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Le courage des aristocrates face à la mort
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Auteur :  peche [ 09 Fév 2011 11:28 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Vous pouvez rapprocher ça au fameux "flegme britannique".

Auteur :  Tonnerre [ 09 Fév 2011 14:00 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Citer :
C'était une croyance d'ancien régime que de croire que le courage était réservé au sang bleu, qui formait pour cela une catégorie à part. Les guerres de la révolution et de l'empire ont fait disparaître cette croyance dans l'esprit populaire.


Tout à fait, et c'est ce que j'ai essayé de développer plus haut: le lien courage/sang bleu dans l'opinion commune sous l'Ancien Régime.
La piste de l'anglomanie est intéressante mais la noblesse de province, la plus importante numériquement et donc celle qui a fourni les plus gros effectifs à la guillotine, était loin d'être anglomane, vivant à l'écart de ces modes parisiennes.
La respectable et austère noblesse de robe, sauf a l'échelon le plus élevé, ne devait pas donner tellement dans l'anglomanie non plus.
L'anglomanie concernait essentiellement la noblesse de cour, les riches anoblis et la haute noblesse.

Auteur :  Elgor [ 09 Fév 2011 17:02 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Cette noblesse de robe qui pour n'être pas d'épée a parfois eu ses héros tel que Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, avocat du roi et qui pour celà finit sur l'échafaud

Auteur :  La Saussaye [ 09 Fév 2011 18:00 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Enki-Ea a écrit :
Cher ami sans "e" serait plus conforme à la réalité, merci. :wink:


Oups, toutes mes excuses ! :oops:

Auteur :  Tonnerre [ 09 Fév 2011 18:36 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Citer :
Cette noblesse de robe qui pour n'être pas d'épée a parfois eu ses héros tel que Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, avocat du roi et qui pour celà finit sur l'échafaud


Bien sûr. Les gens de la noblesse de robe étaient généralement des gens de devoir.

Une autre piste qui vaut ce qu'elle vaut pour expliquer cette réputation de bonne tenue des aristocrates face à la guillotine tient peut être à leur éducation:
dans les classes dominantes--c'était autrefois une caractéristique de l'éducation donnée aux rejetons des élites dirigeantes--on apprenait aux enfants à maîtriser leurs émotions, à les cacher, à dissimuler leurs faiblesses, à ne pas larmoyer ni s'apitoyer sur eux mêmes , à faire bon visage et à sauver la face en toutes circonstances: un dominant, un chef militaire en particulier, doit rester droit dans ses bottes , impassible, inébranlable dans les situations les plus critiques, et c'est encore vrai de nos jours.
Ces nobles réputés courageux sur l'échafaud se tenaient bien droits, marchaient d'un pas ferme, cachaient leur peur animale sous un visage impassible.
Et même, et cela va plus loin, soi-disant, ils plaisantaient entre eux dans la charrette qui les emmenait, certains plaisantaient même avec le bourreau: cette (apparente) insouciance héroique n'était-elle pas une réaffirmation de la sociabilité propre à la noblesse (et à la haute bourgeoisie) de l'époque, de la légèreté, de la frivolité et du goût de l'esprit qui avaient cours dans les salons?
Et donc pour ces condamnés à mort, il s'agissait de ne rien changer aux façons de leur classe, de faire devant la mort comme si de rien n'était, de mourir galamment, avec panache comme étaient censés le faire des aristocrates: mourir comme on a vécu, donc rester des nobles jusque dans la mort.
Ca pouvait être une façon de narguer les révolutionnaires égalitaires qui avaient décrété que les nobles seraient désormais des ci-devant ordinaires: une dernière réaffirmation insolente de la supériorité native qu'ils s'attribuaient.
Cette tradition de la mort avec panache, qui est plus que simplement mourir avec courage, est aussi une image d'Epinal de la tradition militaire française et avec l'entrée de non nobles dans l'armée, elle a concerné aussi bien des roturiers que des officiers nobles.

