LA TRISTE ENFANCE D'UNE PRINCESSE DE SAVOIE
Le milieu du XVIIIe siècle est une époque charnière dans l'éducation des princesses européennes et les mariages qui leur sont réservés. Elles représentent encore les enjeux des interets diplomatiques de l'Europe et se doivent de sceller par de savantes combinaisons matrimoniales les alliances politiques des monarchies d'alors.
Un certain nombre de princesses meurent au maillot ou en bas age. Celles qui réchappent à cette fatalité sont éduquées, formées, dressées au modèle de ce que l'on se faisait d'une altesse accomplie ; la future comtesse de Provence n'échappe pas à cette règle.
Marie-Joséphine de Savoie nait le 2 septembre 1753. Elle reçut les prénoms de bapteme suivants : Maria Guiseppa Louisa, traduits en français Marie-Joséphe-Louise. Devenue princesse française, ele préféra se faire appeler Marie-Joséphine et ce prénom est resté pour la postérité.
Dans les années 1750, la dynastie des Savoie a alors à sa tete le roi Charles-Emmanuel III qui règne depuis 1730. Son fils ainé Charles-Amédée est l'héritier du trone avec le titre de prince de Piémont. Il est marié avec une infante d'Espagne au triple prénom de Marie-Antoinette-Ferdinande. Ce sont les parents de Marie-Joséphine. Ce couple trés uni n'aura pas moins de douze enfants ou notre princesse occupe le troisième numéro.
Un mot sur les origines et l'histoire de la famille. Le fondateur de la lignée est Humbert aux Blanches Mains au XIe siècle. En 1416, Amédée VIII fait accéder le comté au rang de duché et réunit le Piémont à la Savoie en 1429. Au début du XVIIIe sièlce, à la suite de la guerre de Succession d'Espagne, le duché obtient des Autrichiens en 1713 un rang royal. Dés lors, cet Etat s'appelle le royaume de Piémont-Sardaigne ou royaume de Sardaigne. Carrefour de l'Europe, il représente depuis toujoirs un état-tampon avec la France. C'est pourquoi, la France a souvent cherché son alliance. Bien avant Marie-Joséphine, plusieurs princesses françaises furent mariées à des Savoie. En 1697, le duc Victor-Amédée II marie sa fille Marie-Adélaide avec le petit-fils de Louis XIV, le duc de Bourgogne. C'est la mère de Louis XV.
Sur l'enfance de Marie-Joséphine, on ne sait pratiquement rien. C'est pourquoi, je me cantonnerai à quelques réflexions à parir de rares fragments historiques.
Notre princesse voit le jour dans l'une des cours les plus fermées d'Europe. L'étiquette et les exercices de piété suppléent au naturel. Les enfants royaux sont abandonnés aux mains des gouvernantes. A l'évidence, on ne s'amuse guère...Si l'on copie les manières françaises, on n'a pas une once d'esprit français. Tout est codifié, réglé, minuté à l'extreme. De ce fait on peut penser que la personnalité de la petite altesse savoyarde ne s'épanouissent pas, ses qualités et ses défauts sont encore en germe. Les relations au sein meme de la famille royale de Savoie sont trés conformistes, du moins elles apparaissent comme telles. Si l'on a beaucoup d'enfants, on ne les caresse pas beaucoup pour autant. On peut imaginer le résultat d'une telle éducation vouée uniquement au devoir et à l'obéisssance : les petits princes ne s'épanouissent pas et ressemblent à de petites figures de cire.
A 17 ans, Marie-Joséphine est une jeune fille comprimée, timide. Son véritable caractère ne s'affirmera que plus tard. Quant à parler de son aspect physique, les commentaires iront bon train lors de son arrivée en France, nous y reviendrons. Qu'a cela ne tienne ! elle n'est pas sotte, elle sait tenir son rang, elle tient correctement sa partie. Ses parents estiment sans doute que ce sont des atouts suffisants pour lui faire un mariage avantageux.
En bons termes avec Louis XV, une union est rapidement décidée avec l'un des petits-fils du roi de France, le comte de Provence. La jeune princesse va donc entrer dans la plus prestigieuse famille royale d'Europe, mais aussi dans un pays et dans une cour ou elle ignore tout des moeurs et des lois. Une épreuve à hauts risques.
_________________ Dominique Poulin
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