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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 14 Oct 2012 17:42 
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Fustel de Coulanges
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Pour ma part, j'en suis à la moitié.
On retrouve la plume sévère vis à vis d'Alexandre de son ouvrage (malgré tout fort recommandable) Austerlitz - Napoléon, l'Europe et la Russie.
Parallèlement, le ton vis à vis de Napoléon est souvent bien indulgent.
Lecture agréable et intéressante, mais certaines analyses m'irritent quelque peu le poil...

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 15 Oct 2012 13:20 
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Philippe de Commines
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La dernière fois, Lieven emportait l'adhésion.

-[url]le combat des deux empires Sokolov historien[/url]

Sur ce lien, Sokolov explique sa démarche. A la fin il est noté qu'entre temps Rey a fait paraître un livre "L'effroyable tragédie".
Pour avoir lu les deux livres de M-P Rey, celui sur la campagne de Russie et son "Alexandre Ier", livres qui sont manifestement passés totalement inaperçu alors que la biblio est vraiment abondée, j'attends l'avis de Drouet Cyril et je l'espère un résumé avant tout envie de "nouveau". De découvertes en découvertes, de nouveaux biais en nouveaux biais, vous déclinez on se retrouve à relire les mêmes choses. A vous lire -et donc Sokolov- Caulaincourt est totalement dépassé -donc exit son bouquin sur sa ballade en traîneau puisqu'il est incapable de faire autre chose que "caresser dans le sens du poil" etc.
J'attends un avis qui n'est pas dans la mouvance de la dernière "sortie", échaudée par les trouvailles incontournables de Lieven... Le blocus n'est plus le blocus et tout semble à l'avenant... J'espère que Drouet Cyril nous donnera son avis et son analyse aussi longuement.

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 15 Oct 2012 17:23 
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Philippe de Commines
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Gaete, si la connaissance nous était livrée complète et parfaite du 1er coup, telle Athéna sortant casquée du crâne de Zeus, il n'y aurait plus besoin de rien lire, ni de rien écrire. L'analyse historique serait une bonne fois pour toutes gravée dans le marbre.

Le fait que Caulaincourt ait été complètement berné par Alexandre me paraît être un fait assez largement reconnu. Pas seulement par Sokolov mais aussi par Lieven et bien d'autres avant eux.

Cela m'intéresserait de savoir où vous avez trouvé dans mon propos (ou ailleurs) que le blocus n'était pas le blocus.

Quant à la question de la stratégie, il n'y a pas contradiction absolue avec, par exemple, Lieven, puisque Sokolov relève distingue un mémorandum et un plan. Nul ne conteste le mémorandum de Barclay de Tolly du début de 1810. Pour autant, force est de constater qu'on ne trouve pas trace de plans ni même d'exercices visant à s'entraîner à un plan de retraite, et que surtout les faits, positionnements et plans des forces armées russes, ainsi que les actions diplomatiques de la Russie visaient, jusqu'à 2 semaines avant l'enclenchement des combats, à organiser une offensive.

Pas de quoi s'offusquer, mais plutôt de quoi réfléchir, analyser, argumenter.


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 15 Oct 2012 20:39 
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Philippe de Commines
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Caesar Scipio a écrit :
Pas de quoi s'offusquer, mais plutôt de quoi réfléchir, analyser, argumenter.

Je ne m'offusque pas, je laisse décanter jusqu'à une prochaine parution d'un historien hors norme. Je relis les échanges à l'époque où Lieven tenait le haut du pavé.
Depuis on a trouvé manifestement mieux. C'est bien. J'attends simplement l'avis de Drouet Cyril pour savoir ce que vaut ce livre. Je ne peux pas me permettre de sauter sur toutes les nouvelles moutures de la campagne de Russie, pour déclarer à chaque fois que là, on est au top, c'est tout.
J'ai lu M-P Rey, des bouquins bien faits et personne à sauter au plafond. Sokolov planchait encore manifestement sur le sien, j'attends donc un avis éclairé.
S'il fallait à chaque analyse d'un historien "reconnu" -Mme Rey l'est aussi ;) - faire un résumé où personnellement je retombe dans les mêmes travers concernant Alexandre Ier. Ce n'est pas très porteur.
J'irai même jusqu'à dire que pour aller dans un jugement sur cette campagne il me paraissait évident de lire une bonne bio. d'Alexandre au moment où beaucoup encore regardaient cette campagne d'une manière unilatérale et je me souviens pour Tilsitt, l'interrogation formulée par Cyril : "qui a dupé qui ?" ou l'art d'intéresser n'importe quel lecteur.
Personnellement, je trouve souhaitable de lire aussi une bio de Paul Ier lorsque l'on aborde le fameux "parricide" comme d'aucuns l'ont fait allègrement et de manière totalement ahurissante et comprendre Catherine II, ses rapports à la France, Pierre III et pourquoi pas Elisabeth : tout ceci est très éclairant, ne serait-ce pour comprendre la loi pauline qui n'a -au final- rien de politique.
Aussi je ne puis me jeter sur la Xème sortie de la Campagne de Russie sans un avis qui soit un peu au-dessus de l'emballement du moment et de la moyenne. En ceci j'attends l'avis d'un référent : jamais je ne suis restée en absence de références et de sources avec d'aucun, larges explications, immense connaissance, synoptique incroyable de la période dans toutes les Cours européennes. Aussi j'attends les réflexions et l'analyse. Déjà, il semble que certains passages méritent une analyse plus profonde et je suis consciente de mes limites. Acheter pour acheter ce qui parait nouveau, ce n'est pas mon truc. Acheter le dernier bouquin pondu par "un" historien, vu la large biblio de Rey -nulle trace qu'elle ait été lue- ou alors elle semble faite pour la "petite histoire", méfiance. Il semble que seuls les hommes puissent comprendre la période napoléonienne et l'analyser, "en historien".
Si analyser et argumenter n'est que faire le résumé d'un livre lu et compris à travers son propre prisme, en faisant tout à coup fi de tout le reste, ce n'est pas ma démarche. Il fut un temps Alexandre Ier passait aux yeux de beaucoup pour un "benêt", maintenant c'est Caulaincourt qui devient limite et les "Mémoires" qui deviennent sujettes à caution parce-que déformées ou orientées comme si la lecture de pièces par X est forcément la bonne lecture, comme vous l'indiquez, les historiens n'ont pas non plus la science infuse. Il fut un temps ce X était Lieven. Avec cette nouvelle lecture et le résumé que vous en faites, faut-il alors brûler la balade de Caulaincourt en traîneau avec Napoléon puisqu'il semble totalement dans l'incapacité d'analyser une situation et plus encore incapable de la moindre psychologie, encore faut-il s'entendre sur la définition du mot. :P Echaudée par le Lieven et cette manière qui devait être tant nouvelle d'aborder cette campagne, j'attends l'avis d'une personne qui toujours -pour ce qui me concerne- a eu des analyses mesurées concernant les protagonistes.
Pour le blocus, je ne faisais pas allusion à votre résumé mais au lien -que d'ailleurs je n'ai pas su correctement rendre- et au propre résumé de Sokolov concernant son livre, parti sur une question fondamentale : "pourquoi l'attaque de Napoléon ?", ce génie pour le point de départ peut laisser certains pantelants, moi ceci ne me fait pas vibrer 8-| et semble conclure que le Tsar était le seul -pour une démarche qui m'apparait inexpicable- à vous lire, à mettre le feu aux poudres.
Une note cependant à la fin de l'autopromotion que se fait Sokolov, on évoque Mme Rey en mentionnant que Sokolov s'exprime avant la parution du livre "L'Effroyable Tragédie". Donc Sokolov a eu les mêmes pièces que Rey dont le livre est sorti en 2012. Si c'est pour expliciter plus profondément les affrontements (le titre est ronflant : on imagine le choc de titans), aucun intérêt pour ce qui me concerne. Si c'est pour découvrir que le peuple russe en a bavé, c'est déjà écrit et acté chez Rey. Si c'est pour entrer dans une pénultième analyse d'Alexandre Ier et de sa récurrence à louvoyer, rien de nouveau sous le soleil : il faut connaître la pression, les clans, les cotteries de Petersbourg à ce moment et je me fie aux échanges entre le fils et sa mère ou sa soeur, fils nullement épargné par son propre entourage et dont -dans certains salons- on fait sentir que manifestement s'il n'est pas "à la hauteur", on peut toujours en changer (les Pahlen et autres grandes familles qui ont pesé sur la fin de Paul Ier). Un axe franco-russe avec Paul Ier ? Encore eut-il fallu que l'Angleterre laisse faire etc. Si j'ai mal compris la démarche que Sokolov explique, du moins attends-je une lecture avec une réaction mesurée. Je ne suis pas une démarche de collectionite de ce qui sort sur l'Empereur mais d'un livre qui tienne la route et nous apprenne vraiment -non pas une Xème analyse sous un Xème biais- : les protagonistes étant des hommes non monolithiques il est évident que l'on peut décliner chaque mot comme on le souhaite en gardant à l'esprit que les mots de ce temps ont parfois changé quelque peu de sens. De nos jours le style de Napoléon parait emphatique et celui d'Alexandre "mystique" pour qui -là encore- a quelque mal à appréhender le contexte et l'impact du religieux en Russie. Impact que l'on retrouve après la RR lors du rehaussement de certains des corps d'Alapaïevsk ainsi que lors des cérémonies concernant la famille impériale, il faut quelque peu se pencher aussi sur cette religion.
Pour les combats et les choix opérés concernant l'armée, Rey m'a suffit. Sokolov est reconnu pour être un excellent consultant afin de remettre le couvert lors des anniversaires de commémoration, une bonne caution au moins équivalente à celle de l'historien couvrant les albums de Murena (on a vu dès le décès d'Actée... en Gaule...) ceci lui a valu une page pleine, dès le premier album et pour cause, cet homme avait été consultant sur le film "Gladiator". Comme quoi...
Je préfère des référents qui ont toujours -jusqu'ici- tenu la route et d'un bon bout. Si je lis : Sokolov est à lire, il existe quelques bonnes pistes alors je me fendrai d'un achat mais pas sur les bases d'un engouement du moment ; c'est un luxe que je ne puis me permettre. Je n'ai lu aucun résumé ditirambique concernant Rey pourtant mentionnée à la fin du fil où Sokolov fait sa pub. Il est vrai que ses livres traitent moins des combats et plus de la personnalité des protagonistes.
Concernant le Traité de Paris et le congrès de Vienne, j'ai mon content et toujours une récurrence à lire que le Tsar aurait -à ce moment- pu imposer des vues et des décisions lourdes pour la France, il n'en fut rien : bien au contraire. Il semble de mise parfois de taper plus fort lorsque l'on est de la même famille, ceci donne un effet supplémentaire de droiture dans l'analyse, c'est de bonne guerre. Ne l'a-t-on pas vu sur d'autres fils ?
J'attends simplement que ce livre soit "lu et approuvé" moyennant quelques reprises, le tout bétonné, argumenté, sources à l'appui par d'aucun précité, rien d'autre.
Concernant "l'historien de la famille" : Nicolas Romanov, il a déjà beaucoup de mal à se positionner entre les deux "prétendants" et ses livres de "Nicky et Sunny" sont bien mignons mais bon, lire la duchesse de Kent est alors aussi une caution historique. ;)
En réponse à votre dernier paragraphe : Rey s'est déjà exprimée là-dessus sans détour mais manifestement ceci est passé bien inaperçu contrairement à Nicolas Romanov, alors comprenez que j'hésite un peu au vu des personnes mises face à face.

