Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 19:40

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 95 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message :
Message Publié : 19 Avr 2004 19:38 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
En tout cas le chapitre "La deuxième dame du royaume" prend forme, j'ai noirci pas mal de pages. Et j'ai fais au cours de mes travaux d'écriture une découverte par plusieurs recoupements. Il s'agit des rumeurs qui ont étayer en son temps les grossesses et les fausses-couches de la comtesse de Provence. je n'en dis pas plus mais j'ai avancé dans ma reflexion. Il se pourrait bien au vu de plusieurs éléments que le mariage de Monsieur et de Madame n'ait jamais été consommé.

Les éléments suivants sont :

- La mauvaise santé de Louis Stanislas et les rapports qui ont été faits lors de son autopsie

- La laideur de Madame et surtout son absence d'hygiène qui n'ont pu que
refroidir un prince peu gaté par la nature

- Les rumeurs de grossesse de Marie-Joséphine et la thèse de ses fausses-couches ne reposent peut-etre que sur des bruits colportés par des radars à la solde de son mari. Le comte de Provence tenait beaucoup à passer pour un prince adepte des plaisirs d'Eros.

- Enfin la fausse-couche de Marie-Joséphine en 1781 attestée par les Girault de Coursac a peut-etre également été mal interpretée. Car elle s'entrecroise trés curieusement avec un autre incident médical d'un menbre de la famille royale à la meme époque et au meme moment. Curieux, curieux...

Vous saurez tout dans le chapitre "La deuxième dame du royaume 1774-1780". Prenez patience.

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 19 Avr 2004 20:30 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
je dévoile ma "découverte" à propos de la fausse-couche de Madame en 1781.

J'en ai déja parlé dans un autre message relatif au thème de la Comtesse de Provence et qui s'appuie sur un texte des Girault de Coursac dans "[color=blue]Provence et Artois, les deux frères de Louis XVI[/color]". Ces historiens disent qu'a la fin de décembre 1781, Marie-Joséphine était enceinte de 4 mois et que le médecin accoucheur pensait que tout se passerait bien pour le déroulement de la grossesse. Or la princesse fait une chute dans un escalier le 26 décembre suivie de vomissements et de "convulsions trés fortes".
A cette époque les [color=blue]Mémoires secrets de Bachaumont [/color]font part de rumeurs de grossesse concernant Madame, mais sans faire mention de la chute dans un escalier suivie de vomissements et de convulsions. [color=blue]Bachaumont[/color] écrit cela à la date du 31 décembre 1781 suite à la lecture d'un bulletin de santé émanant de la cour. Or le 2 janvier 1782 il écrit que les rumeurs concernant la comtesse de Provence ne reposent sur rien et que le bulletin de santé était fictif.

Or ce bulletin de santé ne concernait pas expressment la comtesse de Provence mais sa propre soeur la comtesse d'Artois ! Car à la fin de décembre 1781 Marie-Thérèse de Savoie est trés malade, elle est à l'article de la mort. Les médecins se déclarent impuissants et on pense qu'elle va mourir. Alors est-ce-elle précisément qui eut des vomissements et des convulsions trés fortes ? on peut fortement le penser car le bulletin de santé concerne la dite princesse !

Voila une partie de ma découverte. Il y a d'autres détails à donner mais je ne dis pas tout pour garder le suspense. Mais il parait de plus en plus incertain que la comtesse de Provence fut enceinte à cette époque. Toujours est-il que Marie-Joséphine n'eut pas d'enfants et que sa soeur la comtesse d'Artois réchappa des portes de la mort.

Sources:

[color=blue]"Provence et Artois, les deux frères de Louis XVI"[/color] de Paul et Pierrette Girault de Coursac, [color=blue]"Mémoires secrets"[/color] de Bachaumont et [color=blue]"Marie-Antoinette, journal d'une reine"[/color] de Evelyne Lever.

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 07 Mai 2004 13:28 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
LA DEUXIEME DAME DU ROYAUME (4E PARTIE)

Au lendemain de la mort du roi, Louis XVI et Marie-Antoinette deviennent le point de mire de tous les Français. D'immenses clameurs, des ovations frénétiques ponctuent leurs sorties publiques, ils y répondent de bonne grace. Rarement un changement de règne aura suscité autant de voeux, autant d'esperances. Et le comte et la comtese de Provence ?

Si en ce printemps 1774, ils sont relégués à l'arriere-plan, ils deviennent malgré tout des personnages importants. Louis XVI n'ayant pas encore d'enfants, son frère cadet devient naturellement l'héritier du trone. Et ce bouleversement en accompagne un autre. Louis Stanislas et Marie-Joséphine seront désormais appelés Monsieur et Madame. En effet depuis la fin du XVIe siècle, le frère puiné du roi et sa femme portent ces titres. Le futur Henri III et son frère François-Hercule, les frères de Louis XIII et de Louis XIV ont en bénéficiés. La dernière Madame en titre fut la belle-soeur du roi-soleil, la fameuse Madame Palatine.

Le couple princier considéré dès lors comme héritier de la Couronne tient le plus sérieusement à remplir les devoirs de leur rang et de leur charge. Si Marie-Joséphine mesure l'honneur qui lui est fait, Louis Stanislas pense plus loin. Si une maladie subite, un accident enlève la vie à Louis XVI, il montera sur le trone de ses pères. Une jouissance inavouable a-t-elle fait trembler la lourde masse de Monsieur ? Dores et déja il diverge des projets politiques du roi car il se montre réservé sur le rappel des parlements. Fort de sa position d'héritier présomptif, il espère entrer au conseil. Marie-Joséphine le soutient dans cette entreprise, elle est solidaire de son mari.

En ces années 1770, quel est le mode de vie de Monsieur et de Madame ? A l'évidence, ils mènent un train fastueux. Qu'on en juge ! La maison de Louis Stanislas comptait déja 390 personnes en 1773 et 256 dans celle de sa femme.
Lors de son arrivée en France en 1771 la comtesse de Provence pouvait disposer d'un service d'honneur de 13 dames dont une dame d'honneur, une dame d'atours et dix dames pour accompagner. A la veille de la Révolution, les dames pour accompagner au nombre de 24 seront aussi nombreuses que dans la maison de la reine. Les autres charges de la maison de Madame sont à dominante masculine. On resence un chevalier d'honneur, un premier écuyer, deux gentilshommes de la chambre, un premier chambellan, un capitaine des gardes, un écuyer ordinaire, deux maitres de la garde-robe, un capitaine des Cent-Suisses, un premier veneur, un trésorier... La liste est interminable. D'autant plus que princes et princesses sont encadrés de titulaires de charges spécifiques pour le service de la Bouche (les repas, l'alimentation) les besoins de l'ame et du corps (confesseur, chapelains, médecins, apothicaires, chirurgiens...). Par contre à la différence des princes, elle n'a point de conseil, ni de chancelier, ni de maitre des requetes.

Les ordres du roi et de sa famille sont-ils bien exécutés dans leurs intérieurs ? pas toujours. Car chaques officiers de cour se cantonnent dans les strictes limites de leurs emplois. Et quelle fut la pensée de Marie-Joséphine vis-à-vis de sa maison ? on ne la connait pas mais il parait certain qu'elle fut saisie par le luxe qui l'environnait et le pullulement des domestiques. Certes à Turin elle était déja entourée d'une cour et d'un personnel nombreux mais sans aucune commune mesure avec Versailles. Quant à l'étiquette, le protocole, elle s'y conforma sans difficultés. Née princesse, elle avait été éduquée pour cela.

