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 Sujet du message : La garde nationale mobilisée
Message Publié : 12 Juin 2020 15:42 
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La garde nationale mobilisée, ceux qu’on appelait « les mobilisés », a été évoquée dans plusieurs discussions, où on se posait la question de ce qui la différenciait de la garde nationale mobile.
Dans le prolongement des explications que j’avais pu apporter concernant les mobiles, dans le sujet titré Garde nationale mobile, je me suis dit que faire de même pour les mobilisés pourrait peut-être servir à celles et ceux qui se poseraient la question, mais n’auraient pas le temps de faire par eux-mêmes les recherches nécessaires.

Le premier point à considérer est que la garde nationale mobilisée n’est qu’un avatar de la garde nationale sédentaire, qui existait, sous la forme qu’on lui connaît bien, depuis la Restauration.

La garde nationale sédentaire.

Contrairement à la garde nationale mobile, qui relevait du ministre de la guerre, la garde nationale sédentaire ne faisait pas partie de l’armée et n’avait a priori qu’une vocation de maintien de l’ordre public. Après avoir connu son heure de gloire sous la monarchie de Juillet, elle avait été réorganisée par la loi du 13 juin 1851, qui posait des limites strictes à son activité.
Composée théoriquement de tous les Français à partir de l’âge de vingt ans (la loi prévoyait une longue liste d’exemptions), elle était organisée en compagnies communales, placées sous l’autorité des maires, des sous-préfets, des préfets et du ministre de l’intérieur. Elle pouvait être regroupée en bataillons ou légions à l’échelon du canton, mais ne devait en aucun cas être organisée par département, ni même par arrondissement. Les citoyens ne pouvaient ni prendre les armes, ni se rassembler comme gardes nationaux, avec ou sans uniforme, sans l’ordre des chefs immédiats, et ceux-ci ne pouvaient donner cet ordre sans une réquisition de l’autorité civile.

Les gardes nationaux inscrits sur le contrôle du service ordinaire de leur commune étaient susceptibles d’être appelés « à tous les services d’ordre et de sûreté, ainsi qu’aux exercices et aux revues » dans leur commune ; ils pouvaient également être requis en service détaché pour effectuer hors de la commune des tâches normalement dévolues à la gendarmerie et à la troupe de ligne : escorte de convois sensibles, rétablissement de l’ordre et maintien de la paix publique. Plusieurs catégories de gardes nationaux étaient de par leur profession dispensés du service ordinaire et, inscrits sur les contrôles de la réserve, ne pouvaient être appelés que par arrêté du préfet. La loi prévoyait également un service de corps mobilisés pour seconder l’armée de ligne, mais selon des modalités qui restaient encore à définir.

Jamais convoquée sous l’Empire (qui se méfiait de son esprit facilement frondeur), quasiment désarmée, la garde nationale sédentaire était tombée dans un profond sommeil. Or, avec la guerre, il était à craindre que la gendarmerie ne suffise pas à maintenir l’ordre public et il ne fallait plus compter sur la troupe de ligne pour lui prêter main forte, ni d’ailleurs sur la garde mobile, qu’on s’apprêtait à envoyer affronter l’ennemi aux côtés de la ligne. Il ne restait plus que la garde sédentaire, qui trouvait là un champ d’emploi tout indiqué, conforme aux missions que la loi lui avait assignées. Il convenait donc de la réveiller de la léthargie complète dans laquelle elle avait été plongée.

Un premier décret pris dès le 7 août 1870 stipulait entre autres que :
Art. 1er. Tous les hommes valides de 30 à 40 ans qui ne font pas actuellement partie de la garde nationale sédentaire y seront incorporés.
Art. 2. La garde nationale de Paris est affectée à la défense de la capitale et à la mise en état de défense des fortifications.


Pour que tout soit clair dans les esprits, on jugera bon de déclarer par une loi le 12 août 1870 : « La garde nationale sédentaire est rétablie dans tous les départements », et d’ordonner sa réorganisation immédiate conformément aux dispositions de la loi de 1851, tout en précisant que : « Les officiers élus seront choisis parmi les anciens militaires ». Car la loi de 1851 confirmait l’élection obligatoire de tous les cadres, officiers, sous-officiers et caporaux.

Une circulaire envoyée le 13 août par le ministre de l’intérieur aux préfets leur rappelait les dispositions principales de cette loi et leur signalait les points sur lesquels devait porter l’essentiel de leur attention.
« L’uniforme devra être conçu de la manière la plus simple. Le plus souvent une blouse avec signes distinctifs aux parements et au collet suffira ». Au préfet de la Mayenne qui le questionnait à ce sujet, le ministre fit répondre par télégramme le 19 août : « Lisez l’article 59 de la loi de 1851 pour l’habillement de la garde sédentaire dans les communes de plus de 3000 âmes. Prescrivez soit l’uniforme indiqué dans ma circulaire du 13, soit tout autre analogue. C’est aux gardes nationaux de s’habiller, l’Etat n’intervient qu’en cas d’impossibilité absolue et pour les départements menacés ; le vôtre n’est pas de ce nombre ». L’urgence était à l’habillement de la garde mobile et pas à la garde sédentaire. On en resta donc là pour le moment.