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 15 Oct 2012 21:58 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Bon. Si je résume votre propos, il vous est difficile de supporter que des thèses différentes et le cas échéant contradictoires soient publiées et qu'on en rende compte. Dites-nous si je me trompe, n'est-ce pas ?

Eh bien pour ma part, je ne suis pas affecté par cela. Bien au contraire, j'y trouve que c'est l'intérêt même de la recherche historique. Il faut à tout le moins se distancier face à ses lectures. J'ai fait un résumé du bouquin de Sokolov en laissant de coté mes idées, et avec une mefiance que j'ai expliquée eu égard à une orientation a priori très à charge contre Alexandre. Je l'ai fait comme je l'ai fait de celui de Lieven.

Pour comprendre,le mieux possible des événements, il faut se tenir informé de différents points de vue, aborder un sujet sous le maximum d'angles possible. Le but n'est pas de conforter une vision préconçue mais bien d'être prêt à la remettre en cause. Et si en de nombreux amateurs d'Histoire il y a un recoin se disant "ah ! Si seulement ... ceci ou cela", le but essentiel est de connaître et de comprendre, sans se laisser arrêter par l'affect (et sans que ça soit nécessairement un obstacle à un recoin d'affect.

Car enfin, tout cela a eu lieu, non ? Peu importe que X ait plus ou moins de responsabilité que Y. C'étaient des hommes qui essayaient d'agir et de réussir dans ce qui représentait leur vision de leurs intérêts ou leurs idées.


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 16 Oct 2012 16:55 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Caesar Scipio a écrit :
Bon. Si je résume votre propos, il vous est difficile de supporter que des thèses différentes et le cas échéant contradictoires soient publiées et qu'on en rende compte. Dites-nous si je me trompe, n'est-ce pas ?

Il faudrait adhérer à vos résumés sans aucune analyse. Prenez déjà ce que vous nommez ci-dessus "résumé" non d'un livre mais d'une personne. La rhétorique reste au stade "ad hominem". D'après cette analyse, vous en déduisez différents traits caricaturaux que vous allez qualifier de "psychologiques". Où est la démonstration avec des arguments de psychologie : pas d'échange de comptoir mais de psychologie ? Là, je tiens la route.
Pourquoi ce "Nous" ? Un besoin de vous mettre au pluriel parce-que "l'union fait la force" ? Vous recherchez un post qui adhère à votre résumé et vous conforte et réconforte ?
Me concernant, vous vous trompez déjà et votre "n'est-ce pas ?" comme un appel à une reconnaissance de ma part qu'en effet je ne puis être que binaire est raté. Ceci fonctionne peut être avec d'autres mais pas avec moi. Je note que vous vous offusquez moins lorsque l'intervenant possède -dans cette période- une assise reconnue par l'ensemble du forum et laisse entrevoir l'image d'un livre de plus, agréable à lire mais manifestement pas le prochain prix de la trouvaille historique.
Qu'à chaque sortie de livre, on en mange un pavé euphorique et totalement désarticulé ne me pose pas problème, à Sokolov certainement plus ;) : trop de publicité mal étayée tue la crédibilité.
Revenons à votre résumé. Existe-t-il une réelle différence entre ces thèses (Lieven/Sokolov) ? Les faits parlent d'eux-mêmes, je vous cite dans toute l'épaisseur de l'argumentation : "Car enfin, tout cela a eu lieu, non ?...".
"...Peu importe que X ait plus ou moins de responsabilité que Y. C'étaient des hommes qui essayaient d'agir et de réussir dans ce qui représentait leur vision de leurs intérêts ou leurs idées.". Est-ce là encore une argumentation de poids saupoudrée d'une empathie bon enfant ? Ne pas oublier tout de même qu'en vous lisant Caulaincourt parait inapte à toute analyse "psychologique". Normal, à cette époque la psychologie n'était pas à l'ordre du jour, maintenant elle est galvaudée niveau sous wiki+++. Ouf ! A 60 euros le bouquin, j'ai évité la balade en traîneau. Le mot "psychologie" n'exprime que le fruit de votre "ressenti" ou de celui de l'historien lambda, il faut un peu faire attention à la portée des mots que l'on emploie sinon on peut vite glisser dans le pire pour un historien ou qui se veut comme tel.
Imaginez que, lors d'un dîner, deux amis échangent sur l'envie d'aller voir un film. Voici que non seulement vous leur donner le pitch mais encore la fin -pas celle que chacun connait en se référent au best-seller- mais une fin nouvelle car elle se démarque du livre. Je vous laisse imaginer les réactions intérieures de ceux qui aurait -du coup je change le temps et le mode- eu envie d'aller voir ce film. Plombé, le truc est plombé et comme nous ne sommes que des êtres humains, nous supportons mal la "frustration" et nous l'exprimons (psychologiquement, c'est démontré) ;) .
Pourquoi ne pas avoir repris certains posts de ce sujet et y avoir apporté une autre lumière -grâce à ce livre-, en citant des passages à l'appui de votre argumentation et à la fin la source, voici la démonstration d'un partage de savoir et c'est enrichissant pour tous, moi la première. Comme pour Lieven, un résumé à votre sauce : aucun extrait ne vient renforcer les fils que vous tirez et nommez analyse. Vous ne mesurez pas l'impact qui peut être de pourrir d'emblée l'envie de lire ce bouquin car il ne faut pas nous leurrer ni vous ni moi ne sommes "historiens". Mais comme vous le dites il faut avoir du recul face à l'histoire et doublement vis à vis de ceux qui s'en font les interprètes. Alors les interprètes des interprètes... :rool:

:arrow: l'analyse dite "psychologique" de Caulaincourt : Napoléon avait eu la même en son temps, donc rien de neuf.

:arrow: le "méchant" de service : Alexandre Ier, tyran sanguinaire, parricide détestable (retournez à certains posts non forcément vôtres mais là encore dont l'argumentation laisse à désirer et l'analyse du parricide basée manifestement sur un "ressenti" et non sur les faits à ce moment et dans le contexte historique). Cet homme fait de son peuple de la chair à canon pour assouvir un besoin irrépressible d'en démontrer à Napoléon, vexé comme un pou après Austerlitz (on peut lire ceci en plus historique chez Rey). Je force le trait pour rappeler des échanges déjà anciens et totalement dépassés. Là encore rien de neuf sinon l'éternelle caricature du Tsar. Caution : Nicolas Romanov car "historien" de la maison Holstein-Gottorp-Romanov-. 8-| Perso, à ce niveau, mieux vaut lire Michel de Grèce, il tient mieux la route pour la démarche historico-familiale. En filigrane des leçons d'analyse historique qui ne se doit d'être nullement dans "l'affect" : Nicolas en est l'exemple ou l'art de se tirer une balle dans le pied.

:arrow: une carte jusqu'ici non révélée et des analyses logistiques non révélées non plus. Je rappelle qu'entre temps un autre livre est sorti en annonçant dès le début que cette fois, de larges extraits de ceux qui faisaient la campagne seraient partagés -chose faite- et aussi quelques "remises à niveau" concernant les mouvements d'armées -j'ai remarqué-, l'introduction remplit donc son office.