C'est aussi l'époque ou Monsieur et Madame changent d'appartements à Versailles. Ils vont loger au rez-de-chaussée juste au-dessous des appartements royaux dans le corps central du chateau. Un escalier les relie avec ceux du roi et de la reine. Bref, si Marie-Antoinette n'aime pas beaucoup sa belle-soeur, il faut bien faire bonne figure bon coeur dans les relations familiales...

La famille occupe assurément une place importante dans la vie de la comtesse de Provence. Et contrairement à ce que l'on peut croire, on s'y comporte plus en simples particuliers qu'en princes obsédés d'étiquette. Car en dehors du rituel et des heures réservées à l'apparat, tous enlèvent le masque si tot leurs devoirs accomplis.
Le roi aime bien Marie-Joséphine. Il l'appelle "Bonne tete" dans l'intimité. Quel curieux surnom ! Il apprécie son esprit, sa bonne éducation car elle est réservée sans excès. Et il lui marque de la considération. Ainsi dans les premieres semaines de son avénement, a-t-il décidé qu'une partie des soupers de la famille royale auraient lieu chez elle. Le comte de Viry, ambassadeur de Piemont-Sardaigne confirme la sympathie de Louis XVI pour sa belle-soeur dans sa lettre du 16 mai 1774 : "Le Roi Trés Chrétien témoigne beaucoup d'amitié à Madame. Je l'avais déja appris et elle a daigné me le confirmer."

Avec la reine les relations sont plus ambigues, plus difficiles. A la vérité elles ont du mal à se supporter ! Chacune pense que l'autre veut lui causer du tort. Marie-Antoinette n'a pas oublié les compromissions de sa belle-soeur avec la comtesse Du Barry. Mais ce sont des dissemblances de tempérament qui les opposent. Marie-Antoinette est vive, primesautière, impétueuse. Marie-Joséphine est discrète, impérieuse, réflechie. En fait elles ont autant de caractère l'une que l'autre et c'est pourquoi leur incompréhension se rallume au moindre incident. De plus leurs gouts sont discordants, la reine adore les fetes, les bals masqués, le théatre. Ce ne sont pas ceux de la comtesse de Provence, car si ce n'est pas une intellectuelle, elle a une haute idée des devoirs de son rang. Une reine ne va pas sans cesse au bal de l'Opéra, une reine ne se présente pas sur une scène de théatre en Rosine, bref une reine ne se compromet pas. Un jour Marie-Antoinette voulut que sa belle-soeur se joigne à sa troupe en lui disant que si elle la reine prenait ce plaisir, Madame pouvait se sacrifier. Marie-Joséphine mit le hola en répondant : "Mais si je ne suis pas reine, je suis du bois dont on les fait !". La discussion s'envenime, tourne à la dispute puis on se boude pour de bon. Marie-Antoinette perce confusément les pensées de Madame en les dramatisant. Lors de leurs altercations, Marie-Joséphine ne se contraint plus et dit ses quatre vérités. Le fossé se creuse entre elles. Elles n"ont pas d'atomes crochus pour s'entendre.
La comtesse de La Mark écrit à ce sujet :"Elle s'inspire de son mari qui compte bien etre roi un jour puisque son frère n'a pas d'enfants. Elle prend comme lui le contre-pied de la conduite de la reine : elle vit modestement, sans amitiés affichées, sans dépenses superflues, ne parait qu'aux fetes d'étiquette, aux réunions de bienfaisance. Elle met dans tous ses actes une ruse et un calcul que la franche nature de Marie-Antoinette ne démasque point. Si la reine organise une partie de plaisir ou sa belle-soeur doit figurer, Madame le matin venu se dit indisposée et n'y va pas ; la partie a lieu sans elle ; le comte d'Artois y fait mille folies et le public y remarque d'autant mieux la réserve de Madame, la dissipation de Marie-Antoinette. Il ne manque pas de gens pour opposer la sage influence de Monsieur sur sa femme et la faiblesse du roi sur la siene."
Il y a ici quelques vérités à rétablir : si Marie-Joséphine ne répond pas aux invitations de la reine c'est parce qu'lle sait qu'elle ne se trouvera pas dans son élément et elle ne veut pas mettre en évidence ses disgraces avec les charmes épanouis de sa royale belle-soeur. Mais il y a plus. Monsieur a sans nul doute conseillé à sa femme de ne pas fréquenter ostensiblement la société de Marie-Antoinette. Dores et déja prévenue contre celle-ci, la comtesse de Provence ne s'est pas fait prier ! La mère de Marie-Antoinette n'est pas dupe. Le 31 mars 1776 elle écrit à Mercy-Argenteau : "La comtesse de Provence a agi en fine piémontaise, s'étant excusée pendant le dernier carnaval sous pretexte de santé, d'accompagner ma fille aux divertissements qu'elle supposait n'etre pas du gout du roi."

Et le mari de Marie-Joséphine dans tout cela ? si le mystère de leur vie intime est bien gardé -y-a-t-il quelque chose ou n'y-a-il rien ?- une relative complicité s'est installée entre eux. Tous deux sont doués pour les jeux de mots, ils sont en convergence pôur sauter d'un sujet à un autre à grand renfort d'épigrammes. De plus Madame ne perd pas de vue le rang éminent de Louis Stanislas. Il est susceptible de jouer un role important au sein de la monarchie car tant que Louis XVI n'aura pas d'enfants, il sera considéré comme l'héritier présomptif du trone. Malheureusement là-dessus le couple se leurre. Le comte de Provence sera rarement consulté et n'entrera pas au conseil. Cuisante déception pour nos deux protagonistes. Le manque de franchise de Monsieur a peut-etre indirectement influencé le roi et la reine. Madame est également liée dans cette suspicion. Voici pourquoi.
Après la mort de Louis XV, le nouveau roi a pris possession des papiers personnels de son grand-père. Des papiers qui démontrent noir sur blanc les démarches sinueuses du couple Provence "mandant au feu roi des choses totalement opposées qu'ils tenaient parmi la jeune famille. Cela regardait dit Mercy des demandes pour des gens qui étaient attachés à leur service et voués à la favorite ainsi que nombre de petits détails de cette nature mais qui prouvent une conduite de fausseté dont Monsieur et Madame de Provence ne prévoyaient pas qu'on put trouver la preuve évidente."
Quant aux relations de la comtesse de Provence avec les autres menbres de la famille on sait peu de choses. Marie-Joséphine apprécie le caractère gai et le tempérament facile du comte d'Artois tout en constatant qu'il dépasse les bornes.
Sa soeur Marie-Thérèse, comtesse d'Artois, lui cause plus de tracas que de satisfactions. Elle persiste à ne pas vouloir tomber sous la coupe de Madame. En tout cas à la fin de 1774, sa soeur cadette est enceinte. Pincement de coeur de Marie-Antoinette et de Marie-Joséphine. Les problèmes conjugaux des deux premières dames de France n'en paraissent que plus entiers. Marie-Thérèse de Savoie donnera donc la première des princes à la dynastie. Il faudra s'y résigner.

