Je ne sais pas faire court, mais je pense que mon résumé de cette histoire est assez claire :
1715 : Louis XIV meurt. Les finances de la France sont dans un état lamentable : le roi avait dépensé tout l’argent dans les guerres et les constructions, les banquiers eux-mêmes s’étaient enrichis au dépend du royaume. Philippe d’Orléans est nommé Régent.
Law offre ses services en tant qu'économiste à Philippe d'Orléans. Il propose la création d’une banque qui émettra de la monnaie-papier en échange de l’or et prêtera à l’Etat le métal reçu.
1716 : le Régent le suit et lui permet de créer la Banque Générale, située rue Quincampoix à Paris (l’ancien hôtel particulier de François de Vendôme) qui deviendra Banque Royale en 1718, en reprenant le modèle des banques hollandaises : dépôt en monnaie contre des billets, sans prendre de bénéfice, ceux-ci sont réalisés grâce au change et opérations d’escompte.
L’opération est un succès, les billets étant bien plus pratiques pour le commerce, la banque augmente le volume de ses émissions, mais elle reste fragile ayant prêté son or à l’Etat, elle n’est pas en mesure de faire face aux remboursements éventuels de ces billets. De plus, un nouvel édit est créé : les billets peuvent être reçus pour régler les impôts.
1717 : Law crée la Compagnie d’Occident, regroupant ainsi la Compagnie du Sénégal, la Compagnie de Chine et celles des Indes Orientales, obtenant le monopole du commerce avec la Louisiane pour 25 ans, cette compagnie disposant d’une souveraineté sur le port de Lorient qui connait une activité commerciale sans précédent.
1719 : Law se convertit au catholicisme et rachète la Compagnie du Mississipi au financier Crozat, il regroupe les compagnies mentionnées ci-dessus et fonde la Compagnie Perpétuelle des Indes. En juillet la Compagnie reçoit le monopole d’émission de la monnaie en France.
La Compagnie négocie pour le compte du royaume la multitude de rentes dont il est redevable, elle offre au royaume de lui prêter 1 200 millions de livres nécessaires à cette opération de rachat, les règlements se faisant en billets de banque. Les souscriptions sont bien accueillies, les nouveaux billets ont une valeur supérieure à la monnaie, ce qui engendre un début d’inflation.
Les spéculateurs sont nombreux, le cours des actions s’envole, mais les revenus des mines d’or du Mississipi ne sont pas encore prouvés. Les gros investisseurs, commençant à avoir des craintes, se mettent à vendre leurs actions et se font rembourser en espèces. L’action se négociait à 10 000 livres pour une valeur nominale de 500 livres !!!
Début décembre : Law prenait déjà des mesures avant que la catastrophe n’arrive : il permet aux créanciers de se faire rembourser en billets par les débiteurs et annonce une dévaluation, il octroie une prime de 5% en faveur des billets sur l’argent et limite la quantité de monnaie autorisée pour les paiements. Fin décembre, le système connait son premier problème : baisse du cours des actions de la Compagnie des Indes.
1720 : le 4 janvier, Law est nommé contrôleur général des finances, afin d’enrayer cette baisse, puis nommé Surintendant Général des Finances. Il avait fait racheter une partie de ses propres actions pour enrayer cette chute. Surtout que tout le monde voulait se faire rembourser à prix fort, la Compagnie devait rembourser près de 300 millions.
Law décide alors de fermer le bureau des achats de la Compagnie et en février la banque Générale sera absorber par la Compagnie des Indes. Ce regroupement permettait à la Compagnie de récupérer 100 000 actions appartenant au roi : 1/3 reste en caisse, 1/3 remboursable dans l’année et le reste payable sur 10 ans. Le système est proche de sa fin : les ennemis de Law (le duc de Bourbon, le prince de Conti, les financiers privés) poussent à la spéculation à la hausse pour faire effondrer le système. Les actions passent à 20 000 livres. !
Début mars : Law fixe la valeur des actions à 9 000 livres, annonce une refonte des monnaies afin d’acheter des actions et payer les billets avec des espèces surévaluées, il accompagne ceci de mesures sévères : ordre d’apporter les monnaies à l’hôtel des monnaies, interdiction de transporter les matières or et argent, introduction des billets dans toutes les villes du royaume, réduction fiscale à ceux qui payaient les impôts en billets, interdiction de détenir plus de 500 livres en espèces au domicile.
Fin mars : début de la banqueroute du système Law : Les Grands (Prince de Conti et Duc de Bourbon) viennent en personne récupérer leur argent, les actionnaires se présentent en masse pour échanger le papier monnaie contre des espèces, que la banque n’a pas (Law ayant renfloué les caisses de l’Etat et les richesses coloniales n’étant pas encore arrivées), plus personne n’a confiance, la France et l’Europe rentrent en pleine crise économique : des émeutes ont alors lieu.
Fin mai : Law réduit la valeur des actions à 5 000 livres. Le Régent poussé par le Parlement renvoie Law fin mai 1720 et le fait « embastiller ».
D’Argenson, estimant Law, le met seulement aux arrêts dans son hôtel. Une commission fut chargée de vérifier les comptes de la Banque, Law revient en grâce car rien de négatif n’est trouvé.
Début juin, il est libéré, promu Surintendant du Commerce de France, directeur général de la Banque Royale et de la Compagnie des Indes, et reprend sa place au conseil de Régence.
Entre juin et décembre 1720, Law essaye de trouver les moyens de résorber les billets et les actions pour éviter l’anéantissement de son système.
Juillet : il met sur pied un plan destiné à éponger 2 200 millions de billets, malgré tout il y eut 17 morts lors d’une nouvelle émeute rue Quincampoix.
Début août : remise à niveau des espèces par rapport aux billets. Le 15 août, Law commence à abandonner définitivement les billets et supprime les avantages fiscaux accordés aux billets.
Octobre : les billets furent retirés de la circulation par une nouvelle opération monétaire (les nouvelles espèces à recevoir seraient payables un tiers en billet). Entre temps, Law avait offert aux porteurs d’action le pouvoir de les convertir en compte courants de la Banque, mais amputés de ¾ de la valeur, ce qui eut pour effet d’augmenter l’échange des actions contre des billets. Vers la fin du mois, Law perd le contrôle des décisions financières : il ne peut plus procurer au Trésor Public les fonds nécessaires, n’ayant plus de billets.
Décembre 1720 : Law donne sa démission. Il quitte Paris le 14 décembre et la France le 22 décembre pour s’installer à Bruxelles.
La liquidation du système est confiée aux frères Paris, anciens munitionnaires enrichis pendant la guerre de Succession d'Espagne. Un arrêt du 28 octobre oblige les détenteurs d'actions à les faire « timbrer » au siège de la société. Ceux jugés « de bonne foi » les reçoivent sous huitaine, les autres… sous trois ans. Environ 2 millions de personnes, soit 10 % de la population furent concernés par cette liquidation.
La Compagnie des Indes, réorganisée en 1722, disparaitre en 1769.
Vous me direz si vous avez tout compris !
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