:arrow: Niveau casus belli : les mêmes reformulés. Alexandre Ier -non seulement louvoyant, de mauvaise foi (on avait pu déjà remarquer son insistance concernant la Pologne chez Thiry, Lieven, Rey et les "Mémoires" de ceux de l'époque), un brin faux jeton et franchement sournois- a parallèlement manigancé avec la Grande Porte (rien de nouveau là encore et idem pour Napoléon) et vraiment poussé l'Empereur dans ses retranchements par un comportement offensif -dans tous les sens du terme- suivi d'une guerre défensive (difficile là de nous sortir le contraire).

Tout le livre semble à l'avenant. Dans ce cas, il faut créer un lien où chacun partage un livre lu et le "ressenti" qu'il en a, non l'analyse car nous en sommes bien loin. Où sont vos arguments ? Comme pour Lieven, vous nous faites un résumé d'un nouveau livre qui vous agrée, vous inscrivant dans une démarche "historique" -nous devons donc acter du bien fondé et de l'impossible erreur dans l'analyse- alors qu'elle n'est que le fruit de votre lecture, pas même mise en parallèle avec d'autres livres traitant de cette même campagne. Aucune citation , aucun extrait du livre en question qui pourtant traite du sujet et même semble en plein dedans à savoir : LA RUSSIE CONTRE Napoléon. J'ai une impression qu'il faille absolument prendre le titre stricto sensu et que le but est de gaver le lecteur de tout les livres pouvant démontrer le titre du lien qui se doit d'être lu au premier degré à savoir l'agresseur est forcément le tsar et Napoléon ne fait que se défendre. En gros, voici la NOUVEAUTE à laquelle je dois être ouverte avec vigilance. On garde les mêmes mais au lieu d'équilibrer les rôles en tenant compte des autres états européens de l'époque, il reste un goût amer de "taille hors" concernant Alexandre Ier. On se doit de justifier le titre du sujet alors tout est bon pour voir en lui un agresseur farouche et déterminé, revanchard à y laisser la vie de son peuple (on a zappé l'élan démontré à ce moment de ce même peuple). Ceci me rappelle étrangement la démarche d'un dictateur. Alors de là à assimiler un autocrate à un dictateur l'amalgame est vite fait.
Nous ne sommes guère loin d'une manière de "propagande". A force de répéter des choses basiques concernant des quidams et d'en montrer un au doigt plus que l'autre en assénant que c'est NOUVEAU, la mayonnaise peut prendre et une fois prise... Je rappelle que ce n'est pas moi qui ait abordé le terrain de la psychologie mais j'y réponds.

Citer :
... la recherche historique.

J'en déduis donc que vous êtes dans une démarche de recherche historique. Sur ce forum, nous le sommes tous à différents niveaux. Le titre même du forum à mon avis l'indique quelque peu.

Citer :
Il faut à tout le moins se distancier face à ses lectures. J'ai fait un résumé du bouquin de Sokolov en laissant de coté mes idées, et avec une mefiance que j'ai expliquée eu égard à une orientation a priori très à charge contre Alexandre. Je l'ai fait comme je l'ai fait de celui de Lieven.

Pourquoi préciser ce qui devrait être évident. Méfiance ? Un vague écran de fumée avant d'arriver à un résumé exhaustif qui tient plus de la tocade du moment.
Il a fallu l'avis d'un intervenant qui a reconnu que la "plume" était toujours autant à charge face au Tsar et bien complaisante face à l'Empereur. Cependant, il faut que ce soit un intervenant incontournable sinon vous en revenez à votre technique de base :

:arrow: décrédibiliser celui qui prend un certain recul en rapport avec votre résumé en le plaçant en mode "analyse/affect" tout en précisant que vous êtes loin de cette démarche qui n'est pas "historienne" sous entendant par là-même que vous, vous êtes dans cette démarche et si ceci ne suffit pas : "...Pour comprendre,le mieux possible des événements... Le but n'est pas de conforter une vision préconçue mais bien d'être prêt à la remettre en cause..." ; et personne de ne vouloir être dans cette vision préconçue et de rester monolithique : "ceux qui...."

Citer :
il faut se tenir informé de différents points de vue, aborder un sujet sous le maximum d'angles possible

Je ne suis pas un élève devant un maître. Cette phrase ou du vent est du pareil au même.

Citer :
Et si en de nombreux amateurs d'Histoire il y a un recoin se disant "ah ! Si seulement ... ceci ou cela", le but essentiel est de connaître et de comprendre, sans se laisser arrêter par l'affect (et sans que ça soit nécessairement un obstacle à un recoin d'affect.

Voici l'exemple même de ce pourquoi je me méfie de vos résumés : vos phrases, votre rédactionnel. "Si en de nombreux amateurs d'histoire il y a un recoin..." vous comparez des personnes avec des choses en voulant sans doute exprimer : "si en de nombreux amateurs d'histoire, il en existait -ou existerait/conditionnel et concordance des temps vu le "[b]si"- quelques uns...[/b]"
Comment suis-je sensée aborder vos analyses alors que manifestement vous êtes parfois dans le non sens, le contresens et une difficulté manifeste à trouver le mot juste, celui de l'historien, de la fameuse démarche historique ? Avec ce style d'approximation, il faut vous attendre inévitablement -sauf lorsque vous parlez canons et arquebuses- à éveiller des questionnement quant à votre propre compréhension du texte lu et plus encore du rendu.
Ajoutez à ceci le redondant "essentiel" accolé à "but" et la récurrence du mot "affect". En bref vous êtes dans l'analyse des nouveautés en bon historien, ouvert à tout et si d'aucun rechigne un peu, on les classe "dans l'affect" en sous-tendant une dose d'antiquité pétrie d'idées préconçues et de jugements anciens, tels d'ailleurs les "Mémoires" de ceux qui ont vécu la période.
Pourtant quelle belle démonstration d'un intervenant sur le sujet "le vol de l'aigle" concernant la réaction des cours européennes. Je ne vous ai pas lu annoncer que ces analyses de Metternich, Talleyrand et autres étaient faites dans l'émotionnel du moment ou dans l'affect, ce qui transpire pourtant un peu et c'est tout à fait normal vu le contexte.
Bref, on fait du neuf en dépoussiérant le vieux et comme on ne peut changer l'introduction et la conclusion que chacun connait -à quand le livre d'un historien total open nous démontrant qu'au final, Napoléon fut gagnant- :wink: alors on distord quelque peu le milieu en introduisant des notions qui n'apportent pas grand choses et ne s'appuient sur aucun chiffre. Je me base toujours sur votre résumé vierge de tout extrait du livre. Il est aisé d'écrire que l'économie de la Russie n'était pas mise à mal par le blocus, il est déjà plus difficile de le démontrer à moins de "poubelliser" tout ce qui a été écrit auparavant : les Thiry, Lieven, Rey et j'en passe. Est-ce donc vraiment le fond du livre de Sokolov ?
A force d'asséner des moitiés de vérités basiques cumulées à des sophismes, on en arrive à la parfaite définition du mot "propagande" ou -moins excessif- propos de batteleur.
"peu importe que X ou Y ait plus ou moins de responsabilités" dites-vous, mais êtes-vous au moins conscient du sens de cette phrase de comment elle peut être déclinée ? Remplacez X et Y par Hitler et Mussolini ou ce genre d'hommes à l'origine de conflits... 8-| La timbale reste donc le côté "facile à lire parce qu'innovant au niveau des idées qui prennent automatiquement le contrepied de tout ce qui a été écrit auparavant". Ceci s'appelle une "mode" et comme toutes les modes, ça passe, ce n'est qu'une forme nouvelle qui ne change en rien le fond, qui serait d'ailleurs bien en peine de le changer puisque : "ça c'est passé..."
Un chemin : le sujet stricto sensu à savoir la Russie contre Napoléon -La France- donc.
Deux livres l'appuyant.
La vérité revue et corrigée avec une barre mise haute à savoir : "analyse historique".
Le vulgaire n'a plus qu'à avaler ou se trouver en marge. :-| / :P

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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 16 Oct 2012 17:29 
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Philippe de Commines
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Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Gaete, je vais vous le dire brièvement et franchement.

J'aurais du le faire du 1er coup plutôt que d'espérer que vous saisiriez la perche que je vous tendais.

Si cela vous insupporte que des personnes fassent vivre ce forum avec des discussions historiques et si de plus vous vous méprenez obstinément sur les propos des autres et leur démarche, vous feriez mieux de nous épargner vos longues digressions critiques.

Pour ma part, je ne relèverai plus ce genre de propos.