Pour l’armement : « La distribution des armes sera faite d’abord aux gardes nationales des départements envahis, des villes mises en état de siège par suite des nécessités de la guerre. Les anciens militaires seront les premiers servis. Le Gouvernement prendra d’urgence des dispositions à cet effet. Je me concerte avec le Ministre de la guerre pour que, sur votre demande, les directions d’artillerie mettent des armes à votre disposition, suivant les besoins du service et dans les conditions déterminées par la loi. Mais en attendant, il sera nécessaire que les hommes s’exercent sous la direction des militaires instructeurs, avec les armes qu’offrent les ressources du pays ».
Il n’était évidemment pas question d’armer la garde sédentaire de chassepots et il faudrait se contenter de fusils anciens modèles, Le 21 août, le ministre de l’intérieur avertissait les préfets que « l’approvisionnement en armes rayées que possède l’administration de la guerre n’étant pas suffisant pour satisfaire à toutes les demandes, il sera nécessaire dans quelques départements éloignés du théâtre de la guerre, de distribuer un certain nombre de fusils à percussion lisses ».
Et le 1er septembre, il les prévenait par circulaire télégraphique : "Dès que le ministre de la guerre aura mis des armes à ma disposition, je répondrai aux demandes que vous m’adressez pour la garde nationale sédentaire. En attendant, organisez les cadres et prévenez les maires que l’armement ne pourra s’effectuer qu’à mesure des livraisons faites par la guerre et après que les mobiles et les départements menacés par l’ennemi seront pourvus. Le nombre des fusils disponibles est quant à présent forcément très restreint. Communiquez cette dépêche aux conseillers d’Etat en mission". Il y avait d’autres urgences et là aussi, on en restera là pour le moment.

Il fallait d’ailleurs commencer par le commencement et former, dans chaque commune, le conseil de recensement prévu par la loi de 1851, conseil composé de la moitié des membres du conseil municipal, plus un nombre égal de citoyens désignés par le préfet. Cela fait, ce conseil devait classer tous les citoyens âgés de 21 à 55 ans, et les répartir entre service actif (ou ordinaire) et service sédentaire (ou de réserve), ouvrir les registres et prononcer les dispenses.

Il fallait ensuite faire procéder à l’élection des cadres : officiers, sous-officiers et caporaux.
Le processus était toujours en cours à la chute de l’Empire. Le conseil de recensement de la ville de Laval, pourtant placée sous l’œil direct du préfet, n’a pu commencer à se réunir que le 30 août et l’élection des cadres n’était pas envisagée avant le 10 ou le 11 septembre. Les archives montrent qu’il en a été de même dans toutes les communes ; dans certaines, les élections n’interviendront même qu’au début du mois d’octobre.

Les maires, en général, n’ont pas rechigné et se sont même montrés souvent intéressés, en Mayenne du moins, à la mise sur pied de leur garde sédentaire, en laquelle ils voyaient un outil précieux pour assurer l’ordre et la tranquillité dans leur commune ; cela sur un fond d’inquiétude du monde rural devant le nombre croissant de vagabonds en tous genres qui, de plus en plus nombreux, sillonnaient les campagnes. Unanimement, ils réclamaient des armes.

La garde nationale mobilisée.

Les nouvelles instances dirigeantes arrivées au pouvoir à la chute de l’Empire étaient, en matière de défense, plutôt acquises à l’idéologie du programme de Belleville : suppression des armées permanentes, défense populaire par des citoyens instruits et armés, sur le modèle suisse.
C’est ainsi que le nouveau préfet, qui arrive à Laval et débarque du train de Paris au petit matin du 10 septembre, ne jure que par la levée en masse, entend mener une guerre de partisans et réclame du conseil général qu’il vote les subsides nécessaires pour procurer à chaque homme valide un fusil et 400 cartouches. Son credo : « Sous la République, un homme n’est vraiment citoyen que quand il est maître de trois biens : une intelligence cultivée, un cœur généreux et un bon fusil pour défendre contre toutes les tyrannies sa femme, ses enfants et son foyer ».

Pour mener ce type de guerre, par nature locale, la garde sédentaire est toute indiquée et par circulaire du 14 septembre, le ministre de l’intérieur demande aux préfets et aux maires de hâter l’exécution de la loi du 12 août . Il leur prescrit également de préparer, avec les officiers qui venaient d’être élus, la formation de compagnies détachées, destinées à effectuer un service actif hors du territoire de la commune, ou même un service de corps mobilisés pour seconder l’armée de ligne.

Cette mobilisation, qui ne concernera d’abord que les hommes de 21 à 40 ans, non mariés ou veufs sans enfants, résidant dans le département, va s’opérer en deux temps.

Le 29 septembre, un premier décret ordonne de les organiser immédiatement en compagnies de gardes nationaux mobilisés.
Susceptibles d’être mises à la disposition du ministre de la guerre, ces compagnies devaient commencer immédiatement à s’exercer ; pour les armer, le préfet était autorisé à réclamer les armes des autres gardes nationaux sédentaires et des pompiers, et à requérir au besoin les fusils de chasse. Les maires, qui étaient censés avoir achevé la mise sur pied de leur garde sédentaire, avaient trois jours pour dresser les listes des mobilisables et les conseils de révision devaient se réunir 48 heures plus tard au chef-lieu d’arrondissement.
Les instituteurs laïques dirigeant une école communale et leurs maîtres-adjoints restaient dispensés.

