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Message Publié : 21 Avr 2011 11:10 
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Plutarque
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Drouet Cyril a écrit :
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n'a-t-il pas répliqué au capitaine Trobriand, ajoutant ainsi le mépris à son attitude inconséquente : "... que votre Maréchal n'ait pas peur !"
Furieux, Trobriand s'exclamera : "Mais sacrebleu, depuis 8h du matin jusqu'à 16h que mon Maréchal s'est battu comme un lion contre des forces écrasantes, il a bien assez prouvé qu'il n'avait pas peur !"


A noter que le rapport de Trobriand, jusqu'alors curieusement... inconnu, n'a été publié qu'en 1879 par la fille de Davout qui déclara à cette occasion l'avoir reçu en 1861, soit 55 ans après les faits (Trobriand avait à cette date 81 ans). De forts doutes reposent sur ce document depuis que l'étude de Titieux sur ce point, au début du siècle dernier.

Au chapitre des reproches (et là, pas de rapports sortis de grands chapeaux), on peut citer la lettre de Napoléon en date du 23 octobre :
"Je reçois votre lettre. Je n'ai point l'habitude de récriminer sur le passé, puisqu'il est sans remède. Votre corps d'armée ne s'est pas trouvé sur le champ de bataille, et cela eût pu m'être très funeste. Cependant, après un ordre très précis, vous deviez vous trouver à Dornburg, qui est un des principaux débouchés de la Saale, le même jour que le maréchal Larmes se trouvait à léna, le maréchal Augereau à Kahla, et le maréchal Davout à Naumburg. Au défaut d'avoir exécuté ces dispositions, je vous avais fait connaître, dans la nuit, que, si vous étiez encore à Naumburg, vous deviez marcher sur le maréchal Davout et le soutenir. Vous étiez à Naumburg lorsque cet ordre est arrivé ; il vous a été communiqué, et cependant vous avez préféré faire une fausse marche pour retourner à Dornburg, et, par là, vous ne vous êtes pas trouvé à la bataille, et le maréchal Davont a supporté les principaux efforts de l'armée ennemie. Tout cela est certainement très malheureux. Les circonstances se sont offertes depuis de donner des preuves de votre zèle ; il s'en offrira d'autres encore où vous pourrez donner des preuves de vos talents et de votre attachement à ma personne."

J'aimerais connaître votre analyse de ce document, s'il vous plait ? :wink:


Pas de pb, mon cher Cyril, mais avant toute chose pourriez vous m'en dire un peu plus à propos de ce Maréchal Larmes que je ne connais pas ? .... :wink:

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« A mon avis, les généraux qui meurent à la guerre commettent une faute professionnelle. »
Henri JEANSON

« Je ne considère pas Napoléon comme un personnage supérieur par l’esprit, le jugement ou la valeur ; c’est un personnage de second plan. »
Hudson LOWE (1769-1844), comique britannique méconnu


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Message Publié : 21 Avr 2011 11:33 
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Fustel de Coulanges
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Lannes. :oops: :wink:

Et Titeux et non Titieux.

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Message Publié : 21 Avr 2011 18:18 
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Rigoumont,

Quand bien même il a reçu la demande d'aide de Davout tardivement, a-t-il levé le petit doigt pour lui venir en soutien ? Que nenni. Pouvait-il être sûr que le combat s'achèverait le soir, ne reprendrait pas le matin, que le 3e Corps n'aurait pas besoin d'un appui, d'un élément en mesure de le recueillir à proximité d'Auerstadt si jamais la situation tournait mal ? Que nenni.

Outre que j'ai toujours lu que les ordres reçus par Bernadotte, bien que relativement flous - ce qui est assez dans la manière d'un Napoléon Ier en ouverture de campagne, alors que les renseignements sont encore lacunaires et qu'il cherche justement le contact afin d'établir les contours du dispositif ennemi - lui intimaient de soutenir Davout, sa passivité et son absence de compréhension de la situation opérative à l'instant t soulignent à quel point sa compétence peut être remise en cause.
Si ce n'était pas un habitué, soit, mais Bernadotte, depuis les guerres révolutionnaires, ce n'est quand même pas le maréchal le plus prolifique de Napoléon Ier...