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 16 Oct 2012 22:06 
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Fustel de Coulanges
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Voilà la lecture terminée.
Voici un rapide point de vue :

Dès le départ, on se rend compte que l’auteur sans doute sevré de littérature russe sur la Guerre patriotique tend à tordre de coup à pas mal d’idées reçues dont ses compatriotes (l’auteur est russe, et l’ouvrage sorti chez Fayard est une traduction) ont été sans doute largement abreuvé depuis des décennies sur la marche au conflit de 1812.
L’usage de sources peu ou mal connues (voire non encore étudiées) est fort intéressant et apporte la solidité indispensable au propos et à la démarche, même si, dans sa démonstration, il en fait peut-être un peu trop, sachant que le lecteur français lambda (peut-être à la différence d’un lecteur russe ?) a depuis longtemps accès à des ouvrages non versés dans la napoléophobie et qui ont des approches souvent assez proches de ce qu’il rapporte finalement. En somme, j’ai eu parfois l’impression que l’auteur enfonçait des portes ouvertes.
De plus certains passages m’ont quelque peu irrité :

Citer :
« Alexandre recherchait, on ne sait pourquoi, la confrontation. Ce n’était pas des considérations rationnelles de la géopolitique ou de l’économie qui dictait au tsar cette haine étrange et illogique. Si inimaginable que cela puisse paraître, les questions aussi bien politiques qu’économiques n’étaient que prétextes et artifices pour traduire en actes cette animosité irrationnelle. »


« Irrationnelle » ; le mot est étonnant (c’est pourtant la base de l’analyse de Sokolov, même si tout au long de l’ouvrage, il nuance tout de même le propos). Il existe quand même bon nombre de pistes pour comprendre la position du tsar. Le fil en cours (et d’autres sur le forum) les a déjà largement abordées.





Citer :
« La directive d’Alexandre et ses lettres à Czartoryski sont sans doute les rares documents qui traitent sans ambages des buts des préparatifs militaires. Il ne s’agit aucunement de défense.
[…]
Il ne fait aucun doute qu’à la fin 1810 et au début de 1811 le tsar s’était résolu à faire la guerre à Napoléon, et que cette guerre était conçue comme offensive.


Nous avions parlé l’été dernier de la correspondance entre Alexandre et Czartoryski. Si Alexandre envisage bien une opération offensive sur le duché de Varsovie, c’est seulement un vœu qui est soumis à des informations qu’il ne détient pas et que Czartoryski est chargé de lui fournir. En somme, au travers de ses lettres écrites à ce dernier, Alexandre admet que la défense est pour l’instant prioritaire et l’offensive envisageable. Malheureusement, Sokolov a choisi de ne pas retranscrire les passages le démontrant. Les voici :
« Il est hors de doute que Napoléon tache de provoquer la Russie à une rupture avec lui, espérant que je ferai la faute d’être l’agresseur. Cela en serait une dans les circonstances actuelles et je suis décidée à ne pas la commettre. Mais tout change de face si les Polonais veulent se réunir à moi.
[…]
Tant que je ne puis être sûr de la coopération des Polonais, je suis décidé à ne pas commencer de guerre avec la France. Si cette coopération des Polonais avec la Russie doit avoir lieu, il faut que j'en reçoive des assurances et des preuves indubitables ; ce n'est qu'alors que je puis agir de la manière précitée.
Si cette coopération avec la Russie doit avoir lieu, il faut que j’en reçoive des assurances et des preuves indubitables ; ce n’est qu’alors que je puis agir de la manière précitée»

(Alexandre à Czartoryski, 31 janvier 1811)





Citer :
« Ainsi, même à l’été 1811, Napoléon est prêt à donner toute la Pologne au tsar de Russie à la seule condition que cela est lieu de « gré à gré » et que le duché créé par lui ne subisse pas une débâcle avec la mort de dizaines de milliers de personnes et la répression de ceux qui avaient servi sous les drapeaux de Napoléon. »


Sokolov cite pour cela (à noter en passant qu’il se trompe ici dans ses sources en nous orientant vers Les relations diplomatiques de la Russie et de la France, de Mikhaïlovitch alors que la lettre est en fait tirée d’un autre ouvrage dudit auteur : L’Empereur Alexandre 1er) une lettre de Czartoryski en date du 24 juin 1811, par laquelle ce dernier rapporte au Tsar cette information obtenue « de très bonne part ».
Au lieu d’être si sûr de l’information, Sokolov, pourtant si critique vis-à-vis des sources, aurait été plus prudent de nous faire part de ses recherches sur « la très bonne part », ou tout du moins de retranscrire des sources impériales allant dans ce sens.
Le plus cocasse, c’est que la page d’avant, Sokolov citait un rapport rédigé par Maret sous la dictée de Napoléon le 16 août 1811 et où on peut lire :
« Il faut examiner s'il convient ä la France d'agrandir la Russie du duché tout entier.
Cet agrandissement porterait les frontières de la Russie sur l’Oder et sur les limites de la Silésie. Cette puissance que l'Europe, pendant un siècle, s'est vainement attachée à contenir dans le Nord, et qui s'est déjà portée par tant d'envahissements si loin de ses bornes naturelles, deviendrait puissance du midi de l'Allemagne ; elle entrerait avec le reste de l'Europe dans des rapports que la saine politique ne peut pas permettre, et en même temps qu’elle obtiendrait de si dangereux avantages par sa nouvelle position géographique, elle aurait acquis en peu d'années, par la possession de la Finlande, de la Moldavie, de la Valachie et du duché de Varsovie, une augmentation de 7 à 8 millions de population, et un accroissement de force qui détruirait toute proportion entre elle et les autres grandes puissances. Ainsi se préparerait une révolution qui menacerait tous les Etats du Midi, que l'Europe entière n'a jamais prévue sans effroi et que la génération qui s'élève verrait peut-être accomplir.
Sa Majesté est donc décidée à soutenir par les armes l'existence du duché de Varsovie, qui est inséparable de son intégrité. L'intérêt de la France, celui de l'Allemagne, celui de l'Europe, l'exigent ; la politique le commande, en même temps que l'honneur en ferait plus particulièrement un devoir à Sa Majesté. »


A lecture de tels propos, on voit un Napoléon bien loin d’être « prêt à donner toute la Pologne au tsar de Russie ».
A ce sujet, on retrouve dans les mots comme «L'intérêt de la France, celui de l'Allemagne, celui de l'Europe, l'exigent », un peut de ce que pourra dire Napoléon plus tard au sujet du rétablissement de la Pologne :

"Je voulais rétablir le royaume de Pologne comme une forte et puissante barrière contre l'ambition incessante des Tsars.
[...]
La Pologne est la barrière naturelle de l'Europe occidentale contre la Russie.
[...]
Aussi longtemps que [le royaume de Pologne] ne serait pas rétabli, l'Europe occidentale serait sans frontières du côté de l'Asie"
(Montholon, Récits de la Captivité de l'Empereur Napoléon à Sainte-Hélène)


"Rétablir le royaume de Pologne [...] était le seul moyen d'opposer une digue à cet empire formidable qui menaçait d'envahir tôt ou tard l'Europe."
(Mémoires pour servir à l'histoire de France, sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène par les généraux qui ont partagé sa captivité)


"Rétablir le royaume de Pologne, c'était le seul moyen efficace d'arrêter les progrès de la puissance moscovite et d'opposer une digue formidable à ce formidable empire, qui probablement allait bientôt envahir l'Europe.
[...]
J'ai voulu opposer une barrière à ces barbares, en rétablissant le trône de Pologne
[...]
Rétablir le royaume de Pologne pour élever une barrière contre les Russes et garantir l'Europe des invasions de ces barbares du nord."
(O'Meara, Napoléon en exil)

"Il est un intérêt majeur pour l'Empereur et en même temps pour l'Europe, c'est d'établir la Pologne ; sans réédification de ce royaume, l'Europe reste ses frontières de ce côté ; l'Autriche et l'Allemagne se trouvent face à face avec le plus puissant empire de l'univers"
(Instructions à Pradt, 18 avril 1812])

" Je suis venu pour en finir une bonne fois avec le colosse des barbares du Nord. L'épée est tirée. Il faut les refouler dans leurs glaces afin que, de vingt-cinq ans, ils ne viennent pas se mêler des affaires de l'Europe civilisée. Même sous Catherine, ajouta-t-il, les Russes n'étaient rien ou peu de chose dans les affaires politiques de l'Europe. C'est le partage de la Pologne qui les a mis en contact avec la civilisation. Il faut maintenant que la Pologne les repousse à son tour chez eux."
(Caulaincourt, Mémoires)


Par le mémoire dicté à Maret, le duché de Varsovie apparaissait déjà comme un embryon de glacis protecteur de l’Europe napoléonienne face à La Russie.
Et face à cette « barrière » (qui par ailleurs pouvait se révéler menaçant), la défiance d’Alexandre devrait pourtant apparaître comme « irrationnelle » ?...
A noter que Sokolov suite à la lettre de Czartoryski poursuit ainsi : « Mais il n’y eut aucune réaction d’Alexandre aux propositions de Napoléon transmises par l’intermédiaire du prince » concluant : « Le Tsar ne recherchait pas une solution pacifique au conflit : il ne recherchait que la guerre »

Alexandre répondit pourtant ainsi dans sa lettre du 1er avril 1812 :
« L’idée d’amener de gré Napoléon à régénérer la Pologne en la mettant sous la domination d’un Roi Empereur de Russie est chimérique : jamais il ne consentira à un résultat aussi avantageux à la Russie. »
Propos pleins de bon sens.