C'est la période ou la comtesse de Provence s'interesse de près aux projets de mariage de son frère le prince de Piémont avec la soeur de Louis XVI Madame Clotilde. Les tractations de la France avec le royaume de Piémont-Sardaigne avaient déja commencé dès 1769. Les unions des princesses de Savoie avaient donné comme acquis le mariage du prince Charles-Emmanuel avec la princesse Clotilde.
Or le père de Marie-Joséphine, Victor-Amédée III -roi de Piémont-Sardaigne depuis 1773- fait la fine bouche. Ce dernier a appris par l'intermédiaire de son ambassadeur que la soeur du roi de France présente un embonpoint précoce. Il est vrai qu'a Versailles on la surnomme "Gros Madame". Ce surnom mi-moqueur mi-ironique a dépassé les frontières. Et Victor-Amédée III pense qu'un embonpoint excessif est cause de stérilité, il chipote.
C'est sans compter la bonne volonté de Marie-Joséphine qui veut que ce mariage se fasse. Avisée, elle évite une discussion directe avec Louis XVI car elle ne connait que trop bien les réserves de Marie-Antoinette pour la dynastie des Savoie. La reine a été en effet fortement prévenue par sa mère qui lui écrivait au moment ou les fianciailles de la princesse Marie-Thérése avec le comte d'Artois avaient été dévoilées : "La partie devient forte". Vienne en a assez des mariages entre les Bourbons et les Savoisiens. Non Madame complote derrière le dos des chancelleries. Elle écrit à son père pour le faire revenir sur ses opinions. La correspondance entre Marie-Joséphine et Victor-Amédée III ne manque pas de piment : "On dit que Madame Clotilde épouse mon frère. C'est une excellente acquisition à faire. Pour la figure, elle est trés bien, une belle physionomie, de beaux cheveux blonds, des yeux bleus et bien taillés, un teint admirable. Elle est fort grandie depuis que je suis ici et meme un peu maigrie. Elle est parfaitement bien reglée". Cette lettre nous apprend beaucoup sur la manière dont Marie-Joséphine a été éduquée. Elle pense que les princesses sont avant tout vouées à donner des enfants à la dynastie. Et il est impossible de ne pas sonjer à ce qu'elle pense de l'echec de son mariage et à l'humiliation qui lui est faite dans sa stérilité. Son père lui répond pue convaincu :"Dans ce pays toutes les françaises qui y viennent prennent de l'embonpoint. Or vous n'ignorez pas la préférence marquée que Piémont dès son enfance a eue pour les femmes minces et élancées et son éloignement décidé pour les femmes grasses."

Pourtant le mariage fut bientot arreté. Marie-Joséphine a joué un role occulte dans cette affaire, au reste peu important. Ce sont les ambassadeurs et les ministères qui traitent de l'essentiel des alliances matrimoniales. Mais la comtesse de Provence n'oublie jamais qu'elle est née princesse de Savoie. Et si elle peut favoriser sa patrie d'origine, elle n'hésite pas. Madame est donc rassérenée. Son frère Charles-Emmanuel épousera donc sa promise et Clotilde deviendra un jour reine de Piémont-Sardaigne.
Le mariage par procuration de Madame Clotilde est l'excacte reproduction de l'union de ses frères en 1770, 1771 et 1773 : reception et festin public le 21 aout, bal paré le 22 et représentation d'une tragédie le 26. A une exception près, il y a moins de faste. Louis XVI a décidé de restreindre les dépenses, le roi est soucieux des deniers du royaume. La nouvelle princesse de Piémont prend congé le 27 aout et ce départ est doublé d'un autre mais ce dernier est provisoire. Monsieur et Madame sont chargés d'accompagner Clotilde dans sa nouvelle patrie. Et Louis Stanislas et Marie-Joséphine sont autorisés à séjourner quelques jours à Chambéry. C'est une faveur insigne pour la comtesse de Provence car la plupart des princesses ne revoient plus jamais leurs parents une fois leurs mariages conclus. Mais signe des temps, ces traditions commencent à s'émousser.

Le 5 septembre alors que Monsieur et Madame sont à Lyon, Clotilde est à Pont-de-Beauvoisin pour l'incontournable cérémonie de remise. A Chambéry, au coeur de cette Savoie qui constitue le noyau primitif du royaume de Piémont-Sardaigne, Victor-Amédée III donne des fetes. Elles sont jugées avec condescendance par la suite française de Clotilde. Il est vrai que seul Versailles est capable de doner des festivités à la hauteur de sa réputaton. Louis Stanislas est toujours fidèle à son image de duplicité, il s'ennorgueillit dans les honneurs qui lui sont faits tout en jugeant ses beaux-parents étriqués et bigots.
Le retour du couple Provence est moins brillant. Mercy-Argenteau s'en fait l'écho "Monsieur et Madame revenus tous les deux de Chambéry ont été reçus assez froidement par le roi et plus encore par la reine. Cet accueil a fait sensation dans le public. On a prétendu que pendant l'absence de Monsieur et de Madame, plusieurs personnes s'étaient occupées à leur nuire dans l'esprit du roi et de la reine."

De plus en plus le double visage de Louis Stanislas désarconne le couple royal. On ne sait ce qu'il pense et il excelle dans cet exercice. Mais la politique tortueuse de Monsieur rejaillit sur Madame. Si elle est infiniment plus franche que son mari et si elle sait trés bien prendre de la distance vis-à-vis des partis qui s'agitent à la cour, elle estime cependant à sa juste hauteur les capacités de son mari. Elle sait qu'il la dépasse de beaucoup sur le plan de la culture et surtout sur les rouages et les institutions de l'Etat. Pour l'instant, héritiers du roi jusqu'en 1781 à défaut de dauphin tant désiré, les crispations avec le couple royal sont fréquentes. A cet égard, dans les premiers jours qui ont suivis l'avènement du roi et de la reine en mai 1774, ont-ils refusés de faire journellement leur cour comme le prescrivait l'usage.
Ainsi dès le début du règne, sous les apparences de la concorde familiale sauvegardée, les félures et les blessures d'amour propre empechent durablement toute réconcilation familiale.

On vient de le voir les relations du comte et de la comtesse de Provence avec le couple royal sont peu claires, contrastées. Il y a de la mauvaise volonté de par et d'autre , les dissonances ne manquent pas. On se surveille, on s'épie et on se querelle lorsque la coupe est pleine. Et à l'instar des souverains, Louis Stanislas et Marie-Joséphine ont un problème. Celui de leur intimité conjugale. Car si ce hiatus est résolu pour Louis XVI et Marie-Antoinette dés 1777, il demeure infiniment plus complexe pour nos deux protagonistes.

Certes les premiers mois avaient mal commencés pour Monsieur et Madame en 1771. Mais avancer leur jeune âge -15 ans et demi pour Louis Stanislas et 17 ans pour Marie-Joséphine- et leur inexpérience en la matière n'explique pas tout. L'éducation profondément chrétienne des princes a joué un role dans cet échec mais cet aspect est mineur. Car si Louis Stanislas est né au sein de de la cour la plus libre d'Europe, son enfance et son adolescence a été soigneusement préservée.
Louis XV pensait à l'époque que tout s'arrangerait avec le temps. Ne voyant rien venir, il s'impatienta puis précipita le mariage du comte d'Artois qui faisait preuve de précocité. Marie-Antoinette rend compte de la situation en écrivant à sa mère le 15 mars 1773 :" Je sens bien que l'empressement de marier le comte d'Artois ne présente pas des idées trop agréables pour ma soeur et pour moi." Elle avait raison car dés août 1775 la comtesse d'Artois mettait au monde le duc d'Angoulème . la reine et la comtesse de Provence durent ravaler leurs larmes.