Pour les autres maréchaux qui jouent de chance ou de malchance dans cette ouverture de campagne, c'est le propre de la guerre en ce début de XIXe d'être pleine de "frictions", le brouillard de guerre laissant de vastes zones d'ombre qui peuvent amener le plan le mieux pensé et le mieux orchestré à capoter. Ce qui me semble être à reprocher à Bernadotte, ce n'est pas sa malchance, ni même son indécision face à une situation peu claire, c'est sa mauvaise volonté à aller au secours d'un homologue en difficulté, alors même que les ordres généraux - corrigez moi si je me trompe - en ce début de campagne sont de chercher l'ennemi. L'ennemi est trouvé, mais Bernadotte ne bouge pas ?
Je ne suis pas convaincu, et c'est un euphémisme, que le futur roi de Suède ne mérite pas les suspicions qui entourent son talent militaire à partir de 1805...

CNE503

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Message Publié : 21 Avr 2011 19:26 
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Salluste
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CNE503 a écrit :
Quand bien même il a reçu la demande d'aide de Davout tardivement, a-t-il levé le petit doigt pour lui venir en soutien ? Que nenni. Pouvait-il être sûr que le combat s'achèverait le soir, ne reprendrait pas le matin, que le 3e Corps n'aurait pas besoin d'un appui, d'un élément en mesure de le recueillir à proximité d'Auerstadt si jamais la situation tournait mal ? Que nenni.

Napoléon l'attire à lui par Dornburg et Davout le rappelle (oublions les heures un moment), à qui doit-il obéir?

Revenons aux horaires, Bernadotte n'a pas de nouvelle dans la matinée du 14. Donc lorsque Davout lui envoie un message, il ne peut plus arriver sur le champ de bataille le jour même.
Imaginons qu'il fasse demi-tour quand même, il marche vers Davout qui gagne sa bataille en fin d'après-midi bien avant l'arrivée de Bernadotte et là, bien sur, personne n'aurait écrit:

"Il n'était ni à Iéna, ni à Auerstaedt".
"Il y a mis de la mauvaise volonté".

...

Citer :
Outre que j'ai toujours lu que les ordres reçus par Bernadotte, bien que relativement flous - ce qui est assez dans la manière d'un Napoléon Ier en ouverture de campagne, alors que les renseignements sont encore lacunaires et qu'il cherche justement le contact afin d'établir les contours du dispositif ennemi

Oui, les ordres sont flous et Bernadotte choisit l'option que l'empereur "préfère", il est prudent, il ne veut pas déplaire, il obéit - pas les autres?
Citer :
- lui intimaient de soutenir Davout,

Non, l'autorisait à le faire (en second choix en quelque sorte), s'ils étaient encore ensemble, mais l'empereur "le préférait" à Dornburg.
L'empereur croit l'ennemi en retraite près de Weimar pour aller vers Magdeburg et Davout n'est pas inquiet car ses reconnaissance ne trouvent pas l'armée principale (qu'il croit donc, comme tout le monde, face à Lannes). Bernadotte va donc tout naturellement marcher là où "l'empereur le préfère".
Citer :
sa passivité et son absence de compréhension de la situation opérative à l'instant t soulignent à quel point sa compétence peut être remise en cause.

Il ne s'agit pas de sa compétence mais de son obéissance. Nous sommes dans l'armée impériale, pas dans un wargame.
Justement il n'est pas si passif puisqu'il remet son corps épuisé en marche le 13 au soir pour aller au plus vite vers Napoléon.
Citer :
Si ce n'était pas un habitué, soit, mais Bernadotte, depuis les guerres révolutionnaires, ce n'est quand même pas le maréchal le plus prolifique de Napoléon Ier...

Je ne comprends pas ce que vous voulez dire ici...

Citer :
Pour les autres maréchaux qui jouent de chance ou de malchance dans cette ouverture de campagne, c'est le propre de la guerre en ce début de XIXe d'être pleine de "frictions", le brouillard de guerre laissant de vastes zones d'ombre qui peuvent amener le plan le mieux pensé et le mieux orchestré à capoter. Ce qui me semble être à reprocher à Bernadotte, ce n'est pas sa malchance, ni même son indécision face à une situation peu claire, c'est sa mauvaise volonté à aller au secours d'un homologue en difficulté, alors même que les ordres généraux - corrigez moi si je me trompe - en ce début de campagne sont de chercher l'ennemi. L'ennemi est trouvé, mais Bernadotte ne bouge pas ?

Oui, l'ennemi est trouvé, devant Lannes et Napoléon l'appelle; Bernadotte vient. S'il n'avait pas bougé, il serait avec Davout en compagnie duquel il était encore le 13 au matin!

Citer :
Je ne suis pas convaincu, et c'est un euphémisme, que le futur roi de Suède ne mérite pas les suspicions qui entourent son talent militaire à partir de 1805...

