Publius Quintilius Varus a écrit :
Tout le monde critique le maréchal Grouchy, mais qu'aurait-il dû faire au soir de Ligny avec les ordres que lui avait donné l'Empereur ?
Au soir de Ligny, Grouchy ne pouvait pas faire grand chose de plus qu'il ne fit car Napoléon ne donna aucun ordre. Il se retira à Fleurus et laissa la nuit passer sans aucune réaction de sa part.
Il ne faut pas oublier que selon l'ordre que Napoléon lui avait envoyé le 16 au matin, lui attribuant le commandement de l'aile droite, les corps devaient obéir directement à Napoléon lorsqu'il était présent. Donc au soir de Ligny, Napoléon se trouvant toujours avec l'aile droite, les ordres devaient impérativement venir de lui.
Grouchy semble s'être contenté de donner des ordres aux troupes (cavalerie) qu'il avait directement sous ses ordres. Se trouvant à l'est du champs de bataille et à portée de Sombreffe et de la route de Namur à Nivelles, c'est naturellement dans cette direction qu'il envoya les faibles effectifs de Pajol et les dragons d'Exelmans en reconnaissance. Il n'était pas sensé s'occuper des autres parties du champ de bataille à ce moment là.
Il semble bien qu'aucune autre reconnaissance n'ait été menée par les autres corps. On parle bien d'une reconnaissance effectuée par Bailly de Monthion mais les infos à se sujet semblent assez éparses.
Quoiqu'il en soit, l'Etat Major français semble avoir acquis l'idée que les Prussiens se repliaent vers la Meuse, c'est à dire Namur et/ou Liège.
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Envoyer plus d'eclaireurs dans tous les sens ?
Il semble bien que c'est ce que Grouchy a fait mais avec les faibles moyens en cavalerie légère dont il disposait et les dragons qui semblent avoir été impropres à ce travail, les renseignements récoltés ont enfoncé l'état major français dans la certitude d'une retraite (même une débacle) dans la direction de la Meuse. Ce ne fut que le 17 au soir que Grouchy réunis des informations lui annonçant que l'armée prussienne s'était séparée en deux et qu'elle retraitait dans deux directions différentes. Le gros de l'armée se repliant sur Liège et une portion tentant de rejoindre Wellington.
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Se diriger franchement vers le nord ? Grouchy savait que les Prussiens ne se repliaient plus vers le nord-est mais vers le nord et il avait des ordres.
Vers 10h00 du soir, le 17, Grouchy envoya une lettre à Napoléon lui annonçant ce que j'ai dit plus haut. Il lui annonçait que selon les renseignements qu'il recevrait durant la nuit, il se mettrait en route à la pointe du jour et poursuivrait le gros de l'armée prussienne dans la direction ou il aurait été repéré.
Napoléon ne répondit à ce rapport que le lendemain 18 à 10h00 alors qu'il avait pris la décision d'attaquer les Anglais qui semblaient vouloir tenir leur position de Mont Saint Jean.
En attendant, Grouchy, n'ayant reçu aucune réponse de Napoléon lui avait envoyé un deuxième rapport de Gembloux aux environs de 6h00 du matin le 18. Dans ce rapport il annonçait qu'il se portait sur Wavre par Sart à Walhain.
Dans les deux cas, les ordres que Napoléon lui envoyèrent furent de se rendre à Wavre et le plus vite possible.
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Qu'eut fait Davout ?
C'est absolument impossible à dire. Il est probable qu'il eut agit autrement de par son expérience et son caractère différent, mais il est impossible de dire s'il eut mieux fait ou moins bien.
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N'est-ce pas aux dès les Quatre Bras que la bataille fut perdue ?
Je ne le pense pas. Certes la journée du 16 fut une occasion manquée mais elle n'hypothèquait en rien la suite de la campagne. Au soir du 16 et encore le 17 dans la matinée, l'armée de Napoléon est encore unie et concentrée, il a encore le choix de ses mouvements, il peut reculer, attendre, se lancer sur les Prussiens ou les Anglais avec toutes ses forces réunies. Il a encore beaucoup de marge.
A partir du moment ou il sépare ses forces il se défait d'un de ses seuls gros atouts dans cette campagne : il se prive de la supériorité numérique qu'il peut avoir sur l'une ou l'autre armée séparée.
L'absence d'ordres de poursuite au soir de Ligny et l'attente trop longue le 17 au matin permettent aux deux armées alliées de se replier, de se reconcentrer et de se réorganiser. A prtir de ce moment, Napoléon est en train de diviser ses forces alors que les alliés sont en train de concentrer les leurs. Là ça commence à s'annoncer très trsè mal. Ces deux erreurs sont à mon avis beaucoup plus lourdes que les problèmes du 16.
Cordialement
Frédéric