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Champollion a écrit :
Mais le stratège prussien note que dans ce cas, Napoléon connaissait surtout mal son adversaire, le tsar.
Je trouve ceci très intéressant car cette phrase vise à rompre le stéréotype du militaire qui s'assoit sur la psychologie et privilégie l'action toujours brutale.
Napoléon avait toutes les cartes pour "connaître" Alexandre Ier mais là encore, il est resté sur des impressions totalement infondées, voire tenant de la bêtise véhiculée par certains.
Autre chose récurrente chez l'empereur : il ne se donne pas la peine de "connaître" l'autre. Alors suffisance ? Aveuglement ? Désintérêt ? Limite ? Manque de finesse ? De subtilité ? Certain de sa force brutale ? Que celle-ci "paie" et paiera toujours ? Je l'ignore.
A contrario, Alexandre Ier s'est un peu plus penché sur l'homme Bonaparte : rien de bien exceptionnel, son éducation et son cheminement l'ont habitué au jauger l'autre et ses limites. J'écris "jauger" pas "tester". Ceci Alexandre le fait depuis l'enfance entre deux cour, puis l'adolescence entre deux personnes qui lui sont chères et à l'âge adulte mis devant le fait accompli et avoir pensé cette action, l'avoir souhaitée etc.
Il a vite compris que sur un champ de bataille là n'était pas le bon terrain de jeu. Il a su laisser des personnes -certaines lui étaient pourtant insupportables- faire le travail militaire.
On avait besoin de lui pour dynamiser en paroles, il a obéit et servit là où il pouvait faire avancer les choses.
Ceci un Napoléon Bonaparte était dans l'incapacité de le faire. Déjà parce-que le conflit était son "fond de pouvoir". C'est bien de vouloir la paix et de le faire savoir mais pas dans des conditions telles que celles que bien souvent il présentait.
Maintenant, quelle que fut la "présentation", cette paix n'aurait pas été acceptée car, il était impensable de traiter avec cet homme sorti du rang sans risquer de remettre en cause énormément de chose et notamment -pour certains- une assise pluri-séculaire.
L'approche de NB concernant les hommes tenait simplement du bon sens. Il ne pouvait percevoir certaines nuances, on le voit avec le tsar, on le verra à Sainte Hélène dans son comportement avec sa dernière cour. Enfin, un type qui lance son chapeau avec l'espoir que le descendant de Pierre "le Grand" le ramasse, il y a tout de même une approche un peu grossière.
En ce domaine même un Fouché ou un Talleyrand lui étaient nettement supérieurs.
Fouché grâce à ses dossiers, Talleyrand à son esprit délié.
Ce n'est pas non plus une question de naissance : un Pierre III ou un Paul Ier avaient des jugements similaires. Là encore, le cheminement de ces hommes explique beaucoup.
Alors bien sûr, pour l'essentiel, c'est
a posteriori mais il existait tout de même -au repos- une/des réflexion(s) qui auraient eu lieu d'être chez l'empereur.
Il a voulu s'attacher un Alexandre Ier. Raté. Il ne pouvait en être autrement sur la longueur et j'imagine que Napoléon s'est vu "trahi" par un "couard" ou autre. Et bien non, à ce jeu il faut reconnaître qu'Alexandre a essayé mais il existe des limites.
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