Alors quoi ? le futur Louis XVIII était-il impuissant ? On peut le penser sérieusement, mais la question ne sera peut-etre jamais définitivement tranchée. Evelyne Lever fait part dans son Louis XVIII d'une annexe sur la santé de Monsieur. A la lumière de nos connaissances médicales, elle conclut que le diabète sucré du prince était la cause d'une impuissance sexuelle dit syndrome de Richet.
Et que dire des rumeurs de débuts de grossesses, voire de fausses-couches de Marie-Joséphine ? Là aussi les informations sont contradictoires, éclatées. Les sources émanant des contemporains penchent pour la non-consommation du mariage et cela sur la longue durée.
Le journal de Bachaumont en 1775 :"Le bruit qui court que Madame est grosse pourrait bien ne lui laisser qu'un faible espoir de voir quelque jour sa race sur le trone." Encore Bachaumont le 27 juillet 1779 :"Il passe pour constant que jusqu'ici Monsieur n'avait pu faire gouter à Madame les plaisirs de l'amour." Marie-Antoinette en 1779 :"Ce n'est absolument qu'un bruit de gazette, elle est toujours au meme point." Le 30 décembre 1781 on signale un renseignement plus précis :"Madame sent son enfant bouger dans son ventre." Sur ce Bachaumont le 2 janvier 1782 :"Il parait que c'était un tour qu'on avait joué aux journalistes et que ce bulletin s'est trouvé fictif." Il s'agit en l'occurrence d'un bulletin de santé.
En corréllation avec ces mystérieuses rumeurs Mr et Mme Girault de Coursac révèlent dans "Provence et Artois, les deux frères de Louis XVI" le texte qui suit :"Au mois de décembre 1781, alors que la reine venait de mettre au monde son premier fils, Marie-Joséphine de Savoie attendait un enfant depuis quatre mois et l'accoucheur commençait à espérer que tout se passerait bien. Le 26 décembre une chute dans un escalier suivie de vomissements et de convulsions trés fortes allaient bientot ruiner ce dernier espoir de maternité."

Ces citations posent question. Car si le 26 décembre 1781 les Girault de Coursac affirment que Marie-Joséphine enceinte de quatre mois chute dans un escalier et que sous la plume de Bachaumont, ce dernier écrit le 31 décembre 1781 elle sent son enfant bouger dans son ventre sous couvert d'un bulletin de santé, c'est que ce bulletin de santé ne concerne pas Marie-joséphine mais sa propre soeur !
Car à la fin de ce mois de décembre, la comtesse d'Artois trés malade est à l'article de la mort. Les médecins n'ont plus d'espoir de la guérir et le décès de la princesse parait imminent. De quoi souffre-t-elle ? pas de réponse. A t-elle fait une fausse-couche, a t-elle accouché d'un enfant mort-né, a t-elle été elle-meme sujette à des "vomissements et des convulsions trés fortes" ? pas de réponse. Les Girault de Coursac ont-ils confondus les comtesses de Provence et d'Artois ? on ne sait.

Mais de nouvelles questions ne peuvent que surgir. De quelles sources les Girault de Coursac s'appuient-ils pour dire que Marie-Joséphine était enceinte de quatre mois et que l'accoucheur commençait à espérer que tout se passerait bien ? Est-ce elle ou sa soeur qui fit une chute dans un escalier le 26 décembre 1781 suivie de vomissements et de convulsions ? Car ses symptomes pourraient expliquer en partie la maladie de Marie-Thérèse comtesse d'Artois. La réponse se trouve peut-etre dans les archives d'Etat de Turin. Toujours est-il que Marie-Joséphine n'eut pas d'enfants et que Marie-Thérèse guérit au début de 1782 contre toute attente.

En relation avec les malheurs conjugaux de Monsieur et de Madame, la laideur de Marie-Joséphine ne peut etre occultée. Elle explique aussi l'echec de son mariage.
Pratiquement tous les témoignages des contemporains ont brossés un portrait désavantageux de la princesse. Théodore de Lameth est le pire d'entre eux :"Elle avait de la barbe meme sur la poitrine et les épaules !!!". Passe encore pour un homme mais pour une femme c'est une calamité, une véritable catastrophe à grande échelle ! La malencontreuse pilosité de la comtesse de Provence revient constamment comme si elle trainait un boulet. Si elle était velue à ce point -sauf rectificatif-, il parait notoire que son mari déja peu porté sur la sexualité a du s'en détourner trés vite. On peut le comprendre et aussi le plaindre.

Et pourtant les soins cosmétiques existaient à cette époque et meme les produits dépilatoires. Certes ils n'avaient pas la meme performance qu'aujourd'hui et de trés loin. Marie-Joséphine a peut-etre gardé un trés mauvais souvenir des cires dépilatoires qu'on voulait appliquer sur sa peau...
La laideur est une chose, la négligence et le manque d'hygiène en est une autre. Et nous avons déja vus que les habitudes de Madame laissaient infiniment à désirer dans ce domaine. Novice en matière de parure en 1771, son éducation était à refaire sur ce point. Mais à Versailles une princesse de surcroit jeune était tenue de paraitre au mieux d'elle-meme pour les heures réservées à l'étiquette. Il n'est pas concevable d'imaginer la comtesse de Provence hirsute, mal attifée et sentant mauvais dans les Grands Appartements ! Cela parait d'autant moins probable que Marie-Joséphine était bien trop intelligente et sensée pour se laisser aller à ce point. Bon gré mal gré il fallut qu'elle se conforme à certaines régles et ce ne fut pas une chose facile.
Lors de ces débuts en 1771-1773 l'hygiène lui parait une chose secondaire. Elle parait aussi trés pudique sur de chapitre. L'ambassadeur de Piémont-Sardaigne, le comte de Viry, successeur de La Marmora, rappelle les plaintes de l'entourage de la princesse auprès de la cour de Turin en 1773 :" Je souhaiterais aussi que le roi et la reine lui fissent légère insinaution sur les soins qu'elle doit donner à sa coiffure et à l'entretien de ses dents. Je souffre véritablement d'etre dans le cas de parler de ceci à Votre Excellence, mais ces sortes de choses qu'on regarde comme des minuties ailleurs sont des affaires essentielles dans ce pays-ci." Puis les parents de Marie-Joséphine appuient l'ambassadeur pour faire comprendre à leur fille qu'elle doit faire un effort, mais le ton n'y est pas :"Cherchez toujours plus à plaire à votre mari ; tout ce qu'une femme fait pour plaire à son mari dans les choses permises est louable meme devant Dieu et c'est le cas ou les toilettes meme et les parures, au cas que cela fut nécessaire sont vertueuses au lieu d'etre vicieuses." Pour Victor Amédée III et sa femme Marie-Antoinette-Ferdinande d'Espagne, la coquetterie est voisine du vice. Ils ne le disent pas bien sur pour ne point décourager leur fille mais cela sent tout de meme trés fort son bénitier. A Versailles ils auraient été suffoqués devant les décolletés plongeants des dames !