Citer :
« Les conditions de la paix [fin de la guerre russo-turque, traité de Bucarest, 28 mai 1812] étaient réellement étranges, si l’on considère les énormes sacrifices qui avaient été consentis par la Russie et les succès que l’armée russe avait remportés au cours des campagnes de 1809-1811. En échange des principautés de Moldavie et de Valachie, la Porte ne concédait à la Russie qu’une partie de la principauté moldave, laquelle prendrait plus tard le nom de Bessarabie. »


Aussi étranges qu’elles puissent paraître, ces conditions se retrouvaient déjà dans l’esprit d’Alexandre au début de l’année 1811. Ainsi, c’est bien la perte de la Valachie et de la Moldavie (moins la future Bessarabie) au profit de l’Autriche que le Tsar envisageait dans le cadre de la cession de la Galicie autrichienne au futur royaume de Pologne (lettre à Czartoryski, 31 janvier 1811).





Citer :
« Le 17 avril 1812, désireux d’éviter par tous les moyens une guerre dont il ne voulait pas, Napoléon avait fait écrire par le duc de Bassano au ministre anglais des Affaires étrangères, lord Castlereagh
[…]
Apparemment, le sang versé était destiné à demeurer sur la conscience de l’Angleterre, car le ministre anglais répondit par un refus poli, mais ferme. »


Je ne pense pas que c’est avec ce genre de formule (inspirée la lettre de Maret) qu’un historien permet de mieux appréhender une problématique…
Sokolov aurait sans doute été plus inspiré, au lieu d’en remettre une couche sur la perfide Albion, de donner la réponse de Castlereagh :
« La lettre de Votre Excellence, du 17 de ce mois, a été reçue et mise sous les veux du prince-régent.
Son Altesse Royale a senti qu'elle devait à son honneur, avant de m'autoriser à entrer en explication sur l'ouverture que Votre Excellence a transmise, de fixer le sens précis attaché par le gouvernement de France au passage suivant de la lettre de Votre Excellence: « La dynastie actuelle serait déclarée indépendante et l'Espagne régie par une constitution nationale des Cortès. »
Si, comme Son Altesse Royale le craint, le sens de cette proposition est que l'autorité royale d'Espagne et son gouvernement établi par les Cortès seront reconnus comme résidant dans le frère du chef du Gouvernement français et les Cortés formées sous son autorité, et non dans le souverain légitime Ferdinand VII et ses héritiers, et l'assemblée extraordinaire des Cortès, maintenant investie du pouvoir du gouvernement dans ce royaume, en son nom et sous son autorité, il m'est ordonné de déclarer franchement et explicitement à Votre Excellence que les engagements de bonne foi ne permettent pas à Son Altesse Royale de recevoir une proposition de paix fondée sur une telle base.
Si cependant les expressions ci-dessus citées s'appliquaient au gouvernement actuel d'Espagne exerçant l'autorité au nom de Ferdinand VII, sur l'assurance qu'en donnera Votre Excellence, le prince régent est disposé à s'expliquer pleinement sur la base qui a été transmise pour être prise en considération par Son Altesse Royale, son désir le plus empressé étant, de concert avec ses alliés, de contribuer au repos de l'Europe, et de travailler à une paix qui puisse être à la lois honorable, non seulement pour la Grande-Bretagne et la France, mais encore pour ceux des Etats avec lesquels chacune de ces puissances a des rapports d'amitié.
Après avoir exposé sans réserve les sentiments du prince régent sur un point sur lequel il est si nécessaire de s'entendre avant d'entrer dans une discussion ultérieure, je me conformerai aux instructions de Son Altesse Royale en évitant de faire des observations inutiles et des récriminations sur les objets accessoires de votre lettre. Je puis heureusement m'en rapporter pour la justification de la conduite que la Grande-Bretagne a tenue aux différentes époques rappelées par Votre Excellence, à la correspondance qui eut lieu alors et aux jugements que le monde en a depuis longtemps portés.
Quant au caractère particulier que la guerre a malheureusement pris et aux principes exclusifs et arbitraires que Votre Excellence signale comme ayant marqué ses progrès, en niant, en ce qui concerne le gouvernement britannique, que ces maux lui doivent être attribués, je suis autorisé à assurer à Votre Excellence qu'il déplore sincèrement leur existence, comme aggravant inutilement les calamités de la guerre, et que son désir le plus vif, soit en paix soit en guerre avec la France, est de voir les relations entre les nations rendues aux principes libéraux et accoutumés des temps précédents.
Je saisis cette occasion d'offrir à Votre Excellence les assurances de ma haute considération. »


Qu’est-ce qui aurait bien pu pousser l’Angleterre, alors que la Russie et la France allaient entrer en guerre, à faire la paix avec Napoléon, sur le dos de l’Espagne au profit d’un napoléonide ; Espagne avec laquelle elle était lié par un traité d’amitié depuis le 19 janvier 1809 ? Cette démarche avait-elle la moindre chance d’aboutir ? Hum...





D’autres points m’ont également gêné comme le traitement trop rapide du cas suédois, la présentation caricaturale de Talleyrand via Mirabeau, une vison napoléonienne des pourparlers de paix de l’été 1806, la quasi absence de nuance dans l’évocation de la popularité de l’Empire, les sempiternelles accusations proférées contre Bernadotte ou encore, pour l’anecdote, le soi-disant « sentiment de culpabilité » cultivé par Napoléon vis-à-vis de Désirée Clary ; et, surtout, le peu de choses dites sur le poids des affaires ottomanes dans l’évolution des relations franco-russes



Au final, mon avis est plutôt mitigé. Malgré tout, Le combat de deux empires a le mérite d’aborder un sujet complexe et passionnant, de manière claire et parfois innovante (j’ai tout particulièrement apprécié les chapitres consacré au volet économique et la « planification » des opérations militaires) tout en étayant le propos de sources à la fois nombreuses et fort intéressantes. Autant de points qui me font tout de même espérer la sortie prochaine du second tome.

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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 17 Oct 2012 3:54 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Drouet Cyril a écrit :
Dès le départ, on se rend compte que l’auteur sans doute sevré de littérature russe sur la Guerre patriotique tend à tordre de coup à pas mal d’idées reçues dont ses compatriotes [...] ont été sans doute largement abreuvé depuis des décennies sur la marche au conflit de 1812.

De son côté, arguments à l'appui mais arguments du moment, Rey insiste aussi beaucoup sur l'élan patriotique pendant la campagne de Russie et non au début. Je ne peux juger si les textes du moment étaient orientés. Une certitude, il y eu une opération de communication faite par le Tsar lui-même -plus utile à l'arrière- donnant une orientation et une impulsion patriotico-religieuse. Pour la partie stratégique, il est absent ou sert simplement à calmer l'impatience de certains et espérer un peu de coordination au sein de son armée. Là dessus, Napoléon aura un mot bien connu et tout à fait approprié. Est-ce vraiment une vue biaisée de Rey lorsqu'elle évoque cet élan (Cf. la littérature dont vous avez précédemment parlé aurait-elle pu "dégorger") ? Ou faut-il faire la part des choses et reconnaitre que cette confrontation exigeait un effort qualifié de "patriotique" -franchement surhumain pour certains moments et dans les deux camps- car celui qui en sortirait vaincu -plus particulièrement la Russie- était perdu (politiquement, économiquement etc.). Il est certain que le patriotisme peut être décliné de différentes manières lors de ce conflit. Défendre son bien, sa terre, quel que soit le nom donné à la démarche est toujours payant sur la longueur. On a pu le voir dans maints conflits du siècle dernier.

Citer :
Il existe quand même bon nombre de pistes pour comprendre la position du tsar. Le fil en cours (et d’autres sur le forum) les a déjà largement abordées.

Plusieurs livres montrent que l'économie était à mal mais de ceci nous avons en effet échangé ainsi que d'autres points repris manifestement dans le livre sans que ceci n'éveille une sensation de nouveauté. L'approche semble être innovante mais le fond se base sur les mêmes pièces semble-t-il pour l'essentiel.

Citer :
« La directive d’Alexandre et ses lettres à Czartoryski sont sans doute les rares documents qui traitent sans ambages des buts des préparatifs militaires. Il ne s’agit aucunement de défense.