Le 11 octobre, considérant que les opérations de révision étaient terminées, un nouveau décret ordonnait :
- de former les mobilisés en compagnies de 100 à 250 hommes ;
- de regrouper les compagnies d’un même canton en bataillons de quatre à 10 compagnies ;
- de rassembler les bataillons d’un même arrondissement dans une légion, commandée par un lieutenant-colonel ;
- de grouper les légions d’un même département dans une brigade portant le nom du département, sous les ordres d’un colonel commandant supérieur.

Du caporal au chef de bataillon tous les cadres devaient être élus. Seuls les lieutenants-colonels et le colonel seraient nommés par le ministre de l’intérieur.
Les exercices, d’une durée minimale de deux heures par jour, devaient se faire par commune pendant la semaine, le bataillon groupé au chef-lieu du canton le dimanche (ou en tout autre lieu désigné par le chef de bataillon). Le chef de légion ou le commandant supérieur pouvait réunir le corps en un point quelconque de l’arrondissement ou du département.
L’uniforme, à fixer dans chaque département, devait obligatoirement comprendre une vareuse avec col et pattes rouges, et un képi. Les précisions relatives à la solde, à l’habillement et à l’équipement étaient renvoyées à un décret ultérieur.

Le 15 octobre, la délégation de Tours rappelait aux préfets que « Le système électif est le seul que puisse admettre la République – Abstenez-vous donc de toutes nominations d’officiers mobilisés ». Il allait falloir organiser de nouvelles élections, au sein des compagnies d’abord, puis faire élire le chef de bataillon par les officiers et des délégués de toutes les compagnies. En Mayenne, ces élections ne commencèrent que le 2 novembre, car entre temps, il fallait régler quelques détails matériels : uniformes, solde, armement, qui paye ?

L’Etat paye… avec l’argent des communes !

Par décret du 22 octobre, la délégation de Tours annonça que les gardes nationaux mobilisés seraient habillés, équipés et armés par l’Etat… au moyen de contingents (financiers) fournis par les départements et les communes et calculés sur la base de :
- 60 fr. par homme pour l’habillement et l’équipement, à verser au Trésor le 30 novembre ;
- 3 mois de solde à raison de 1,50 fr. par homme et par jour, à verser pour moitié le 15 décembre, pour moitié le 30 décembre ;
En contrepartie, les préfets ont reçu des délégations de crédit d’un montant équivalent, pour leur permettre de passer les marchés nécessaires.
Un supplément de 20 francs par mobilisé sera demandé le 5 novembre aux communes, à titre de participation aux frais d’acquisition centralisée des armes, par les soins de la Commission d'armement de la délégation de Tours..

Le 2 novembre : la levée en masse.

Un nouveau décret ordonne cette fois la mobilisation de tous les hommes de 20 à 40 ans, y compris les mariés et les veufs avec enfant. La notion de soutien de famille est abolie, seules les exemptions médicales seront admises. En contrepartie, la République pourvoira aux besoins des familles reconnues nécessiteuses et adopte par avance les enfants de ceux qui succomberont.

Un décret complémentaire pris le 7 novembre répartit en deux bans et trois sous-catégories la ressource nouvelle procurée par le décret du 2 novembre ; bans qui seront successivement appelés et mis à la disposition du ministre de la guerre, dans l’ordre qu’il fixera ultérieurement.
- 1er ban : les citoyens déjà mobilisés par le décret du 29 septembre (célibataires ou veufs sans enfants), qui avaient été exemptés par les conseils de révision à titre de soutiens de famille.
- 2e ban -1: les citoyens mobilisés par le décret du 2 novembre et âgés de 21 à 30 ans.
- 2e ban -2 : les citoyens mobilisés par le décret du 2 novembre et âgés de 30 à 35 ans.
- 2e ban -3 : les citoyens mobilisés par le décret du 2 novembre et âgés de 35 à 40 ans.
Les hommes du 1er ban seront versés dans les compagnies déjà formées, sans en modifier les cadres déjà élus. Ceux du 2e ban formeront des unités nouvelles au fur et à mesure des appels successifs. Il y aura alors lieu de faire procéder à l’élection des cadres pour ces corps nouveaux, compagnies, voire bataillons, qui seraient placés sous le commandement des légions déjà existantes.

La mise sur pied des bataillons de mobilisés va occuper pratiquement tout le mois de novembre, voire déborder sur décembre : il fallait faire procéder aux élections, faire confectionner les uniformes, recevoir et distribuer l’armement, se procurer les ingrédients nécessaires pour fabriquer les cartouches (poudre, plomb, capsules de fulminate, papier et carton), faire fabriquer les milliers de havresacs, gamelles, tentes, souliers, képis, nécessaires pour équiper, ou tenter d'équiper, tant bien que mal, tout ce beau monde. En Mayenne, les uniformes ont été confectionnés à Laval, avec 27 kilomètres de drap achetés en Angleterre par l'intermédiaire d'un transitaire installé à Tours, livrés à Boulogne-sur-Mer, transbordés sur bateau français et débarqués à Saint-Malo. En 1873, on finissait de régler les questions administratives liées au paiement des factures...

A la date du 19 décembre, les trois légions de la Mayenne étaient à peu près armées :
- 1ère légion : 2802 fusils Enfields longs, avec 236.000 cartouches ;
- 2e légion : 572 carabines Sniders et 42.000 cartouches et 3007 fusils rayés avec 134.000 cartouches.
- 3e légion : 1086 fusils Enfields longs avec 60.000 cartouches et 910 fusils Springfields avec 40.000 cartouches.

