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Message Publié : 08 Déc 2007 21:49 
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Salluste
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Bonjour, je n'ai rien trouvé sur le forum concernant Jules Brunet, auriez-vous un livre biographique à me proposer.

http://nipponzine.com/article60.html


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Message Publié : 28 Déc 2007 12:29 
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L’expression, tiré d’une dépêche de l’AFP écrite par un pseudo-historien, Christian Polak, est vraiment très mauvaise et par la même, très inadéquate. Il serait bien trop long de reprendre cette dépêche, son article (ô combien teinté de romantisme et de lyrisme) et l’article cité ci-dessus. On croirait que le tout vient de sortir d’un film. La réalité est bien plus nuancé est pragmatique.

Comme source, il ne faut hésiter à se plonger dans le Meiji de P. Akamatsu et le Japon 1868 de J. Mutel (bien qu’aujourd’hui tout 2 sont peu anciens). Les archives du SHAT (service historique de l’armée de terre) contiennent le compte rendu de cette histoire. Divers mémoires, publiés (livres et articles) ou non, des principaux intéressés sont aussi à consulter chez les héritiers ou simplement dans quelques librairies d’ouvrages anciens. Enfin, il existe quelques ouvrages en japonais sur le sujet (dont les titres m’échappent pour le moment).

Pour aller dans le sens de l’article, il est tout à fait exact que le Japon a demandé à la France la construction d’un arsenal militaire naval (voir : E. de Touchet « Quand les Français armaient le Japon ; L'Arsenal de Yokosuka de 1863 à 1882 » aux PUR) puis l’envoi d’une mission militaire française pour débuter une instruction d’officiers des troupes japonaises selon des principes modernes. Cette instruction, d’ordre pratique (tirs, tactiques militaires, gestion d’une unité militaire, etc.) était faite en parallèle de quelques cours de langue française. L’idée était de créer un noyau d’officiers instruits selon ces techniques (noyau à renouveler) qui diffuserai rapidement cette instruction à leurs troupes sans passer des années dans des écoles militaires, encore à construire. Les instructeurs sont donc en majorité des personnes habituées à des séjours à l’étranger (l’Afrique du nord pour Chanoine par exemple) et à instruire des troupes avec peu de disciplines et considérées comme archaïques. Les élèves japonais des instructeurs français sont tous issus des classes militaires guerrières, ce qui déclenche parfois des problèmes d’orgueil et d’incompréhension difficile à résoudre dans un climat déjà assez tendu. Nonobstant, des liens d’amitiés vont se créer entre les deux groupes.

Sans reprendre, de manière bien moins intéressante, l’histoire très riche en évènement de cette période pré et post Meiji, quelques points sont à noter. Lors des entrées progressives des fiefs du sud (Chôshû, Tosa et Satsuma) dans un conflit contre le pouvoir central, les puissances occidentales se sont toutes déclarées comme neutres mais attentives à la protection de leurs ressortissants sur le territoire japonais. On peut cependant considérer la France comme proche du pouvoir central et l’Angleterre de Satsuma pour diverses raisons locales et internationales de concurrences. Les troupes instruites par les français furent envoyées au combat tandis que la mission fut suspendue et les Français en attente d’un éventuel retour au pays. J. Brunet justifia son action de désobéissance militaire de par ces liens d’amitiés et son envie de continuer d’aider le Shogun (qu’il avait déjà rencontré). Il espérait, par son action (et celle de quelques collègues sous-officiers), peut-être pousser la France à jouer un rôle plus actif dans ce conflit et aider un pays allié contre ces rebelles. Ce fut raté.

