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Message Publié : 17 Avr 2011 17:46 
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Jean Mabillon
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En 1806, la Prusse prend l'initiative de la rupture politique avec la France. Poutant c'est Napoléon qui déclenche l'offensive qui balayse l'armée prussienne en quelques semaines. Quels étaient les plans des généraux de Frédéric-Guillaume ? pourquoi ont ils été surpris par Napoléon dont la présence en Allemagne était notoire et dont la méthode fondée sur la surprise et la mobilité était connue depuis 10 ans ?

Pourquoi la Prusse est elle entrée en guerre sans l'appui de la Russie ? et pourquoi la Russie a-t-elle attendue la défaite totale de la Prusse (fin novembre 1806) pour intervenir seule?


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Message Publié : 17 Avr 2011 20:05 
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Localisation : Bourgogne
Les témoignages d'époque dans les deux camps insistent sur un excès très prononcé de confiance parmi l'état-major prussien. Celui-ci est convaincu qu'à proximité de ses bases, avec le gros de ses forces - assez loin donc du scénario de 1792-1793 lors duquel l'armée de Brunswick avait été repoussée avec de très lourdes pertes - l'armée de Frédéric le Grand est invincible, surtout qu'on estime à Berlin que l'armée de l'"ogre corse" est surévaluée et qu'elle ne tiendra guère longtemps face aux vétérans prussiens rompus à l'ordre oblique.

Aussi, la Prusse commence cette guerre avec une légèreté criminelle : la concentration des forces est peu coordonnée, la planification des opérations se limite au lancement de quelques reconnaissances en force au-delà de la Saale et à l'articulation de l'armée en plusieurs corps à proximité de Weimar, on ne prévoit pas d'attendre l'allié russe. Le plan ? Il ne semble pas vraiment y en avoir, si ce n'est qu'on espère affronter la Grande Armée rapidement et la vaincre en rase campagne de manière décisive.
Bref, face à des Français rompus à la manoeuvre offensive, une approche suicidaire...

Quant aux Russes, leur arrivée tardive sur le théâtre d'opérations s'explique par les délais importants de concentration de leurs forces. La Russie étant un vaste espace sur lequel il est fastidieux de faire roquer des masses d'hommes conséquentes, des délais sont nécessaires pour regrouper, organiser, équiper les corps sélectionnés, puis d'autres pour leur faire rejoindre la frontière et le théâtre d'opérations.

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Message Publié : 18 Avr 2011 11:45 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Mai 2002 23:54
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Bonjour,

Globalement, l'armée prussienne, renforcée de vingt milles saxons, représentait une force de cent cinquante milles soldats allemands. Napoléon Bonaparte alignera cent quatre vingt milles soldats français de la Grande Armée. Les effectifs sont assez semblables.

Du point de vu stratégique. Ça été un hasardeux dans chaque camps.

D'un côté, on a des forces prussiennes divisées en trois masses assez éloignées les unes des autres. On a l'armée principale, aux ordres du duc de Brunswick. On a, en outre, l'armée secondaire, aux ordres du général Hohenlohe, d'un nombre de soldats similaire à l'armée principale. Et puis, on a une armée de réserve, aux ordres de Würtemberg. Ainsi, c'est très mal organisé de la part des chefs allemands puisque, la campagne commence à peine, que les généraux prussiens divisent leurs forces en les éloignant beaucoup trop les unes des autres. L'armée du prince Hohenlohe sera écrasée à Iena, dans le même temps l'armée de Brunswick sera battue par un maréchal Davout en pleine forme. L'armée de réserve de Würtemberg n'interviendra même pas et sera battue par Bernadotte à la bataille de la Halle quatre jours après. Au final, les masses prussiennes, divisées, séparées, trop éloignées les unes des autres, ont été vaincu en détail. Si les chefs allemands avaient eu l'audace de réunir, dès le début de la campagne, toutes leurs forces en une seule armée, le tout organisé en plusieurs corps assez proches les uns des autres, ils auraient pu vaincre un Davout isolé, un Bernadotte isolé, voir refouler, via des forces supérieures en nombre, un Napoléon.