L'éducation de Marie-Joséphine a pesé lourd. Lors des fetes données à l'occasion de son mariage, sa dame d'atours la comtesse de Valentinois s'apprete à la farder de rouge. La princesse s'y refuse avec énergie. Madame de Valentinois lui rappelle que c'est l'usage et que elle ne peut point paraitre en public sans rouge pour pareille occasion car toutes les dames présentées de la cour seront maquillées de blanc et de rouge. Marie-Joséphine persiste dans son refus et boude. On doit faire intervenir le comte de Provence qui la presse d'accepter. Enfin la princesse capitule et dit :"Allons madame de Valentinois, mettez moi du rouge et beaucoup puisque j'en plairai davantage à mon mari."
Avec le temps elle se fardera, elle se fera épiler les sourcils, elle se parfumera. Alla-t-elle plus loin dans le soin d'elle-meme ? on ne sait. Madame avait cependant un personnel chargé de sa parure, de ses bijoux, de ses robes et de tous les habillements imaginables. Il en était ainsi dans la maison de la reine et de toutes les princesses. Et si ce n'est pas toujours Marie-Joséphine qui prend l'initiative pour commander les pots de fards, les parfums et les robes -des centaines de robes- c'est sa dame d'atours qui s'en charge. Car si les dames du service d'honneur et les suivantes de moindre volée ne sont pas toujours trés intelligentes elles connaissent à fond les mille et unes subtilités de l'étiquette. Il est vrai cependant que le réapprovisionnement des gardes-robes des princesses est l'objet d'un véritable coulage organisé car tous les deux ou trois ans tout est réformé et vendu par les dites dames et à leur profit !

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 08 Mai 2004 13:41 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard

Inscription : 14 Avr 2003 8:06
Message(s) : 750
Localisation : N Canada / Montréal / Québec
Juste une petite question Dominique.Avez-vous beaucoup de renseignements sur les relations qu'entretenait les couple De Provence,et d'Artois entre eux ? Se haïssaient-ils,se jalousaient-ils,suspicion etc.Et de plus,ces sentiments dureront-ils toujours ?
D'ailleurs,si ma mémoire ne me trompe pas,j'ai cru comprendre dans un autre de vos messages sur ce forum,que la comtesse d'Artois s'éloignera de sa soeur,non ?

_________________
Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

F.Nietzsche


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 08 Mai 2004 19:27 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
Non les couples de Provence et d'Artois ne se haissaient pas, peut-etre s'aimaient-ils dans une certaine mesure mais il est difficile de se faire une opinion là-dessus. Ce qui parait sur c'est que l'expression des sentiments à cette époque parait limitée du moins au sein des menbres de la famille royale. Le comte de Provence ne dévoile pas ses cartes, ce n'est pas un expressif, le comte d'Artois au contraire est léger et dit ce qu'il pense délibérement sans réflechir. La femme de Monseigneur de Provence est assez franche, en fait elle est trés malheureuse. Celle du comte d'Artois a trés peu de caractère, mais elle est douce. Les deux soeurs de Savoie entretiennent des relations mitigées car Marie-Joséphine ne supporte que Marie-Thérèse n'applique pas ses quatre volontés.

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 08 Mai 2004 19:55 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
LA DEUXIEME DAME DU ROYAUME (Suite)

A l'aube des années 1780 Marie-Joséphine est parvenue à un relatif équilibre depuis son arrivée en France prés de neuf ans plus tot. Est-elle heureuse ? assurément pas. Mais cahin caha, elle a réussi à se faire une place au sein de la famille royale et de la cour.
Si son mariage est un echec sur la plan privé, le comte de Provence à défaut d'amour pour sa femme, l'estime assez. Il lui sait gré de mener une conduite irréprochable, car elle n'a encore causé ni éclats ni scandales. Paradoxalement l'attitude neutre de Madame face au comportement flamboyant de Marie-Antoinette la fait passer pour compassée et ennuyeuse. On oublie trop souvent qu'il a fallu du temps pour que Marie-Joséphine prenne ses repères. Que l'on se souvienne de sa prudence taxée par les mauvaises langues de gaucherie lors de ses débuts à Versailles. La toute neuve comtesse de Provence parlait peu et on la taxa de rebutante, mais que les apparences sont trompeuses !

Car Marie-Joséphine n'est pas dépourvue de caractère -elle en a beaucoup- et le fond de sa nature était encore dans sa fleur. Vers l'age de 25 ans son autoritarisme s'affirme, elle fait la loi dans sa maison, elle se met en colère, elle tient tete à Louis Stanislas, les scènes se multiplient avec Marie-Antoinette. L'inoffensive princesse de Savoie deviendrait-elle un dragon en jupon ?
Ce sont hélas les premiers signes d'un syndrome dépressif dont elle ne se relevera jamais complétement. Le comte de Provence a un fond de lacheté et d'hypocrisie, sa femme au contraire est entière et loyale. Peut-etre d'ailleurs se rejettent-ils mutuellement à la tete le naufrage de leur mariage qui n'en est pas un.
Marie-Joséphine se cherche et s'ennuie. Louis Stanislas lassé de la tournure atrabilaire de Marie-joséphine va chercher sa compagnie ailleurs et on verra de quelle façon !

Atteinte de spleen, exacerbée dans ses retranchements et dans ses passions, la sage comtesse de Provence va bientot détonner à Versailles.

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 24 Mai 2004 19:01 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
Bonjour Marie-Antoinette, Louis-Auguste, Madame Royale, Kitten etc,

Oui Marie-Antoinette, je savais que le corps de Marie-Joséphine de Savoie avait été transporté en Sardaigne à Cagliari. Morte en 1810 en Angleterre elle eut néanmoins droit à des funérailles royales financées par le gouvernement anglais. Mais j'ignorais que la comtesse de Provence avait interdit que son corps soit transféré à Saint-Denis... Encore qu'en 1810 la question ne se posait pas puisque Napoléon régnait en France. Marie-Joséphine voulait-elle faire payer à la France le peu de cas dont elle avait été l'objet pendant 20 ans ?
En tout cas si vous désirez illustrer son tombeau sur ce forum, c'est trés volontiers que j'y acquiece. Aussi si vous avez des renseignements inédits sur Madame, mes yeux et mes oreilles sont braqués sur vous !

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 24 Mai 2004 19:11 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
Je continue sur ma lancée... Marie-Antoinette, vous connaissez sans aucun doute l'antagonisme de la reine et de la comtesse de Provence ? J'ai exposé à plusieurs reprises les causes de cette hostilité diffuse parfois explosive entre les deux femmes : leurs caractères entiers, la rivalité de leurs rangs respectifs, l'attitude ambigue de louis-Stanislas... Une question parmi d'autres. Marie-Joséphine était-elle aussi laide qu'on l'a dit et à votre avis le mariage de la comtesse de Provence a-t-il été consommé ou pas ? J'ai fais état d'un fait trés troublant à la fin de 1781 à partir d'un bulletin de santé. Que faut-t-il en penser ?

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 25 Mai 2004 9:13 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 26 Avr 2004 18:52
Message(s) : 243
Localisation : Luxembourg
Dominique Poulin a écrit :
Morte en 1810 en Angleterre elle eut néanmoins droit à des funérailles royales financées par le gouvernement anglais.


Dominique, il me semble que si Louis XVIII a bien effectivement essayer de faire payer au Prince-Régent les frais des seuls honneurs qu'il ait jamais rendu à sa femme, il n'en reste pas moins que celui-ci a refusé et que les dépenses relatives à ces funérailles ont fait l'objet d'une retenue sur la généreuse pension qu'il lui versait.

_________________
Sébastien


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 28 Mai 2004 19:54 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 31 Août 2003 18:34
Message(s) : 182
Excusez-moi, j'ai été un peu longue! voici donc la photo du tombeau de la comtesse de Provence que 'Marie-Antoinette' m'a gracieusement envoyée.

