre de lui sa langue. Le citoyen Broquet a préféré celle-ci, parce que, fort de ses dispositions personnelles à l'étude des langues, soutenu par le concours de différents dictionnaires et ouvrages grammaticaux, il était bien plus sûr d'accélérer les rapprochements. La Société verra dans quel cas il vaut mieux prendre l'autre voie pour étudier les développements de l'esprit qui arrive à la lumière par la force même de ses rayons. Mais elle sentira probablement que ces développements ne pouvaient avoir d'intérêt réel qu'en raison de l'intelligence déjà manifestée dans les premiers dialogues du Chinois et de son laborieux interprète.
En effet, s'il eût été de cette classe obscure, plus ignorante encore en Chine que chez nos peuples policés, quelle utilité y eût-il eu à recommencer son éducation ? Telle philosophique et telle perfectible qu'on eût espéré de la rendre, elle ne nous eût pas fait acquérir sur la Chine des connaissances que l'individu n'en eût pas rapportées. Nous aurions eu un homme de plus, mais cet homme n'aurait rien eu de chinois.
Du moment, au contraire, où nous pouvons retrouver en lui les traces précieuses d'une éducation soignée, et l'aptitude qui en résulte pour saisir et comparer les notions nouvelles, nous sommes sûrs que le parallèle de nos mœurs avec celles dont il est lui-même le résultat, donnera lieu à des rapprochements aussi nombreux que piquants.
Il était d'autant plus essentiel de reconnaître, avant tout, si c'était réellement un Chinois que nous avions à notre disposition, que l'on a toujours regardé comme un phénomène de supposer un Chinois hors de ses antiques limites. Tous ceux qui, journellement, s'embarquent pour négocier aux îles de la Sonde, au Bengale et même au golfe Persique, appartiennent à la horde confuse qui peuple Macao : mélange de diverses nations, parlant un méchant portugais, et n'ayant du grand peuple que l'habit et le stupide asservissement aux Quum de tous les ordres.
Notre voyageur nous a bien expliqué qu'il était de Nankin, et seulement établi à Kanton pour le commerce. D'ailleurs, la forme même de sa tête, dont le crâne se recule sous un angle de 40 degrés, est aux yeux des naturalistes le caractère de la race mongole. Notre confrère Cuvier a bien précisé cette observation dont il enrichira nos Mémoires.
C'est encore un caractère national que le plaisir avec lequel il s'est vu revêtir d'habits chinois, au cabinet des Antiques et chez le citoyen Sylvestre.
Il s'appelle Tchong-A-Sam, Tchong serait le nom de famille ; A, une sorte d'article de Sam, terme numéral annonçant qu'il est le troisième en ordre de progéniture.
Le frère qui l'accompagnait dans l'expédition, et pour lequel il témoigne une grande vénération, s'appelle Tchong-A-Gui, avec le terme numéral de deuxième. Ce Tchong-A-Gui a 25 ans. Le nôtre n'en a que 23. Il est marié à une femme de 19. Mais, ce qui nous ramène à la piété filiale si chère aux Chinois, ce n'est pas pour sa femme, c'est pour sa mère que ses yeux se sont baignés de larmes quand il a parlé du retour de ses compatriotes, au milieu desquels on le redemanderait en vain . Et prenant aussitôt le ton douloureusement maternel, il s'écrie : « Manque A-Sam ! manque A-Sam ! »
Cette famille est vouée au commerce ; il paraît que les Anglais avaient déterminé les deux frères à venir négocier directement en Europe, avec l'assurance de les ramener aussitôt. Du thé, de l'encre de la Chine, des éventails, des colliers odoriférants, voilà tout ce qu'il a encore été possible de reconnaître dans l'énumération des marchandises qui formaient leur pacotille. L'expédition était composée de 17 Chinois, dont 4 négociants, 3 ouvriers (tailleurs et cordonniers) et 10 matelots; dans le surplus de l'équipage se trouvaient 4 Portugais et 60 Anglais. Tous ont été faits prisonniers par un de nos corsaires, qui les a débarqués à Bordeaux. Les Chinois y ont figuré plusieurs mois. Nous croyons même avoir démêlé qu'ils y ont donné le spectacle d'une course de chevaux et d'une lutte à la chinoise, qui a causé aux Bordelais le plus grand plaisir.
De Bordeaux à Orléans, d'Orléans à Valenciennes, les prisonniers ont été confondus jusqu'au moment de l'échange. A-Sam, s'étant trouvé malade, a été abandonné dans l'hôpital d'où, par de nouvelles mutations, il a été transféré jusqu'à, celui du Val-de-Grâce, où il reste sous la police militaire.
Sa santé, toujours faible, nous a paru souffrir beaucoup plus du désagrément de sa position que de causes intérieures ; et, dans le fait, pouvons-nous croire qu'un homme né dans l'aisance ne soit pris du désespoir lorsque, sans aucun moyen d'exprimer ses besoins et de connaître le sort qui lui est réservé, il se sent éloigné de tout secours et de toute consolation ? Si la vie des hôpitaux n'est pour la majeure partie de nos soldats qu'une vie de souffrances et de privations, que doit-elle être pour un individu qui ne participe à nos mœurs, à nos usages, que par les contrariétés que nous lui faisons éprouver et par l'esclavage, les jeûnes auxquels nous le réduisons ?
Cet état habituel de peine était un grand obstacle aux opérations intellectuelles dont il eût été si précieux que rien ne ralentît l'enchaînement. Gomment suppléer à. ce calme de l'esprit, si nécessaire pour tous les hommes et surtout pour ceux qui, comme A-Sam, sont séparés de la société par toute .l'organisation de la société?