C'est votre droit et je ne suis pas d'accord avec vous. ;)

Bernadotte a de l'ambition mais Napoléon à pris le dessus en 1799. Il essayera donc de lui plaire (faire carrière si vous voulez) en essayant d'obéir au mieux aux ordres - cela ne remet pas en cause ses talents militaires puisque ce sont ceux de Napoléon qu'il essaye de réaliser - comme les autres maréchaux d'ailleurs.


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Message Publié : 21 Avr 2011 20:52 
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Afin d'avancer dans ce débat, il conviendrait d'avoir les ordres exacts que l'empereur a donné à Bernadotte.

De même, il faudrait que l'on s'accorde, par le biais d'une source objective, sur les circonstances claires et précises (heure, détail du message, etc) par lesquelles Davout a fait part à son homologue du 1er Corps de sa situation périlleuse, et enfin qu'on connaisse la position exacte du corps de Bernadotte à ce moment-là.

Cela n'exonère pas Bernadotte d'une erreur dans tous les cas : il savait dans quelle situation était le 3e Corps et a préféré complaire aux ordres de l'empereur ? Soit. Je connais des généraux qui ont été sévèrement châtiés pour ce genre de manque d'initiative, même quand ils obéissaient aux ordres les plus stricts. Bernadotte était un professionnel et il ne pouvait pas ne pas savoir que l'empereur n'avait diffusé ses ordres que sur des données incomplètes, et que le prédicament dans lequel se trouvait Davout n'avait pas été anticipé ; il ne pouvait pas ne pas savoir que les 1er et 3e Corps devaient agir de concert, adossés l'un à l'autre, et non individuellement. Les Allemands, plus tardivement, récompenseront ceux qui désobéiront sciemment et obtiendront des résultats supérieurs à ceux attendus, initiant par là une Auftragstaktik que l'empereur ne pouvait pas décourager à son époque, compte tenu de la manière dont était conçue son armée et dont se faisait la guerre (avec une autonomie parfois très large des commandants de corps). Bernadotte aurait exécuté ses ordres avec trop de zèle ? Peut-être, mais il n'en est pas moins fautif au vu de l'évolution de la situation, ayant privé l'armée française du concours de son corps d'armée en une journée aussi décisive.

CNE503

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Message Publié : 22 Avr 2011 7:10 
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Salluste
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Drouet Cyril a écrit :
Au chapitre des reproches (et là, pas de rapports sortis de grands chapeaux), on peut citer la lettre de Napoléon en date du 23 octobre :
...

J'aimerais connaître votre analyse de ce document, s'il vous plait ? :wink:

Toute la clarté qui manque au message du 13 envoyé à Davout et Bernadotte - je dirais jusqu'à un certain point à juste titre puisque rien n'est très sûr concernant la position des Prussiens - semble ici évidente.
Il est fait reproche à Bernadotte de n'avoir combattu nulle part le 14 mais nous sommes le 23 et tous les faits sont alors connus!
Lorsqu'il reçoit le message de Davout le 15, Napoléon ne sait même pas qu'il a livré bataille et croit qu'il avait face à lui, la veille, toute l'armée prussienne - je pense qu'il fera même une remarque sur la mauvaise vue de Davout à ce propos... - et maintenant, il va reprocher à un maréchal d'avoir obéit à un ordre alors qu'il eut été mieux ailleurs.
Responsable mais pas coupable, on connait la chanson.

Ceci dit, puisque vous demandez mon avis, je trouve que Bernadotte aurait pu peut-être agir autrement, avec plus d'initiative comme le feront les Néerlandais en juin 1815 par exemple mais nous sommes dans l'armée française sous l'empire et l'empereur ne dévoila pas ses plans aux subordonnés (pas même à Berthier qui est une sorte de "super-secrétaire") et il existe maintes citations de lui rappelant qu'un général doit uniquement suivre les ordres qu'il lui donne.
Un système très (trop) rigide et très (trop) centralisé qui n'est efficace que si peu d'erreurs sont commises par le chef et les transmission sont quasi parfaites.
Si en 1805 et 1806 (comme ici) on a vu quelques imperfections, 1807 montrera des lacunes, 1812 les limites et 1815 les failles d'un tel système.

CNE503 a écrit :
Les Allemands, plus tardivement, récompenseront ceux qui désobéiront sciemment et obtiendront des résultats supérieurs à ceux attendus, initiant par là une Auftragstaktik que l'empereur ne pouvait pas décourager à son époque...

Oui, probablement qu'il n'aurait pas dû la décourager avec des lieutenants comme il avait à sa disposition mais alors cela revenait à leur reconnaitre une supériorité sur lui ayant changé des ordres que lui avait donné pour agir mieux - comme on sait que son pouvoir il le tenait essentiellement de et par l'armée et que c'est sa réputation de stratège qui en faisait le "chef naturel", c'est probablement un choix politique que de ne pas reconnaître à d'autre le fait de lui avoir été supérieur à certains moments au moins...


