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Message Publié : 05 Juil 2012 20:29 
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Georges Duby
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Vu sur le net concernant les EU:
" Au XIX° siècle, le prix d’achat, et le prix de revient de ces esclaves est très élevé .
L’exploitant agricole a vite compris qu’il a tout intérêt à ménager sa main d’oeuvre si il veut qu’elle lui rapporte .
Grosso modo, l’exploitant agricole investit en une fois dans son esclave ce que lui coûterait un ouvrier agricole similaire, mais qui lui serait payé au mois . Les différences sont essentiellement d’ordre économique ;l’essentiel du prix de reviens de
l’esclave consiste en son prix d’achat ".

Sur wiki par ailleurs:
" L’étude de la résistance des esclaves prit son essor avec la publication en 1943 d’American negro slave revolts de l’historien marxiste Herbert Aptheker. Aptheker répertorie 250 révoltes et complots du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle. Il est distingué les révoltes planifiées des révoltes spontanées.
Les révoltes planifiées impliquent une division du travail entre les insurgés. Elles ont le projet de conquérir un territoire ou de préparer une évasion massive. Au contraire des configurations sud-américaines ou caribéennes où un marronnage de grande ampleur est fréquent, le stade de l’insurrection a rarement été franchie en Amérique du Nord. Dans la majorité des cas, la rumeur de la révolte a été ébruitée et la conspiration démasquée. Ce fut le cas des plus célèbres d’entre elles comme celles de Gabriel Prosser qui planifia la conquête de la Virginie en 1800 ou de Denmark Vesey en Caroline du Sud en 1822. La rébellion de Stono qui avait préparé en 1739 une marche vers la Floride, alors sous souveraineté espagnole, fut reprise avant de pouvoir atteindre son objectif.
Les révoltes réactives naissent d’un incident entraînant le meurtre du régisseur ou du maître et la destruction de sa propriété. Elles comptent sur les esclaves de la plantation puis ceux des propriétés avoisinantes pour lui fournir, par une réaction en chaîne, des troupes supplémentaires. La rébellion de Nat Turner en Virginie en 1831, bien qu’elle n’apparaisse pas totalement spontanée, peut entrer dans ce cadre. Le soulèvement de German Coast en Louisiane débuta en 1811 lorsqu'un esclave blessa son maître et tua son fils à l'aide d'une hache. En réunissant de 180 à 500 esclaves en 1811, il est tenu pour être la plus grande révolte d’esclaves qu’ait connu le territoire américain44.

Je suis persuadé qu'on a noirci les conditions de vie des esclaves. Leur productivité était faible d'autre part par rapport à un ouvrier blanc et pour certains travaux on faisait venir des ouvriers pour cette raison.
Concernant les révoltes d'esclaves hors des EU, elles sont je crois de mémoire assez fréquentes, aux Antilles par exemple, en territoire musulman ( grande révolte des Zendjs au 9è siècle: plus de 100.000 morts)

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 05 Juil 2012 21:09 
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Jean Mabillon
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Je suis persuadé qu'on a noirci les conditions de vie des esclaves. Leur productivité était faible d'autre part par rapport à un ouvrier blanc et pour certains travaux on faisait venir des ouvriers pour cette raison.