C’est d’ailleurs la faiblesse des finances et des troupes des rebelles qui favorisa la survivance de la résistance de la ville fortifiée d’Hakodate et poussa ces quelques Français à agir. La configuration du terrain, les murailles (bien que non terminées), de troupes militaires et des navires rendait impossible toute attaque sans de très gros moyens humains, financiers et technologiques. Dès l’arrivée des Français, ils renforcent les défenses de la ville mais ne peuvent contenir les attaques des troupes impériales sur la région. Faute de moyens et d’argent, il faut, pour le nouveau gouvernement, un certain temps avant de réunir les troupes suffisantes sur place. Le gouverneur militaire japonais d’Hakodate n’a donc aucun mal à envoyer ses troupes et ses navires en razzia dans les alentours pour récupérer de la nourriture et détruire quelques défenses adverses, mal protégées. Voyant les chances d’un retournement de situation s’amenuiser, une forme d’indépendance de la ville fut imaginée puis déclaré. Ce ne fut pas du gout du pouvoir central. Les territoires d’Hokkaido sont en effet d’une grande importance stratégique. Un siège des troupes impériales se fit de plus en plus oppressant grâce à des envois successifs de troupes et de moyens. Contre l’avis de ses conseillers français, le gouverneur militaire d’Hakodate voulu détruire, de nuit, quelques navires venus en renfort dans un port alentour. Bien que l’attaque fut une réussite, une tempête, lors du retour, endommagea fortement certains navires et en coule un autre, corps et bien. Devenue insuffisante, la défense du port laissa le champ libre pour une percée de l’armée des assiégeants. Lors de la bataille, sur terre et sur mer, et voyant la défaite se profiler, le gouverneur militaire d’Hakodate ordonne aux troupes de saborder leurs navires et l’équipement militaires de la ville. Les pertes furent lourdes et le gain sur les équipements militaires dès lors très faible. Les Français sont eux discrètement embarqués par le Duplex, et renvoyés au pays. Ils furent jugés par un tribunal militaire et condamnés. Néanmoins, ils furent mis à contribution dans le conflit de 1870 et surtout lors de la commune de Paris. Ce fut d’ailleurs en tuant des communards (civils et militaires) que J. Brunet, qui ne répéta pas deux fois la même erreur, y reçu ces premiers galons au ‘combat’. Son dossier militaire est disponible à la consultation (tout comme tous les autres au SHAT).

Le considérer comme le dernier samourai est donc vraiment une grossière erreur tandis que le film américain, très sympathique, est à considérer comme une fable fantastique au même titre que le Seigneur des Anneaux.


Très cordialement,

Fuse


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Message Publié : 30 Déc 2007 1:32 
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Salluste
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Fuse a écrit :
L’expression, tiré d’une dépêche de l’AFP écrite par un pseudo-historien, Christian Polak, est vraiment très mauvaise et par la même, très inadéquate. Il serait bien trop long de reprendre cette dépêche, son article (ô combien teinté de romantisme et de lyrisme) et l’article cité ci-dessus. On croirait que le tout vient de sortir d’un film. La réalité est bien plus nuancé est pragmatique.

Il me semble que le spécialiste du Japon que vous êtes sûrement n'a pas vu que l'expression "dernier samouraï" était encadré de guillemets. C'est donc évidemment une référence cinématographique (d'où vient donc qu'"On croirait que le tout vient de sortir d’un film") et non pas que quiconque ait jamais cru que le dernier samouraï (expression déjà suffisamment romanesque pour être historiquement suspecte) ait pu être Blanc.

Notre affaire, c'est qu'on a un film américain à gros budget mettant en scène un héros tout autant américain, alors qu'on a tous les éléments de croire que le personnage historique était inspiré d'un militaire français.
C'est ça qui est intéressant. En filigrane, la vraie question est : "pourquoi les Américains pillent-ils l'histoire des autres peuples pour en construire une, mythique, qui leur soit propre ?". Mais là on déborde les questions historiques...

Le personnage du film c'est un coopérant militaire du XIXe s., envoyé au Japon dans un shogunat, qui désobéit à sa hiérarchie pour rejoindre le camp de ses "clients". C'est exactement le cas de Brunet. Cela demande une sacrée force de caractère, pour un militaire et surtout de cette époque où le peloton d'exécution n'est jamais loin, de désobéir. Et le fait qu'il prenne fait et cause pour un clan dont toute la civilisation l'éloigne, n'est-ce pas impressionnant ?
Personnellement, je vois beaucoup de rapprochements avec Villebois-Mareuil. Il y a là une piste à creuser dans l'idéalisme français, et même pas colonial, aventurier.

