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Message Publié : 19 Juil 2020 19:39 
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Localisation : En Mayenne
D'un point de vue institutionnel, la France était, à ce qu'il me semble, dans une situation de vide barométrique. L'Empire n'existait plus depuis le 4 septembre.
La République proclamée le même jour à Paris et le Gouvernement de défense nationale formé par les députés de Paris n'avaient aucune légitimité et ne pouvaient être qualifiés d'institutionnels. C'est d'ailleurs pour cela que Bismarck n'a pas voulu traiter avec eux et n'a consenti un armistice que pour laisser le temps de procéder à des élections.
L'assemblée élue le 8 février en présence de l'ennemi n'avait d'autre mandat que de mettre fin à la guerre. La majorité royaliste de cette assemblée, qui ne faisait pas mystère de sa ferme intention de rétablir la monarchie, peut difficilement, selon moi, être qualifiée d'institution républicaine.
Le pacte de Bordeaux, motivé en partie également par les difficultés qu'il y aurait à faire s'accorder les deux branches de la famille des Bourbons, consistait d'ailleurs à ne pas trancher du régime politique à adopter pour la France avant la conclusion du traité de paix, et, si j'ai bonne mémoire, la libération du territoire. Ce n'est que parce qu'on n'avait pas trouvé une autre formulation compréhensible à l'étranger qu'on a donné à Thiers le titre de président de la république, alors qu'il n'était, aux yeux de tous, que le président du pouvoir exécutif.
Mais ce n'est que mon opinion et cela n'a pas force de vérité...


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Message Publié : 19 Juil 2020 22:08 
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Effectivement, mais rien d'autre n'a été proclamé en France depuis le 4 septembre 1870 en dehors de la République.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 19 Juil 2020 22:15 
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Salluste
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Localisation : Poitou
b sonneck a écrit :
D'un point de vue institutionnel, la France était, à ce qu'il me semble, dans une situation de vide barométrique. L'Empire n'existait plus depuis le 4 septembre.
La République proclamée le même jour à Paris et le Gouvernement de défense nationale formé par les députés de Paris n'avaient aucune légitimité et ne pouvaient être qualifiés d'institutionnels. C'est d'ailleurs pour cela que Bismarck n'a pas voulu traiter avec eux et n'a consenti un armistice que pour laisser le temps de procéder à des élections.
L'assemblée élue le 8 février en présence de l'ennemi n'avait d'autre mandat que de mettre fin à la guerre. La majorité royaliste de cette assemblée, qui ne faisait pas mystère de sa ferme intention de rétablir la monarchie, peut difficilement, selon moi, être qualifiée d'institution républicaine.
Le pacte de Bordeaux, motivé en partie également par les difficultés qu'il y aurait à faire s'accorder les deux branches de la famille des Bourbons, consistait d'ailleurs à ne pas trancher du régime politique à adopter pour la France avant la conclusion du traité de paix, et, si j'ai bonne mémoire, la libération du territoire. Ce n'est que parce qu'on n'avait pas trouvé une autre formulation compréhensible à l'étranger qu'on a donné à Thiers le titre de président de la république, alors qu'il n'était, aux yeux de tous, que le président du pouvoir exécutif.
Mais ce n'est que mon opinion et cela n'a pas force de vérité...


Il me semble que les contemporains avaient conscience d'être en république, même s'ils savaient cette république en sursis. Je n'ai jamais lu de textes d'époque évoquant un quelconque sentiment de vide juridique. Par contre, beaucoup pensaient qu'un régime monarchique finirait par triompher.

_________________
La classe des sots politiques est, de toutes les classes de sots, la plus sotte (Alexandre Erdan).


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Message Publié : 20 Juil 2020 7:37 
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Pierre de L'Estoile
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Jean-Marc Labat a écrit :
Des livres étaient parus, j'en ai encore un ou deux, notamment sur la bataille de Champigny puisque j'habite le coin, mais là, rien.

Et chez les riverains Parisiens du XXème, proches de la Place de la Nation, qui se souvient de Buzenval ?