Vous l'aviez vous même évoqué dans deux passages où le Tsar se voyait bien faire un crochet par la Pologne avec ordre à Czartoryski de "tâter le terrain" : négatif. Un autre projet visait un passage par la Prusse autant que je me souvienne, projets tous deux ahurissants.
Grand merci pour le rappel des échanges avec Czartoryski. Pour Rey, il semble que la grande armée étant à Vilnius, la stratégie russe n'était pas encore arrêtée et loin l'option de la terre brûlée. Certains comme Bagration voulaient absolument affronter l'Empereur, d'autres comme Barclay piétinaient en essayant une politique de cohésion au sein même des cadres de l'armée. Rey explique son renvoi justement par ses hésitations.
La Pologne sert les deux protagonistes. On peut voir d'ailleurs la déception des Polonais et l'analyse que Napoléon fait de cette nation. Si elle souhaite être libre, qu'elle s'en donne les moyens et il ne permettra aucunement de voir les Polonais entravés dans cette optique. Mais n'est-ce pas déjà en sachant que jamais ceux-ci n'auront l'impulsion et la maturation nécessaire pour une révolution. Se donner une constitution est bien mais il faut faire table rase de ce qui était et chacun sait combien Napoléon a en détestation le chaos. Les mots sont donc chargés de bonnes intentions et à ce moment le Tsar parait un peu trainant avec son traité. On peut aussi le comprendre car chacun voit dans l'autre son reflet et l'ambiguité a une large place. Alexandre opte pour ne pas être celui qui franchira la ligne, il le clame haut et fort donc le "massacre intolérable" n'aura pas lieu. Ce "prêt à donner" est donc un leurre de bon aloi vu les nombreux échanges et tergiversations des deux parties.
La Pologne est le dernier remblai face à ce qui semble une envie soudaine de déferlement de hordes barbares. L'Europe entière, l'Autriche et la Prusse au premier rang veulent conserver ce rempart pourquoi Alexandre culbuterait-il la Pologne ? Il l'a envisagé, triste prise de conscience grâce à Czartoryski. Exit aussi le passage par la Prusse donc l'autre devra franchir la ligne. D'où vient cette crainte d'une expansion anarchique de la Russie alors que peu de temps auparavant un axe avait été envisagé par Paul Ier. De plus, les plus exposés en perte de territoire concernant la Pologne sont la Prusse et l'Autriche. Economiquement, il semble qu'Alexandre se tourne aussi vers l'Est en se montrant conciliant avec la Grande Porte. Le traité de Bucarest est suffisamment étonnant pour qu'il n'existe pas de petits accommodement officieux. Sokolov peut-il expliciter ce "tout" sauf la Russie avant l'heure ? Cette angoisse récurrente ? Est-ce un fantasme occidental soudain ? Cette crainte irrationnelle de "l'ennemi barbare" est incompréhensible pour une personne tant attachée à Rousseau, hélas il existe un temps pour rêver et les rêves se heurtent bien souvent à la dure réalité, il existe aussi un âge où l'utopie laisse place à une construction solide et bien ancrée. C'est humain. Mais cette sorte de "répugnance" soudaine face à une nation est étonnante. Des deux côtés l'épée est mise à contribution dans les paroles et les écrits, il était donc impossible de s'entendre. Cette surenchère peut faire penser qu'il existerait une réelle assise sur un mille-feuille...
Une information donnée sans source n'est pas "sérieuse". Elle peut être le fruit d'une interprétation d'autres sources. Le mot même "information" est vague et flou, un peu gênant. Il est très rare que l'on "possède une information" autre que de "source sûre" bien souvent absente.

Citer :
« Le Tsar ne recherchait pas une solution pacifique au conflit : il ne recherchait que la guerre »

On ne peut nier l'évidence. Déjà dans les écrits au retour de Tilsitt, Alexandre se montre très explicite.

Citer :
Sokolov aurait sans doute été plus inspiré, au lieu d’en remettre une couche sur la perfide Albion

C'est souvent l'option lorsque l'on botte en touche concernant ce problème. Dommage.
Les Anglais se montrent clairs concernant l'Espagne mais la clarté est tellement aveuglante qu'elle en devient suspecte. Les actes sont loin d'avoir cette clarté, ce souci d'apaisement et de sérénité.

Citer :
D’autres points m’ont également gêné comme le traitement trop rapide du cas suédois

Il est vrai que l'on évoque guère ce problème profondément, on le frôle et pourtant ce sera une épine de plus dans le pied de l'Empereur. Pour le reste, comme vous l'exprimez, c'est de l'anecdote.
J'en déduis qu'il faudrait presque commencer par le second tome. ;) J'ignorais qu'un second était en attente, j'imagine qu'il sera question alors de la campagne uniquement. Si la lecture est appréciable, sans impression de "déjà lu" et de "remise au goût du jour" je pourrais toujours commencer par ce premier opus. Mais manifestement l'essentiel a été écrit dans vos posts et échanges.
Grand merci pour ce résumé. Je vais relire Rey et "Napoléon - aspects extérieurs" ainsi que les différents sujets sur le forum à partir d'Austerlitz et l'évolution des deux parties. Cependant si le livre de Sokolov est plus complet que celui de Rey additionné à tous les échanges, je verrai. J'attends d'être en pleine "campagne" et de recroiser les sources. Rien n'est plus désolant qu'un livre décevant.
Merci encore, ce fut un plaisir.

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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 17 Oct 2012 7:02 
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Inscription : 20 Juin 2003 22:56
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Citer :
Il faudrait adhérer à vos résumés sans aucune analyse. Prenez déjà ce que vous nommez ci-dessus "résumé" non d'un livre mais d'une personne. La rhétorique reste au stade "ad hominem". D'après cette analyse, vous en déduisez différents traits caricaturaux que vous allez qualifier de "psychologiques". Où est la démonstration avec des arguments de psychologie : pas d'échange de comptoir mais de psychologie ? Là, je tiens la route.
Pourquoi ce "Nous" ? Un besoin de vous mettre au pluriel parce-que "l'union fait la force" ? Vous recherchez un post qui adhère à votre résumé et vous conforte et réconforte ?

Gaete, la modération commence à trouver vos "sorties" plus que limites.
Ce genre de réponse-fleuve, dans lesquelles vous vous spécialisez de plus en plus, vides d'arguments historiques et remplies par les déclinaisons d'un pathos, qui n'a pas sa place ici, ne me semblent vraiment pas utiles ici.
D'autant plus que vous faites partir de la discussion des utilisateurs qui se donnent la peine de produire une petite recension d'un ouvrage qu'ils ont lu.
Aussi, nous vous demandons de vous abstenir de ce type de réponse à l'avenir sous peine de sanction.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 17 Oct 2012 7:49 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Il serait en effet bien dommage que Caesar Scipio quitte la discussion. :-|

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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 20 Oct 2012 19:15 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Cyril, je suis bien d'accord avec vous sur le fait que le reproche que Sokolov fait à Castlereagh à propos de l'ouverture diplomatique de Napoléon est risible. Napoléon était décidé à affronter la Russie : personne ne pouvait reprocher aux britanniques de refuser de lui faciliter la tâche.

Mais pour le reste, si Sokolov témoigne tout au long de son ouvrage d'anti-britannique, il n'a pas forcément tort dans les reproches qu'il fait au Royaume-Uni. Bien qu'insistant moins, Lieven et bien d'autres historiens ne disent pas autre chose. La thèse de Sokolov est que pour des raisons personnelles et affectives, Alexandre a en grande partie épousé les interets et objectifs britanniques si bien que Londres n'a même pas eu besoin de faire des concessions pour conclure des alliances avec la Russie.

Mais ce qui est intéressant dans sa méthode, c'est le fait de ne pas accorder beaucoup de crédits aux sources postérieures aux événements et surtout postérieures à la chute de Napoléon.

Ainsi, quoi qu'aient pu dire ou écrire ou dire Alexandre et Napoléon une fois la guerre engagée, ou la guerre gagnée/perdue, ou Napoléon à Sainte-Hélène, ce qui compte est ce qu'ils faisaient vraiment avant les événements et ce a quoi tendaient leurs objectifs.

Or, dès la fin 1809, Napoléon démobilise massivement la Grande Armée et réduit drastiquement la présence militaire française à l'est du Rhin. Et quasi-simultanément, dès le début de 1810, une fois précisément ce retrait constaté, Alexandre mobilise massivement, retirant même de nombreux effectifs du front du Danube, et concentre ses forces tout près du grand duché de Varsovie. Cela donc au moment même où le mémorandum de Barclay de Tolly prône, en cas de conflit contre la France, une stratégie de retraite pour affaiblir la Grande Armée.

Ce que Sokolov en conclut, d'une manière qui le semble intéressante, c'est que Barclay était complètement isolé, pas suivi par son souverain, et que ses idées stratégiques n'ont même pas donné lieu à établissement d'un plan à l'avance et encore moins d'exercices sur ce plan virtuel.
Jusqu'à moins d'un mois avant le 22 juin 1812, les intentions russes et en 1er lieu d'Alexandre, ainsi que leurs actes et leurs mouvements/positionnements militaires tendaient vers l'offensive.
Ce sont d'ailleurs ces faits, que Napoléon a longtemps refusé de voir et de croire, qui ont fini par le convaincre de la nécessité de se préparer à faire face militairement pour ne pas se faire surprendre. Et vu qu'Alexandre ne se prêtait ensuite pas a la moindre ouverture diplomatique mais présentait ensuite des demandes outrancières, jusqu'à un véritable ultimatum, que Napoléon a accepté de s'engager dans l'engrenage conduisant inéluctablement à la guerre.

Cela faisait en réalité près de 3 ans, depuis en réalité la guerre de 1809 contre l'Autriche, qu'Alexandre avait pris l'initiative de s'engager activement dans une nouvelle trajectoire de collision militaire avec l'empire français.


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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 20 Oct 2012 21:34 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Citer :
personne ne pouvait reprocher aux britanniques de refuser de lui faciliter la tâche.


Personne hormis Napoléon qui fit paraître l’ouverture française et la réponse de Castlereagh dans le Journal de l’Empire. On est plus ici dans de la politique intérieure visant à resserrer les rangs alors qu’une campagne majeure s’engage, que dans des relations internationales visant la paix.

