Citer :
Iéna a vengé Rossbach !
Jusque dans la pierre...
Mémoires de Savary :
« Nous partîmes de Naumbourg le lendemain pour venir à Mersbourg et Halle ; c'est dans cette marche que nous traversâmes le champ de bataille de Rosbach. L'empereur avait tellement dans la tête les dispositions de l'armée de Frédéric, et celles de la nôtre, qu'arrivé dans Rosbach même, il me dit: " Galoppez dans cette direction (il me l'indiquait) ; vous devez trouver à une demi-lieue d'ici la colonne que les Prussiens ont élevée en mémoire de cet événement."
Si la moisson n'eût pas été faite, je ne l'aurais pas trouvée, car cette colonne, placée au milieu d'une plaine immense, n'était pas beaucoup plus haute qu'une double borne semblable à celles qu'on met le long des quais et des ports pour fixer les bateaux.
Lorsque je l'eus trouvée, je mis mon mouchoir en l'air pour servir de direction à l'empereur, qui s'était écarté de son chemin pour parcourir le champ de bataille, et il vint effectivement la voir. Toutes les inscriptions étaient en partie effacées ; on avait de la peine à les lire.
L'empereur, voyant dans le lointain passer la division du général Suchet, lui envoya dire de faire enlever cette colonne, parce qu'il voulait la faire transporter à Paris. Le général Suchet y employa sa compagnie de sapeurs, qui, en un instant, mit la colonne sur trois ou quatre voitures. »
Vafflard avait peint l'évènement en 1810 :
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/KN0 ... 000117.jpg
Autres illustrations :
http://digital.library.mcgill.ca/napole ... B02335.jpg
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/10G ... 514903.jpg
http://www.napoleon-series.org/images/r ... pter6e.jpg
Le 17 mai 1807, eut lieu la translation aux Invalides de l'épée et des décorations du Grand-Frédéric et drapeaux prussiens conquis durant la dernière campagne.
A cette occasion, Fontanes fit référence à la colonne dans son discours :
"...Ce n'est point assez de vaincre pour ces invincibles légions, elles veulent encore, avec une magrianimité vraiment française, effacer jusqu'au souvenir des défaites de leurs ancêtres. Après avoir repris dans les arsenaux de l'Autriche l'armure de François Ier, captif à Pavie, elles ramènent à Paris cette colonne injurieuse qui s'élevait dans les champs de Rosbach, et font ainsi du monument de nos revers un nouveau monument de nos triomphes.
Quelques-uns des braves vétérans qui m'écoutent ont peut-être vu cette fatale journée où le talent des généraux n'a pas secondé la valeur des soldats. Ils se consoleront de leur défaite en attachant l'épée de leur vainqueur aux voûtes de ce temple. Cette épée reposera sous leur garde à côté du tombeau de Turenne, et quelquefois, la contemplant avec une joie mêlée de respect, ils se diront : « Si elle a vaincu les pères, elle fut conquise par les enfants. » L'aspect de ce trophée fera naître encore de plus graves réflexions sur les causes qui élèvent les trônes ou qui précipitent leur chute. Il redira sans cesse combien la mort ou la vie d'un seul homme peut ôter ou mettre du poids dans les destinées..."
L'arrivée des trophées le 17 mai 1807 :
http://www.photo.rmn.fr/LowRes2/TR1/NB1 ... 000687.jpg
En un peu plus gros (mais noir et blanc) :
http://jdh.oxfordjournals.org/content/v ... 10_ht.jpeg
On retrouve trace de la colonne de Rosbach dans un projet élaboré en 1807 visant à remplacer la fontaine du lion de Saint-Marc, face aux Invalides, par ledit monument. On proposait en effet de déplacer le lion de Saint-Marc sur la place des Vosges, et de réédifier à son emplacement la colonne de Rosbach, environnée de quatre fontaines terminées en obélisques sur lesquelles on graverait les noms des braves tombés lors de la campagne de Prusse ou des inscriptions en l’honneur de ces derniers.
Le projet n’aboutit pas. L’idée des Invalides plut cependant, et on envisagea de placer la colonne de Rosbach un peu plus loin sur l’esplanade : rue de l’Université, ou bien à l’extrémité de l’esplanade, sur les bords de Seine. Là encore, rien n’aboutit.
La colonne de Rosbach, arrachée d’un geste vengeur à la terre de Saxe, ne connut pas les vertes pelouses des Invalides et la fontaine du lion de Saint-Marc resta en place.
On perd alors trace de la colonne, et sa destinée, est restée jusqu'à nos jours, si je ne m'abuse, mystérieuse.
Une lettre de Denon semble l'indiquer du côté de Brest :
Denon au préfet du Finistère, 30 mai 1810 :
« On m'assure que la colonne dite de Rosback a été transportée à Brest après la bataille d'Yéna. Je vous prie, si cette assertion est vraye, de vouloir bien m'en envoyer un dessin sur lequel sera relaté sa hauteur et son diamètre. »
Quelqu'un aurait-il de plus amples informations sur ce qu'il advint de la colonne ?