Toutes les figures que nous lui avons montrées, ont servi de texte à autant de leçons qu'il donnait au citoyen Broquet sur la manière de prononcer les noms et d'exprimer les idées. Celles que nous savions copiées d'un manuscrit du cabinet Bertin lui ont paru très vraies ; quelques-unes, copiées de Du Halde et dont nous-mêmes savions nous méfier, ont attiré sa juste critique, entre autres celle de l'Empereur ; non pas qu'il voulût se glorifier de l'avoir jamais vu ; personne, nous exprima-t-il avec une sorte de respect, personne ne le voit. Il y a ici quelque contre-sens, car, dans une autre occasion il a décrit la manière dont l'Empereur paraît en palanquin dans les cérémonies.
Un de ces contre-sens s'est expliqué avec un peu de réflexion : nous lui montrions un planisphère chinois; il en reconnut la forme, en fit entendre l'usage et en prit occasion de dire, avec une sorte de contentement, qu'à la différence de notre pays, dans le sien les étoiles paraissaient toujours. Ce toujours n'est bien évidemment qu'une opposition à la fréquence des nuages qui, dans nos climats, voilent la majeure partie de nos nuits.
Nous lui avons présenté aussi une grande pancarte, par-dessus laquelle brochaient plusieurs configurations en encre rouge. Le titre seul et quelques caractères de la première colonne lui ont paru intelligibles. Nous avons lieu de croire que cet écrit est un placard de défenses s'affichant à un poteau, et dont le titre, l'intitulé sont en chinois, le reste en quelque idiome de nation dépendante. Les signes rouges sont les paraphes de chaque mandarin qui a ainsi apostillé ou sanctionné cette défense, en lui imprimant le caractère qu'on ne peut méconnaître sous peine de la vie.
Nous n'avons pu asseoir aucune idée nouvelle sur l'écriture chinoise. Il n'y a pas de doute que chaque clef ne soit un composé de plusieurs signes rappelant chacun leur radical ; mais comment le composé de ces radicaux finit-il par donner une idée implexe, s'exprimant par un son monosyllabique ?
Il épelait, pour ainsi dire, 8 ou 10 éléments combinés dans une clef, prononçait ensuite le son unique pou, dont Fourmont donnait en marge l'indication : mais il ne pouvait y attacher d'idée. C'était le mot servus, pris comme politesse de style épistolaire. Ce contraste mérite d'être approfondi et peut contenir une des questions les plus intéressantes sur la langue chinoise.
Nous ménagions comme l'exercice le plus intéressant celui du petit instrument qui sert aux Chinois pour leur calcul : au moyen de petites boules d'ivoire enfilées 7 par 7, par colonnes, dans une espèce de châssis. Dès que nous lui avons montré l'instrument, il a répété le nom sous lequel nous le connaissions de souan pan, et il a affecté aux colonnes ceux de la numération. Puis il s'est mis à exécuter tous les calculs, comme la Chambre des comptes les faisait, avec des jetons qu'on relève de 5 en 5 ou de 10 en 10.
En Chine donc, le calcul décimal est dans toute sa pureté, et le même souan pan, en affectant telle ou telle colonne à celle des unités, satisfait aussi bien aux milliards qu'aux millièmes parties. Mais il ne s'est pas borné à répondre à nos questions, à effectuer les calculs que nous lui donnions. Il a aussi voulu éprouver nos connaissances ; il nous a dicté une addition, l'a figurée avec le souan pan et l'a articulée en français.
Cette articulation n'est pas la moindre difficulté à surmonter pour son éducation; car, de même que beaucoup de ses intonations nous paraissent très pénibles à former, les nôtres lui présentent des nuances qu'il ne peut saisir.
Toute en monosyllabes, la langue chinoise se refuse aux sons liés, et non seulement d'une syllabe à l'autre A-Sam laisse un intervalle, mais, dans une syllabe, il ne peut émettre assez rapidement les sons que nous appelons consonnes doubles. Il place entre deux une voyelle, et la plus analogue à celle qui doit suivre. Ajoutez à cela la substitution des consonnes fortes aux faibles, et vous verrez le mot grand devenir caland; gros, kolos; français, falançais. Nous récrierions-nous encore, lorsqu'un gn, un tch plus ou moins guttural, un ia plus ou moins modulé, nous échappant dans sa prononciation, nous fera confondre des idées très séparées pour lui ?
Nous ne pouvons finir sans consigner quelques-unes de ses réponses sur une matière que nous avions bien peu de données même pour effleurer:
« Y a-t-il longtemps que Confucius est mort ? »
« Çien, çien, çien, çien, et tout plein de çien »; çien est le nombre 1000.
« Où est-il ?» Il nous a figuré un buste, nous a montré que ce buste se retrouvait partout et qu'on le saluait avec beaucoup de respect. «Les Chinois, ajoutait-il, sont tous des hommes de Confucius. »
Nous aurions dû faire observer qu'il a saisi dans la traversée quelques mots portugais et quelques mots anglais; mais la manière dont il les défigure ne permet pas de s'en servir pour communiquer avec lui. Laissons plutôt le citoyen Broquet devenir Chinois; admirons dans le jeune A-Sam la délicatesse avec laquelle il redresse la prononciation et fait répéter les mots mal rendus; voyons dans cette attention une double preuve de la bonne éducation d'A-Sam. En effet, en même temps que son oreille est assez susceptible pour ne pas se contenter de sons grossiers, il a ce dernier degré de sociabilité qui craint de manifester quelque apparence de reproches ou d'offenser l'amour-propre des autres.
Il est de l'essence de la Société des Observateurs de l'Homme, il est du devoir de tous ceux qui aiment leurs semblables, de désirer pour A-Sam une position plus heureuse. Quand on pense aux faibles secours qui suffiraient pour assurer son existence dans une autre maison publique, on ne peut douter que bientôt l'humanité, l'hospitalité, l'amour des sciences, ne réparent les injures qui leur sont faites dans la personne de cet étranger. Puissent les regards de la Société hâter ce moment et jeter, en attendant, quelques douceurs sur le sort de A-Sam, qui est pour nous Res sacra, miser ! »




