Forum Histoire - Passion Histoire
http://www.passion-histoire.net/

Execution du Duc D'Enghien
http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=55&t=5894
Page 1 sur 3

Auteur :  Reichstadt [ 07 Sep 2005 23:03 ]
Sujet du message :  Execution du Duc D'Enghien

Beaucoup n'ont pas pardonne a Napoleon l'execution du Duc d'Enghien, considerant qu'il s'agissait d'un odieux assassinat que rien ne justifiait.
Il me semble cependant que cette execution politique etait un mal necessaire qui a contribue a renforcer et perenniser l'Empire contre le peril legitimiste.

Qu'en pensez-vous?

Auteur :  Pilayrou [ 08 Sep 2005 5:21 ]
Sujet du message :  Vincennes

Je n'ai pas voté. Cette exécution à la sauvette est trop horrible. Bonaparte n'avait qu'à le faire trancher en place publique.

Maintenant, vive Badinter.

Auteur :  Julien sapori [ 08 Sep 2005 13:51 ]
Sujet du message : 

Par rapport à l'affaire du duc d'Enghien, la position de Fouché qui, rappellons-le, au moment des faits, était en disgrâce auprès de Napoléon et n'avait plus aucune fonction gouvernementale, est intéressante. On attribue au duc d'Otrante ces commentaires :
-"C'est plus qu'un crime, c'est une faute !" (Mémoires de Fouché - 1824).
-"C'est un coup de fusil inutilement lâché !" (Lewis Goldsmith, Histoire secrète - 1814).
Fouché était donc résolument opposé à l'enlèvement et à l'exécution du duc d'Enghien. C'est une preuve supplémentaires non seulement des grades qualités politiques de cet homme d'état, mais également de sa bienveillance foncière, incline par nature à la tolérence et au pardon. Pourtant, son image est aujourd'hui encore injustement dénigrée, alors que le commanditeur de cette affaire tragique est toujours considéré comme le plus grand homme de l'histoire de France.

Auteur :  Reichstadt [ 08 Sep 2005 15:10 ]
Sujet du message : 

Faut pas pousser quand meme! Cela ne coutait rien assurement a Fouche de critiquer Napoleon sur ce sujet dans ses memoires apres la fin de l'Empire... Fouche n'etait pas non plus un enfant de coeur!! (massacres a Lyon pendant la Revolution...)

Auteur :  Julien sapori [ 08 Sep 2005 16:17 ]
Sujet du message : 

Lewis Goldsmith était un royaliste et a écrit ses mémoires en 1814 : en aucun cas, on ne peut lui reprocher d'avoir voulu prendre la défense de Fouché. Le duc d'Otrante n'eut aucune part dans l'enlèvement et l'assassinat du duc d'Enghien bien qu'il en tira objectivement profit car cet évenement démontra la nécessité de remplacer l'incompétant Savary par l'adroit Fouché. Son plus grand biographe, Madelin, a écrit : "Ce meutre lui étant profitable [à Fouché], on en conclut, malgré certains témoignages, qu'il l'avait conseillé."
Par ailleurs, je suis content d'avoir suscité votre réaction concernant l'appréciation générale sur le personnage Fouché. Vous avez raison de rappeler son implication dans la répression à Lyon : c'est effectivement un point obscur dans sa vie qui n'a jamais été tout à fait éclairé : quel fut son rôle exect par rapport au premier responsable, Collot d'Herbois ?
Par la suite, une fois devenu ministre, son stratégie apparaît beaucoup plus clairement et tout à fait à son avantage : opposé à la guerre en Espagne, à l'expédition de Russie, il fut chassé du gouvernement en 1810 car il cherchait à nouer des relations avec Londres afin de mettre fin à l'état de guerre ; en 1815 il évita la guerre civile en favorisant le retour de Louis XVIII. Par la suite, il essaya, en vain, de concilier les acquis de la révolution avec ceux de la monarchie - ce fut le grand projet de la monarchie de juillet. Il avait une conception très moderne de la police, alliant l'efficacité au respect des règles "déonthologiques" (comme on dirait aujourd'hui) - c'est lui qui envoya en 1800 la fameuse circulaire aux préfets leur rappellant "combien il est dangereux de faire des arrestations sur de simples soupçons."
Bref, un grand homme d'état - avec toutefois un épisode dans sa vie, obscur et insufisamment étudié à ce jour : les massacres de Lyon.

Auteur :  Lamy [ 11 Sep 2005 18:48 ]
Sujet du message :  Re: Execution du Duc D'Enghien

Reichstadt a écrit :
Il me semble cependant que cette execution politique etait un mal necessaire qui a contribue a renforcer et perenniser l'Empire contre le peril legitimiste.
Qu'en pensez-vous?

Mais .... Justement !
Cette exécution a eu le malheur de renforcer l'Empire contre le gouvernement légitime de la France : La famille de France ...
Napoléon a voulu brûler ses vaissaux en creusant un fossé infranchissable entre ses fidèles et une éventuelle Restauration ...
Le fossé de sang est un procédé courrant dans le processus révolutionnaire : il est le point de non retour par exellence ...
Maintenant, parler de "pérenniser" l'empire contre le camp royalistes ... c'est un peu fort non ? l'un a duré 10 ans, l'autre ...plus de 1000 ans !