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Message Publié : 22 Avr 2011 8:53 
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Rigoumont a écrit :
Oui, probablement qu'il n'aurait pas dû la décourager avec des lieutenants comme il avait à sa disposition mais alors cela revenait à leur reconnaitre une supériorité sur lui ayant changé des ordres que lui avait donné pour agir mieux - comme on sait que son pouvoir il le tenait essentiellement de et par l'armée et que c'est sa réputation de stratège qui en faisait le "chef naturel", c'est probablement un choix politique que de ne pas reconnaître à d'autre le fait de lui avoir été supérieur à certains moments au moins...


Mmmmh, j'avoue que je connais moins le système de commandement de l'armée française sous l'Empire qu'ultérieurement, au XXe et au XXIe siècles. Mais si la ligne officielle de Napoléon, en tant que monarque appuyant son trône sur l'armée, ne saurait être autre que cella que vous décrivez, la réalité des opérations devait être au moins partiellement autre - la guerre en ce début de XIXe le voulait.

Je sais qu'en 1812, le manque de capacités de certains de ses généraux (à commencer par son frère) conforteront l'idée qu'en dehors du génie de l'empereur, point de salut ; que les défaillances de ses lieutenants en Espagne en 1809-1811 et en Allemagne en 1813 souligneront les limites de ceux-ci, et donc l'importance d'être tenus "rênes serrés" ; et que l'échec de Belgique en 1815, avec des Ney, Drouet d'Erlon et Grouchy qui évoluent là où on ne veut pas qu'ils soient, illustrent en effet les faillites du système Napoléon.
Mais en 1805-1806, avec des maréchaux largement capables d'opérer en autonomie (Davout le prouve, Lannes de même, et Soult se défend - ce n'est pas le cas d'un Ney qui n'est qu'un super divisionnaire a contrario), et surtout avec des lacunes de renseignement que l'empereur ne peut ignorer (en début de campagne, c'est obligatoire, la cavalerie n'a pas encore eu le temps de "battre l'estrade" et de le collecter, encore moins de le faire remonter*), l'autonomie partielle des corps d'armée est impérative. A mon sens, l'interprétation, au moins minimale, des ordres face au terrain (après tout, "le terrain commande" et l'empereur n'est pas face au terrain) était naturelle. C'est en cela que Bernadotte me paraît réellement fautif : il n'a pas adapté ses ordres au terrain.

Mais effectivement, il est facile d'agir ainsi quand on a au-dessus un chef faible. Avec l'empereur, se tromper, c'est la disgrâce...

CNE503

* puisque vous parlez des campagnes de 1807 et de 1812-1813, la nuisance des cosaques fut énorme et largement supérieure, à mon sens, à celle qu'on leur attribue : leurs nuées ont paralysé à maintes reprises l'action de la cavalerie légère, rendant l'empereur aveugle et l'empêchant d'adapter ses plans au plus juste. C'est pour cela qu'une large autonomie aurait été préférable à bien des égards dans ces campagnes au vu de la faillite de la fonction renseignement.

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Message Publié : 22 Avr 2011 9:37 
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Plutarque
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Drouet Cyril a écrit :

De forts doutes reposent sur ce document depuis que l'étude de Titieux sur ce point, au début du siècle dernier.

Au chapitre des reproches (et là, pas de rapports sortis de grands chapeaux), on peut citer la lettre de Napoléon en date du 23 octobre :
"Je reçois votre lettre. Je n'ai point l'habitude de récriminer sur le passé, puisqu'il est sans remède. Votre corps d'armée ne s'est pas trouvé sur le champ de bataille, et cela eût pu m'être très funeste. Cependant, après un ordre très précis, vous deviez vous trouver à Dornburg, qui est un des principaux débouchés de la Saale, le même jour que le maréchal Larmes se trouvait à léna, le maréchal Augereau à Kahla, et le maréchal Davout à Naumburg. Au défaut d'avoir exécuté ces dispositions, je vous avais fait connaître, dans la nuit, que, si vous étiez encore à Naumburg, vous deviez marcher sur le maréchal Davout et le soutenir. Vous étiez à Naumburg lorsque cet ordre est arrivé ; il vous a été communiqué, et cependant vous avez préféré faire une fausse marche pour retourner à Dornburg, et, par là, vous ne vous êtes pas trouvé à la bataille, et le maréchal Davont a supporté les principaux efforts de l'armée ennemie. Tout cela est certainement très malheureux. Les circonstances se sont offertes depuis de donner des preuves de votre zèle ; il s'en offrira d'autres encore où vous pourrez donner des preuves de vos talents et de votre attachement à ma personne."