Hormis donc Napoléon… et peut-être Sokolov, de qui on aurait pu espérer une analyse digne de ce nom, et non cette réflexion pour le moins étrange et en tout cas inutile…



Citer :
La thèse de Sokolov est que pour des raisons personnelles et affectives, Alexandre a en grande partie épousé les interets et objectifs britanniques


Et là, je ne suis pas Sokolov.
Ecrire que « ce n’était pas des considérations rationnelles de la géopolitique ou de l’économie qui dictait au tsar cette haine étrange et illogique », pour moi, ne tient pas.
Il suffit d’ailleurs de lire tout ce que dit Sokolov sur le duché de Varsovie pour se rendre compte que la question polonaise est un point central de la marche au conflit.
On pourrait également ajouter la question ottomane (étrangement peu développée) et la mainmise progressive de l’Empire français sur l’Europe pour voir que tout n’est pas si "irrationnel" (sic) que ce qu’il voudrait bien nous faire croire.



Citer :
Mais ce qui est intéressant dans sa méthode, c'est le fait de ne pas accorder beaucoup de crédits aux sources postérieures aux événements et surtout postérieures à la chute de Napoléon.


C’est juste.
Cependant, malgré cette démarche effectivement très intéressante, la manière dont il traite les sources n’est pas exempte de reproches. Voir notamment les passages « oubliés » de la correspondance avec Czartoryski.



Citer :
Jusqu'à moins d'un mois avant le 22 juin 1812, les intentions russes et en 1er lieu d'Alexandre, ainsi que leurs actes et leurs mouvements/positionnements militaires tendaient vers l'offensive.


Tout n’est cependant pas si simple.
J’ai cité plus haut la lettre d’Alexandre à Czartoryski en date du 31 janvier 1811 (passage non repris par Sokolov) :
« Il est hors de doute que Napoléon tache de provoquer la Russie à une rupture avec lui, espérant que je ferai la faute d’être l’agresseur. Cela en serait une dans les circonstances actuelles et je suis décidée à ne pas la commettre. Mais tout change de face si les Polonais veulent se réunir à moi.
[…]
Tant que je ne puis être sûr de la coopération des Polonais, je suis décidé à ne pas commencer de guerre avec la France. Si cette coopération des Polonais avec la Russie doit avoir lieu, il faut que j'en reçoive des assurances et des preuves indubitables ; ce n'est qu'alors que je puis agir de la manière précitée.
Si cette coopération avec la Russie doit avoir lieu, il faut que j’en reçoive des assurances et des preuves indubitables ; ce n’est qu’alors que je puis agir de la manière précitée»


On pourrait également parler de la lettre du Tsar du 1er avril 1812 (là aussi non citée par Sokolov) :
« Quoiqu'il ne soit pas impossible que nous puissions nous porter avec nos forces jusqu'à la Vistule, même la passer, et par là avoir le moyen d'entrer à Varsovie, il est plus prudent cependant de ne pas baser nos calculs sur des chances aussi avantageuses ; de là naît la nécessité d'arranger nos démarches de manière à ne pas compter sur les ressources et l'effet que la possession de Varsovie pourrait nous procurer. C'est donc dans nos provinces qu'il faudra créer le centre d'action.
[…]
Je me contenterai de rappeler seulement l'étendue immense de terrain que les armées russes ont derrière elles, pour se retirer et ne pas se laisser entamer, et les difficultés qui à mesure augmenteront pour Napoléon en s'éloignant si fort de ses ressources. »

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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 20 Oct 2012 22:46 
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Philippe de Commines
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Caesar Scipio a écrit :
La thèse de Sokolov est que pour des raisons personnelles et affectives, Alexandre a en grande partie épousé les interets et objectifs britanniques si bien que Londres n'a même pas eu besoin de faire des concessions pour conclure des alliances avec la Russie...Mais ce qui est intéressant dans sa méthode, c'est le fait de ne pas accorder beaucoup de crédits aux sources postérieures aux événements et surtout postérieures à la chute de Napoléon.

[Pour Alexandre Ier, l'entente avec l'Angleterre reste primordiale. Certes, en Octobre il refuse l'entente militaire que lui propose l'Angleterre... le rapprochement russo-anglais reste son objectif dès 1801... Il le souligne très clairement dans une lettre à l'ambassadeur Simon Vorontsov, le 7 novembre 1801. Alexandre l'autorise à informer le gouvernement britannique de la teneur de l'accord conclus avec Paris, y compris les clauses secrètes...
« Je laisse à votre jugement à communiquer au ministère anglais, les actes ci-joints qui ont été conclus à Paris, soit en entier soit en partie, en leur faisant voir par là ma franchise et en me prenant d'eux l'assurance que les conditions secrètes ne seront pas dévoilées. Je crois nécessaire à cette occasion de vous communiquer pour votre information, qu'absolument je ne compte entrer avec le gouvernement français dans aucun projet ultérieur quelconque et que l'expression d'un concert ultérieur employée par Talleyrand dans ses conférences avec le comte Morcoff peut tout au plus se rapporter... au concert sur les mesures relatives aux affaires de l'Allemagne. »
le tsar éprouve à l'égard de la France du premier consul une méfiance qui le pousse à se rapprocher des puissances européennes légitimistes -Alors même qu'il reste attaché à ses convictions libérales.]
A Laharpe en 1803 :
« Je suis bien revenu avec vous mon cher, de notre opinion sur le premier consul. Depuis son consulat à vie, le voile est tombé ; depuis lors c'est allé de mal en pis. Il a commencé à se priver lui-même de la plus belle gloire réservée à un humain et qui seule lui restait à cueillir : celle de prouver qu'il avait travaillé sans aucune vue personnelle, uniquement pour le bonheur et la gloire de sa partrie et fidèle à la constitution... Alors qu'il avait juré de remettre après les dix ans le pouvoir qu'il avait en main... Au lieu de cela il a préféré singer les cours tout en violant la constitution de son pays. Maintenant c'est un des tyrans les plus fameux que l'histoire ait produits »
Après la chute du ministère Addington et la nomination de Pitt :
[Alexandre Ier prend la décision d'envoyer à Londres un émissaire secret, son ami personnel, le comte Novossiltsev à l'insu de Vorontsov qu'il soupçonne de sentiments anglophiles trop aveugles... le tsar lui confie la mission de négocier secrètement... un rapprochement voire une alliance qui loin de se limiter à des considérations tactiques (les Balkans, l'Italie) anti-napoléoniennes devra engager un programme ambitieux de reconstruction de l'Europe... D'entrée de jeu, ce point est crucial, le tsar inscrit son projet dans une lutte idéologique d'envergure... ]
Etonnement, à ce moment, l'Angleterre bloque (soupçons des visées russes sur l'Empire ottoman?).

L'affectif porterait plus Alexandre vers la Prusse, objet de son premier voyage -en dépit des protestations de la reine mère-. Alexandre tient à une entente, comme avant lui son père et son grand-père. Nous ne sommes qu'au début du règne d'Alexandre. Il a peut avoir désormais une certaine latitude qui était difficile il fut un temps : influence du parti pro-anglais des frères Vorontsov et autres. Duroc à Napoléon : « M. de Pahlen est toujours à la tête des affaires et paraît avoir une grande influence » - Vorontsov à Novossiltsev « Le souverain est entre leurs mains, il ne peut avoir ni volonté ni sûreté à s'opposer à ce que veut cette terrible cabale ».
En quelques années, Alexandre gouverne, a mis de côté ses idées pacifiques et il semble que ce soit plus par choix politique qu'il essaie à se rapprocher de l'Angleterre. Dès le début, Alexandre penche pour un axe russo-anglais. Que ce soit peut-être par refus de continuer la politique paternelle qu'il décrit comme « hasardeuse et belliqueuse » (?) ou par une déception de l'abandon par Napoléon des idéaux des Lumières (La Harpe a fait son office). Entre temps le tsar a mûri, il y a eu Tilsitt, puis Erfurtt où -au final- bien moins malléable il ne lâche rien face à un Empereur qui pensait de nouveau jouer avec une jeune homme naïf.

Source : Alexandre Ier – M-P Rey – Flammarion – 2009.

Citer :
Ce que Sokolov en conclut, d'une manière qui le semble intéressante, c'est que Barclay était complètement isolé, pas suivi par son souverain, et que ses idées stratégiques n'ont même pas donné lieu à établissement d'un plan à l'avance et encore moins d'exercices sur ce plan virtuel.