Mais ce n’est pas avec des hommes sans instruction militaire et des fusils dont la moitié ne fonctionnaient d’ailleurs pas qu’on fait une armée capable d’entrer en campagne. D’autant que la capacité d’auto-instruction des bataillons, déjà moins que faible, avait été encore amoindrie par diverses mesures, qui les privaient progressivement de ceux qui, anciens soldats, pouvaient instruire les autres.

Un décret du 22 novembre avait autorisé les préfets à puiser dans les mobilisés tous ceux qui avaient servi dans l’artillerie, pour armer les batteries départementales d’artillerie qu’ils étaient chargés de mettre sur pied à raison d’une batterie par tranche de 100.000 habitants.
Une circulaire du 12 décembre du ministre de la guerre avait ordonné de diriger sur les régiments d’artillerie tous les mobilisés ayant servi dans la cavalerie.

Les neuf bataillons de la Mayenne que l’on avait envoyé cantonner à la limite Est du département, seront mis le 9 janvier à la disposition de l’armée de la Loire, qui les avait réclamés. Le général Chanzy les enverra défendre le pont de Beaumont-sur-Sarthe et la ville d’Alençon.
Le résultat fut à la hauteur de l’investissement : nul.


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Message Publié : 12 Juin 2020 15:55 
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Très bon résumé. Une armée ne s'improvise pas, c'est la fin du mythe de la levée en masse préconisée par certains Républicains avant le déclenchement de la guerre avec le souvenir de celle de 1793 en oubliant au passage que la dernière armée de la monarchie avait servi de colonne vertébrale par l'amalgame entre vieilles troupes et soldats inexpérimentés. Il n'y avait plus d'armée après Sedan et l'encerclement de Metz.

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Message Publié : 12 Juin 2020 16:42 
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Excellent résumé en effet.
D'accord avec le constat au global, même s'il restait les unités impériales des 13e et 14e Corps à Paris, ainsi que quelques unités tirées d'Algérie qui formeront le noyau de l'Armée de la Loire.

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Message Publié : 12 Juin 2020 17:33 
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Localisation : Région Parisienne
Plus la division de Rome, ce qui fait peu. Les corps de Paris ne peuvent instruire que les troupes parisiennes, et le manque d'officiers compétents se fera cruellement sentir.

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Message Publié : 12 Juin 2020 17:39 
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Localisation : Bourgogne
Oui, ça ne fait pas beaucoup. La brigade d'occupation de Rome jouera un rôle conséquent au sein du 13e Corps de Vinoy. En dehors de Paris, seules les unités d'Algérie pourront "corseter" l'armée républicaine, mais elles le feront avec abnégation - même si les résultats militaires seront nuls. L'Armée de la Loire sans les soldats impériaux tirés d'Algérie n'aurait jamais pu pousser jusqu'à la Loire, ni même tenir le Centre pendant quelques semaines.

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Message Publié : 12 Juin 2020 20:16 
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Localisation : En Mayenne
Il n'y avait pas que l'armée d'Afrique, dont une partie d'ailleurs avait disparu avec le corps d'armée de Mac-Mahon. Il ne faut pas oublier les régiments de marche, tirés des dépôts. Certes, la meilleure partie a été absorbée, par le biais des 4e bataillons pour l'infanterie, par les 13e et 14e corps ; certes, la qualité de l'encadrement s'est progressivement amoindrie au fur et à mesure que se formaient les compagnies de dépôt. Mais il y avait encore là de quoi faire.

Pour l'armée de la Loire, je ne dirais pas qu'elle a " réussi à pousser jusqu'à la Loire ", pour la bonne raison que lorsque le 15e corps d'armée (le premier qui s'est formé) y est arrivé, les Prussiens n'y étaient pas et n'envisageaient aucunement d'y aller. C'est parce que leurs fourrageurs étaient harcelés par des troupes éparses (francs-tireurs et mobiles essentiellement) que les Prussiens ont constitué le 6 octobre, sous le commandement du général von der Thann, un détachement d'armée (1er corps bavarois, une division d'infanterie et deux de cavalerie) pour aller nettoyer le pays jusqu'à Chartres à l'ouest, Orléans au sud. Et c'est à cette occasion qu'a eu lieu le premier engagement sérieux, le 10 octobre à Artenay, avec des éléments du 15e corps d'armée (de la Motte-Rouge), dont les divisions achevaient de se former à Bourges, Nevers et Vierzon. Ce n'est qu'alors que Von der Thann poussera jusqu'à Orléans. D'où il sera chassé après Coulmiers (9 novembre), et les Prussiens ne reviendront à Orléans que le 5 décembre, lorsque la IIe armée prussienne du prince Frédéric-Charles, libérée par la capitulation de Metz, sera arrivée sur ce théâtre des opérations.


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Message Publié : 12 Juin 2020 21:29 
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1) oui, il y eut des bataillons de marche, à la qualité souvent discutable. Mais sans les soldats d'Algérie - et je ne parle pas des unités d'Afrique, même si elles ont joué leur rôle, mais bel et bien des régiments métropolitains qui étaient encasernés par tournante en Algérie - jamais la République n'aurait pu même faire mine de résister dans le Centre et dans l'Est.

