Jean-Marc Labat a écrit :
Ouaip, on peut quand même reprocher à Gambetta sa dissolution des conseils généraux en décembre 1870, se privant ainsi de rouages utiles et rôdés, et ce en pleine guerre. Son illusion de la levée en masse ne voyant pas que la guerre n'était plus celle du XVIIIème siècle, sa propension à se mêler des affaires militaires avec Freycinet, toujours avec les souvenirs de 1793, qui ont semé le désordre dans le commandement et la menée des opérations. Mais il faut reconnaître aussi qu'il a fait beaucoup à partir de rien, mais pour ne pas arriver à grand chose. Jamais, quoiqu'en dise la légende, les Allemands n'ont été gravement menacés, juste un peu gênés.
Je n'avais pas fait attention à cette dissolution des conseils généraux jusqu'ici. Effectivement, dissoudre en pleine guerre des organismes aussi importants de la vie provinciale peut sembler peu heureux. Renseignements pris, Gambetta, qui est dans une phase de conquête du pouvoir dans un pays gouverné jusqu'ici par un empereur qui a mis en place un réseau de fonctionnaires et d'élus à sa dévotion, veut mettre fin au règne des notables de droite dans les départements. Il vient de démettre de nombreux préfets et les a remplacés par des amis et des personnalités républicaines.
Mais les préfets nommés font savoir au gouvernement provisoire qu'il faut dissoudre d'urgence les CG qui peuvent bloquer leur action et sont composés de notables bonapartistes et monarchistes. C'est ce qui amène la dissolution. Gambetta argue de la nécessité d'éviter le retour du bonapartisme. Il est vrai que les temps sont changeants et instables.
Gambetta en 1870 est très politique, acharné à établir la République et il sait que réussir sera difficile dans le contexte du moment, il va le constater un peu plus d'un moins plus tard quand les élections de février 1871 amèneront cette chambre de 400 monarchistes qui est pour les républicains une catastrophe. Ils songent très vite à dissoudre. Gambetta a deux ennemis, l'un à droite et l'autre à l'extrême gauche révolutionnaire qui attend son heure depuis longtemps.
C'est pour sortir de cette double difficulté qu'il a convaincu ses amis de continuer la guerre, en espérant en tirer un profit politique. Il aura le résultat inverse. Tout semble perdu. C'est Thiers qui va sauver son entreprise, ce qui explique la fascination exercée sur les républicains modérés par le libérateur du territoire, qui va gagner du temps et conduire en douceur l'assemblée vers la confirmation de la République en passant le cap difficile de l'après élections générales, évitant les deux extrêmes.
On comprend que les Républicains aient arrêté la guerre. Il était impossible de la continuer. Aucune traitrise après les graves échecs militaires et l'ennemi près de Paris, Paris qui connait la famine et vit un climat d'insurrection contre le gouvernement républicains en place (sic).