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 20 Juil 2020 9:15 
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Et ceux de la rue Chanzy dans le XIème.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 20 Juil 2020 9:34 
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Inscription : 08 Mai 2020 12:38
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Localisation : En Mayenne
JMTARDIF a écrit :
Il me semble que les contemporains avaient conscience d'être en république, même s'ils savaient cette république en sursis. Je n'ai jamais lu de textes d'époque évoquant un quelconque sentiment de vide juridique. Par contre, beaucoup pensaient qu'un régime monarchique finirait par triompher.

Emile Zola, qui fut aussi journaliste, a suivi les séances de l'Assemblée nationale à Bordeaux, puis à Versailles, pour le compte du journal La Cloche.
Dans la première de ses chroniques, datée du 13 février 1871, il signale que lors de la séance d'ouverture : "Alors Jules Favre se lève, et, d'une voix grave et émue, au nom de ses collègues, il remet entre les mains de l'Assemblée les pouvoirs du gouvernement de défense nationale (...) Puis le gouvernement et les ministres ont remis leurs démissions entre les mains du président. Ils restent en fonction jusqu'à ce qu'un pouvoir régulier les ait remplacés".
La république autoproclamée le 4 septembre a donc cessé d'exister et il appartient à la nouvelle assemblée de décider de la suite. Cette assemblée a si peu l'intention d'établir la république, que dans la chronique datée du 16 février, Emile Zola rend compte de deux incidents qui ont perturbé la séance :un premier lorsque le député Floquet a interpelé le président : " Il faut vous dire que Floquet a commencé son interpellation par ce mot terrible : " Citoyens ! ", qui a éclaté dans la salle comme un coup de tonnerre. Est-ce que ces gens-là se croient en république ! ". Le second lorsqu'un député s'est plain de ce que l'assemblée avait été insultée : quelqu'un, dans la foule, avait crié Vive la République ! " C'est pour eux la plus grande des injures. Ils ne veulent pas qu'elle vive. La majorité rurale, ne pouvant encore crier " Vive le roi ! " crie, avec un jésuitisme exquis : " Vive la France ! ". Qui espèrent-ils tromper ? ".
Dans la chronique du 17 février, Emile Zola écrit : " Ils ont nommé M. Thiers chef du pouvoir exécutif, sous l'autorité de l'Assemblée et sous le contrôle des ministres qu'il est chargé de choisir. Et voilà la première pelletée de terre jetée sur la fosse de la République. Nous les entendrons une à une sonner sourdement. Quand la bière sera cachée, on installera un trône sur le tertre funéraire ".
Dans la chronique datée du 18 février, il écrit encore : " Dans une lettre de remerciement lue à l'Assemblée, M. Thiers a pris le titre de président, chef du pouvoir exécutif de la République française. Un membre de la gauche a fait remarquer que M? Thiers n'avait pas été du tout nommé président de la République. M. Grévy a dit que le titre devait sans doute être rétabli ainsi : chef du pouvoir exécutif, présidant le conseil des ministres ".
Mais on sort maintenant du cadre de la période "Second Empire" et je vais arrêter là.


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Message Publié : 21 Juil 2020 15:45 
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Salluste
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Inscription : 29 Jan 2013 17:21
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Bonjour

Il y a quelques temps, j'avais jeté un oeil sur ce que ma bibliothèque avait comme documents sur la guerre de 1870. J'avais notamment trouvé quelques témoignages et livres d'histoire locale, publiés dans les années suivant la défaite (je vis en Eure-et-Loir, où on a eu quelques épisodes notables).

Mais b sonneck a raison :
Citer :
2- Cette guerre a été totalement éclipsée par la Grande Guerre, dont elle fut la conséquence.
On n'a quasiment plus de témoignages ou d'histoire locale sur cette guerre à partir de 1914.

La Guerre de 1870 a été un traumatisme. Mais la Grande Guerre a été encore pire, et l'a clairement remplacée dans la mémoire collective. D'autant que la victoire de 1918 a effacé la défaite de 1871.