Dernièrement, vous reprochez à Brunet sa participation au renversement de la Commune. C'est un autre problème, mais tuer des civils n'a pas été que le fait des Versaillais, que je sache. Vous baser là-dessus pour chercher à minimiser son engagement précédent me paraît injuste.


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Message Publié : 02 Jan 2008 13:18 
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Je suis tout à fait d’accord pour constater que, bien malgré moi, mon texte transpire une forme d’agacement, non à cause de la question, tout à fait justifiable, mais sur cette expression et la réponse française qui en a été donnée. Il me semble ici que les questions d’orgueil passent avant la simple réalité historique et le bon sens. Je m’en excuse le plus platement.

Sur le film lui-même, difficile de faire passer la raison avant les passions. Le réalisateur, en tant que créateur d’une œuvre, est tout à fait libre de faire ce qu’il entend. Il peut bien faire combattre des hoplites et des aliens ou des bushis contre des chars, transformer des faits ou imaginer complètement un passé. La liberté de création est quasi sans limites. Ce qui est quelque peu dérageant, avec ce film en particulier, à pour origine le marketing. Il vendu comme étant réaliste (joli oxymore que voila !) dans diverses interviews, sans parler des allusions sectaires de l’acteur principal. Il est en cela très critiquable, tout comme ont pu l’être ceux de S. Spielberg. La bataille concernant le titre de « dernier samourai » sur un ressortissant américain ou français me parait alors très futile.

Le « chef des rebelles » japonais du « Dernier Samourai » est la figure de Saigo Takamori (même nom, même période dans le film) et sa révolte de 1877 contre l’état impérial. De nombreux personnages présentés dans le long métrage sont d’ailleurs déjà morts à l’époque des faits, preuve de la grande faiblesse des recherches. Sur l’histoire elle-même de la révolte de ce général, la majeure partie présentée dans le film est de l’ordre de l’invention. N’importe quel ouvrage sur l’histoire du Japon peut en proposer un résumé plus exact. Il n’y eu aucun participant occidental (dans l’un ou l’autre camp) durant toute la durée de cette révolte.

Les évènements concernant la révolte, le siège et le rôle de certains Français de la ville d’Hakodate sont donc antérieurs de presque une dizaine d’année et non aucun rapport avec les faits. Quel est l’intérêt alors de crier J. Brunet sauf à dire, un brin chauvin, « Houuu ! Vous, c’est tout faux, bande de naze ! De toute façon, et ben nous, on l’avait déjà fait bien avant et c’était encore plus mieux. Na ! ». Bref, un retour à l’enfance et de l’idée d’être le meilleur, quoi qu’il en coûte. Sur le personnage lui-même de Brunet, il y aurait beaucoup à dire et de nombreuses nuances à apporter (sans parler de ces talents pour le dessin, très agréables). Il faudrait là se plonger dans ses écrits, son dossier militaire et les divers récits des faits. Il change beaucoup lors de son retour en France.

Enfin, il est tout à fait intéressant de se pencher sur le choix, délibéré, de reconstruction l’histoire et du rôle de l’Amérique à travers la diffusion d’objets culturels (bds, films, Tv, etc.) à travers le monde. Il s’agit là pourtant d’un sujet plus général et non une bonne manière de justifier cette mise en avant des Français.

Cordialement,


Fuse


P.S. Un brin réaliste, je préfère me considérer comme un simple amateur de l’histoire du Japon. J’ai bien plus à apprendre qu’à partager.