2) les Français ont abandonné Orléans (sur la Loire) devant les Bavarois. Puis ils ont repris la ville (toujours sur la Loire) après Coulmiers. Comme vous le dites très justement. Donc, en quoi n'êtes-vous pas d'accord avec le fait que l'Armée de la Loire a réussi à pousser jusqu'à la Loire ? Les Bavarois étaient au sud du fleuve, ils ont été ramenés au nord. Je ne vois donc pas le point de débat.
Et sans les soldats d'active tirés des garnisons algériennes, jamais le 15e Corps n'aurait pu réussir cela.

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Message Publié : 12 Juin 2020 21:53 
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Je discute l'assertion selon laquelle sans l'apport de l'armée d'Afrique, l'armée de la Loire n'aurait jamais pu pousser jusqu'à la Loire, uniquement parce qu'à mon sens, elle peut laisser entendre que c'est en combattant que l'armée de la Loire a pu atteindre le fleuve.
Or, lorsque le 15e corps du général de la Motte-Rouge a franchi la Loire, les Prussiens n'étaient pas encore arrivés dans la région.
Dans la deuxième phase, celle qui a vu d'Aurelles de Paladines entrer à Orléans après que la ville ait été évacuée par von der Thann, c'est plus l'action du 16e corps de Chanzy qui a été déterminante. Or ce corps s'était formé à Blois et à Vendôme, donc au nord de la Loire, dans un secteur où il n'y avait pas de Prussiens. Là aussi, pour moi, il n'y a pas eu à pousser pour atteindre la Loire.
Mon objection ne portait que sur ce détail sémantique. Histoire de chipoter un peu, sans doute...


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Message Publié : 13 Juin 2020 9:42 
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Localisation : Bourgogne
Je n'ai à aucun moment parlé du seul 15e Corps, mais de l'Armée de la Loire. C'est donc bien sous Aurelles de Paladines que je me situe, pas auparavant sous son prédécesseur. En outre, l'action du 16e Corps ne peut se comprendre sans celle du 15e.
Il est néanmoins exact que le 16e Corps n'a que peu bénéficié des renforts tirés d'Algérie, au contraire du 15e, du 17e, du 18e et un peu du 21e.
Comme on le voit, ces corps ont été les principaux acteurs des combats dans le Centre (puis dans l'Est) entre octobre 1870 et janvier 1871.

Je n'aime pas faire de la pub mais j'ai écrit et publié un dossier sur le sujet de l'apport des garnisons algériennes aux combats de la République, ce qui fait que j'ai un point exhaustif (au bataillon, à l'escadron ou à la batterie près) de ce qui a été envoyé, quand, et à qui.
En voici un extrait :

"Le 1er et le 3e Bataillons du 16e Régiment d'infanterie de ligne quittent Sétif le 2 octobre pour Stora, d'où ils embarquent le 10 pour Toulon. Ils y débarquent le 13, et sont aussitôt dirigés sur Vierzon qu'ils atteignent le 15, puis sur le camp de Salbris qu'ils rejoignent le 17 octobre et où ils intègrent la 1re Brigade de la 3e Division du 15e Corps. Le 2e Bataillon du régiment ne rejoint que le 4 novembre.
Le 38e Régiment d'infanterie de ligne quitte ses garnisons algériennes fin septembre 1870 en vue d'incorporer la 1re Brigade de la 1re Division du 15e Corps. Transférés en métropole, ses premiers éléments (sept compagnies) atteignent Nevers le 9 octobre, sont rejoints par cinq compagnies à Gien entre le 14 et le 17, puis par les six compagnies restantes à Argent-sur-Sauldre le 23 octobre.
Le 39e Régiment d'infanterie de ligne est transféré en métropole à la fin du mois de septembre 1870. Un premier échelon de quatre compagnies rejoint Bourges le 4 octobre, avant d'être renforcé par douze compagnies au camp de Salbris le 11. Les deux dernières compagnies du régiment ne rejoignent que le 2 novembre à Mer. A cette date, le régiment a intégré la 1re Brigade de la 2e Division du 15e Corps.

La Légion étrangère avait également reçu l'ordre de contribuer à la défense de la patrie envahie en mettant sur pied un Régiment étranger de marche à deux bataillons. Créé sur décision du 18 septembre, il se forme à Oran le 7 octobre et s'y embarque dès le lendemain pour la métropole. De Toulon qu'il atteint le 11 octobre, il rejoint Bourges le 13 et intègre la 1re Brigade de la 2e Division du 15e Corps. Il est renforcé le 26 octobre par le 5e Bataillon du 1er Régiment étranger, mis sur pied à Tours le 1er septembre, qui en devient le 3e Bataillon.

Le nombre de cadres et de recrues disponibles dans les dépôts de zouaves permettaient également d'envisager la mise sur pied rapide de régiments supplémentaires. Trois régiments de marche de zouaves organisés à deux bataillons de neuf compagnies sont ainsi créés :
- le 3e Régiment de marche de zouaves à Montpellier vers le 15 septembre ;
- le 1er Régiment de marche de zouaves à Antibes le 21 ;
- le 2e Régiment de marche de zouaves à Avignon le 25.
Ils sont portés à trois bataillons de six compagnies le 4 octobre.
Après s'être portés à Bourges et Nevers à la fin du mois de septembre et au début d'octobre, ces régiments entrent dans la composition du 15e Corps d'armée en cours de constitution.