1810 : campagne de recrutement de Barclay, perfectionnement de l'instruction des combattants, préoccupation de l'état général des troupes au niveau sanitaire, réforme des services d'état major, du ministère de la guerre, instauration d'un service d'espionnage fonctionnant avec les attachés militaires, révision de la structure de l'armée notamment l'infanterie et l'homme se prononce pour une guerre défensive. Avis partagé par von Phüll. Le tsar penche pour une guerre offensive exportée soite en Pologne soit en Prusse (déjà évoqué). Eté 1811, le tsar entre dans une logique de guerre défensive : rénovation des anciennes forteresses (Kiev au sud, Riga au nord), de nouvelles sortent de terre Babruysk (au sud), Dvinsk sur la Dvina (inachevée) et Drissa. Avril 1812, P. Chouikevitch adresse un memorendum au tsar dans la ligne de Barclay : refut de la recherche du combat décisif.
« Nous avons tout à gagner en persévérant dans la défensive et en continuant la guerre de retraite. Si l'ennemi nous suit il est perdu car plus il s'éloigne de ses magasins, de ses dépôts d'armes et plus il s'enfourre dans un pays sans chemins praticables, sans vivres qu'on peut lui ôter en l'entourant d'une armée de cosaques... finira par être exterminé par notre hiver... il nous a bien servi en Ukraine l'année du 8 au 9 passé, ayant réduit à la moitié l'armée avec laquelle Charles XII y était entré... » (de Londre S.R. Vorontsov à son fils – 9 juin 1812)
Parce-qu'elle choque l'orgueil russe, l'idée d'une guerre défensive reste au niveau de cercles restraints.
[...Le véritable problème qui se pose alors à l'armée est celui du haut commandement]... Un certain flottement s'observe... Le 1er chef d'Etat major choisi par BDT : Lavrov ne reste que 9 neufs jours en place, 17 pour Moukhine, une stabilisation avec Ermolov... Alexandre Ier ne se résout ni à prendre le commandement ni à désigner formellement un seul commandant en chef... Hiérarchiquement BDT est le supérieur de Bagration, sur le terrain il en va autrement. Il faut aussi composer avec les conseillers du tsar. Le repli vers Drissa entraine le sort de Vilnius. Les replis successifs suscitent de fortes réactions. Les pertes sont drues. Pour Phüll qui a l'oreille du tsar [la première armée doit occuper Drissa afin d'en faire une citadelle inexpugnable devant laquelle la grande armée subira de côté et de dos l'attaque de la seconde armée] (Bagration, Raïevski, Borozdine, von Sievers plus les cosaques du Don). Le plan « Phüll » est un échec, Alexandre gagne l'arrière.
Barclay contesté dès le début se heurte à un mouvement de critique amplifié par l'abandon de Vitebsk puis la chute de Smolensk. Au sein de l'état major des rumeurs enflent à l'encontre « d'étrangers coupables de trahison », rumeurs encouragées largement par Bagration. Devant l'interminable repli le moral des troupes décline. [ce sentiment de trahison est encore renforcé... sur 16 commandements de corps d'armée, 7 sont d'origine allemande ; l'armée compte 69 généraux allemands, 96 colonels et capitaines et près de 700 officiers de rang inférieur.
«... le mécontentement est tel dans les armées que même les soldats murmurent : ils n'ont aucune confiance en leur commandement. Il faut en nommer un autre, un seul pour les deux armées. Il est nécessaire que VM le fasse sans tarder car c'est de cela que dépend le sort de la Russie » (Chouvalov au Tsar le 28 août).] BDT ne parvient pas à fédérer l'armée. Alexandre convoque un comité extraordinaire (Saltykov, Lopoukhine, Kotchoubeï, Araktcheïev et Balachov). Mission : démettre BDT de ses fonctions et lui trouver un successeur, Bennigsen ? Bagration ? Tormassov ? Ce sera Koutouzov. Ce n'est évidemment pas le choix du tsar qui se plie cependant à l'avis du « comité ».
[Pourtant... la nomination de Koutouzov... n'apportera que des changements mineurs à une stratégie demeurée pour l'essentiel inchangée...]

Source : L'effroyable tragédie - Rey - 2012

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 Sujet du message : Re: La Russie contre Napoléon
Message Publié : 21 Oct 2012 0:42 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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[quote="Drouet Cyril"]Et là, je ne suis pas Sokolov.Ecrire que « ce n’était pas des considérations rationnelles de la géopolitique ou de l’économie qui dictait au tsar cette haine étrange et illogique »[quote]

Géopolitique... 
[...Dans le Caucase il étend l'autorité de l'Empire russe sur les petits états indépendants de l'ouest en recourant à la mise en place de protectorats politiques... qui deviennent des annexions (Mingrélie, Imétérie, Gurie)] L'ampleur des obstacles et le coût font qu'Alexandre revoit cette politique mais l'expansion française va finir par mettre à mal cet tentative de neutralité : « La Russie, assumant une attitude plus menaçante et élevant la voix, aurait pu facilement rendre jusqu'à un certain point l'équilibre à l'Europe... L'Empereur n'a que deux pensées : la paix et l'économie » (J. de Maistre, ambassadeur de la cour de Sardaigne – 1803)
Il semble exister une franche rupture lors de l'évolution des questions balkaniques et -il faut l'avouer- avec l'enlèvement d'Enghien. La signature du traité de paix franco-ottoman jette encore un peu plus d'huile sur le feu. L'intérêt nouveau que semble montrer la France face aux balkans en abondant l'Italie de troupes françaises manifestement prêtes à intervenir contrarie la diplomatie russe. L'Empire ottoman semble le carré privé de la Russie depuis un certain temps. Les îles ioniennes qui devaient être libérées se voient transformées en base militaire russe.
D'Oubril -qui optait pour une neutralité- quitte son poste en 1804 et le tsar estime que la Russie ne peut que s'opposer aux ambitions de Napoléon :
[… Pour lui, il est crucial de nouer unen entente militaire contre l'Empereur français mais il faut surtout donner à cette alliance une dimension idéologique, un projet ambitieux pour l'Europe... Czartoryski propose tout d'abord d'en finir avec l'expansionnisme napoléonien jugé intolérable et, pour ce faire, d'engager la Russie dans une alliance militaire avec l'Angleterre. Le nouveau système devra faire la paix avec l'Europe une fois l'ennemi défait et ne pas en rester là mais consolider cette alliance et instituer un système européen fondé sur des bases nouvelles... Régir les relations internationales en recourant à la raison et en refusant l'état de nature... Il s'agit donc bien de transférer à l'échelle internationale les valeurs de raison, d'ouverture et de tolérance prônées par les Lumières]

Lorsqu'il n'était que tsarévitch, Alexandre avait pris l'habitude de réunions à Moscou en comité restreint : Czartoryski, Stroganov et Novossiltsev [pour leur confier sa volonté de promouvoir des réformes politiques d'envergure une fois qu'il serait lui-même empereur... Les 4 hommes prennent l'habitude de se rencontrer quotidiennement chez Stroganov qui tient un salon réputé « libéral ». En marge des discussions, au fil d'entretiens secrets, le quatuor abord librement des sujets clés.
« ...Voilà mon idée...Une fois... que mon tour viendra il faudra travailler -peu à peu s'entend- à faire une représentation de la nation qui, dirigée, fasse une constitution libre après laquelle mon pouvoir cessera absolument... Je me retirerai dans quelque coin et je vivrais content et heureux en voyant et en jouissant du bonheur de ma patrie... Fasse le ciel que nous puissions une fois venir à bout de rendre la Russie libre et de la garantir des atteintes du despotisme de la tyrannie... » (échange d'Alexandre avec Laharpe - 1796) »] Kotchoubeï, jeune ambassadeur à Constantinople se joint au groupe. L'activité du cercle est intense mais Paul Ier de plus en plus suscpicieux fait que les amis se dispersent : Novossiltsev en Angleterre, Kotchoubeï en Allemagne et Czartoryski se voit contraint d'accepter un poste en Sardaigne.
Si les idées évoluent, s'adaptent devant les multiples changements, peuvent un temps être mises de côté, je pense que le « fond » reste. Toujours Alexandre restera attaché à ce désir politique et la volonté d'expansionnisme de Napoléon ne peut que le heurter et dans ses idées... et dans sa politique car il sait rester pragmatique. Ce n'est que le choc de deux caractères, je ne pense pas qu'il soit question de haine « illogique» mais de simples divergences de vues, d'esprit, de politique, d'empiètement qui -à ce niveau- ne peut que se terminer en conflit. De plus Alexandre n'est pas près -sous couvert d'idéaux- à brader les territoires qu'il possède et tient à garder vers l'Est une politique qui lui permet de franches coudées. S'il met un point final (plus ou moins) à ses idées de refonte du pays, c'est justement parce-qu'il est sollicité ailleurs pour des raisons qui vont à l'encontre de ses convictions profondes. Il semble avoir quelque mal à se décider mais une fois la décision prise, obligé de sortir de sa neutralité, rien alors ne peut le dissuader d'aller "jusqu'au bout". Il ignore ce qui sera mais une fois engagé, il semble déplacer le statut de "conflit" vers autre chose qui n'appartient qu'à lui et que nous serions bien en peine d'expliquer. Certains nomment ce statut "croisade" ou placent un autre substantif, peu importe.
Pour ce qui est de l'économie, le sujet a été développé sur un autre fil. On ne peut shunter ce paramètre qui va prendre une ampleur d'autant plus démesurée que de part et d'autre on sait à quoi s'en tenir. On ne peut demander à un "allié" d'asphyxier son économie pour des vues très personnelles qui engendrent des problèmes à l'échelle européenne, problèmes qui ne trouvent pas même de solution valable pour chaque partie après un conflit suivi d'un traité aux articles vite détournés.

Source : Alexandre Ier – Rey - 2009

Toutes mes excuses pour le [quote], j'ai donc mis votre citation en couleur. :oops:

Une question cependant : comment Napoléon qui a vu, étudié la Russie et les réformes qui ne peuvent aboutir dans un pays si vaste aux ethnies nombreuses n'a pas pensé un seul instant qu'il était quelque peu dans la même position mais sans cette "légitimité" qui rend un trône solide... et encore en Russie, rien n'est bien acquis. Alors s'appuyer sur la "légitimité" des armes ou de la force ceci semble encore plus fragile.

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