J'aimerais connaître votre analyse de ce document, s'il vous plait ? :wink:


Pour ce qui est de la lettre de Napoléon, je ne sais pas trop quoi en dire.

Quant à Titeux, j'avais lu son analyse il y a quelque temps, mais je trouve sa vision assez partisane. De mémoire il critique notamment Napoléon qui se refusait à dévoiler le détail de sa stratégie à ses subordonnés. Il en déduit que c'est une faute et que si Napoléon avait été tué durant la campagne, cela aurait entraîné la déroute de l'armée française...
Je trouve l'argument bien spécieux dans la mesure où compte tenu de ses talents de stratège, la perte de Napoléon risquait à tout moment de remettre en cause la moindre campagne en cours (sans compter le risque d'ébranler le régime), et ce que Napoléon communique ou non le fond de sa pensée à ses officiers.

CNE503 a écrit :
Je ne suis pas convaincu, et c'est un euphémisme, que le futur roi de Suède ne mérite pas les suspicions qui entourent son talent militaire à partir de 1805...

CNE503


Entièrement d'accord.
De toute façon, on pourra gloser longtemps sur le sens des ordres donnés par Napoléon, sur la marge d'autonomie laissée aux maréchaux, etc... Il n'en reste pas moins que Bernadotte qui se trouve le 14 entre Iéna et Auerstaedt ne participe à aucune des deux batailles, alors que les deux villes sont distantes de 20km. La marche au son du canon vers l'un ou l'autre des champs de bataille était tout sauf impossible. Absoudre Bernadotte pour sa non participation à Auerstaedt ne règle pas le problème de son absence sur le champ de bataille d'Iéna

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Message Publié : 22 Avr 2011 11:47 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Citer :
Pour ce qui est de la lettre de Napoléon, je ne sais pas trop quoi en dire.


Dommage... :rool:
C'est pourtant un document important puique nous sommes ici dans la première phase des reproches (qui ont commencé véritablement si je ne m'abuse deux jours plus tôt) ; reproches qui se poursuivront jusqu'à Sainte-Hélène, où Napoléon n'hésitera pas à parler de trahison concernant l'attitude de Bernadotte en ces journées d'octobre 1806 ; et reproches et argumentaires qui seront ensuite souvent aveuglément suivis par les partisans de Napoléon (et si le très douteux témoignage de Trobriand est en poche, c'est encore mieux lol ) soucieux d'assombrir une fois de plus le très très vilain Bernadotte.

Pour ce qui est de la lettre, j'ai peu de temps pour l'intant, mais je vous en dirai quand même deux trois choses sous peu.

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Message Publié : 22 Avr 2011 17:54 
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Pierre de L'Estoile
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cf l'apostrophe de Davout à Napoléon :"si votre misérable Ponte Corvo n'avait fait déboucher ne serait-ce qu'une tête de colonne, j'aurais 10 000 hommes de plus au service de la France" !

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 22 Avr 2011 19:49 
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Salluste
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bourbilly21 a écrit :
cf l'apostrophe de Davout à Napoléon :"si votre misérable Ponte Corvo n'avait fait déboucher ne serait-ce qu'une tête de colonne, j'aurais 10 000 hommes de plus au service de la France" !

Davout se trouvait encore avec Bernadotte le 13 et avait manœuvré derrière lui la première semaine. Il connait sans doute assez bien le Ier corps.
Comment peut-il penser qu'une simple tête de colonne d'un corps de 3 divisions comptant au total 18500 hommes le 12 puisse compter 10000 hommes.
D'autre part, ce reproche s'adresse-t-il à Bernadotte ou à Napoléon? Et je pose très sincèrement la question.


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Message Publié : 22 Avr 2011 20:23 
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Rigoumont,

Si une tête de colonne de Bernadotte s'était montrée, 10 000 braves du 3e Corps seraient encore de ce monde, parce que le 1er Corps aurait accéléré la défaite prussienne à Auerstadt, ce qui aurait de ce fait limité les pertes du 3e Corps.
C'est comme ça, je pense, qu'il faut comprendre la phrase attribuée au duc d'Auerstadt.

Pour le second élément de votre message, l'adjectif "misérable" accolé à Ponte-Corvo indique assez que le reproche virulent est fait à Bernadotte, et non à l'empereur...