Le sort d’A-Sam ne laissa pas indifférent Bonaparte. Ainsi, le 29 septembre suivant, le Premier Consul lançait cet ordre :
« Le Premier Consul ordonne que A-Sam, Chinois, originaire de Nankin, soit embarqué sur l'une des corvettes commandées par le capitaine de vaisseau Baudin pour être conduit, aux frais de la République, à l'île de France, et de là dans sa patrie.
Il est expressément recommandé au capitaine Baudin et aux chefs militaires et d'administration de la marine d'avoir pour A-Sam les égards qu'il mérite par sa qualité d'étranger et par la bonne conduite qu'il a tenue pendant son séjour sur le territoire de la République. »


En conséquence, le ministre de la Marine, Forfait, écrivait de suite au capitaine de vaisseau Baudin :
« Je vous préviens, Citoyen, qu'en conséquence des ordres du Premier Consul, le Chinois qui se trouve actuellement à Paris devra être embarqué sur l'un des bâtiments de l’expédition que vous commandez pour être transporté jusqu’à l’Ile de France. Vous le débarquerez dans cette colonie dont les administrateurs profiteront de la première occasion pour le faire passer dans son pays. Les frais de passage de cet étranger seront supportés par la République. L’intention du Premier Consul est qu’il soit traité à bord avec tous les égards et qu'il y trouve tous les agréments qu'il sera possible de lui procurer. »