Auteur :  La Rochejaquelein [ 26 Sep 2005 20:41 ]
Sujet du message : 

C'est une des reproches dont je fais à Napoléon.

Les royalistes pensaient qu'il allait être le Monk français, ce "régicide" fut un signale comme quoi il n'allait pas être le Monk.
Talleyrand a aussi encouragé cet assassinat.

Auteur :  Roy-Henry [ 26 Sep 2005 20:57 ]
Sujet du message : 

La Rochejaquelein a écrit :
C'est une des reproches dont je fais à Napoléon.

Les royalistes pensaient qu'il allait être le Monk français, ce "régicide" fut un signale comme quoi il n'allait pas être le Monk.
Talleyrand a aussi encouragé cet assassinat.


Les espérances royalistes furent déçues bien avant...

Je rappelle contexte: de son propre aveu, Artois entretenait une centaine d'assassins dans Paris pour éliminer le 1er Consul.

Ayant eu vent qu'un prince devait débarquer en France (info donnée par Fouché) pour prendre la tête d'une insurrection royaliste, Napoléon résolut de faire un exemple: il n'était pas de la canaille que l'on pend à la croisée des chemins. Son sang valait celui des princes. Il rappela aux Bourbon que la terre de Corse était celle de la Vendetta...

Les deux frères de l'ancien roi comprirent l'avertissement. Les projets d'assassinat furent remisés aux oubliettes...

Auteur :  Lamy [ 27 Sep 2005 14:28 ]
Sujet du message : 

Citer :
Les deux frères de l'ancien roi comprirent l'avertissement. Les projets d'assassinat furent remisés aux oubliettes...

Je ne savais pas ce détail, mais j'avoue que ces derniers Bourbon ne remontent pas dans mon estime : la prise de risque fait partie du role royal, Louis XVI l'a compris, pas les autres ...

Auteur :  Enzolior-Lassalle [ 22 Oct 2005 13:06 ]
Sujet du message : 

il faut souligner que Napoléon lui même a régrétté cette exécution bien qu'il l'assume par courage

Auteur :  Talleyrand [ 26 Nov 2005 21:41 ]
Sujet du message : 

Le problème de toutes mémoires est qu'elles sont écrites après coup. Dsl mais il est avéré que Fouché à très certainement glissé le non du duc à Napoléon.

Auteur :  grognard1 [ 30 Juin 2009 9:15 ]
Sujet du message :  Re:

Citer :
Par rapport à l'affaire du duc d'Enghien, la position de Fouché qui, rappellons-le, au moment des faits, était en disgrâce auprès de Napoléon et n'avait plus aucune fonction gouvernementale, est intéressante. On attribue au duc d'Otrante ces commentaires :
-"C'est plus qu'un crime, c'est une faute !" (Mémoires de Fouché - 1824).

il me semble que c'est Talleyrand qui a utilisé cette expression...

Auteur :  Brennos [ 10 Juil 2009 10:47 ]
Sujet du message :  Re: Execution du Duc D'Enghien

Bonjour,

Julien sapori a écrit :
Fouché était donc résolument opposé à l'enlèvement et à l'exécution du duc d'Enghien.


Lors du conseil réunit par Bonaparte en ce 10 mars 1804, Cambacéres prêchait aussi la modération.

Enzolior-Lassalle a écrit :
il faut souligner que Napoléon lui même a régrétté cette exécution bien qu'il l'assume par courage


D'après mes sources, le 15 avril 1821, alors que Napoléon consigne ses dernières volontés pour son testament, il serait revenu sur l'éxecution du duc d'Enghien, sachant combien cette question agite l'opinion française depuis 1815 : "J'ai fait arrêter et juger le duc d'Enghien, parce que cela était nécessaire à la sûreté, à l'intérêt et à l'honneur du peuple français, lorsque le comte d'Artois entretenait, de son aveu, soixante assassins à Paris. Dans une semblable circonstance, j'agirais encore de même".

Talleyrand a écrit :
Dsl mais il est avéré que Fouché à très certainement glissé le non du duc à Napoléon.


Je ne sais pas cette affirmation..

Mais si mes sources sont exacts, ce sont les informateurs de Réal, alors directeur de la police, qui aurait signalé la présence à quelques kilomètres de la frontière française, d'un jeune prince, le duc d'Enghien, réfugié en Allemagne, mais faisant de fréquents séjours à Strasbourg et qui aurait pu, matériellement, se rendre à Paris.
Ce dernier vit à Ettenheim, dans le pays de Bade, Etat d'Allemagne encore indépendant, et accueillant aux exilés français.
Il était le petit fils de l'un des chefs de l'armée émigrés, le prince de Condé, armée à laquelle il a lui même appartenu. Il apparaît donc comme un agent de la contre révolution.