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Message Publié : 06 Jan 2008 1:31 
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Salluste
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Dans cette histoire ce n'est pas que Brunet ait pu faire le ninja contre l'Empereur du Japon qui est important, ou qu'il ait fait exactement ce qui est décrit dans le film. Ce qui est important c'est que le personnage de cinéma soit inspiré de lui sans qu'il en soit jamais fait mention au générique. Il y a là un abus et un mépris évident.

Quand vous parlez de passions, de l'idée d'être le meilleur et de chauvinisme, tout ça ne vaut pas tripette, c'est uniquement argumenté pour dévaloriser ceux qui ne sont pas d'accord avec vous.

Moi ce qui me choque c'est l'aspect historique. La moindre des choses c'est d'avoir le respect des gens et des peuples et de ne pas donner à Pierre ce qui revient à Paul. Tout simplement.

Pour avoir un bon éclairage sur les problèmes, il faut inverser la lumière. Que diriez-vous si un film français s'inspirait d'un personnage historique américain pour en recréer un héros purement français ? Tout le monde de ce côté de l'atlantique trouverait ça ridicule, avec raison. Mais eux le font sans vergogne et sans que des gens comme vous -attentif à toute dérive "chauvine", apparemment- ne soit choqué ? Il y a là un truc qui m'échappe.

Et puis de l'hypothétique bataille sur le titre dont vous parlez, si je compte bien, on est trois clampins (l'auteur de Niponzine, Daisuke et moi) à faire remarquer l'affaire, à comparer au rouleau compresseur de l'industrie cinématographique américaine qui a diffusé le film dans le monde entier. Et vous qui venez nous donner des leçons, parce que c'est pas bien de mettre en avant les Français. :roll:


Le titre de "dernier samouraï" est évidemment inspiré du "dernier des Mohicans", œuvre anglo-saxonne reprise au cinéma où les Français s'en prennent plein la g…, sans l'ombre d'une distance avec l'esprit du roman original, sans chercher à nuancer entre les rôles historiques des uns et des autres. Un film très applaudi en France. Et pourtant, l'inverse serait inenvisageable : des milliers de Fuse, postés dans le cinéma, la presse et les médias crieraient au scandale en employant le même argumentaire que vous avez fourni ici.


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 Sujet du message : Problème pour se comprendre...
Message Publié : 07 Jan 2008 14:13 
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À la lecture de votre message, je crois qu’une certaine forme d’incompréhension existe entre mes critiques et vers qui elles sont dirigées. L’expression et toute cette histoire du « Dernier samourai » ne vise aucunement cette discussion ou les personnes qui y participent. Si telle est l’idée que vous en avez pu avoir, il y a là une erreur de formulation de ma part et je m’en excuse. Elles sont simplement à l’encontre de toute cette histoire répercutée sur de nombreux articles, discussions, sites web, etc. ce qui aujourd’hui on nomme communément le phénomène du « Buzz ». Dans cette démarche, une interrogation se dégage :

Critiquer ce film, énoncé comme réaliste, et en démonter les rouages et les invraisemblances avec l’aide de preuves et d’archives, est tout à fait valable et honorable. Chacun de nous peut l’effectuer car nous sommes tous équipé d’un cerveau apte à réfléchir, raisonner et chercher. Par contre, Faut-il le faire en utilisant une histoire elle-même tronquée, presque manipulée, pour faire se confondre les 2 et crier au scandale par la suite ? Je crois qu’il y a là vraiment un problème de méthodologie. C’est tout sauf de l’histoire et cela ne présente aucun intérêt, sauf à faire de la publicité pour les 2 parties. Dès la mise en production du film, la trame générale était déjà sur le net, tout comme le problème des inspirations et des inventions à la sauce américaines. Cette dépêche AFP, presque lyrique et outrée par C. Polak, après la sortie du film, est vraiment un moyen de faire parler de soi à moindre frais. Pari en partie gagné, tant mieux pour lui. Résultat : la majorité des articles, Web ou papier, écrivent simplement que le vrai dernier samourai était français est se nommait J. Brunet, au lieu d’indiquer simplement que cette histoire est inspirée, du moins en partie, par une aventure vécue par plusieurs militaires français, dont Brunet. C’est donc un non sens complet et une bêtise. Comme l’exprime un dicton populaire, « l’enfer est pavé de bonne intention ».