D'un autre côté, l'armée française, dite à l'époque "Grande Armée", est commandée en chef par Napoléon Bonaparte, elle se divise en sept corps d'armée autonome, commandés par des maréchaux expérimentés, et qui reste d'ordinaire assez proches les uns des autres. Cependant, la volonté de Napoléon Bonaparte à vouloir agir sur les lignes de communications de l'adversaire et, ainsi, à vouloir couper toutes voix de retraites à l'ennemi, va amener à une situation stratégique où le 1er Corps de Bernadotte et le IIIeme Corps de Davout vont se retrouver un peu isolés du gros de l'armée française qui, lui, combattra à Iéna avec les IVeme (Soult), VIeme (Ney), Veme (Lannes), VIIeme (Augereau) Corps et la Garde. Heureusement, tout va se dérouler à merveille. La qualité des troupes françaises, bien entraînées et expérimentées, la qualité extrême du commandement de chaque Corps français, l'excellente tactique des chefs, vont permettre de vaincre les deux armées prussiennes de Brunswick et de Hohenlohe. La déroute complète de la seconde mettant dans le même état la première, une poursuite générale de la cavalerie anéantira complétement, en quatre semaines, la très large majorité des forces prussiennes. En outre des quarante milles soldats prussiens et saxons tués ou blessés, les troupes françaises vont réussir à capturer cent quarante milles soldats prussiens prisonniers.


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Message Publié : 18 Avr 2011 18:36 
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Outre la division en trois masses peu à même de s'épauler l'une l'autre, la qualité individuelle et collective n'est plus dans le camp prussien en 1806 : en dépit de l'énorme bourde - volontaire ? - de Bernadotte qui refuse d'assister Davout à Auerstadt alors que le 3e Corps combat à un contre trois, celui-ci réussit à l'emporter d'une manière éclatante qui fait de ce jour l'un des plus fastes de l'armée française.
La manoeuvre française n'est pas si aléatoire que ça : les deux corps de Bernadotte et de Davout sont capables de s'épauler et de se sortir d'un mauvais pas tout seuls, quand bien même ils affronteraient le gros de l'armée prussienne, serait-ce au prix d'une défaite tactique sans conséquence dramatique ; quant au gros de l'armée française, même si elle n'avait pas réussi à écraser son adversaire à Iena, le fait que Davout et Bernadotte jouent sur les lignes de communication de Brunswick suffit à assurer une victoire stratégique française sans combat - on se retrouve dans une configuration idéale, comme à Ulm en 1805, où la seule manoeuvre, aidée il est vrai par des combats partiels victorieux mais ne compromettant en rien le sort de la campagne quel que soit leur résultat, réussit à s'assurer d'une armée ennemie.

Jamais les Prussiens n'ont semblé en mesure de l'emporter en bataille rangée, ils étaient complètement surclassés dans la manoeuvre et manquaient grandement de "fighting spirit" comme le prouvera la déliquescence très rapide de leur force militaire, avec la fin de l'année 1806 - en dépit de l'opiniâtreté d'un Blücher jusqu'à Lübeck, du pari follement téméraire d'un Schiller et du fait qu'un faible corps de 25 000 hommes sous Lestocq, réorganisé en Prusse-orientale, combattra aux côtés des Russes en 1807.
Bref, leur entrée en guerre, motivée par les belliqueux de la cours autour de la reine, reposait sur un présupposé fallacieux : la supériorité au combat des armées prussiennes sur les armées françaises.
Je viens de me faire la réflexion qu'on est un peu dans la configuration inversée de l'été 1870 : les amateurs insouciants auxquels "il ne manque pas un bouton de guêtre" d'un côté, les professionnels rompus de l'autre.

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Message Publié : 18 Avr 2011 20:58 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
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et oui... ce n'était plus l'armée du Grand Frédéric, Iéna a vengé Rossbach !

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 18 Avr 2011 21:59 
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Localisation : Bourgogne
Et Auerstadt Minden ! :)

Mais bon, ils se sont bien rattrapés par la suite, les Teutons...

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Message Publié : 19 Avr 2011 8:20 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Citer :
Iéna a vengé Rossbach !


Jusque dans la pierre...