Si mes sources sont toujours exacts, d'après un rapport rendu par un sous officier de gendarmerie, ce dernier signale des réunions d'émigrés à Ettenheim, autour du duc d'Enghien. Surtout il avance le nom du général Dumouriez comme l'un des commensaux du duc ( il aurait mal compris le nom du général de Thumery ) 8-| puis il parle de contacts avec des agents Anglais, ( il aurait confondu l'aide de camp du duc, nommé Schmidt, avec l'agent Anglais Smith ) 8-| .
C'est apparemment ce rapport qui aurait mis le feu au poudre..

Il est important de noter, que Real, bien qu'il fut à l'époque chargé de l'enquête sur la conspiration Cadoudal, devait interroger le duc d'Enghien à Vincennes, mais il n'en eut pas l'occasion, le jugement intervenant alors qu'il dormait. Incontestablement on avait voulu le mettre à l'écart..

grognard1 a écrit :
il me semble que c'est Talleyrand qui a utilisé cette expression...


J'ai moi aussi, dans mes sources, le nom de Fouché pour cette citation.. à confirmer..

Auteur :  Nicolas-Clouet [ 11 Juil 2009 18:00 ]
Sujet du message :  Re: Execution du Duc D'Enghien

Bonsoir,

L'assassinat du Duc d'Enghien fut avant toute chose une énorme "bourde" en matière de politique extérieure. Cette exécution permit surtout à la Russie de trouver un bon prétexte pour une reprise des hostilités contre la France et de se faire la véritable protectrice de "l'internationale des aristos"...Pourtant, le Traité d'Amiens signé le 27 mars 1802 avait ramené la paix entre la France et l'Angleterre et, indirectement, dans toute l'Europe. Les relations entre Londres, Paris et Moscou étaient même au beau fixe. Le Premier Consul Bonaparte poursuivait la politique de flagornerie qu'il avait entreprise sous le règne du Tsar Paul 1er de Russie, en 1802.
Un traité de paix franco-russe avait même été signé à Paris, lequel traité était assorti d'une convention secrète réputée fixer les bases d'une "action commune pour la paix"...
Je veux bien admettre que ce traité d'Amiens avait laissé de côté les véritables problèmes (agrandissement démesuré des frontières françaises, prospérité économique française bien plus grande en temps de paix qu'en temps de guerre et qui faisait concurrence aux Britanniques, reconstruction de la "Royale" et de l'empire colonial français...tout ces facteurs semblaient annoncer une certaine renaissance de la France après le désastre de 1763) et que le nouveau Tsar Alexandre jetait de l'huile sur le feu alors que Bonaparte sollicitait, sinon son appui, du moins son arbitrage, au moment où le ton commençait à monter entre les deux puissances maritimes.
Les cours européennes, bien plus inquiètes de la suprématie terrestre française que de la mainmise anglaise sur les mers, s'adossaient en outre de plus en plus au Tsar Alexandre et poussaient en sous-main à la reprise des hostilités contre la France.
Cet Alexandre, qui était alors déjà hanté par son grand dessein continental et qui se voyait comme le sauveur de l'Europe, fut dès lors enchanté que la "Providence" lui fasse ainsi un signe en ce mois de mars 1804 : l'enlèvement du Duc dans la margraviat de Bade (territoire appartenant alors aux propres beaux-parents d'Alexandre) le réconforta dans son idée de jouer un grand rôle, pour lui et pour son pays,. Il protesta donc auprès de Bonaparte contre cette "violation du droit des gens et d'un territoire neutre" et mit en demeure le Premier Consul de "tranquilliser tous les gouvernements sur les craintes qu'il venait de leur donner".
L'assassinat d'Enghien, qui se voulait avant tout un coup de semonce à l'adresse des cours européennes, eut donc un retentissement inouï et permit au Tsar Alexandre, contre l'avis de son conseiller Roumiantzev et du Conseil des dignitaires moscovites, de s'instituer comme le fondé de pouvoir de l'Europe. Alors que pour la Russie, comme l'a écrit Boris Mouraviev, "le Duc D'enghien fusillé dans les fossés de Vincennes ne présentait pas plus d'intérêt qu'un mandarin empalé sur l'ordre de Bogdo Khan".
Malgré les victoires d'Austerlitz, d'Eylau et de Friedland, l'assassinat d'Enghien emmènera la France jusqu'à la comédie de Tilsitt, simple "ouvrage de nécessité", pour reprendre l'expression du ministre russe des affaires étrangères Budberg, précédant la catastrophe de 1812...

Je voterais donc pour ma part pour une troisième solution : énorme faute de politique extérieure.

Cordialement.

Auteur :  Mécène [ 17 Sep 2009 10:22 ]
Sujet du message :  Re: Execution du Duc D'Enghien

Citer :
J'ai moi aussi, dans mes sources, le nom de Fouché pour cette citation.. à confirmer..


Pour information, Stefan Zweig indique dans sa belle biographie de Fouché que c'est celui-ci qui a dit le célèbre "C'est bien plus qu'un crime, c'est une faute". (p 150 pour le Livre de Poche)

Page 1 sur 3 Le fuseau horaire est UTC+1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
https://www.phpbb.com/