Encore une fois, je reste tout à fait d’accord et attristé aussi de ce phénomène de remodelage de l’histoire par le cinéma américain. Nonobstant, ce n’est ni la première fois, ni la dernière, d’autres cinéma (la France comprise, tout comme l’Inde et le Japon ou la Chine) ont eu ou ont encore cette tendance sur divers sujets. Faut-il pour autant crier au scandale à chaque fois et obliger les cinéastes à suivre drastiquement la réalité ? Je n’en suis pas certain que cela soit aussi amusant. Je vous accorde volontiers qu’une mention de l’aventure des Français soit dans une interview (même locale) ou un entrefilet dans un article quelconque par l’équipe du film n’aurait pas été dangereux pour la vente des billets. C’est dommage. Le film « Geisha » a suivi d’ailleurs la même voie et les mêmes silences. D’un point de vue légal, ils ne sont pas en tort.

En espérant avoir exprimé mon point de vue avec plus de clarté,


Cordialement,


Fuse


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Message Publié : 09 Jan 2008 0:22 
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Fuse a écrit :
Je vous accorde volontiers qu’une mention de l’aventure des Français soit dans une interview (même locale) ou un entrefilet dans un article quelconque par l’équipe du film n’aurait pas été dangereux pour la vente des billets.

Oui, n'est-ce pas ? Ou une simple mention au générique, comme je le disais, et tout le monde était content.
Les Américains font ce qu'ils veulent de leur argent, et peuvent bien raconter ce qui leur passe par la tête. Si le résultat est réussi, pourquoi pas ? Et c'est d'ailleurs ce qu'ils font, sans me demander mon avis... :wink:
C'est l'occultation de la source d'inspiration qui me pose souci (je répète bien : la source, pas le modèle).

Quand j'étais plus jeune il y avait une bonne émission de télé qui devait s'appeler "les dossiers de l'écran", avec un film + un débat. C'était vraiment pédagogique et nous donnait un éclairage d'historiens. Tous les films situés dans le passé devraient faire l'objet d'un débat télévisé, pour que la création artistique puisse rester libre mais ne pollue pas non plus notre connaissance de l'Histoire, la vraie. "Le dernier Samouraï", comme les autres.

Si je peux me permettre : vous ne devriez pas vous excuser aussi souvent, on ne fait jamais que discuter et ça n'est pas plus grave que ça.
C'est "la route qui mène à l’enfer est pavée de bonnes intentions", expression raccourcie ensuite. Ah ! Je n'y connais rien en histoire du Japon, alors il faut bien que j'amène quelque chose de concret quand je peux ! :)

Je romps là.

Cordialement,
Foulques


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Message Publié : 09 Jan 2008 17:14 
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Merci à Fuse pour la réponse historique. Je ne posais pas la question pour le débat qui a suivit, mais juste pour le coté historique.

Les gens qui veulent voir un film et se divertir voient le film et se fiche de connaître le niveau de pondération historique ceux qui veulent les vrais données historiques vont les chercher et les trouvent. finalement chacun y trouve sont compte.


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Message Publié : 10 Jan 2008 14:09 
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Salluste
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Fuse a écrit :
J

Le « chef des rebelles » japonais du « Dernier Samourai » est la figure de Saigo Takamori (même nom, même période dans le film) et sa révolte de 1877 contre l’état impérial.
.


Pour compléter Saigo était au départ pro-impérialiste il a mené les troupes impériales de la guerre du Boshin, il est l'un des leaders de la révolution Meiji. Il s'en retourne aprés un désaccord dans son fief de Satsuma ou il est à la tête d'une région quasi-autonome, ce qui déplait au pouvoir impérial en place. Tokyo envoit 70 000 hommes contre 40 000 à la bataille de Seinan Senso, il y aura 15 000 morts et le doubles de bléssés. Durant la bataille. Saigo blessé décida de se suicider par Seppuku. Une imposante statue de bronze trône l’entrée du parc de Ueno à Tokyo.