<center>Image</center>

Maialen

_________________
"Le signe le plus flagrant qu'une vie intelligente existe quelque part dans l'univers, c'est que personne n'a essayé de nous contacter" Bill Watterson, Calvin & Hobbes


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 15 Juil 2004 15:55 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
UNE PRINCESSE HUMILIEE 1780-1785 (5e partie)


L'année 1780 marque un tournant dans la vie de Marie-Joséphine. Inspiratrice de décisions qui ne manquent pas de surprendre son entourage, elle révèle subitement l'indépendance de son caractère et le ton péremptoire de ses choix. Malheureusement ce revirement de conduite la plonge dans un isolement de plus en plus prononcé. Seule et abandonnée elle sombre dans une noire mélancolie et noue une dangereuse liaison avec la boison. :x

Au milieu des années 1770 Madame s'est prise de sentiment pour une séduisante jeune femme, Anne de Caumont La Force. De noblesse immémoriale, son père était attaché dans la maison de Monsieur comme Premier Gentilhomme de la Chambre tandis que sa mère détenait la charge de Gouvernante des enfants du comte d'Artois.
Sans etre régulierement belle ou jolie, mademoiselle de Caumont possède une belle chevelure sombre, un nez mutin et des yeux malicieux. Elle est surtout fort intelligente et interessée et fait fond d'un esprit d'intrigue à peine dissimulé (:8:) . Le magnétisme un peu trouble d' Anne fait vite perdre la tete à la comtesse de Provence sevrée d'amitié et d'amour depuis longtemps. Marie-joséphine va user de toute son influence pour maintenir sa protégée à la cour :wink: .

Or en 1771 Anne perd on père. Le coup est rude car sa famille n'est pas trés fortunée, de plus elle est chargée d'enfants, cinq garçons et six filles :( . Madame vole à son secours, sollicite les conseils de Monsieur et finit par lui faire accorder par le roi une pension de 5000 livres.
Ce n'est qu'un début car Marie-joséphine est trés généreuse. La fine Anne s'en est bien vite aperçue et c'est aux dépends de la princesse qu'elle va faire sa fortune :( :evil: .

A l'époque bien que sans fonctions particulieres dans la maison de Madame, mademoiselle de Caumont passe beaucoup de temps auprès de la comtesse de Provence subjuguée par le charme de son amie.
Aussi Monsieur dont l'appartement est attenant à celui de sa femme, a-t-il rapidement fait connaissance avec la troublante Anne de Caumont :) . Certes le caractère prudent de Louis-Stanislas ne permet pas les franches confidences. Mais le frère du roi en mal de sexualité est à la fois charmé et intimidé, cette femme trouble ses sens endormis 8O . Il est également séduit par son esprit qui alterne sans transition des épanchements un peu mièvres au clabaudage le plus mordant. Elle excelle dans toutes les tonalités du langage de cour (:8:) :) .

En grande faveur auprès de Monsieur et de Madame, rien n'est trop beau pour elle :D . On lui cherche un mari bien né et fortuné. Il n'y a que l'embarras du choix lorsqu'on est issue d'une maison telle que la sienne. L'élu a pour nom François-Marie, comte de Balbi, comte et marquis du Saint-Empire, colonel en second au régiment de Bourbon-Infanterie. La famille d'origine italienne a obtenue la naturalisation française en 1750. Le grand-père du comte de Balbi était un doge de Venise.
Le mariage est célébré le 28 avil 1776 à Versailles. La famille royale signe le contrat de mariage, c'est un honneur :D . Louis-Stanislas et Marie-Joséphine s'énamourent-ils de l'union de leurs protégés ? transfèrent-ils par procuration le bonheur de la nouvelle comtesse de Provence face à leurs cuisantes déconvenues conjugales (:8:) ?

Toujours est-il que si le comte de Balbi tombe amoureux fou de son épouse cette dernière ne fit pas montre de ses sentiments. En 1778, un garçon, Jean-Luc leur nait tandis que l'asension d'Anne continue. Un an plus tot elle a obtenue la charge de dame pour accompagner dans la maison de la comtesse de Provence. Cette fois la comtesse de Balbi dont l 'ambition , la soif de luxe et de volupté sont à fleur de peau est certaine de parvenir (:8:) . Depuis longtemps déja elle a remarqué à la dérobée les regards lourds de désir du comte de Provence :D . Elle a compris qu'il la veut. Mais elle est bien trop fine pour ne pas etre informée sur les rumeurs persistantes qui touchent à l'impuissance de Monsieur 8O .
Bien sur Marie-Joséphine ne lui a pas fait de confidences sur les malheurs de son ménage. La princesse est trop prude et sensée pour se laisser aller à ce genre de bavardages. Le sujet il est vrai est d'une extreme délicatesse 8O !
Pourtant la comtesse de Provence ferait bien de se déciller les yeux car elle ne semble pas avoir encore remarqué le manège compliqué de son époux auprès de madame de Balbi. Le réveil de Marie-Joséphine sera brutal :( .

En 1780 tombe le dernier acte de cette comédie. Marie-Joséphine toujours follement entichée de sa chère Anne, se met en tete de la nommer survivancière dans la charge de dame d'atours :D . Une fonction supérieure à celle de dame pour accompagner dans laquelle la comtesse de Balbi ne saurait se contenter.

Madame provoque un tollé général à Versailles :( . En effet, depuis fort longtemps il appartenait aux détenteurs d'offices de cour hommes ou femmes de désigner leurs successeurs dans leurs fonctions sous le nom de survivanciers. Dans la plupart des cas les détenteurs d'offices accordaient la survivance de leurs charges à leurs enfants, petits-enfants ou à défaut des parents plus éloignés.
La décision de Madame fit perdre son sang-froid à la dame d'atours en titre, la duchesse de Lesparre de la puissante maison de Noailles. La cour de France n'a jamais connue un tel manquement de la part d'une princesse, c'est le scandale :( :evil: .
Mais Marie-Joséphine en a cure, elle se moque de la duchesse de Lesparre, elle n'a d'yeux que pour la comtesse de Balbi :P . Outrée la dame d'atours en titre démissionne avec fracas :evil: . Il ne reste plus à la comtesse de Provence que de parer sa favorite de la fonction tant convoitée.

Cet épisode n'est pas sans dangers pour Marie-Joséphine car elle s'attire non seulement le ressentiment de la cour, mais le roi et la reine sont scandalisés :( :( .
Mercy-Argenteau rapporte le lourd climat qui s'instaure autour de la comtesse de Provence dans sa lettre du 18 novembre 1780 : " Madame n'a pu encore se relever du tort que lui ont fait les dernières circonstances dont j'ai rendu compte. Il perce toujours dans le caractère de cette princesse des traits qui lui deviennent de plus en plus défavorables, et qui donne lieu à la reine d'etre assez froidement avec ses belles-soeurs, puisque auprès de l'une elle n'y voit que des inconvénients et qu'elle ne trouve auprès de l'autre que de l'ennui." La consternation du couple royal est telle que Marie-joséphine renonce à présenter sa nouvelle d'ame d'atours dans l'exercice de sa charge. Mais madame de Balbi ne peut éviter les Grandes Entrées auprès de Louis XVI et de Marie-Antoinette qui l'accueillent avec un froid polaire 8O .