Mémoires de Savary :
« Nous partîmes de Naumbourg le lendemain pour venir à Mersbourg et Halle ; c'est dans cette marche que nous traversâmes le champ de bataille de Rosbach. L'empereur avait tellement dans la tête les dispositions de l'armée de Frédéric, et celles de la nôtre, qu'arrivé dans Rosbach même, il me dit: " Galoppez dans cette direction (il me l'indiquait) ; vous devez trouver à une demi-lieue d'ici la colonne que les Prussiens ont élevée en mémoire de cet événement."
Si la moisson n'eût pas été faite, je ne l'aurais pas trouvée, car cette colonne, placée au milieu d'une plaine immense, n'était pas beaucoup plus haute qu'une double borne semblable à celles qu'on met le long des quais et des ports pour fixer les bateaux.
Lorsque je l'eus trouvée, je mis mon mouchoir en l'air pour servir de direction à l'empereur, qui s'était écarté de son chemin pour parcourir le champ de bataille, et il vint effectivement la voir. Toutes les inscriptions étaient en partie effacées ; on avait de la peine à les lire.
L'empereur, voyant dans le lointain passer la division du général Suchet, lui envoya dire de faire enlever cette colonne, parce qu'il voulait la faire transporter à Paris. Le général Suchet y employa sa compagnie de sapeurs, qui, en un instant, mit la colonne sur trois ou quatre voitures. »


Vafflard avait peint l'évènement en 1810 :
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/KN0 ... 000117.jpg


Autres illustrations :
http://digital.library.mcgill.ca/napole ... B02335.jpg
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/10G ... 514903.jpg
http://www.napoleon-series.org/images/r ... pter6e.jpg


Le 17 mai 1807, eut lieu la translation aux Invalides de l'épée et des décorations du Grand-Frédéric et drapeaux prussiens conquis durant la dernière campagne.
A cette occasion, Fontanes fit référence à la colonne dans son discours :

"...Ce n'est point assez de vaincre pour ces invincibles légions, elles veulent encore, avec une magrianimité vraiment française, effacer jusqu'au souvenir des défaites de leurs ancêtres. Après avoir repris dans les arsenaux de l'Autriche l'armure de François Ier, captif à Pavie, elles ramènent à Paris cette colonne injurieuse qui s'élevait dans les champs de Rosbach, et font ainsi du monument de nos revers un nouveau monument de nos triomphes.
Quelques-uns des braves vétérans qui m'écoutent ont peut-être vu cette fatale journée où le talent des généraux n'a pas secondé la valeur des soldats. Ils se consoleront de leur défaite en attachant l'épée de leur vainqueur aux voûtes de ce temple. Cette épée reposera sous leur garde à côté du tombeau de Turenne, et quelquefois, la contemplant avec une joie mêlée de respect, ils se diront : « Si elle a vaincu les pères, elle fut conquise par les enfants. » L'aspect de ce trophée fera naître encore de plus graves réflexions sur les causes qui élèvent les trônes ou qui précipitent leur chute. Il redira sans cesse combien la mort ou la vie d'un seul homme peut ôter ou mettre du poids dans les destinées..."

L'arrivée des trophées le 17 mai 1807 :
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/NB1 ... 000687.jpg

En un peu plus gros (mais noir et blanc) :
http://jdh.oxfordjournals.org/content/v ... 10_ht.jpeg

On retrouve trace de la colonne de Rosbach dans un projet élaboré en 1807 visant à remplacer la fontaine du lion de Saint-Marc, face aux Invalides, par ledit monument. On proposait en effet de déplacer le lion de Saint-Marc sur la place des Vosges, et de réédifier à son emplacement la colonne de Rosbach, environnée de quatre fontaines terminées en obélisques sur lesquelles on graverait les noms des braves tombés lors de la campagne de Prusse ou des inscriptions en l’honneur de ces derniers.
Le projet n’aboutit pas. L’idée des Invalides plut cependant, et on envisagea de placer la colonne de Rosbach un peu plus loin sur l’esplanade : rue de l’Université, ou bien à l’extrémité de l’esplanade, sur les bords de Seine. Là encore, rien n’aboutit.
La colonne de Rosbach, arrachée d’un geste vengeur à la terre de Saxe, ne connut pas les vertes pelouses des Invalides et la fontaine du lion de Saint-Marc resta en place.