Je maintiens que dans ce débat, l'incompréhension repose sur le fait que vous pensez que Bernadotte n'aurait pu s'affranchir des ordres de l'empereur qu'il n'a finalement fait qu'exécuter ; et que je dis que les directives de l'empereur étaient assez floues pour être interprétées "face au terrain", en fonction de renseignements et d'éléments supplémentaires à ceux dont disposaient l'empereur au moment où il arrêtait ses plans.

Je persiste, parce que si un commandant de corps n'avait pas la hauteur de vue nécessaire pour différencier l'accessoire de l'essentiel et ne savait pas évaluer son propre rôle dans la manoeuvre générale, il était d'un bien piètre niveau (et tout particulièrement quand on sait que le système des corps a été institué pour décentraliser une partie de la manoeuvre du général en chef à des généraux en second plus à même de "décider dans l'incertitude" une fois le plan général arrêté).

Encore une fois, ce qui serait très utile, ce serait de connaître :
- in extenso, les ordres donnés par Napoléon à Bernadotte à l'ouverture de la campagne et jusqu'au 14 octobre 1806 ; de manière corollaire, la place des 1er et 3e Corps dans la manoeuvre générale de l'armée française (intention de l'empereur et effet majeur, mission aux subordonnés, etc).
- la position précise des unités de Bernadotte le 14 octobre 1806 à l'aube, afin de savoir si le 1er Corps pouvait rejoindre Auerstadt et/ou Iena dans un délai acceptable (20km, comme le dit un contributeur, c'est trois à quatre heures de marche forcée).
- quand et de quelle manière le 3e Corps appelle le 1er à l'aide, et la position du 1er Corps à cet instant précis.

En attendant d'être plus ample informé, je pense qu'on tournera rapidement en rond, vu qu'on défend chacun de son côté des positions tout à fait défendables : la logique de l'obéissance aux ordres reçus, sacro-sainte jusqu'à très récemment et l'introduction du concept d'"ordres illégaux" dans le sillage de la moralisation des conflits, et de toute évidence en vigueur Napoleono Regnante ; la logique du commandement par objectifs (Auftragstaktik) et la subsidiarité du commandement, inévitable au sein d'une armée efficiente dans le cadre de la manière de faire la guerre en ce début de XIXe siècle (déficiences structurelles de la fonction renseignement, de la fonction synthèse opérationnelle, absence d'une structure "manoeuvre future" sauf au plus haut niveau, c'est-à-dire chez l'empereur, limitations des communications à la vitesse du cheval et encore, avec la possibilité d'interprétation humaine, etc).

Cordialement,

CNE503

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Message Publié : 22 Avr 2011 20:59 
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Je ne sais pas ce qu'elle vaut pour la véracité, mais en tout cas elle est claire et facile à lire : http://www.napoleonicminiatureswargame. ... /nap29.jpg

A minuit le matin du 14 octobre 1806, Bernadotte est à trois miles (cinq kilomètres) à l'est de Davout, au sud de Naumburg.

http://www.napoleonicminiatureswargame. ... /nap30.jpg

A 10h00, il a progressé de six à huit miles (dix à quinze kilomètres) vers le sud, dépassé Camburg et approche Dornburg. Hélas la carte ne dit pas quand il s'est mis en mouvement, mais on peut supposer que c'est vers six heures pour la tête de son corps. Il se trouve désormais à quinze à vingt kilomètres par route, huit à dix à vol d'oiseau, de Kösen, le point de passage sur la Saale qui lui permettrait de rejoindre Davout. Soit trois à quatre heures à marche forcée (un peu plus en prenant en compte les délais nécessaires à la conversion de son corps vers le nord, et encore un peu pour assurer le franchissement de la Saale et rejoindre le 3e Corps). Sachant qu'à 14h00, la bataille s'achève par une victoire décisive du 3e Corps sur l'armée principale prussienne, ce qui laisse supposer que même avec à propos, à partir de 10h00, le 1er Corps ne peut plus intervenir utilement en appui du 3e.

Par contre, il est à Dornburg sur un point de passage sur la Saale (soit trois à cinq kilomètres dans le dos de l'aile gauche prussienne - une heure de marche inclus le franchissement, et sans avoir à réorganiser la marche du 1er Corps) qui lui permettrait de faire irruption dans le dos de l'armée d'Hohenlohe que Napoléon achève d'étriller à Iena... Sachant que l'armée d'Hohenlohe se désagrège à partir de 14h00 (heure à laquelle la cavalerie française commence à charger pour sabrer et capturer), cela laissait tout de même trois heures pour intervenir et accroître encore les gains français.

Je ne connais pas la durée d'écoulement du 1er Corps, ni si ses positions successives sur les cartes sont effectives, rendent compte de sa tête ou de sa queue, etc. C'est donc très approximatif.