En sus, les deux bataillons de tirailleurs qui avaient rejoint la 2e Brigade de la 1re Division du 15e Corps vers le 20 septembre mettent sur pied le Régiment de marche de tirailleurs algériens le 17 octobre 1870, porté à trois bataillons grâce au renfort de six compagnies arrivées d'Algérie entre le 1er et le 15 octobre.

Enfin, quatre batteries créées en Algérie le 29 août, les 13e, 14e, 15e et 16e du 3e Régiment d'artillerie, sont envoyées en métropole au cours du mois de septembre. Embarquées à Alger et Mers-el-Kébir les 6 et 7, elles débarquent à Marseille les 9 et 10 d'où elles gagnent Lyon. Équipées de pièces de 8 rayées, elles intègrent la réserve d'artillerie du 15e Corps. Les 13e et 14e Batteries sont toutefois déroutées sur Épinal le 18 septembre où elles sont rééquipées de pièces de 4 avec lesquelles elles vont appuyer l'Armée des Vosges. Les 15e et 16e Batteries mixtes quittent pour leur part Lyon pour Bourges le 25 septembre.

Ces premiers renforts d'Algérie , injectés dans le 15e Corps naissant, sont rapidement rejoints par d'autres éléments prélevés sur l'Armée d'Afrique.
Deux détachements d'un effectif total de trois officiers et 165 cavaliers sont formés par les escadrons des 1er et 9e de chasseurs à cheval demeurés en Algérie le 15 octobre. Dirigés sur Saumur, ils sont combinés au sein du 3e Escadron du 6e Régiment mixte de cavalerie légère. Ce régiment entre en novembre 1870 dans la composition de la 1re Brigade de la Division de cavalerie du 17e Corps en cours de constitution.
Les 3e et 4e Batteries du 3e Régiment d'artillerie embarquent pour la métropole entre le 10 et le 12 novembre et débarquent à Toulon les 14 et 15. Équipées de pièces de 4, elles intègrent l'organigramme de la 2e Division du 17e Corps d'armée nouvellement constitué pour l'Armée de la Loire.

Mobilisant toutes les ressources disponibles, le gouvernement de défense nationale donne l'ordre, le 17 octobre 1870, que chaque bataillon d'infanterie légère d'Afrique mette sur pied deux compagnies de marche de 250 hommes. Celles-ci sont aussitôt formées et quittent l'Algérie entre le 26 octobre et le 22 novembre. Affectées au 18e Corps de l'Armée de la Loire, elles combattent à Beaune-la-Rolande le 28 novembre. Elles sont concentrées le 5 décembre 1870 en un Régiment de marche d'infanterie légère d'Afrique qui entre dans la composition de la 2e Brigade de la 2e Division du 18e Corps avant d'être attaché à sa division de cavalerie.

Un escadron de marche est mis sur pied par chacun des régiments de spahis entre le 17 et le 25 novembre. Ces trois escadrons sont aussitôt envoyés en métropole qu'ils rejoignent le 21 novembre, le 24 novembre et le 11 décembre respectivement. Ils sont alors regroupés au sein d'un Régiment des éclaireurs algériens qui intègre l'organigramme du 17e Corps puis celui du 16e Corps de la 2e Armée de la Loire avec lequel il combat jusqu'en janvier 1871.

Le 8e Régiment de hussards, avec quatre escadrons (1er au 4e), embarque pour la France entre le 24 et le 29 novembre. Il y débarque entre le 5 et le 12 décembre, et est aussitôt dirigé sur Tours où il se concentre puis, subordonné à la Division de cavalerie du 21e Corps, escadronne jusqu'à Amboise. Affecté le 31 décembre à la 3e Division du 16e Corps, il opère en janvier 1871 entre Château-Renault, Vendôme, Château-Gontier et Laval.

Le 92e Régiment d'infanterie de ligne, dont on a vu que le départ avait été annulé en septembre 1870, quitte finalement l'Algérie le 1er décembre. Il y était le dernier représentant des unités métropolitaines "tournantes" présentes en juillet 1870. Débarquant en métropole entre le 4 et le 6 décembre, il est à Nevers le 9 et à Gien le 18 où il intègre la 1re Brigade de la 2e Division du 18e Corps à compter du 20 décembre 1870.

Un 4e Régiment de marche de zouaves est mis sur pied le 2 décembre 1870 à partir de détachements envoyés d'Algérie et arrivés en métropole entre le 1er et le 7 décembre 1870. Ce régiment est aussitôt dirigé sur l'Armée de la Loire et entre dans la composition de la 1re Brigade de la 3e Division du 18e Corps.

Les escadrons de chasseurs d'Afrique qui étaient demeurés encasernés en Algérie, deux par régiment, mettent sur pied en novembre-décembre 1870 deux régiments de marche.
Le 1er Régiment de marche de chasseurs d'Afrique se constitue à Alger à partir du 17 octobre, avec les 1er et 2e Escadrons du 1er Régiment de chasseurs d'Afrique et les 4e et 5e Escadrons du 3e Régiment de chasseurs d'Afrique. Ses quatre escadrons constitutifs débarquent en métropole entre le 27 novembre et le 11 décembre. Le régiment intègre ensuite le 16e Corps de la 2e Armée de la Loire.
Le 2e Régiment de marche de chasseurs d'Afrique est mis sur pied à Oran, avec les 3e et 4e Escadrons du 2e Régiment de chasseurs d'Afrique et les 5e et 6e Escadrons du 4e Régiment de chasseurs d'Afrique. Envoyé en métropole à la toute fin de l'année 1870, ses escadrons y débarquent à Toulon entre le 31 décembre 1870 et le 3 janvier 1871. Le régiment rejoint alors l'Armée de l'Est en formation, où il sert au sein de la brigade de cavalerie commandée par le général de brigade Marie-Pascal, baron de Boério, d'abord subordonnée à la division de cavalerie du 15e Corps puis placée en réserve d'armée".