Le 19 octobre, l’expédition Baudin quittait le port du Havre pour l’Australie. Le naturaliste François Péron, embarqué, a évoqué dans son Voyage de découvertes aux Terres Australes, ce passager peu commun :
« Indépendamment des officiers du Naturaliste, il y avait à bord de ce dernier navire, un personnage assez connu, le nommé A Sam, Chinois, natif de Can-toung. Fait prisonnier par un corsaire français, à bord d'un bâtiment de la Compagnie Anglaise, A-Sam avait été successivement évacué d'hôpitaux en hôpitaux, jusqu'à celui du Val-de-Grâce. La présence d'un Chinois dans la capitale y produisit assez de sensation pour que le Premier Consul en fût instruit. Dès ce moment, A-Sam fut heureux et libre ; les secours de tous genres lui furent prodigués pendant son séjour à Paris ; et pour mettre le comble à ses bienfaits, le Premier Consul ordonna qu'A-Sam fût rendu à sa patrie, à sa famille ; qu'embarqué à bord de nos vaisseaux, il y fût traité comme officier, et les administrateurs de l'Ile-de-France reçurent ordre de lui continuer ces soins jusqu'à ce qu'ils pussent lui procurer une occasion sûre pour son retour en Chine... Heureuses les nations où de pareils soins sont accordés à l'étranger malheureux ! Béni soit le chef ainsi généreux et bienfaisant! »

L’expédition Baudin arriva à l’Ile de France 16 mars 1801. Comme dit Péron dans son témoignage, et comme le confirme le Journal d’Hamelin (commandant du Naturaliste), notre jeune Nankinois fut débarqué et confié aux autorités afin d’organiser son retour vers sa terre natale.

J’ignore malheureusement la suite de l’histoire étonnante d’A-Sam…




Les occasions sont donc multiples. Mais que l’on s’attache (étrangement) qu’à la seule audience de lord Amherst, ou, d’une manière plus élargie, que l’on porte l’attention sur d’autres rencontres, force est de constater que la citation retranscrite par Lénine plus d’un siècle après la mort de l’Empereur ne se retrouve pas ; ni sous la forme bien connue, ni sous une quelconque autre forme pouvant y faire penser…

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Message Publié : 30 Juil 2012 13:14 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 22 Sep 2005 18:53
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Bonjour

Plantin-Moretus a écrit :
Il ne faisait pas référence à une situation économique; si mes souvenirs sont bons, c'est lors de la campagne de Russie, après la retraite, qu'il a fait part de cette "impression" (plutôt que d'une prédiction), après avoir constaté le nombre et l'efficacité des cavaliers asiatiques de l'armée russe.
En fait assez présomptueuse cette citation: puisque même moi, Napoléon, j'ai été vaincu par des hordes asiatiques, le monde a du souci à se faire...


J'ai un gros doute sur le fait que Napoléon Ier ai cru à l'efficacité des cavaliers asiatiques.

Sur un autre post, de ce forum, Drouet Cyril cite plusieurs commentaires de militaires français qui démontre le contraire :

viewtopic.php?f=55&t=26478&st=0&sk=t&sd=a

Bien à tous.

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Hugues de Hador.


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Message Publié : 30 Juil 2012 13:44 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 04 Avr 2012 13:14
Message(s) : 473
Localisation : Œkoumène
En lisant les nombreux posts de Drouet Cyril sur ce sujet et d'autres dans le forum, j'ai l'impression que Napoléon a dit (ou on lui a fait dire) tout et son contraire sur tous les sujets possibles. Alors deux conclusions possible : soit Napoléon était un rêveur fantasque et chimérique :!: soit beaucoup de ce qui lui est attribué est apocryphe. Je pencherai pour la deuxième conclusion.

_________________
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Albert Einstein


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Message Publié : 30 Juil 2012 15:21 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
C'est un homme des Lumières, il croit que l'humanité aborde une ère nouvelle tournée vers le progrès et à ce titre entreprend de changer le monde comme l'élite de sa génération. Toutes sortes d'idées lui viennent dans tous les domaines. Un monde nouveau va apparaitre !
Il faut se situer à cette époque: Napoléon ouvre la voix à tout un siècle qui va partir à la conquête du monde pour apporter ce bonheur "qui est une idée neuve en europe" disait Saint Just en l'an II. Il y réfléchit en permanence et pense monde.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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