CNE503

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Message Publié : 22 Avr 2011 22:39 
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Plutarque
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Rigoumont a écrit :
bourbilly21 a écrit :
cf l'apostrophe de Davout à Napoléon :"si votre misérable Ponte Corvo n'avait fait déboucher ne serait-ce qu'une tête de colonne, j'aurais 10 000 hommes de plus au service de la France" !

Davout se trouvait encore avec Bernadotte le 13 et avait manœuvré derrière lui la première semaine. Il connait sans doute assez bien le Ier corps.
Comment peut-il penser qu'une simple tête de colonne d'un corps de 3 divisions comptant au total 18500 hommes le 12 puisse compter 10000 hommes.
D'autre part, ce reproche s'adresse-t-il à Bernadotte ou à Napoléon? Et je pose très sincèrement la question.


Curieux raisonnement : après avoir critiqué Napoléon et pris la défense de Bernadotte, voilà que vous vous en prenez à Davout
N'y aurait il pas un parti pris de départ ?
Quant à votre remarque, comme le dit CNE503, il s'agit des troupes de Davout et non de l'apport potentiel de la tête de colonne du Ier corps.

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« A mon avis, les généraux qui meurent à la guerre commettent une faute professionnelle. »
Henri JEANSON

« Je ne considère pas Napoléon comme un personnage supérieur par l’esprit, le jugement ou la valeur ; c’est un personnage de second plan. »
Hudson LOWE (1769-1844), comique britannique méconnu


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Message Publié : 23 Avr 2011 0:24 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Je vais tenter d’en dire un peu plus sur la lettre de Napoléon à Bernadotte en date du 23 octobre.
Je la retranscris à nouveau :

« Je reçois votre lettre. Je n'ai point l'habitude de récriminer sur le passé, puisqu'il est sans remède. Votre corps d'armée ne s'est pas trouvé sur le champ de bataille, et cela eût pu m'être très funeste. Cependant, après un ordre très précis, vous deviez vous trouver à Dornburg, qui est un des principaux débouchés de la Saale, le même jour que le maréchal Lannes se trouvait à léna, le maréchal Augereau à Kahla, et le maréchal Davout à Naumburg. Au défaut d'avoir exécuté ces dispositions, je vous avais fait connaître, dans la nuit, que, si vous étiez encore à Naumburg, vous deviez marcher sur le maréchal Davout et le soutenir. Vous étiez à Naumburg lorsque cet ordre est arrivé ; il vous a été communiqué, et cependant vous avez préféré faire une fausse marche pour retourner à Dornburg, et, par là, vous ne vous êtes pas trouvé à la bataille, et le maréchal Davout a supporté les principaux efforts de l'armée ennemie. Tout cela est certainement très malheureux. »




Napoléon commence par ce premier reproche :
« Cependant, après un ordre très précis, vous deviez vous trouver à Dornburg, qui est un des principaux débouchés de la Saale, le même jour que le maréchal Larmes se trouvait à léna, le maréchal Augereau à Kahla, et le maréchal Davout à Naumburg. »

Si je ne m’abuse, l’Empereur fait ici référence à sa lettre écrite à Berthier le 12 octobre à 4 heures du matin. Or, la missive en question n’indiquait pas une marche de Bernadotte sur Dornburg mais sur Naumbourg :
« Donnez ordre au maréchal Davout de partir de sa position pour se diriger sur Naumburg, où il arrivera le plus vite qu'il pourra, en tenant cependant toujours ses troupes en situation de combattre.
[…]
Le prince Murat et le maréchal Bernadotte ont ordre également de se rendre à Naumburg, mais de suivre la route de Zeitz.
Le maréchal Lannes, de Neustadt, se rend sur Iéna. Le maréchal Augereau se rend sur Kahla. Le maréchal Ney sera à Mittel. »


Ainsi, le 12 au soir, le 1er corps était à Meineweh, entre Zeith et Naumbourg (où est arrivé Davout à 21 heures).
Ce n’est en fait que le lendemain, 13 octobre, à 9 heures du matin que le corps de Bernadotte se vit donner Dornburg comme objectif.
Napoléon à Murat, 13 octobre, 9 heures du matin :
« Enfin le voile est déchiré; l'ennemi commence sa retraite sur Magdeburg. Portez-vous le plus tôt possible avec le corps de Bernadotte sur Dornburg, gros bourg situé entre Iéna et Naumburg. Venez-y surtout avec vos dragons et votre cavalerie.
[…]
Je crois que l'ennemi essayera d'attaquer le maréchal Lannes à Iéna, ou qu'il filera. S'il attaque le maréchal Lannes, votre position à Dornburg vous permettra de le secourir. »

