Squalll a écrit :
Si on essaye de recontextualiser ces massacres,comment peut-on expliquer ce déchaînement de violence ? L'aspect guerre colonial peut sans doute expliquer les choses, mais il ne me semble pas suffisant.
Ben si on veut recontextualiser, le contexte n'est autre que la Révolution française.
Les esclaves
marrons (
i.e. évadés vivant dans les forêts) ont organisé des révoltes à partir d'août 1791. A comparer aux châteaux brûlés de la Grande Peur de l'été 1789.
En 1792, l'Assemblée proclame l'égalité des droits, avec à peu près les mêmes effets pratiques que en France. Les troubles et les règlements de compte s'intensifient.
En 1793, l'Espagne envahit la partie française de l'île, comme Brunswick a marché sur la France.
Révoltes de locaux soutenus par l'étranger: comme en Vendée, il faut écraser cela dans le sang.
Dans ce b...l généralisé, comme en France, une personnalité puissante apparaît, Toussaint Louverture, qui a de grandes ambitions de conquête et d'indépendance. Il envahit la partie espagnole de l'île. En 1801, il se proclame "Gouverneur à vie".
Evidemment, je grossis le trait pour montrer le cheminement parallèle entre la France métropolitaine et sa perle des Antilles. Evidemment, il y a un élément de différence à prendre en compte: il y avait à Saint-Domingue 9 esclaves pour un homme libre (toutes couleurs confondues), ce qui est à n'en pas douter une spécificité énorme!
Mais je ne crois pas qu'il y ait grand chose de plus à chercher du côté du
contexte.Squalll a écrit :
Ces derniers temps, je vois dans certains groupes d'extrême droite le massacre des blancs d'Haïti être également instrumentalisé
C'est la première fois que j'entends parler de massacres de Blancs spécifiquement. Mon aïeul avait un petit frère dans l'artillerie à Saint-Domingue, on n'a plus eu de nouvelles de lui à partir de 1790. On disait sobrement dans la famille qu'il avait du faire partie des morts des troubles de la Révolution, personne n'a parlé de "chasse aux blancs" ou quoi que ce soit.
Les blancs ne formaient pas une caste à part, ils faisaient partie de l'ultra-minorité des hommes libres -métropolitains, colons, esclaves affranchis, métis...
Comme tout le monde, ils étaient divisés entre royalistes ou républicains, mais surtout entre pro ou anti-anglais (pour la sûreté de la navigation, les tarifs douaniers avantageux), pro ou anti-espagnols (pour l’administration dans l'île), ou carrément autonomistes. Dans ces programmes politiques, l'avenir imaginé pour les esclaves pouvait varier, depuis main-d'oeuvre corvéable à merci jusqu'à citoyen à part entière, en passant par masse populaire aisément manipulable par un tribun.
Squalll a écrit :
Il y a quelques années, le livre de Claude Ribbe, qui accusait Napoléon d'avoir planifié un génocide, .
Bof. Les spécialistes de Napoléon du forum répondront mieux que moi. Je dirais simplement que Napoléon a rétabli l'ordre républicain, à la dure, comme il l'a fait en d'autres occasions. Il n'y a pas plus de génocide à chercher-là que sur les marches de l'église Saint-Roch à Paris.