Comme on le voit, le 15e Corps est constitué pour près de la moitié d'unités prélevées sur les garnisons algériennes, puisqu'elles forment les premières brigades de chacune de ses divisions d'infanterie, plus les unités de légionnaires, de zouaves et de tirailleurs qui entrent dans la composition des autres brigades, son artillerie, et un peu de sa cavalerie. Pour les autres, c'est moins marqué, mais tout de même significatif. Et vu que le 15e Corps est l'unité la plus puissante et la plus cohérente alignée par l'Armée de la Loire, il me semble logique de dire que sans ces vétérans de l'armée impériale, jamais la République n'aurait pu même tenir un peu face à des Allemands infiniment plus disciplinés et mieux équipés. Les "volontaires de l'an II" de Gambetta, c'est bien beau, mais c'est un mythe total : d'une part parce que ces volontaires ont échoué à repousser les Prusso-Allemands ; d'autre part parce que leurs maigres succès furent largement redevables des derniers soldats d'active encore disponibles, les rares qui ne furent pas emportés par les désastres d'août et de septembre (ceux qui venaient d'Italie et d'Algérie). Je comprends absolument le besoin de justification républicain, vu la naissance contestée du nouveau régime, particulièrement sous pression après le conflit, mais ça n'en fait pas une vérité historique pour autant.

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Message Publié : 13 Juin 2020 14:10 
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Localisation : En Mayenne
S'agissant de l'inanité du concept de levée en masse érigé en dogme par les républicains de 1870, vous prêchez un convaincu de longue date.

Loin de moi, également, l'idée de contester l'apport des unités tirées des dépôts en Algérie pour former l'ossature de plusieurs corps de l'armée de la Loire.

Par la force des choses, mon intérêt s'est plus spécialement portée sur le 16e corps et sur ceux qui sont entrés ensuite dans la composition de la 2e armée de la Loire : 17e et 21e corps.
Le 16e corps parce que le 66e régiment de mobiles en faisait partie.
Le 17e à la marge, parce que c'est l'aumônier et le médecin d'un bataillon du 66e mobiles qui ont relevé le général de Sonis sur le champ de bataille de Loigny, le lendemain des combats (et que toutes les bonnes familles mayennaises avaient un fils servant dans les zouaves pontificaux).
Le 21e corps parce que le 5e bataillon de mobiles et la compagnie de francs-tireurs de la Mayenne faisaient partie de la 4e division, celle du général Gougeard.
J'ajoute que le 4e bataillon de mobiles de la Mayenne, après avoir fait partie des forces de défense locale du général Fiereck, entre Dreux et Chartres, a fait partie de la colonne Ferri-Pisani puis Cléret.

Les recherches que j'ai été amené à faire à ce propos m'ont permis de voir, au fil de plusieurs ouvrages et témoignages, mentions de la présence de quelques unités "africaines". Outre les Eclaireurs algériens, que mentionnent tous les ouvrages (Rousset, Chanzy), il y a aussi le 8e de hussards, dont un lieutenant du 4e bataillon de mobiles, dont les Souvenirs ont enfin été publiés il y a une dizaine d'années, dit le plus grand bien : le professionnalisme de l'escadron qu'il a côtoyé pendant une partie de la campagne l'avait fortement impressionné, tant cela tranchait sur le laisser aller général et la débandade qui l'environnaient sur les bords de la Loire (y compris parmi des zouaves).

Puisque on parle de l'apport de l'armée d'Afrique, on peut aussi évoquer (mais la troupe n'en était pas responsable) la désastreuse option de faire bivouaquer les troupes, au lieu de les cantonner, comme avaient soin de le faire les Prussiens. Plusieurs auteurs, dont Rousset (qui y voit une des causes de la défaite), mettent cette pratique sur le compte d'habitudes prises en Algérie, où pratiquement tous les généraux étaient passés. Chanzy, qui arrivait lui aussi d'Algérie, n'y a pas échappé et les témoignages disponibles d'acteurs qui ont vécu cette campagne concordent. J'ai sous les yeux Les Souvenirs d'un mobile de la Sarthe (le sergent Erard, du 33e mobiles), dont le bataillon avait été commandé pour reprendre la position perdue de la Tuilerie, au soir du 11 janvier : trempés, gelés, frigorifiés, les hommes se couchaient dans les fossés, se laissaient ensevelir par la neige qui tombait et même les coups de pieds ne réussissaient pas à les relever. Celui du docteur Gestin, le médecin chef de la division de Bretagne (général Gougeard) est du même tonneau. Il y a aussi De Laval à Dantzig, d'un sergent du 2e bataillon du 66e mobiles, qui s'arrête à la date du 5 ou 6 décembre, puisqu'il est fait prisonnier après avoir franchi la Loire à Orléans. Il confirme ce que disait le sergent du 33e mobiles : à Loigny, ils se sont battus le ventre vide, souffrant de la soif car même le vin gelait dans les bidons, et après avoir passé la nuit sous la guitoune...