Certains peuvent les avoir noircies pour des raisons politiques, mais ce n'est pas vraiment le cas des historiens actuels.
En effet, la productivité des esclaves était faible: pourquoi auraient ils travaillé au maximum de leur capacité puisqu'ils ne gardaient pas le fruit de leur travail?
Non seulement la productivité était faible mais il y avait beaucoup de maladies sur les plantations: climat chaud et humide à la belle saison, zones marécageuses, moustiques et bêtes venimeuses, promiscuité. Les principales pathologies étant les "fièvres"--surtout la malaria-- et la dysenterie, les vers intestinaux et les parasitoses, la typhoide et des maladies vénériennes.
A noter, dans l'histoire de la famille Ball, riches planteurs de SC déjà cités, que l'un d'eux avait fait vacciner tous ses esclaves contre la petite vérole (small pox), à grand frais pour lui, par le docteur de la plantation, un dénommé Alexander Garden, un blanc. Mais en 1790, le docteur de cette même plantation était un noir émancipé.
En conséquence de ces nombreuses et endémiques maladies, une partie des esclaves en âge de travailler était régulièrement indisponible pour le travail: 1/5 ou 1/4, voire plus.
Aussi, le système d'organisation du travail dans les plantations de riz ne favorisait pas la productivité: c'était un "task system": chaque esclave ou groupe se voyait assigner une tache qu'il devait finir en une journée, typiquement, pour un esclave, c'était de sarcler 1/4 d'acre. Une fois qu'il avait fini, il pouvait disposer de son temps, pour cultiver son lopin de terre, chasser, pêcher,et ainsi améliorer son ordinaire ou gagner un peu d'argent; c'était donc l'intérêt de l'esclave de finir sa tache le plus vite possible.
Sur les plantations de canne à sucre par contre, l'organisation du travail se faisait selon le "gang system": le groupe travaillait un nombre d'heures donné, 9 ou 10 par jour. Les plantations de canne à sucre étaient connues pour la dureté de leurs conditions de travail.
La nourriture était quantitativement acceptable , à base de farine de mais, riz et porc essentiellement, avec les à côtés cités ci-dessus. Mais elle comportait, en hiver surtout, de nombreuses carences, source de scorbut, beri-beri, pellagre etc qui réduisaient la capacité des esclaves à faire des travaux de force . Ces carences n'épargnaient pas les maîtres blancs non plus.
L'habitat était rudimentaire, des cabanes en bois, une famille par pièce, quoique de rares planteurs aient fait l'effort de construire des habitations en dur (torchis) et un peu plus grandes pour leurs esclaves.


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Message Publié : 09 Juil 2012 15:09 
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Jean Mabillon
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Concernant les révoltes d'esclaves hors des EU, elles sont je crois de mémoire assez fréquentes, aux Antilles par exemple, en territoire musulman ( grande révolte des Zendjs au 9è siècle: plus de 100.000 morts)

Je ne connais pas l'histoire des révoltes d'esclaves hors de la sphère occidentale, mais d'après ce que j'ai lu, et si l'on considère le nombre des esclaves--dans l'Antiquité grecque et romaine comme dans le trafic Afrique-Nouveau Monde--il y en a eu très peu.

Autre argument qui pourrait expliquer le nombre très faible de révoltes d'esclaves aux EU, à mettre en balance toutefois avec l'observation selon laquelle les révoltes avaient lieu plutôt peu après l'arrivée: le fait que les Africains emmenés vers le Nouveau monde étaient accoutumés à l'esclavage, car il faisait partie de leurs sociétés d'origine.
On sait que les Occidentaux n'avaient pas besoin de faire eux-mêmes des raids à l'intérieur des terres pour se procurer des esclaves, parce que les chefs de tribus leur amenaient, en différents ports d'embarquement sur les côtes, des captifs de tribus ennemies faits prisonniers au cours d'affrontements.
Dans le cas du trafic d'esclave qui aboutissait à Charleston (port par lequel passait près de 50% des esclaves importés aux EU fin XVIII/début XIXème), le port d'embarquement était Bunce Island (Sierra Leone):
http://www.google.fr/search?q=%22+bunce ... 24&bih=653

Il faut se rappeler aussi que les EU, après un certain nombre d'interdictions peu suivies d'effet et rapidement révoquées, ont définitivement interdit l'importation d'esclaves d'Afrique en 1808.
Après l'interdiction américaine de la traite en 1808, l'esclavage a continué en Sierra Leone jusqu'en 1926, date à laquelle il a été aboli par le British Colonial Office.
Le fait que l'esclavage était partie intégrante des sociétés d'Afrique de l'Ouest d'où étaient importés les esclaves est mis aussi en évidence par le fait que les esclaves n'étaient pas seulement des captifs de guerre; en fait, l'esclavage était un instrument judiciaire et de régulation sociale, un moyen de se débarrasser de tous les éléments socialement indésirables: les chefs vendaient aux trafiquants occidentaux les femmes adultères, les hommes endettés ne pouvant régler leur dette, les voleurs et criminels de leur propre tribu.


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Message Publié : 09 Juil 2012 17:44 
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Autre argument qui pourrait expliquer le nombre très faible de révoltes d'esclaves aux EU, à mettre en balance toutefois avec l'observation selon laquelle les révoltes avaient lieu plutôt peu après l'arrivée: le fait que les Africains emmenés vers le Nouveau monde étaient accoutumés à l'esclavage, car il faisait partie de leurs sociétés d'origine.
Cet argument, s'il est vrai, vaut pour toute la traite atlantique et non seulement pour les États-Unis. Par ailleurs, j'avais compris de vos messages précédents que plus le nombre d'esclaves fraîchement amenés d'Afrique était élevé plus les risques de soulèvement était grand. Est-ce que j'ai mal compris ?

Une question : Est-ce qu'on peut assimiler la rébellion de Toussaint Louverture à Saint-Domingue à un soulèvement d'esclaves ? Auquel cas, ce serait l'un des rares cas de grande rébellion d'esclaves réussie.

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"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


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Message Publié : 09 Juil 2012 18:27 
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Jean Mabillon
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Concernant les révoltes d'esclaves hors des EU, elles sont je crois de mémoire assez fréquentes, aux Antilles par exemple, en territoire musulman ( grande révolte des Zendjs au 9è siècle: plus de 100.000 morts)


Vous avez très bien compris; en effet, les deux thèses paraissent contradictoires mais pas nécessairement: lorsqu'à la suite d'un conflit intertribal, un membre d'une des ethnies de l'Afrique de l'Ouest était fait prisonnier par une autre tribu, et réduit en esclavage, il restait néanmoins en Afrique, dans un contexte relativement familier pas très loin de son territoire d'origine, qu'il pouvait éventuellement regagner s'il parvenait à s'évader.
Traverser l'océan sur un navire négrier et être débarqué à des milliers de kilomètres dans un pays totalement inconnu, était un traumatisme physique et culturel beaucoup plus grand. Qui pouvait se traduire par des révoltes désespérées, ou au contraire par un accablement profond.
De plus, l'esclavage aux EU avait un substrat de racisme qui n'existait sans doute pas au même degré entre maîtres et esclaves en Afrique.

Citer :
Est-ce qu'on peut assimiler la rébellion de Toussaint Louverture à Saint-Domingue à un soulèvement d'esclaves ?


A ma connaissance, c'est par une révolte d'esclaves que cette histoire a commencé (sachant que Louverture lui-même était émancipé).


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Message Publié : 10 Juil 2012 21:40 
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Un point qui me paraît intéressant :
Quelles étaient les perspectives pour un esclave du sud des États-Unis au XIXème siècle ? Mourir de vieillesse, de maladie, ou de mauvais traitements dans la plantation ? Être affranchi ? S'enfuir et rejoindre le nord ? Fonder une famille, obtenir un lopin de terre de son maître et donc améliorer son quotidien ? Avancer dans l'échelle sociale, en devenant par exemple domestique dans la maison du maître ou artisan avec la possibilité de gagner de l'argent ?
Il me paraît évident que plus les perspectives étaient bonnes pour un esclave moins grand était son désir de révolte. Mais pour étayer cette analyse, il faudrait disposer de statistiques relatives à ces perspectives pour la Caroline du Sud par exemple, puis de les comparer avec des régions ayant connu plus de révoltes (Brésil, Caraïbes) : quel est le pourcentage d'affranchissement ? Combien d'esclaves mariés ? Quels étaient les revenus des esclaves ouvriers ou artisans ? etc.

Une question enfin :
Aux États-Unis, qu'est-ce qui faisait qu'un propriétaire affranchisse un esclave ?
Par exemple, dans les pays musulmans, que je connais mieux, l'affranchissement était considéré comme un grand acte de piété, ainsi certains propriétaires à leur décès, affranchissaient leurs esclaves par testament. Par ailleurs, la loi islamique prévoit la possibilité pour le croyant de racheter certains de ses péchés en libérant un nombre bien défini d'esclaves.

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Message Publié : 11 Juil 2012 9:09 
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Georges Duby
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Yughurtha a écrit :
Aux États-Unis, qu'est-ce qui faisait qu'un propriétaire affranchisse un esclave ?
Bonne question tout comme la précédente: les perspectives d'un esclave. On va retrouver probablement les mêmes motifs d'affranchissement qu'en Grèce ou à Rome mais avec moins de possibilité de faire carrière ensuite comme à Rome où on voit des esclaves diriger une banque, un grand commerce puis, affranchis, devenir richissimes ou encore gouverner l'empire. Mais tous les esclaves n'avaient pas accès à ces perspectives, notamment dans les mines ou dans les grandes exploitations de milliers d'esclaves de la Rome antique. Il y avait deux catégories d'esclaves.
L'avenir des affranchis aux EU semble limité s'ils veulent sortir de la famille et de l'exploitation, sans doute à cause du racisme qui accompagne l'esclavage. Il en résulte une moindre envie de se révolter, faute de débouché de la révolte.

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Message Publié : 11 Juil 2012 13:16 
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Jean Mabillon
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Quelles étaient les perspectives pour un esclave du sud des États-Unis au XIXème siècle ? Mourir de vieillesse, de maladie, ou de mauvais traitements dans la plantation ? Être affranchi ? S'enfuir et rejoindre le nord ? Fonder une famille, obtenir un lopin de terre de son maître et donc améliorer son quotidien ? Avancer dans l'échelle sociale, en devenant par exemple domestique dans la maison du maître ou artisan avec la possibilité de gagner de l'argent ?


Plusieurs questions pertinentes mais qui appellent des réponses longues et complexes. Je vais essayer de les traiter une par une.
D'abord, "avancer dans l'échelle sociale , en devenant domestique dans la maison du maître".
C'était une possibilité, en effet les "house slaves" avaient un travail moins pénible que les "field slaves", mais la décision d'être l'un ou l'autre ne dépendait pas d'eux, c'était les maîtres qui décidaient.
D'abord, la majorité des esclaves de maison (disons approximativement les 2/3) étaient des femmes, pour des raisons évidentes: les travaux correspondants à ces emplois étaient de ceux considérés habituellement comme féminins: femme de chambre, femme de ménage, cuisinière, lingère, bonne d'enfants (cette dernière devenue un stéréotype, la fameuse "mammy" noire, la maman de substitution au grand coeur toute dévouée aux enfants du maître).
J'ai mentionné ailleurs que les esclaves femmes travaillant dans les champs faisaient à peu près le même travail que les esclaves hommes, mais l'inverse n'était pas vrai: les esclaves hommes ne faisaient guère de travaux habituellement confiés aux femmes--sauf éventuellement la cuisine, et pour les hommes âgés, la garde d'enfants.
Les possibilités d'être esclave de maison (cocher/palefrenier, cuisinier, valet de chambre ) pour les hommes étaient donc plus limitées.
Mais surtout, les maîtres décidaient de qui serait admis dans la maison pour les servir, et sur des bases essentiellement ethniques.
En général, dans le commerce des esclaves, ceux originaires de Gambie étaient les plus cotés, les plus chers, ensuite ceux du Ghana, et la région qui est actuellement le Liberia, la côte d'Ivoire, puis l'Angola.
Sur les listes d'esclaves tenues par les capitaines de navire et par les trafiquants, l'origine/tribu était mentionnée car le prix de vente variait en conséquence.
Certains groupes avaient mauvaise réputation: par exemple les Igbos (Ibos) du Nigeria. Les esclaves provenant du Nigeria et du Biafra se vendaient à bas prix car ils étaient considérés comme moroses, dépressifs, avec une tendance au suicide. Un trafiquant d'esclaves de Caroline du Sud recommande de ne pas acheter d'esclaves de ces tribus, sauf très jeunes, moins de 15 ans, de façon à ce qu'ils se soient habitués jeunes à être emmenés loin de leur pays et donc moins tenté de se suicider.
Les Mandinkas (Mandingues) étaient considérés comme les plus beaux--et les esclaves considérés comme laids n'avaient guère de chance de devenir esclaves de maison.
Les Coromantees étaient considérés comme forts, courageux, sérieux mais rebelles et rancuniers--ce sont souvent des esclaves ayant des origines Coromantees qui ont mené les rares révoltes aux UE, cf Denmark Vesey et Nat Turner--ils n'étaient donc pas considérés comme fiables et sûrs comme esclaves de maison: les maîtres jugeaient qu'il était risqué de les faire entrer chez eux, et en particulier de les laisser s'occuper de leurs repas, de crainte d'être empoisonnés--il y a eu quelques cas d'empoisonnement des maîtres par leurs esclaves, les femmes noires connaissaient les plantes idoines.
Les Popos, de la région de l'estuaire du fleuve Volta, étaient considérés comme les plus sûrs: travaillant dur, d'humeur égale, adroits et obéissants. Ils étaient recherchés pour les emplois ''de confiance" dans la maison.
Les Angolans étaient moins vigoureux mais on pensait qu'ils étaient doués pour les arts mécaniques--on leur réservait souvent les artisanats.
Les esclaves de Sierra Leone, où le riz était cultivé, connaissaient bien les techniques agricoles et d'irrigation: ils étaient surtout employés à la culture du riz et du coton.
Comme on peut le voir, les esclaves étaient véritablement classés en "races" , à peu près comme des chiens ou des vaches, avec des qualités et défauts physiques et psychologiques attribués à chaque race qui (selon les planteurs) les rendaient plus propres à telle ou telle tache.
Enfin, les esclaves de certaines tribus, qui étaient réputés émettre une odeur forte et poivrée jugée insupportable par les maîtres, étaient exclus de toutes les fonctions de maison et même d'artisanat.
Evidemment, ces considérations ethnico-culturelles n'entraient en jeu que dans le cas de riches planteurs propriétaires de dizaines voire de centaines d'esclaves; une telle division du travail sur des bases essentiellement ethniques n'était pas possible pour les petits fermiers qui n'avaient que 2 ou 3 esclaves.


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Message Publié : 11 Juil 2012 15:22 
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Grégoire de Tours
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Merci pour votre réponse très riche.
Je découvre avec intérêt, cette très forte dimension ethnique de la traite transatlantique que je n'aurais pas soupçonné. Mais on peut conclure qu'après 1808 et l'interdiction de la traite, cette dimension a perdu de son intérêt au profit des autres facteurs que vous aviez signalé dans différents messages.
Citer :
Comme on peut le voir, les esclaves étaient véritablement classés en "races" , à peu près comme des chiens ou des vaches, avec des qualités et défauts physiques et psychologiques attribués à chaque race qui (selon les planteurs) les rendaient plus propres à telle ou telle tache.
Enfin, les esclaves de certaines tribus, qui étaient réputés émettre une odeur forte et poivrée jugée insupportable par les maîtres, étaient exclus de toutes les fonctions de maison et même d'artisanat.
Sans commentaires 8-| Il est étonnant que malgré un écart de plusieurs siècles, on retrouve des choses semblables au niveau de la période islamique classique : les esclaves turcs étaient affectés à l'armée, les esclaves persans aux diwans administratifs, les esclaves africains aux plantations et aux travaux serviles...

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Message Publié : 12 Juil 2012 13:40 
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Jean Mabillon
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Citer :
? Mourir de vieillesse, de maladie, ou de mauvais traitements dans la plantation ? Être affranchi ? S'enfuir et rejoindre le nord ?


Il y avait très peu d'intérêt pour l'esclave à être affranchi, la liberté pour eux comportait peu d'avantages.
Et de toute façon, l'affranchissement, fréquent au moment de la Révolution (pour les noirs qui avaient combattu dans l'un ou l'autre camp--les Britanniques promettaient la liberté aux esclaves qui les rejoignaient ) est devenu rare et de plus en plus réglementé dès le début du XIXème siècle;
à partir de 1835/50 environ, il a été interdit (sauf un cas précisé ci dessous) dans presque tous les états du Sud.
Il faut voir que le pouvoir des maîtres sur les esclaves était supposé être absolu, mais en fait, il était limité par des législations passées par chaque état, législations qui exprimaient l'intérêt général des planteurs/propriétaires d'esclaves en tant que classe--la défense du système esclavagiste passant avant les préférences individuelles des planteurs.
Ces législations étaient appelées "Codes noirs", la France en a passé aussi en Louisiane avant la vente aux EU, les treize colonies originelles en ont presque toutes passé un également.
Ces codes noirs ont évolué avec le temps vers un contrôle accru des esclaves--ce tour de vis pouvant être donné suite à une révolte comme mentionné plus haut.
Mais aussi vers moins de liberté accordées aux maîtres dans le traitement de leurs esclaves, pour éliminer tant les excès de brutalité que les excès de bienveillance, les deux étant considérés comme susceptibles de créer des troubles à l'ordre public et de porter atteinte au système esclavagiste.
Ces codes noirs donc ne régulaient pas seulement les actions des esclaves, mais aussi --comme leur nom l'indique--celles des esclaves émancipés--et par conséquent aussi celles des maîtres dans leurs rapports avec ceux ci.

Que prévoyaient ces Codes noirs? (ils pouvaient varier légèrement selon les états mais pour l'essentiel comportaient les mêmes interdictions).
J'ai déjà parlé de l'interdiction d'apprendre à lire et à écrire à un esclave (des éléments basiques d'arithmétique étaient tolérés), de l'interdiction de porter des armes, y compris même de simples "bowie knives".
Curieusement, certains codes interdisaient aussi aux esclaves de posséder des instruments de musique, sans doute à cause de la possibilité d'organiser ainsi bals et réunions pouvant dégénérer en rixes et émeutes.
Les esclaves ne pouvaient quitter la plantation sans autorisation écrite du maître, ils ne pouvaient se réunir, ils ne pouvaient signer des contrats, vendre quoi que ce soit sans l'assentiment du maître etc.

Bien sûr, et ce dans tous les états, du Nord comme du Sud, interdiction des mariages interraciaux, y compris avec des mulatres ou des noirs libres. C'est ce qu'on appelait les"miscegenation laws"--les lois pour maintenir la pureté de la race blanche.
Les relations sexuelles d'hommes noirs avec des femmes blanches étaient interdites: l'homme pouvait être exécuté si le viol était supposé, la femme (si jugée consentante) pouvait être traduite en justice et emprisonnée (et devenait un pariah socialement si libérée); l'inverse n'existait pas pour les relations sexuelles homme blanc/femme noire, qui étaient fréquentes, et tolérées.
ET évidemment un esclave ne pouvait ester en justice, ne pouvait voter, n'avait aucun des droits inhérents à la qualité de citoyen.

Qu'est ce qui changeait dans toutes ces interdictions si un esclave était émancipé?
Pas grand chose: un esclave libre restait noir.
Les lois de misgenation lui demeuraient applicables (elles sont restées en vigueur dans certains états jusqu'en 1967).
Certaines professions restaient fermées aux esclaves affranchis: pasteurs, tenanciers de cafés et barmen, certains commerces. Dans certains états, il existait un "curfew" (couvre-feu) pour les noirs. Ils ne pouvaient aller en justice contre un blanc, ils ne pouvaient posséder des armes, ni des chiens.
Ils devaient travailler: un noir vivant de mendicité ou de larçins, les vagabonds et éléments asociaux étaient arrêtés et revendus en esclavage.
D'une façon générale, les actes délictueux commis par les esclaves pouvaient être sanctionnés par la re-vente en esclavage
S'il quittait l'état pour plus de 90 jours, il ne pouvait plus revenir.
Il ne pouvait contracter mariage avec un esclave, il ne devait pas jouer aux cartes ou à des jeux de hasard avec d'autres esclaves, il ne devait pas recevoir des esclaves chez lui, ou leur servir de l'alcool (les planteurs considéraient que les affranchis étaient une mauvaise influence et un mauvais exemple pour les esclaves)
- il ne pouvait vendre quoi que ce soit sans posséder une licence

Exemple, extraits du Code noir de Louisiane de 1807:
- un esclave affranchi devait être au moins âgé de 30 ans
- il devait quitter l'état sous les 30 jours (pour aller dans le Nord)
A partir de 1852, il devait quitter les EU sous un an (pour partir au Libéria, ce dont les ex-esclaves n'étaient pas très enthousiastes)
- à partir de 1857, l'émancipation devient totalement interdite pour le propriétaire, elle n'est possible que sur décision de la Cour suprême de l'état, et pour récompenser des "meritorious services" (une conduite spécialement méritante)

En Georgie, les émancipations faites par les maîtres dans leurs testaments sont cassées fréquemment par la Cour suprême de l'état dès les années 20/30 (les maîtres sentant leur mort approcher, émancipaient les esclaves auxquels il s'étaient attachés, ou leurs enfants batards mulâtres, pour éviter qu'ils ne soient vendus dans la liquidation de leur succession).
Dans presque tous les états, les conditions et obstacles aux émancipations se multiplient: le maître qui veut émanciper un esclave doit déposer une provision de 500 $ en bons d'Etat pour garantir que cet esclave ne tombe pas à la charge de la société.
Le nombre des émancipations testamentaires est limité par des quotas
Le propriétaire doit s'engager à verser une rente aux ex-esclaves pour assurer leur entretien (pour éviter que les propriétaires libèrent les esclaves trop vieux pour travailler)
Il est interdit aux affranchis non originaires de l'état d'y résider

Les émancipations sont interdites en Caroline du Sud en 1841.
Les affranchis ne sont pas les bienvenus, on cherche à s'en débarrasser par tous les moyens, la "colonisation" au Libéria est encouragée.
La société créée pour ré-expédier les esclaves affranchis en Afrique fonctionne une cinquantaine d'années, à partir de 1816; grâce à ses efforts, 13 000 affranchis sont envoyés au Libéria, sans beaucoup d'aide pour faciliter leur installation.
Rebuttés par les conditions difficiles --et par le choc culturel--, environ 1/4 reviendront aux EU.


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Message Publié : 12 Juil 2012 14:45 
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Il y avait très peu d'intérêt pour l'esclave à être affranchi, la liberté pour eux comportait peu d'avantages.
En vous lisant, on peut effectivement se poser la question de l'intérêt des esclaves à être affranchi. Il est clair que la forte dimension raciste associée à l'esclavage aux États-Unis interdisaient toute promotion des affranchis, contrairement par exemple aux affranchis à Rome comme l'a rappelé Alain.g mais aussi dans le cas de l'esclavage dans les sociétés musulmanes. Cependant, la législation que vous citiez était en vigueur dans le sud et pas dans le nord, donc à priori rien n'empêche un esclave affranchi d'aller tenter sa chance dans le nord.

Ceci dit, tous les points que vous avancez relèvent du bien-être matériel et social des affranchis. Mais qu'en est-il du désir de liberté chez les esclaves ? Ne pouvons-nous pas supposer, qu'un esclave pris individuellement, plaçait la liberté au-dessus de toutes ces contingences et aspirait malgré tout à être affranchi un jour ou libéré d'une autre manière ? Il serait intéressant à ce propos de savoir ce que pensait les concernés au travers des témoignages qu'ils auraient laissé. Auriez-vous des sources ou des références à nous proposer ?

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Message Publié : 12 Juil 2012 17:54 
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En vous lisant, on peut effectivement se poser la question de l'intérêt des esclaves à être affranchi. Il est clair que la forte dimension raciste associée à l'esclavage aux États-Unis interdisaient toute promotion des affranchis, contrairement par exemple aux affranchis à Rome comme l'a rappelé Alain.g mais aussi dans le cas de l'esclavage dans les sociétés musulmanes.

C'est là le problème: l'existence du racisme bétonne le clivage maîtres/esclaves et rend la transition presque impossible.

Citer :
Cependant, la législation que vous citiez était en vigueur dans le sud et pas dans le nord, donc à priori rien n'empêche un esclave affranchi d'aller tenter sa chance dans le nord.


Les lois de miscegénation étaient en vigueur dans les états du Nord comme dans ceux du Sud. Et le racisme existait aussi dans le Nord, quoique moins virulent; les affranchis n'y étaient pas non plus nécessairement accueillis à bras ouverts.
La majorité des abolitionnistes, et Lincoln, étaient pour la "colonisation"' des esclaves affranchis, c'est à dire leur relocalisation en Afrique ou ailleurs.
A côté de la société qui, pendant plusieurs décennies , a envoyé des esclaves affranchis au Libéria, Lincoln a aussi préparé un projet d'envoi des ex-esclaves au Panama après la guerre, par l'entremise d'une compagnie ad hoc, la "Chiriqui Improvement Company".
Lincoln ayant reçu des représentants des esclaves libérés, dont Frederick Douglass, qui exprimèrent leurs réserves sur ce projet et leur désir de rester aux EU, ce plan n'eut pas de suite.
A la fin de la guerre, il y avait 4 millions d'esclaves libérés aux EU , seulement 13 000 acceptèrent de partir au Liberia: la solution proposée par les blancs, celle du retour en Afrique, n'eut pas un franc succès auprès des "Freedmen".


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Message Publié : 14 Juil 2012 11:37 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 13:47
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Pourquoi un tel développement démographique "naturel" des esclaves africains aux EU, alors que partout ailleurs dans les pays fournis en esclaves africains par la traite occidentale, il y a eu au contraire deficit démographique de cette population?

Quelques chiffres pour mieux faire comprendre ma question: la première cargaison de 20 esclaves noirs est arrivée aux EU en 1619. La traite occidentale des esclaves d'Afrique aurait concerné un total de 10/11 millions d'esclaves, dont "seulement" 600 000/650 000 environ (soit environ 6%) sont allés aux EU.
Tout le reste est allé au Brésil, en Espagne, et aux Antilles, françaises, anglaises, espagnoles et hollandaises.
Et pourtant, de ce petit groupe initial est sortie la plus large colonie d'esclaves de l'hémisphère occidental: 4 millions de noirs aux EU au moment de l'émancipation, soit à peu près 250 ans après le début de la traite , et alors que celle-ci a été interdite définitivement en 1808 pour tous les états de l'Union, et était même interdite plus tôt ou temporairement dans certains d'entre eux.
Aux EU, le nombre des naissances excédait nettement celui des décès, alors que c'était l'inverse pratiquement partout ailleurs: Brésil, Jamaique, Cuba, Saint Domingue.
Dans ces régions, il fallait continuellement réimporter des esclaves pour "boucher les trous" démographiquement parlant: les décès excédaient les naissances. A tel point que des historiens ont dit que le Brésil et les Caraibes étaient des "cimetières" pour les esclaves africains et leurs descendants.
La Jamaique a importé davantage d'esclaves africains que les EU: environ 750 000/800 000, et pourtant, au moment de l'émancipation, elle n'en comptait que 311 000.
Le nombre d'esclaves importés a été multiplié par 6 aux EU en un peu moins de 250 ans, alors qu'il était divisé par 2 en Jamaique.
Quels facteurs expliquent ce "succès" démographique de la population africaine importée aux EU, et son échec ailleurs?


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Message Publié : 15 Juil 2012 19:02 
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Plutarque
Plutarque

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Tonnerre a écrit :
De plus, l'esclavage aux EU avait un substrat de racisme qui n'existait sans doute pas au même degré entre maîtres et esclaves en Afrique.


Remarque un peu naïve, dans le style sanglot de l'homme blanc.
Lorsque je suis arrivé en Afrique de l'Ouest, où j'ai vécu de longues années, j'ai été proprement sidéré d'observer la brutalité de propos tenus par des membres d'une ethnie sur les membres d'une autre ethnie, propos auprès desquels ceux de nos extrémistes à nous pouvaient sembler être de la petite bière !


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Message Publié : 15 Juil 2012 21:55 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 13:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Citer :
Remarque un peu naïve, dans le style sanglot de l'homme blanc. Lorsque je suis arrivé en Afrique de l'Ouest, où j'ai vécu de longues années, j'ai été proprement sidéré d'observer la brutalité de propos tenus par des membres d'une ethnie sur les membres d'une autre ethnie, propos auprès desquels ceux de nos extrémistes à nous pouvaient sembler être de la petite bière


Vous êtes loin du compte, avec votre diagnostic expéditif de sanglot de l'homme blanc.

Aussi négatives et insultantes que soient les opinions sur d'autres ethnies auxquelles vous faites allusion, je doute que ceux qui les émettent nient la qualité d'être humain à ceux qui en sont la cible, et aient développé un argumentaire pseudo-scientifique pour le prouver.
La simple détestation et le mépris des étrangers, ce n'est pas du racisme, c'est de la xénophobie--il semblerait que vous confondiez les deux.
En effet, le racisme n'est pas juste un SENTIMENT de haine ou de mépris, c'est le fait de développer une THEORIE , un système conceptuel, assorti de preuves "scientifiques" pour justifier l'affirmation de l'infériorité BIOLOGIQUE de la catégorie racisée.
Si ces deux éléments (élaboration théorique + différence biologique) ne sont pas présents--et ça ne semble pas être le cas dans le contexte que vous évoquez--, on ne peut pas parler de racisme au sens correct du terme, mais de xénophobie.
A fortiori, pour les populations tribales d'Afrique de l'Ouest fin XVIII et XIXème siècle.


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