Un grand nombre de femmes de très
haute-naissance (pour ne parler que d'elles ici) étaient, en cette fin de siècle, proches des idées philosophiques des Lumières.
Ou du moins de ce qu'elles en pensaient...de loin. :wink:
Nous pouvons citer, Mme d'Hénin, de Montesson, la princesse de Poix, la duchesse de Biron, la maréchale de Luxembourg, la princesse de Bouillon et bien d'autres encore !
Elles étaient considérées comme des
esprits forts et aimaient fréquenter, à l'occasion, une société de philosophes.
Effet de mode ou réelle adhésion aux idées progressistes?
On l'a déjà dit aussi pour Mme de Lamballe et son appartenance, finalement surprenante 8O , aux idées de la franc-maçonnerie (voir ici :
http://www.passion-histoire.net_ ... c&start=80 )
J'imagine donc que, comme beaucoup d'hommes et de femmes de la Cour, la princesse de Lamballe a été complètement dépassée par ce qui s'est passé.
Elle ne s'y attendait absolument pas. Et, comme d'autres, n'imaginait pas une seule seconde que l'on puisse remettre en cause et surtout,
à ce point, la monarchie.
Au début de la Révolution, ils sont d’ailleurs peu nombreux ceux qui l’envisagent comme tel, révolutionnaires compris.
Je cite la marquise de la Tour du Pin dans ses
Mémoires, et à propos cette fois de la prise de la Bastille :
"L'on n'avait pas la moindre idée de ce qui devait arriver à Paris le lendemain. On parlait seulement de troubles partiels à la porte de quelques boulangers accusés par le peuple de falsifier la farine (...).
Si l'on réfléchit que ma position personnelle me mettait à portée de tout savoir; que M de Lally, membre influent de l'Assemblée, demeurait, avec ma tante et moi, dans la petite maison de la Ménagerie; que j'allais tous les jours souper à Versailles, chez Mme de Poix, dont le mari, capitaine des gardes, et membre de l'Assemblée, voyait le roi tous les soirs à son coucher (...).
Notre sécurité était si profonde que le 14 juillet à midi, ou même à une heure plus avancée de la journée, nous ne nous doutions qu'il y eût le moindre tumulte à Paris"Je suis aussi en train de lire les
Mémoires de la comtesse de Bohm, captive sous la Terreur et qui échappe, par hasard, à la mort.
Elle est la fille du marquis de Girardin, qui fût le protecteur de Rousseau et qui l'accueillit en 1778 dans son domaine d'Ermenonville, dédié à la philosophie et à la nature.
Elle est instruite, mais donc aussi complètement baignée d'idées nouvelles et libérales.
Pourtant, à lire ses
Mémoires, elle ne comprend rien de rien à ce qui lui arrive! :tourne:
Puisque noble, elle est suspectée,
à priori, d'être des ennemis de la Révolution (bien pire, Mme de Lamballe est connue pour être une des amies intimes de la reine)
Mais elle
tombe également à cause de motifs plus personnels (c'est aussi peut être le cas de la princesse de Lamballe avec Orléans).
Et enfin à cause d'une certaine anarchie politique et sociale, d'évènements extérieurs etc., qu'elle est loin de pouvoir anticiper.
Dans un premier temps elle émigrera d'ailleurs, puis revient, persuadée qu'il ne peut rien lui arriver ou ne mesurant pas les risques réels (c'est aussi le cas de la princesse de Lamballe).
La comtesse de Bohm se montre tout aussi horrifiée à l'annonce de la mort de la reine, que profondément choquée quand elle se rend compte, en prison, que des femmes du peuple peuvent être… monarchistes ! :lol:
Elle ne comprend rien, parce qu’elle manque de recul historique et que les évènements s'articulent de manière incontrôlable.
J'imagine que la princesse de Lamballe était attachée à la monarchie, elle a pu aussi
s'ouvrir à d'autres idées; mais elle n'a pas pu mesurer ce qui se passerait, et avec quelle rapidité!
C’était, il me semble, impossible d’ailleurs.