Auteur :  Enki-Ea [ 10 Fév 2011 7:05 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

peche a écrit :
Vous pouvez rapprocher ça au fameux "flegme britannique".
Vous voulez dire que les aristocrates français qui allaient à l'échafaud étaient imprégnés de "flegme britannique", ce qui explique leur éventuel courage face à la mort? Puis-je vous demander sur quoi vous vous appuyez?
Le "flegme britannique" me semble une construction intellectuelle a posteriori et je ne suis pas sûr que les gens du XVIIIème siècle (Britanniques ou autres) en étaient conscients. Ceci dit, je peux me tromper.
Et même si c'était le cas, il faudrait montrer que la noblesse française de l'époque en était imprégnée (quelles sources en parlent?).
Bref, ça ne me paraît pas très historique tout ça...

Auteur :  Tonnerre [ 10 Fév 2011 10:29 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Citer :
Et même si c'était le cas, il faudrait montrer que la noblesse française de l'époque en était imprégnée (quelles sources en parlent?).
Bref, ça ne me paraît pas très historique tout ça...


Comme dit plus haut, l'anglomanie ne concernait qu-une partie de la haute noblesse et de la grande bourgeoisie, certainement pas la noblesse de province.
Et je pense en effet que le flegme britannique, quoique correspondant sans doute à une réalité psycho-culturelle antérieure, est un concept qui a été "inventé" au XIXe siècle. Je doute qu'on trouve l'expression auparavant.

Auteur :  bourbilly21 [ 31 Août 2020 15:06 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Un petit up

pendant la Terreur, le courage n'est pas le seul apanage des aristocrates (se souvenir des Carmélites de Compiègne)

et une belle scène cinéma chez Abel Gance dans son Napoléon mais j'ignore si elle est authentique ou non : le gardien de prison arrive avec sa liste quotidienne de condamnés à guillotiner et appelle : Beauharrnais !
Joséphine se présente toute pâle et voit venir aussi son mari (ou alors déjà séparés ? à vérifier)
Le gardien : "je n'ai qu'un Beauharnais sur ma liste, mettez vous d'accord"
et le mari, en baisant la main de sa femme lui dit "souffrez que pour une fois je vous précède"

Auteur :  Drouet Cyril [ 02 Sep 2020 8:22 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

bourbilly21 a écrit :
une belle scène cinéma chez Abel Gance dans son Napoléon mais j'ignore si elle est authentique ou non


C'est du cinéma. :wink:

Auteur :  bourbilly21 [ 02 Sep 2020 15:03 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Drouet Cyril a écrit :
bourbilly21 a écrit :
une belle scène cinéma chez Abel Gance dans son Napoléon mais j'ignore si elle est authentique ou non

C'est du cinéma. :wink:

Flûte alors, je sens que je vais me mettre en Koller lol lol

Auteur :  Vézère [ 03 Sep 2020 9:46 ]
Sujet du message :  Re: Le courage des aristocrates face à la mort

Tonnerre a écrit :
Comme dit plus haut, l'anglomanie ne concernait qu-une partie de la haute noblesse et de la grande bourgeoisie, certainement pas la noblesse de province.
Et je pense en effet que le flegme britannique, quoique correspondant sans doute à une réalité psycho-culturelle antérieure, est un concept qui a été "inventé" au XIXe siècle. Je doute qu'on trouve l'expression auparavant.

D'accord avec ce message vieux de 11 ans (!)
- le flegme britannique, localement le stiff upper lip, est un produit auto-proclamé et revendiqué de l'imaginaire victorien. Son acmé est pour moi le célèbre poème de Rudyard Kipling, If... you'll be a man, my son, publié en 1910.
- D'aucuns veulent le faire remonter à Shakespeare, à Drake et autres, mais en fait rien de plus saillant que ce que l'on trouve dans d'autres exploits militaro-littéraires européens.

à noter que cette lèvre supérieure rigide ne signifie exactement plus rien dans la société britannique actuelle, et j'ai lu un jour un sociologue qui affirmait que cette forte injonction morale au flegme a disparu d'un seul coup en 1997, à la mort de Lady Diana.
Moment où gouvernement et membres de la famille royale se sont, au contraire, positivement et publiquement, autorisés à montrer leur émotion. Depuis, nos voisins sont rentrés dans la normalité émotionnelle, ils déposent fleurs, bougies et pleurs comme tout le monde quand il y a un événement planétaire.

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