JMTARDIF a écrit :
Il me semble que les contemporains avaient conscience d'être en république, même s'ils savaient cette république en sursis. Je n'ai jamais lu de textes d'époque évoquant un quelconque sentiment de vide juridique. Par contre, beaucoup pensaient qu'un régime monarchique finirait par triompher.
Emile Zola, qui fut aussi journaliste, a suivi les séances de l'Assemblée nationale à Bordeaux, puis à Versailles, pour le compte du journal
La Cloche.
Dans la première de ses chroniques, datée du 13 février 1871, il signale que lors de la séance d'ouverture : "
Alors Jules Favre se lève, et, d'une voix grave et émue, au nom de ses collègues, il remet entre les mains de l'Assemblée les pouvoirs du gouvernement de défense nationale (...) Puis le gouvernement et les ministres ont remis leurs démissions entre les mains du président. Ils restent en fonction jusqu'à ce qu'un pouvoir régulier les ait remplacés".
La république autoproclamée le 4 septembre a donc cessé d'exister et il appartient à la nouvelle assemblée de décider de la suite. Cette assemblée a si peu l'intention d'établir la république, que dans la chronique datée du 16 février, Emile Zola rend compte de deux incidents qui ont perturbé la séance :un premier lorsque le député Floquet a interpelé le président : "
Il faut vous dire que Floquet a commencé son interpellation par ce mot terrible : " Citoyens ! ", qui a éclaté dans la salle comme un coup de tonnerre. Est-ce que ces gens-là se croient en république ! ". Le second lorsqu'un député s'est plain de ce que l'assemblée avait été insultée : quelqu'un, dans la foule, avait crié Vive la République ! "
C'est pour eux la plus grande des injures. Ils ne veulent pas qu'elle vive. La majorité rurale, ne pouvant encore crier " Vive le roi ! " crie, avec un jésuitisme exquis : " Vive la France ! ". Qui espèrent-ils tromper ? ".
Dans la chronique du 17 février, Emile Zola écrit : "
Ils ont nommé M. Thiers chef du pouvoir exécutif, sous l'autorité de l'Assemblée et sous le contrôle des ministres qu'il est chargé de choisir. Et voilà la première pelletée de terre jetée sur la fosse de la République. Nous les entendrons une à une sonner sourdement. Quand la bière sera cachée, on installera un trône sur le tertre funéraire ".
Dans la chronique datée du 18 février, il écrit encore : "
Dans une lettre de remerciement lue à l'Assemblée, M. Thiers a pris le titre de président, chef du pouvoir exécutif de la République française. Un membre de la gauche a fait remarquer que M? Thiers n'avait pas été du tout nommé président de la République. M. Grévy a dit que le titre devait sans doute être rétabli ainsi : chef du pouvoir exécutif, présidant le conseil des ministres ".
Mais on sort maintenant du cadre de la période "Second Empire" et je vais arrêter là.