Bonjour,
Jefferson a écrit :
Les bras m'en tombent !
Y aurait-il mort d'homme ?
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La vraie révolution sociale, c'est 1792.
La "vraie révolution sociale" ? J'ai lu que justement la Révolution n'avait guère laissé de place au côté social d'où le désintérêt voire la désaffection puis le ras le bol de la province rurale puis urbaine à l'exception de certaines villes (Bordeaux, Marseille, Lyon etc.) qu'il faudrait traiter au cas par cas.
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Pour ma part, je pense l'inverse : que la Révolution a été faite pour le peuple entre 1792 et 1794, et uniquement à ce moment là.
Il se pourrait que l'on ait pas à faire avec "une" révolution mais deux voire trois ?
Une naissance de 87 à 89, une révolution constituante (jusqu'aux journées d'octobre), une révolution "Nouvelle France" (91-92) avec des réformes et la dynamique révolutionnaire continue jusqu'à atteindre un point de non retour (mort de Louis XVI ? Début des affrontements entre jacobins ? Le conflit larvé éclate et vu la dynamique interne ajoutée à la pression externe, il ne pourra en rester qu'un) ? La philosophe de l'action ne laisse guère de place à l'imagination.
Je ne doute pas de la pertinence du concept "peuple", je ne comprends pas "qui" est le "peuple" dont le mot est mis à toutes les sauces, cautionne tout et son contraire, dont on se servira pour justifier le pire mais rarement le meilleur.
Quel pourcentage du "peuple" sait lire et écrire ? Dans quelle tranche sociale se trouve-t-il exactement ? Les sans-culottes représentent le "peuple" ? Lorsque je vois leur image, le trait est-il forcé ? Existe-t-il une mode "sans-culotte" avec pique et pantalon rayé au bas non ourlé, histoire de se reconnaître entre personnes d'une même pauvreté ? Il semble que penser au niveau "sans culottes" est un luxe voire une marque "aristocrate", on agit : c'est le "peuple" avec ses débordements instinctifs, on pourrait même dire un peu primaire. Alors l'exigence d'une constitution, j'ai un peu de mal.
Votre exemple de la pétition du Champs de Mars avec ses signatures montre que le "peuple" sait signer donc écrire. Je suis loin du "peuple" auquel je songeais : plus souvent rural (majorité oblige), illettré, astreint à la besogne et dont les discours politiques n'amènent pas la pitance, incapable de se réjouir d'une liberté non expliquée donc non comprise et une oreille tendue pour l'égalité, infantilisé depuis des siècles, le "peuple" est masculin et compense son inculture par le souvenir collectif et la transmission orale.
Comment un homme comme Robespierre peut encore citer Rousseau ? On ne peut invoquer l'utopie, les représentants sont souvent avocats, juristes etc. (il suffit de se référer à la liste des Girondins, je crois me souvenir d'un médecin et de quelques artisans, si peu...). Il semble que certains aient compris que Rousseau, Voltaire & C°, c'est bien mais que aucun demain n'étant assuré, il est donc temps d'en croquer.
Je ne souscris à aucune idéologie ou alors comme Monsieur Jourdain : sans le savoir.
Nul besoin d'idéologie pour comprendre que la Montagne seule aux manettes, Robespierre et ses proches risquaient ce style de "raccourci". Chacun étant suspect à l'autre, une partie semble vouloir travailler et une autre se perd en discussions. Il est obligatoire d'assister aux discussions pour ne pas perdre le fil des évènements, le travail est remis. On ne peut se concentrer dans la peur, laisser quelque chose de pérenne sous la pression. D'un autre côté le "peuple" veut ! Il est incontournable d'avoir en ces moments "plein pouvoir". Certains y voient une "dictature" preuve en est la "dictature" cesse avec le 9 Thermidor et la fin du tyran. Non, on se jette dans les bras d'une autre, la France des notables en attendant mieux ou pire... Je n'y vois encore nulle idéologie mais un constat.
L'évidence appelle le pragmatisme. Il faut parfois considérer qu'il est vital d'amputer au plus vite, l'amputation est un acte pragmatique.
Il y aura toujours une élite, c'est incontournable. Le tout est, lorsque l'on fait partie de cette élite, de savoir servir au mieux en tenant compte des besoins "d'en bas" plus que des exigences "d'en haut" mais l'équilibre est précaire et il apparait que là encore il faille se jouer des deux, l'un contre l'autre, survie oblige. On pense instinctivement la vie, il faut apprendre à penser la mort.