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Message Publié : 14 Jan 2008 14:04 
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Citer :
Pour compléter Saigo était au départ pro-impérialiste il a mené les troupes impériales de la guerre du Boshin, il est l'un des leaders de la révolution Meiji. Il s'en retourne aprés un désaccord dans son fief de Satsuma ou il est à la tête d'une région quasi-autonome, ce qui déplait au pouvoir impérial en place. Tokyo envoit 70 000 hommes contre 40 000 à la bataille de Seinan Senso, il y aura 15 000 morts et le doubles de bléssés. Durant la bataille. Saigo blessé décida de se suicider par Seppuku. Une imposante statue de bronze trône l’entrée du parc de Ueno à Tokyo.



C’est un peu court pour une révolte, bien que vouée à l’échec dès le début, aurait pu pourtant modifier le rythme effréné des réformes et la sauvegarde d’un certain passé. Tout autant pour compléter ce portrait, un peu rapide, de Saigô Takamori, que pour différencier les faits historiques du film « le Dernier Samourai », je me permets d’y adjoindre quelques éléments que j’avais déjà proposé énoncés sur un autre forum. Les références des messages précédents sont à la base de ces éléments.

La suppression de tous les fiefs, en 1871, et l’aggravation des impôts fonciers dès 1873 (+ de 40% de hausse) avaient provoqué la colère de nombreux paysans qui voyaient leur niveau de vie diminuer rapidement. Les classes guerrières provinciales connaissaient les mêmes problèmes et les mêmes difficultés à vivre dans un quotidien de plus en plus difficile : leur solde, déjà peu élevée, disparaît pour devenir une rente d’État en 1873-76 qui ne leur permet plus de vivre comme avant. Avec presque un total de deux millions de personnes, ils forment des groupes armés qui peuvent constituer des oppositions dangereuses. Cette paupérisation s’accompagne d’une perte croissante de privilèges dont celui de ne plus de porter de sabres en public (1876). La loi sur l’armée impériale, en 1873 par Saigô Takamori, ministre de la guerre (du moins son équivalent), fini d’exaspérer la classe guerrière. Désormais, l’armée impériale sera constituée de conscrits et non plus des seuls bushi.
Pour n’avoir pas réussi à préparer une expédition vers la Corée (afin de détourner les colères des bushi et récupérer quelques richesses), que par des mésententes de plus en plus fortes avec Iwakura Tomomi, Itô Hirobumi ou d’autres membres du gouvernement, S. Takamori claque la porte et retourne dans sa province de Satsuma vers la fin de l’année 1873. En attendant d’être rappelé au gouvernement, il ouvre une école, pour les fils des militaires de son clan, et se propose de les former au combat. Le nombre croissant des révoltes populaires, entre 1873 à 1876, inquiète de plus en plus les autorités qui se voient assaillis de toute part. La gronde se focalisent sur l’impôt du sang (conscription) qui aspire les forces de travail des champs, sur les impôts agraires (considérés comme trop lourds) ou même contre la destruction de lieux de culte bouddhiste (avec le retour forcé à la tradition shintô). De son côté, S. Takamori se refait une image et devient le point d’accroche du « club des mécontents » qui grossit de jour en jour. Il reste cependant très prudent et ne cherche pas à provoquer les autorités. Il ne soutiendra pas, par exemple, son ami Eto Shimpei qui, en 1874, avait pris la tête d’une révolte avec 2000 guerriers. La révolte est matée dans le sang. Considérant la province de Satsuma comme un foyer dangereux et un possible rassemblement des mécontents du régime, les dirigeants du Japon essayent, au début de 1877, de revenir Saigô Takamori dans la capitale. Celui-ci est alors nommé maréchal et commandant en chef des armées de l’empire. Des négociations discrètes s’engagent alors pour son retour au gouvernement.