Il convient aussi d'ajouter que la réputation de la favorite de Marie-Joséphine est dès plus sulfureuses 8O :oops: ... Si Anne n'est pas une femme fidèle -là-dessus rien d'original en ce temps et ce milieu-, ses frasques ont été écornées par un autre scandale.
Un jour madame de Balbi s'est fait prendre en flagrant délit d'adultère par son époux. Ce dernier dégainant son épée a failli tuer femme et amant :twisted: . Les choses en restèrent là, le comte de Balbi bafoué partant en voyage. Anne infiniment plus rouée décide de se séparer de ce mari encombrant :evil: . Lorsque le comte rentre en France, elle profite des extravagances de son époux pour le faire passer pour fou. Arreté à Paris sur le Pont-Royal, il sera interné à Senlis sur l'injonction d'une lettre de cachet. Dans cette affaire, Anne a bénéficié de l'appui de Monsieur mais on ignore le role précis de Madame 8O .
Et la comtesse de Provence déja persévérante pour conforter la position de son ambitieuse protégée continue les éclats :( ... Elle ne trouve rien de mieux que de nommer la comtesse du Cayla comme dame pour accompagner dans sa maison. Or cette femme est la soeur du comte de Jaucourt, considéré comme un des amants de madame de Balbi.

Cette fois la coupe est pleine. Son manque de mesure la déconsidère totalement auprès des souverains qui affichent publiquement leur mécontentement auprès de leur belle-soeur qui visiblement perd le sens commun :roll: :roll: . Marie-Antoinette fait savoir à Monsieur qu'elle n'ira plus souper chez lui lorsqu'il ne sera pas présent. elle ne veut plus se retrouver seule à seule avec Marie-Joséphine. Déja réservées l'une envers l'autre, les deux femmes se regardent désormais avec la plus grande circonspection 8O :cry: :evil: .

A la fin de 1780 et en peu de semaines, Marie-Joséphine émerge d'un gracieux reve. Hélas, -et pour cause- ce reve se termine en cauchemar :cry: . Elle comprend tardivement les motifs de l'assiduité de Louis-Stanislas auprès de sa dame d'atours.
Cette curieuse situation la laisse ébahie de surprise 8O . Car elle est fort bien placée pour savoir que son époux ne brille pas dans les fonctions d'amant... Et puis si elle est laide, un peu velue et peu portée au raffinement de la parure, il est d'autres princes qui savent se comporter en males auprès de leurs épouses disgraciées. Cela s'est vu, elle le sait. Et elle en veut bien davantage à cette catin de comtesse de Balbi :twisted: :twisted: !
Car Anne lui doit tout. Elle lui a successivement fait accorder une pension de 5000 livres lorqu'elle était dans la gène, elle a appuyé son mari auprès d'un riche gentilhomme, elle l'a hissée au rang de dame pour accomagner puis de dame d'atours dans sa maison. Tout cela pour constater amèrement que sa chère favorite ne recherchait pas ses graces mais celles de Monsieur :evil: ! Elle se sent trahie, humiliée, ridiculisée :oops: :oops:
D'autant plus que dans son entetement à favoriser madame de Balbi, elle s'est aliener l'estime du roi et de la reine qui depuis lui parlent à peine. Elle entre en quarantaine. :(

Dans ce méli-mélo à trois, le role du comte de provence ne peut etre ignoré. Avec Anne de Balbi, il se tient sur le terrain de l'expectative pendant plusieurs années 8O .
Pourtant il est troublé par ses charmes et le ton spirituel de sa conversation, elle l'émoustille :P . Louis-Stanislas ne peut cependant se vanter d'aucune conquete féminine à la cour ou dans la capitale. Pour lui les femmes sont une enigme, meme la sienne. Ses dires érotiques n'y changent rien. Ses infirmités physiques et organiques l'empechent d'etre un homme comme les autres. Il ne sera jamais un vrai male, c'est le drame de sa vie, son corps lui refuse la sexualité :( 8O .
Avec la dame d'atours de Marie-joséphine, il est séduit par les graces et le ton brillant et cultivé d'Anne. Les défauts de madame de balbi sont aussi fait pour le retenir. Car elle est moqueuse jusqu'à la méchanceté, dépensière jusqu'à la prodigualité, intriguante jusqu'aux plus basses maneuvres.
Non, dores et déja Louis-Stanislas sait qu'il ne fera jamais d'Anne sa maitresse. Madame de Balbi est habituée à des hommes bien plus vigoureux pour se contenter des sens muets du frère du roi :P ! Mais pour le monde, pour le public elle sera sa favorite officielle, une doublure pour cacher l'impuissance du comte de Provence (:8:) . Pas de complicité charnelle :( . En retour Monsieur couvrira son égérie de faveurs et de bienfaits. Appartements somptueux à Versailles et au Luxembourg, hotel particulier, dons de grosses sommes d'argent et de cadeaux somptueux. Anne n'aura pas à se plaindre, elle sera traitée comme une favorite royale :D .

Marie-Joséphine tombe de haut :( . Louis-Stanislas prend naturellement ses distances. Auparavant il lui consacrait du temps, ce privilège se réduit comme peau de chagrin. Et dans son malheur elle est obligée d'endurer le service de madame de Balbi dans sa fonction de dame d'atours. Elle la prend en haine, ne lui adresse mot, lui fait subir quelques vexations à l'occasion et ne l'appelle plus que "le crapaud" sous l'éventail afin de se soulager :twisted: :twisted: .

A travers sa disgrace maintenant évidente, on peut aussi s'interroger sur les sentiments de Madame envers on ex-protégée 8O .
Depuis on mariage Marie-Joséphine s'ennuie au sein d'une cour ou elle ne s'épanout pas et d'une famille ou elle est largement eclipsée par Marie-Antoinette. D'étranges rumeurs ont commencées à se propager dans le public 8O 8O . La comtesse de Provence aimerait-elle les femmes ? La baronne d'Oberkirch présente une prudente version dans ses Mémoires :"Madame de Balbi était en grande faveur auprés de Monsieur, et Madame partagea je ne sais jusqu'à quel point les préférences de son illustre époux."
La comtesse de Provence a fermé les yeux sur les aventures galantes d'Anne qui s'en est défendue sous toutes les variantes de la vertu outragée. Et surtout elle a favorisé son amie en prenant des risques certains. Pour combler madame de Balbi, elle a enfreint les usages de son milieu. Elle le sait, mais elle aime et pour elle rien d'autre ne compte :P :wink: . Mais de quelle façon la princesse aime-t-elle :roll: ? elle ne sait probablement que peu de choses sur les plaisirs de l'amour. Et la comtesse de Balbi n'a pas laissée une réputation de lesbienne.
Si Marie-Joséphine penche pour les personnes de son sexe, son ignorance et sa pruderie ne la disposent pas pour franchir le pas. Elle aime avec son coeur, rien de plus :wink: . Pour l'instant du moins.

Pour fuir Versailles ou elle suscite une curiosité de plus en plus malveillante mais aussi pour céder à la mode, Marie-Joséphine fait l'acquisition d'un domaine champetre à Montreuil le 11 mars 1781 :D .

Une fois de plus elle fait montre d'indépendance en achetant de ses propres deniers la propriété au prince de Montbarrey par l'intermédiaire de Imbert de Lattes, son fondé de pouvoir. Madame prévoyait un prix maximum de 45 000 livres mais Imbert de Lattes, habile négociateur, acheta le tout au nom de la princesse pour 30 000 livres (:8:) .
Ulcérée dans sa vie privée, Marie-Joséphine va tenter de se consoler en se prenant de passion pour Montreuil. En quelques années, le domaine passe de cinq hectares à quinze hectares grace à des achats de terres. Louis XVI cédera aussi des parcelles détachées du domaine royal.