On perd alors trace de la colonne, et sa destinée, est restée jusqu'à nos jours, si je ne m'abuse, mystérieuse.
Une lettre de Denon semble l'indiquer du côté de Brest :

Denon au préfet du Finistère, 30 mai 1810 :
« On m'assure que la colonne dite de Rosback a été transportée à Brest après la bataille d'Yéna. Je vous prie, si cette assertion est vraye, de vouloir bien m'en envoyer un dessin sur lequel sera relaté sa hauteur et son diamètre. »

Quelqu'un aurait-il de plus amples informations sur ce qu'il advint de la colonne ?

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Message Publié : 19 Avr 2011 9:59 
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Plutarque
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CNE503 a écrit :
en dépit de l'énorme bourde - volontaire ? - de Bernadotte qui refuse d'assister Davout à Auerstadt alors que le 3e Corps combat à un contre trois, celui-ci réussit à l'emporter d'une manière éclatante qui fait de ce jour l'un des plus fastes de l'armée française.

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Concernant Bernadotte, son attitude en 1806 est tout sauf involontaire

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Message Publié : 19 Avr 2011 10:52 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Citer :
en dépit de l'énorme bourde - volontaire ? - de Bernadotte qui refuse d'assister Davout à Auerstadt alors que le 3e Corps combat à un contre trois


C'est aller bien vite en besogne concernant un dossier complexe qui est bien loin d'être clair.

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Message Publié : 19 Avr 2011 12:23 
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Salluste
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CNE503 a écrit :
Outre la division en trois masses peu à même de s'épauler l'une l'autre, la qualité individuelle et collective n'est plus dans le camp prussien en 1806 : en dépit de l'énorme bourde - volontaire ? - de Bernadotte qui refuse d'assister Davout à Auerstadt

Voila deux affirmations dont on peut dire, pour le moins, qu'elles sont faites à la légère.

Je ne suis pas sûr que les hommes de Davout, qui ont laissé le tiers des leurs sur le champ de bataille, considéraient les soldats prussiens comme de piètre qualité. Idem pour les témoignages sur le champ de bataille d'Iéna.

Si vous détaillez les combats des troupes prussiennes durant cette campagne, vous verrez qu'elles ne sont certainement pas toutes sans qualité; un autre exemple avec Lestocq qui reconduira Davout presque sur ses bases à Eylau, sans l'intervention (tardive) de Ney...?

D'autre part revoyez la façon dont les ordres sont communiqués et exécutés dans l'armée française de l'époque avant de relancer une énième fois la célébrissime "tarte à la crème" Bernadotte... une bataille n'est pas ce qu'on en raconte après mais bien plus ce que les ordres et leur exécution en font pendant son déroulement.


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Message Publié : 19 Avr 2011 14:01 
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Plutarque
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Inscription : 06 Août 2010 10:12
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Rigoumont a écrit :

Je ne suis pas sûr que les hommes de Davout, qui ont laissé le tiers des leurs sur le champ de bataille, considéraient les soldats prussiens comme de piètre qualité. Idem pour les témoignages sur le champ de bataille d'Iéna.



A Auerstaedt, il ne s'agit pas d'une question de qualité mais de quantité.

Quelles que soient les sources à propos de la bataille, les effectifs en présence sont clairement à l'avantage des prussiens, globalement de l'ordre de deux contre un (et c'est normal puisque le IIIème corps affrontait le gros de l'armée ennemie).
Les français ayant moins d'unités il était logique qu'elles fussent davantage éprouvées, du moins en proportion.
Encore qu'il faille nuancer, car si la division Gudin s'est fait étriller (environ 80% des pertes françaises), les deux autres ont connu des pertes plus légères.

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Message Publié : 19 Avr 2011 18:15 
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Salluste
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Inscription : 01 Nov 2007 21:45
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Localisation : Braine-L'Alleud (Belgique)
Oui, c'est vrai mais

- si ce n'était que de la quantité, ils n'auraient probablement pas autant causé de pertes (certes c'est une spéculation)
- les Prussiens commettent l'erreur de s'engager les uns après les autres et non en même temps (c'est d'ailleurs en partie logique vu que l'armée manœuvre et ne monte pas à l'assaut)
- les Prussiens auraient pu (dû?) gagner car le IIIe corps a résisté malgré un taux de pertes tout à fait exceptionnel. Si je ne pense pas que l'armée prussienne manquait vraiment de qualité, il est évident que le corps de Davout non plus! ;)