Pour revenir sur la nature limitée du bémol que j'avais estimé pouvoir apporter à la "poussée vers la Loire", et si on se place dans la période du général d'Aurelle de Paladines, je note quand même que le 15e corps, indéniablement le mieux organisé des corps d'armée, n'a pas eu à affronter les Prussiens pour franchir la Loire : les deux divisions qui ont participé à l'affaire aux côtés du 16 corps ont été transportées en train de Salbris sur Blois à partir du 27 octobre. Von der Thann n'a pas été chassé d'Orléans par une poussée venant du sud de la Loire, mais par l'action commune des 15e et 16e corps arrivant par l'Ouest, sur la rive nord (l'action de la division Martin des Pallières, du 15e corps, censée agir simultanément par l'Est, pouvant être considérée comme négligeable en l'occurrence).

Cela dit, j'ai pu observer, au travers d'autre fils de discussion, toute l'étendue des connaissances que vous avez su acquérir sur l'organisation des armées pendant cette guerre : impressionnant !


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Message Publié : 13 Juin 2020 16:23 
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b sonneck a écrit :
Loin de moi, également, l'idée de contester l'apport des unités tirées des dépôts en Algérie pour former l'ossature de plusieurs corps de l'armée de la Loire.


Attention, il ne s'agit pas là que des dépôts d'Algérie. Déjà parce qu'il y a peu de dépôts (uniquement ceux de l'armée d'Afrique : tirailleurs et légionnaires, chasseurs d'Afrique et spahis), et que ces dépôts ne génèrent donc que peu d'unités de marche à destination de la métropole (quelques régiments ou bataillons). Ensuite parce que je fais bien référence à des unités complètes et constituées, les derniers vestiges intacts de l'armée impériale (listées ci-dessus : 16e, 38e, 39e et 92e de ligne, quelques batteries du 3e d'artillerie, le 8e de hussards). Ça n'est pas grand chose (une petite division en volume), mais la République est tellement aux abois en septembre 1870 que c'est tout ce qu'elle a pour ne pas s'opposer aux armées prusso-allemandes avec les seuls "moblots", à la qualité, la discipline, l'encadrement et l'équipement des plus discutables.

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Message Publié : 13 Juin 2020 17:44 
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Localisation : En Mayenne
Tout à fait d'accord ! J'ai écrit "tirés des dépôts" par facilité. Avec l'âge, je deviens paresseux, ou économe de mes efforts, comme on voudra…

La République avait aussi à sa disposition tout le monde qui se pressait dans les dépôts de Métropole. Les 4e bataillons étaient certes déjà partis, emportant la 8e compagnie du 1er bataillon ; la 8e compagnie du 2e bataillon était partie pour Paris, mais celle du 3e bataillon a rejoint un régiment de marche de province (vous avez épluché l'ouvrage sur les mouvements des dépôts et cela ne vous a pas échappé). Et derrière, on a encore réussi à former une bonne dizaine de compagnies de dépôt, aussitôt dirigées vers des régiments de marche. Cela valait ce que ça valait, l'encadrement était médiocre, mais ce n'était pas pire que les mobiles (sans parler des mobilisés).

Le général Martin des Pallières, dans son ouvrage que je n'ai pas encore eu le temps de lire entièrement, émet l'avis que la Délégation de Tours ne savait pas de quoi elle pouvait disposer, y compris en matière d'armement, et que faute de se renseigner, elle a laissé dormir des ressources importantes. Il affirme ainsi que les chassepots et les fusils ne manquaient pas et qu'il restait 2000 canons dans les arsenaux et les magasins. A voir...


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Message Publié : 13 Juin 2020 17:57 
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Il y avait effectivement assez d'artillerie, de quoi constituer 296 batteries. Mais 48 pouvaient être constituées immédiatement. Le manque de chariots et surtout de chevaux empêchaient d'armer le reste.

Le manque de chevaux est récurrent en France, il faudra que j'en fasse un sujet. Comment manquer de chevaux dans un pays aussi agricole, il doit y avoir des raisons que j'ignore.

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Message Publié : 13 Juin 2020 20:01 
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Localisation : En Mayenne
Le directeur de l'artillerie de Rennes écrivait le 29 octobre 1870 au préfet de la Mayenne, qui lui demandait le prix qu'il devait accepter de payer pour les affûts et les caissons qu'il se proposait de faire fabriquer "dans le civil", pour équiper les trois batteries que son département devait mettre sur pied :

Permettez-moi de vous dire que ceux qui veulent entreprendre ce travail se laissent entraîner par un zèle insuffisamment éclairé et dont les résultats ne peuvent être sérieux. Le matériel ne manque pas et les arsenaux de la marine qui nous viennent en aide avec leurs immenses moyens de production nous mettent à même de le fournir beaucoup plus vite que les hommes capables de le servir. J’ai en ce moment 80 affûts et les autres se succèderont aussi vite que les besoins, si l’on continue d’employer les moyens dont dispose actuellement le gouvernement.
Le Mans m’a envoyé aujourd’hui un grand entrepreneur avec la pensée de construire aussi du matériel. Je crois qu’il est parti de l’arsenal après une visite prolongée, avec la conviction qu’il n’avait rien de mieux à faire qu’à n’y plus penser.


Cela conforterait ce que pensait le général Martin des Pallières : des ressources importantes sont restées ignorées de Tours.


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