Jerôme a écrit :
Que penser du ralliement des paysans des Alpes et de Bourgogne ainsi que des ouvriers de Lyon et Grenoble ?
Le peuple a eu son rôle dans le retour de l’Aigle mais il convient de le relativiser.
Pour ce qui est des sujets de mécontentement, on peut évoquer les désillusions liées à la politique fiscale (imposée par l’énorme dette laissée par l’Empire) mais également les peurs relatives au rétablissement de l’Ancien Régime. Napoléon s’est d’ailleurs bien gardé de ne pas jouer sur cette corde.
Proclamation aux habitants des Hautes et Basses-Alpes (6 mars 1815) :
« Mon retour dissipe toutes vos inquiétudes ; il garantit la conservation de toutes les propriétés. L'égalité entre toutes les classes, et les droits dont vous jouissez depuis vingt-cinq ans, et après lesquels nos pères ont tant soupiré, forment aujourd'hui une partie de votre existence. »
Propos rapportés par la presse (Laffrey, le7 mars 1815) :
« Demandez à vos pères; interrogez tous ces habitants qui arrivent ici des environs : vous apprendrez de leur propre bouche la véritable situation des choses. Ils sont menacés du retour des dîmes, des privilèges, des droits féodaux et de tous les abus dont vos succès les avaient délivrés. N'est-il pas vrai, paysans ? »
Propos rapportés par la presse (Grenoble, le 8 mars 1815) :
« Je viens éloigner [des campagnes] pour toujours les souvenirs du régime féodal, du servage et de la glèbe »
Proclamation aux habitants de l’Isère (9 mars 1815) :
« Citoyens, lorsque, dans mon exil, j'appris tous les malheurs qui pesaient sur la nation, que tous les droits du peuple étaient méconnus »
Considérants du décret du 13 mars portant sur la dissolution de la Chambre des Pairs et de la Chambre des Communes :
« Considérant que la chambre des Pairs est composée en partie des personnes qui ont porté les armes contre la France et qui ont intérêt au rétablissement des droits féodaux, à la destruction de l'égalité entre les différentes classes, à l'annulation des ventes des domaines nationaux, enfin à priver le peuple des droits qu'il a acquis par vingt-cinq ans de combats contre les ennemis de la gloire nationale;
Considérant que les pouvoirs des Députés au Corps législatif étaient expirés, et que dès lors la chambre des Communes n'a plus aucun caractère national;
Qu'une partie de cette chambre s'est rendue indigne de la confiance de la nation1, en adhérant au rétablissement de la noblesse féodale abolie par les constitutions acceptées par le peuple, en faisant payer par la France des dettes contractées à l'étranger pour tramer des coalitions et soudoyer des armées contre le peuple français, en donnant aux Bourbons le titre de rois légitimes; ce qui était déclarer rebelles le peuple français et les armées, proclamer seuls bons Français les émigrés qui ont déchiré pendant vingt-cinq ans le sein de la patrie, et violer tous les droits du peuple en consacrant le principe que la nation était faite pour le trône et non le trône pour la nation »
Décret du 13 mars 1815 :
« Art. 1er. Tous les généraux et officiers de terre et de mer, dans quelque grade que ce soit, qui ont été introduits dans nos armées depuis le 1er avril 1814, qui étaient émigrés, ou qui, n'ayant pas émigré, ont quitté le service au moment de la première coalition, quand la patrie avait le plus grand besoin de leurs services, cesseront sur-le-champ leurs fonctions, quitteront les marques de leur grade et se rendront au lieu de leur domicile. »
Décret du 13 mars 1815 :
« Art. 1er. Tous les émigrés qui n'ont pas été rayés, amnistiés ou éliminés par nous ou par les gouvernements qui nous ont précédé, et qui sont rentrés en France depuis le 1er janvier 1814, sortiront sur-le-champ du territoire de l'empire. »
Décret du 13 mars 1815 :
« Art. 1er. La noblesse est abolie, et les lois de l'Assemblée constituante seront mises en vigueur.
Art. 2. Les titres féodaux sont supprimés ; les lois de nos assemblées nationales seront mises en vigueur. »
Jerôme a écrit :
Et pourquoi les militaires se sont ils soulevés si aisément alors qu'ils devaient quand même être assez conscients de l'incapacité de la France à tenir tête à l'Europe entière
Au fossé creusé entre l'armée et le nouveau régime; s'ajoutait le souvenir des années glorieuses. A noter que les rumeurs portant sur le soutien de l'Autriche à l'entreprise de Napoléon ont pu aussi jouer dans le sentiment que la guerre pouvait être évitée.