Murat reçut cet ordre à Naumbourg, à 16 heures. Bernadotte en fut avertit un peu plus tard, alors qu’il n’avait pas atteint la cité. Bernadotte se mit alors en marche aux alentours de 18 heures dans la direction de Dornburg. A 20 heures, suite à une missive de Davout annonçant de prochains ordres de l’Empereur dans le cas où Lannes n’aurait pas été attaqué dans l’après-midi, Bernadotte avertit Berthier qu’il stoppait son mouvement (chose qui était envisageable, comme le montre la lettre de 22 heures dont je vais bientôt parlé). Le 1er corps se trouvait donc dans la nuit du 13 au 14 encore aux alentours de Naumbourg.

Dans sa lettre du 23 octobre, l’Empereur poursuit ainsi :
« Au défaut d'avoir exécuté ces dispositions, je vous avais fait connaître, dans la nuit, que, si vous étiez encore à Naumburg, vous deviez marcher sur le maréchal Davout et le soutenir. »

Ici, Napoléon fait référence à la lettre écrite le 13 octobre à 22 heures :
« Le maréchal Bernadotte avait reçu l'ordre de se rendre à Dornburg. Il est très nécessaire qu'il s'y soit rendu. Mais si cependant il se trouvait à Naumburg, ce serait une raison de plus de se mettre en route pour exécuter les dispositions suivantes, qui est de vous rendre à Apolda avec tout votre corps d'armée pour tomber dans les derrières de l'ennemi, si l'on se bat, comme tout porte à le penser.
D'Apolda, vous vous porterez partout où se trouvera le feu. L'ennemi a laissé voir aujourd'hui une nombreuse armée, la gauche appuyée à une lieue de Iéna et la droite à Weimar. Par votre mouvement vous tomberez droit sur ses derrières.
Vous entendrez probablement la canonnade qui vous portera à activer votre marche, mais vous aurez soin de marcher toujours en ordre de manière à pouvoir recevoir des charges de cavalerie. Vous suivrez, pour faire cette manœuvre, la route qui vous conviendra, mais l'important est de prendre part au combat.
Si le maréchal Bernadotte se trouvait avec vous, vous pourriez marcher ensemble. Mais l'Empereur espère qu'il sera dans la position qu'il lui a indiquée à Dornburg. »


Napoléon, le 23, poursuit ainsi :
« Vous étiez à Naumburg lorsque cet ordre est arrivé ; il vous a été communiqué, et cependant vous avez préféré faire une fausse marche pour retourner à Dornburg »

Ce fut en effet l’option que Bernadotte jugea bon de prendre. Il se justifia de cette manière le 21 octobre suivant :
«Ce n’est que à 4 heures du matin que j’eus communication de votre lettre au Maréchal Davout, dans laquelle il était dit que l’Empereur tenait beaucoup à que je fusse à Dornburg »

Napoléon y tenait beaucoup, certes ; mais ce qu’"oublie" Bernadotte, c’est que l’Empereur misait sur cette situation à 22 heures (ce qui pouvait du coup découler sur un potentiel passage de Saale dès l’aube) et non pour 11 heures du matin (heure à laquelle le marchal arriva finalement à Dornburg).
De plus, l’éventualité de la présence du 1er corps à Naumbourg avait des conséquences qui apparaissent assez claires :
«Mais si cependant il se trouvait à Naumburg, ce serait une raison de plus de se mettre en route pour exécuter les dispositions suivantes, qui est de vous rendre à Apolda avec tout votre corps d'armée pour tomber dans les derrières de l'ennemi, si l'on se bat, comme tout porte à le penser. »

Mais, plus loin, on peut lire ceci :
« Si le maréchal Bernadotte se trouvait avec vous, vous pourriez marcher ensemble. »
Ici, le caractère impératif et net des directives n’est plus si évident.

Finalement, Napoléon termine ainsi :
« par là, vous ne vous êtes pas trouvé à la bataille, et le maréchal Davont a supporté les principaux efforts de l'armée ennemie. »

La marche fut en effet particulièrement lente et ne permit pas à Bernadotte d’intervenir à Iéna.
Il convient de plus d’ajouter qu’ici, l’Empereur raisonne après les faits et que dans la nuit du 13 au 14, il n’a pas une juste appréciation de la répartition des forces ennemies et que pour lui, la manœuvre d’Apolda doit permettre de tomber sur les arrières de l’ennemi au moment du choc principal qui doit avoir lieu face à Iéna. C'est aussi au regard de cette situation que l'on doit appréhender la décision, lourde de conséquence, de Bernadotte de marcher finalement sur Dornburg.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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