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Message Publié : 19 Avr 2011 18:21 
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Localisation : Bourgogne
La "tarte à la crème Bernadotte" ? L'intérêt de la structure du corps d'armée, c'est de permettre à chaque détachement d'être capable de subsister indépendamment et d'agir de manière autonome dans un combat de rencontre. En lançant le 1er et le 3e Corps sur les lignes d'opérations prussiennes, Napoléon lance une manoeuvre qui deviendra l'un de ses classiques, celle "sur les arrières" qui est le propre d'une bataille d'anéantissement. C'est risqué, parce que c'est compromettre une partie de son armée sans que le gros soit en mesure de lui porter secours. Mais les deux corps sont censés s'épauler. Oui mais voilà : le 1er Corps ne bouge guère pour assister son voisin, malgré les demandes d'aide de Davout.

Maintenant, si vous avez d'autres éléments qui contredisent cette vision des choses, je suis tout à fait prêt à les lire.

Dire que la qualité individuelle et collective était française plus que prussienne, je ne vois pas quelle est l'erreur : le résultat de la campagne prouve que les Français, collectivement, ont été bien supérieurs, tandis que le simple résultat d'Auerstadt exprime suffisamment que le soldat français a su se battre comme un lion et que les Prussiens lui ont été inférieurs, y compris dans la force morale qui a fait de ce jour une victoire française. Vous le dites d'ailleurs dans votre dernier message, les pertes françaises ont été tout à fait incroyables sans que le 3e Corps ne cède, ce qui souligne bien la valeur des soldats français de 1806.
Cela n'exclut pas quelques actes méritants isolés (que j'ai mentionné d'ailleurs : Blücher, Schiller, Lestocq), mais quand on voit que la citadelle de Stettin se rend à une poignée de hussards, je ne pense pas qu'on puisse dire, en généralisant bien sûr, que le Prussien de 1806 avait les valeurs martiales de ses pères et de ses petits-enfants (voire même celles qu'il aura en 1813).

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Message Publié : 19 Avr 2011 18:46 
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Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Il est aussi à noter que Napoléon ne semble pas s'être attendu à n'avoir face à lui que la partie la moins nombreuse de l'armée prussienne. Sa réflexion est restée célèbre : à l'officier de Davout qui lui rend compte d'Auerstaedt, l'empereur répond "dites à votre Maréchal qu'il y voie double" (ce qui était un gag assez nul dans la mesure ou Davout était en effet myope).

Il mettra plusieurs heures, rapports concordants en main, pour prendre l'exacte mesure des deux batailles concomittantes.

Pour ce qui est de la "tarte à la crème" en question, le fait est que l'habitude était alors dans l'armée française de marcher au canon. Bernadotte n'a pas marché au canon, voili voilou ...

Si à Durrenstein le général Dupont avait "non-réagi" de la même manière, il ne serait pas resté grand-chose de Mortier.

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

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Message Publié : 19 Avr 2011 21:09 
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Plutarque
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Inscription : 06 Août 2010 10:12
Message(s) : 137
Rigoumont a écrit :
Oui, c'est vrai mais

- si ce n'était que de la quantité, ils n'auraient probablement pas autant causé de pertes (certes c'est une spéculation)



Je vous l'accorde. Et elle est ô combien fantaisiste.

Rigoumont a écrit :
- les Prussiens commettent l'erreur de s'engager les uns après les autres et non en même temps (c'est d'ailleurs en partie logique vu que l'armée manœuvre et ne monte pas à l'assaut)



ça, c'est parce qu'ils ont manoeuvré comme des citrouilles ! lol (aurait pu dire Marbot)

Rigoumont a écrit :
- les Prussiens auraient pu (dû?) gagner car le IIIe corps a résisté malgré un taux de pertes tout à fait exceptionnel. Si je ne pense pas que l'armée prussienne manquait vraiment de qualité, il est évident que le corps de Davout non plus! ;)


Les prussiens ne pouvaient absolument pas gagner en 1806 pour un ensemble de raisons : stratégie grossière et inadaptée face à Napoléon, tactique désuète héritée de la guerre de 7 ans de la ligne face à des nuées de tirailleurs français, généraux dépassés, ... etc

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