La princesse fit appel à un architecte en vogue, Jean Chalgrin. C'est lui qui dessina le pavillon et les jardins de Madame. A l'origine la propriété comportait déja un édifice, mais Marie-Joséphine voulut le transformer selon ses gouts.
Le pavillon formant avant-corps fut embelli de deux ailes adjacentes. Se composant de huit pièces au rez-de-chaussée et de six au premier étage, les peintures et les tentures furent renouvelées dès 1781. Deux ans plus tard des achats importants de mobilier confirment l'attachement de la comtesse de Provence pour sa Folie :) . C'est le nom que l'on donnait à ce type de demeure. Elle en est fière et son architecte pas moins. En pleine Révolution, Chalgrin écrira au Directeur de la Régie des Domaines : "Vous savez que j'ai fait les jardins de Madame à Montreuil." De ces fameux jardins, Madame avait demandé les dessins originaux à son architecte car elle "désirait en envoyer copie à son pays".

Le parc à l'anglaise est embelli d'une profusion de fleurs dont la comtesse de Provence raffole, lilas, aubépines, primevères, violettes, roses :D ... Les eaux de Montreuil permettent la création d'un petit lac qui se jette dans une rivière artificielle. Ca et là des récifs et des ponts invitent à la promenade.
Pour se déclarer pleinement satisfaite, Marie-Joséphine se lance dans de multiples innovations :D . Elle fait surgir de terre une salle de spectacle, un pavillon de musique et un hameau de douze maisons. Le hameau construit en 1783 comprendra une laiterie en marbre blanc, une vacherie, un pressoir et un colombier. Le parc source de réverie et de poésie ne saurait se concevoir sans quelques ornements. C'est pourquoi Chalgrin érige pour sa princière cliente deux temples consacrés à l'Amour et à l'Amitié, un ermitage puis un belvédère.

Consolation des déboires de la comtesse de Provence, Montreuil cicatrisera un peu les blessures de Marie-Joséphine :wink: . "Aprés avoir visité sa petite ferme, ses animaux, son jardin, elle revenait à Versailles avec d'énormes bouquets de fleurs." écrit le comte d'Hezecques. N'imaginons pas toutefois Madame traire ses vaches ou tondre ses moutons 8O ! Le retour à la nature et l'engouement pour les jardins anglais n'incite pas pour autant les grandes dames à imiter le labeur des paysans.
C'est avant tout un mouvement de mode. Marie-Antoinette et ses belles-soeurs ne cherchent en fait qu'à fuir les servitudes de leurs rangs pour mener une vie intime. Elles s'illusionnent toutefois beaucoup dans les charmes de la vie rustique :roll: .

Mais Montreuil saurait-il faire le bonheur de Marie-Joséphine :roll: :roll: ?

Peu à peu la mélancolie latente de la princesse tourne à la neurasthénie :( . Marie-Joséphine n'entretient plus que des relations formelles avec Monsieur. Ils ne se retrouvent plus que lors des soupers de la famille royale qui se prennent généralement chez la comtesse de Provence, et dans les cérémonies officielles.
Toujours tolérée par Marie-Antoinette, les deux femmes ne se font pas de confidences et restent sur leurs quant-à-soi (:8:) . Louis XVI est plus spontané avec sa belle-soeur, il lui a pardonné les éclats de 1780 :) . Le roi en a sans doute un peu pitié car il ne connait que trop l'égoisme de Louis-Stanislas. Le souverain fait ce qu'il peut pour chasser la morosité de Marie-Joséphine ce qui déplait à Marie-Antoinette. Lescure dans sa Correspondance Secrète rapporte une altercation entre Leurs Majestés au sujet de Madame dans le carosse qui les conduit à Fontainebleau en novembre 1785 :evil: .

S'abimant dans la solitude, la comtesse de Provence broie du noir. Elle trouve refuge dans la boisson :oops: 8O .
Cette habitude est peut-etre déja ancienne car on note qu'elle réclame du vin de son pays dès 1771 (:8:) . Le vice de Madame passe d'abord inaperçu mais la vérité ne tarde pas à se faire jour au sein de la famille. Hélas son tempérament impérieux lorsqu'il est excité par les liqueurs la pousse à des comportements tranchants, voire violents 8O :evil: . Ses nerfs et sa santé se détraquent :( . C'est le personnel de la maison de Marie-Joséphine qui en fait les frais. Elle n'est pas dupe cependant de ses troubles de l'humeur lorsqu'elle écrit à ses parents : " Je me sens quelquefois un fond de paresse que je combats le plus qu'il m'est possible, mais avec cela j'ai le don de m'inquieter de la moindre chose et de me mettre en colère. Je ne sais pas arranger la paresse et la vivacité ensemble."

Malheureuse, blessée dans son corps et dans son esprit, les années de jeunesse s'écoulent comme les feuilles d'automne. A trente ans passés, Marie-Joséphine s'en remet au hasard.

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 19 Juil 2004 15:50 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
Que pensez-vous des dernière péripéties de la vie de la comtesse de Provence ? N'est-elle pas originale mon héroine ? peut-etre portée vers les femmes et assurément sur la boisson. Il fallait bien qu'elle trouve des compensations avec un mari impuissant et une cour ou elle n'avait pas d'affinités... J'attends vos commentaires chers collègues :D .

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 21 Juil 2004 10:02 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 31 Août 2003 18:34
Message(s) : 182
Pour ma part je trouve que c'est un personnage auquel on ne s'interesse pas assez, sans doute dans un premier temps à cause du sujet tabou du saphisme ?

Quand je vois à quel rôle on a limité la comtesse, à quoi on a résumé sa personnalité simplement parce qu'elle ne savait pas s'adapter à la cour de Versailles, bien qu'elle ait le mérite d'avoir essayé, je me dis qu'il faut en chercher plus sur la comtesse d'Artois, dont la réputation est plus flêtrie encore. Et quand même elle serait une nullité sur tous les points, la rareté d'un tel personnage m'interesse :wink:

Maialen

_________________
"Le signe le plus flagrant qu'une vie intelligente existe quelque part dans l'univers, c'est que personne n'a essayé de nous contacter" Bill Watterson, Calvin & Hobbes


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 21 Juil 2004 15:06 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 26 Avr 2004 18:52
Message(s) : 243
Localisation : Luxembourg
Dominique Poulin a écrit :
[...]Elle fait surgir de terre une salle de spectacle, un pavillon de musique [...].


Vous pourrez visualisez via le lien ci-dessous l'aspect actuel dudit pavillon.

http://www.versailles-tourisme.com/htm/ ... _c_4.shtml

Par ailleurs, votre exposé est magistral, Dominique. On en redemande !!!!

_________________
Sébastien


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 06 Août 2004 16:33 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 22 Mai 2003 16:34
Message(s) : 790
Tout ce qui concerne Marie-joséphine de Savoie comtesse de Provence m'interesse et je ne suis pas le seul.
Chère Madame Royale, ce portrait me dit quelque chose bien qu'il ressemble à beaucoup de portraits de familles royales de l'époque dont celui de l'impératrice Marie-Thérèse avec sa nombreuse progéniture. En ce qui concerne Marie-joséphine, il est question de ce portrait dans une des trés rares biographies qui lui ont été consacrées "La Reine Velue" de Charles Dupechez. Mr Dupechez note son regard éveillé et rehaussé déja par deux sourcils noirs qui préfigurent peut-etre son inquietante pilosité... :roll:

_________________
Dominique Poulin


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 95 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 40 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB