Franchement, je ne me baserais pas sur ce documentaire sensationnaliste comme Arte se plait à en présenter depuis quelques temps. Sur un autre forum, j'ai développé les raisons qui me faisaient douter de sa pertinence :
En fait, j'ai lu pas mal sur ce sujet et le problème principal de ce documentaire c'est, comme cela devient une habitude chez Arte, de faire des documentaires pseudos-scientifiques car construits "à charge".
En fait, on y saute un peu vite du coq à l'âne, alors que la communauté scientifique est nettement plus nuancée sur le constat et sur les causes de ce constat.
Le constat : il y a effectivement un certain nombres de pays (4 ou 5) ou les résultats aux tests de QI stagnent ou déclinent. Or, depuis que l'on a développé et adapté ces tests, on avait l'habitude de voir les scores augmenter sans cesse. Le second point du constat est que les tests de QI testent ... Ben, en réalité on ne sait pas exactement ce qui est testé. Pas l'intelligence, en tout cas. Cela on le sait car il a fallu les adapter à chaque pays. Et, en plus, il faudrait déjà que l'on arrive à définir l'intelligence...
En ce qui concerne le constat, après environ 150 ans de hausse continue, c'est la première fois que l'on constate une stagnation et une baisse... Dans un nombre très limité de pays, et justement les pays où les scores étaient les plus élevés ...
Donc, les spécialistes sont partagés et ils ont émis un certain nombre d'hypothèses. La première serait qu'en fait notre "intelligence" évolue avec les nouveaux usages. Il y a 40 ans, tout le monde maîtrisait le calcul mental. Aujourd'hui, ceux capables de faire une division de tête ne sont plus tellement nombreux que cela. Bref, l'outil, les tests de QI, ne serait plus pertinent pour mesurer l'intelligence d'aujourd'hui. Mais, il semble qu'on le ré-étalonnait régulièrement pour s'adapter à l'augmentation moyenne de connaissance de la population générale.
La seconde hypothèse, défendue surtout par quelques paléo-neurologues, c'est qu'en fait, si l'intelligence moyenne de la population mondiale continue d'augmenter, l'intelligence individuelle n'a plus besoin d'être aussi élevée. En fait, l'homme est un animal social et comme il réfléchit de plus en plus en réseau, l'intelligence personelle est moins valorisée. Ils portent à l'actif de cette thèse le fait que le volume moyen de la boite crânienne n'a cessé de décroitre depuis l'homme de Cro-Magnon.
La troisième hypothèse serait qu'en fait notre système éducatif est arrivé au bout de ses capacités. Ce qui expliquerait que ce sont les pays de tête qui stagnent. Les pays dont le système éducatif serait en retard devraient continuer à réduire leur retard. Une quatrième hypothèse tient compte du système éducatif. Elle constate que l'on diminue les sommes qui sont allouées à l'instruction publique. Ou, plus précisément, celles allouées au service public de l'instruction publique. Le service privé continuant de recevoir les meilleurs élèves. Ce qui expliquerait que les filières d'excellences sont peu impactées par ce phénomène. Le déclin que l'on constate serait donc seulement dû à l'augmentation du nombre des exclus du système.
Il reste donc une cinquième hypothèse, cette baisse est une réalité et elle serait due à ... En fait, il y a tellement de perturbateurs du système cognitif. La prévalence de certains est à la baisse. Le tabac par exemple, on évite d'y exposer les enfants et de nombreuses femmes cessent de fumer pendant leurs grossesses. Sauf qu'avant elles ne fumaient pas du tout...
En fait, la liste des probables perturbateurs et des perturbateurs avérés ne cesse de s'allonger. Or, la liste qui s'allonge ne montre pas que l'on est plus exposé, elle montre surtout que nos connaissances augmentent. Dans ces listes, il y a des produits utilisés depuis longtemps. Mais avant on ne savait pas qu'ils avaient peut-être un rôle sur le développement de notre cerveau. Lier l'allongement de la liste à la baisse du QI mesuré serait donc un amalgame bien peu scientifique.