_________________
Le secret de la tactique, c'est dix contre un, et par derrière ! Tout le reste n'est que littérature.
(un professeur de l'Ecole Supérieure de Guerre, années 30)


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Message Publié : 22 Juil 2020 1:01 
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Polybe
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Inscription : 17 Nov 2009 21:37
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Localisation : Ardennes
Bonjour,

Juste pour inscrire une parenthèse et faire le lien avec le message initial, je signale l'ouvrage suivant qui remettra le souvenir de 1870 dans le temps de la IIIe République:

:arrow: https://journals.openedition.org/rha/7600

Et un article pour un temps plus long:

:arrow: https://p4.storage.canalblog.com/45/55/1243198/122729003.pdf

Leur auteur, l'historien Jean-François Lécaillon, tient aussi un blog qui propose d'autres articles sur ce thème. Sur le même média, il recense les événements liés aux commémorations de la guerre franco-allemande dans les semaines à venir:

http://memoiredhistoire.canalblog.com/archives/2019/05/27/37269909.html

C'est un post de 2019 et il n'a été que peu mis à jour mais il donnera peut-être connaissance à certains de manifestations qui se dérouleront à proximité de chez eux. Pour info, le colloque prévu en septembre à Sedan, sur la guerre de siège en 1870-71, est repoussé à février 2021.


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Message Publié : 24 Juil 2020 7:24 
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Salluste
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Inscription : 28 Mars 2020 20:19
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Localisation : Poitou
b sonneck a écrit :
JMTARDIF a écrit :
Il me semble que les contemporains avaient conscience d'être en république, même s'ils savaient cette république en sursis. Je n'ai jamais lu de textes d'époque évoquant un quelconque sentiment de vide juridique. Par contre, beaucoup pensaient qu'un régime monarchique finirait par triompher.

Emile Zola, qui fut aussi journaliste, a suivi les séances de l'Assemblée nationale à Bordeaux, puis à Versailles, pour le compte du journal La Cloche.
Dans la première de ses chroniques, datée du 13 février 1871, il signale que lors de la séance d'ouverture : "Alors Jules Favre se lève, et, d'une voix grave et émue, au nom de ses collègues, il remet entre les mains de l'Assemblée les pouvoirs du gouvernement de défense nationale (...) Puis le gouvernement et les ministres ont remis leurs démissions entre les mains du président. Ils restent en fonction jusqu'à ce qu'un pouvoir régulier les ait remplacés".
La république autoproclamée le 4 septembre a donc cessé d'exister et il appartient à la nouvelle assemblée de décider de la suite. Cette assemblée a si peu l'intention d'établir la république, que dans la chronique datée du 16 février, Emile Zola rend compte de deux incidents qui ont perturbé la séance :un premier lorsque le député Floquet a interpelé le président : " Il faut vous dire que Floquet a commencé son interpellation par ce mot terrible : " Citoyens ! ", qui a éclaté dans la salle comme un coup de tonnerre. Est-ce que ces gens-là se croient en république ! ". Le second lorsqu'un député s'est plain de ce que l'assemblée avait été insultée : quelqu'un, dans la foule, avait crié Vive la République ! " C'est pour eux la plus grande des injures. Ils ne veulent pas qu'elle vive. La majorité rurale, ne pouvant encore crier " Vive le roi ! " crie, avec un jésuitisme exquis : " Vive la France ! ". Qui espèrent-ils tromper ? ".
Dans la chronique du 17 février, Emile Zola écrit : " Ils ont nommé M. Thiers chef du pouvoir exécutif, sous l'autorité de l'Assemblée et sous le contrôle des ministres qu'il est chargé de choisir. Et voilà la première pelletée de terre jetée sur la fosse de la République. Nous les entendrons une à une sonner sourdement. Quand la bière sera cachée, on installera un trône sur le tertre funéraire ".
Dans la chronique datée du 18 février, il écrit encore : " Dans une lettre de remerciement lue à l'Assemblée, M. Thiers a pris le titre de président, chef du pouvoir exécutif de la République française. Un membre de la gauche a fait remarquer que M? Thiers n'avait pas été du tout nommé président de la République. M. Grévy a dit que le titre devait sans doute être rétabli ainsi : chef du pouvoir exécutif, présidant le conseil des ministres ".
Mais on sort maintenant du cadre de la période "Second Empire" et je vais arrêter là.


Merci pour ce témoignage. Vous avez raison, nous sortons du cadre du fil. Je ne sais pas s'il existe déjà un fil sur la présidence d'Adolphe Thiers.

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