Il faut être conscient du risque, si les tests de QI sont pertinents, il y a peut-être quelque chose qui fait que l'on serait moins intelligents. Et il y a de fortes chances que ce quelque chose soit déjà inscrit sur la liste des perturbateurs endocriniens ... ou pas encore, alors que l'on y est déjà exposé.
Au fait, les finlandais ont été parmi les premiers a noter la baisse de QI. Il se trouve que du fait de sa géographie la Finlande est un pays où l'on consomme beaucoup de poissons et de produits de la mer... Des produits très riches en iode :
Habitudes alimentaires des finlandaisou :
Consommation de poisson en EuropeCiter :
Affichant une moyenne de 35kg par personne et par an (Source FAO), la France est le 5e pays européen consommant le plus de poisson, soit 1 fois et demi la moyenne européenne, juste derrière la Finlande (36 kilos), l’Espagne (42Kilos), la Lituanie (43Kilos) et le Portugal (57 Kilos).
À eux seuls ces 5 pays représentent 1/3 de la consommation de poissons de l’Union européenne. En raison de cette forte consommation, près de la moitié du poisson consommé dans ces pays de l’UE provient de l'aquaculture.
Dans d'autres régions où les résultats des tests de QI stagnent, on distribue en assez grande quantité du sel iodée depuis plusieurs décennies. C'est le cas aux USA, et donc en Californie où plus de 50% du sel distribué est complémenté en iode :
La prophylaxie de la déficience en iode en France : quelle alternative au sel iodé domestiquePourtant, la Californie fait aussi partie des États où les résultats aux tests de QI stagnent...
Pour revenir au sujet initial :
Tous pris pour des crétins devant ArteDemain, tous crédules ?Citer :
À vouloir finir un peu trop rapidement, j’ai oublié une chose un peu importante dans tout ça. Il faut poser la question aux auteurs du documentaire et à Barbara Demeneix :
« comment font-ils le lien entre une baisse potentielle du QI général en Finlande, pays très peu agricole (et encore moins spécialisé dans l’agriculture intensive) et très peu urbain et les troubles psychologiques des enfants de Floride, qui sont, eux très exposés aux pesticides ou de NewYork qui vivent dans un milieu très urbain ? »
Si l’exemple de la baisse du QI est la Finlande, celle-ci ne peut s’expliquer par l’agriculture intensive et les insecticides urbains. Alors, au lieu de sauter sur l’occasion d’une étude mal ficelée sur le QI, les auteurs auraient dû mieux exposer les risques des perturbateurs endocriniens.
Et au fait, de lobbys et de conflits d'intérêts :
Citer :
De toute façon, parmi les causes hypothétiques à l’œuvre dans le déclin du QI (en France ou en Allemagne) qui sont évoquées dans l'article, on ne trouve nulle trace du déficit en iode, des perturbateurs endocriniens, des retardateurs de flamme ou des pesticides qui sont les "coupables désignés" dans la suite du documentaire. On laisse ici au téléspectateur, un bel exemple de manipulation mentale, le soin de faire lui-même le lien, grâce à un habile enchainement où la chute de la pyramide de Kapla laisse place aux douces sonorités d'un violon.
La violoniste n'est autre que Barbara Demeneix, la seconde lanceuse d'alerte, caution scientifique du fait de ses compétences (véritables) dans le domaine des hormones thyroïdiennes (directrice adjointe d'un laboratoire qui dépend en partie du CNRS et unique conseillère scientifique du documentaire). Sauf que derrière le Docteur Demeneix, se cache Miss Barbara, militante et entrepreneuse, cofondatrice et administratrice de la société Watchfrog, dont on voit les beaux têtards fluorescents, spécialisée dans la détection de polluants dans l'eau, en particulier les perturbateurs endocriniens. Certains pourraient y voir comme un léger conflit d'intérêts, mais bon comme elle défend la "bonne cause" d'autres sont prêts à fermer les yeux.
Pour en savoir plus sur la "face cachée" de Barbara Demeneix :
http://seppi.over-blog.com/2017/02/pert ... eneix.html.