Au même moment, les autorités essayent de désarmer quelques places fortes considérées comme peu sûrs. En février 1877, le gouvernement envoie un navire à Kagoshima, afin d’y enlever poudre, armes et autres munitions des entrepôts. Les jeunes militaires de la ville refusent cette décision gouvernementale, jugée comme indigne et s’en prennent aux envoyés des autorités. Une certaine tension apparait dans la ville et tout devient suspect. Certaines rumeurs sur un possible projet d’assassinat de Saigô Takamori finissent de mettre le feu aux poudres et la révolte éclate. Le 20 février 1877, le gouvernement annonce officiellement la révolte dans la région et déclare qu’une expédition militaire, dirigée par le prince Arisugawa no Miya, va être chargée de rétablir le calme. Manquant de navires, le gouvernement va devoir utiliser des bateaux de commerce privés (comme ceux de la société Mitsubishi) ou des navires étrangers (acheté ou loué) pour le transport des troupes et du matériel. Cette faiblesse logistique sera une des principales préoccupations militaires pour les années à venir.
Les troupes rebelles, plus nombreuses au début du confit (40.000 hommes), vont se voir peu à peu submergées avec les arrivées successives des troupes impériales (jusqu’à un total de 70.000 hommes). Inférieure numériquement, mais surtout techniquement, l’armée rebelle recule et fini par effectuer des guérillas pour harceler les troupes impériales sans chercher une confrontation directe. Plusieurs revers dans les 2 camps permettent à Saigô Takamori de prendre Kumamoto presque sans combattre. Nonobstant, il se fait peu à peu encercler par les forces impériales (par mer et par terre) et décide de mener un dernier combat et jouer le tout pour le tout. À l’aube du 24 septembre 1877, l’amiral Kawamura Sumiyoshi qui commande les troupes impériales décide de donner l’attaque et surprend quelque peu les troupes rebelles. Saigô Takamori est touché à la cuisse par une balle lors des premiers combats. Ne voulant pas être pris vivant, il demande à un de ses lieutenants, Hemmi Jiuroda, de le faire seppuku. Il est rapidement enterré dès la fin du rituel et le lieutenant se suicide à la suite. La bataille vira rapidement à l’avantage des troupes impériales. Tandis qu’une grande partie se rend, l’autre, constituée surtout des meneurs, se suicide pour ne pas survivre à leur chef. Ce ne fut que le lendemain, après des recherches sur les corps, que l’armée impériale retrouve le corps, puis la tête de Saigô Takamori. La légende veut que ce fût son adversaire, mais néanmoins ami, l’amiral Kawamura Sumiyoshi qui lava, de ses propres mains, la tête ensanglantée de Takamori en signe de respect. Puis, on l’enterra sur place avec les principaux responsables de la révolte et les soldats rebelles morts dans la bataille.

Autant par souci de régler rapidement cette affaire que désormais rassuré par la mort de Saigô Takamori, le gouvernement japonais fut très indulgent avec les survivants. Sur les 43.000 personnes accusées de complicité de rébellion, seules, 2800 furent condamnés. Les peines de prison maximales ne dépassèrent pas les 10 ans d’emprisonnement. Officiellement le gouvernement japonais donna un coût financier et humain à cette guerre. Les coûts humains sont très largement sous-estimés, comme le coût financier d’ailleurs. Il a fallu plus de 15 ans au Japon pour se remettre financièrement de cette guerre.

Presque dès sa mort, il devint le symbole de l’action anti-gouvernementale et de la défense d’une certaine tradition face à la modernité vécue comme plus difficile. En 1878, des jeunes gens, se déclarants comme de fervents partisans de Saigô Takamori assassinèrent, à l’entrée du palais impérial, son ami et adversaire Ôkubo Toshimichi. Vers la fin du 19ème siècle, il fût réhabilité par l’empereur en signe d’apaisement et une statue fût érigée à Tôkyô.


Cordialement,


Fuse


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Message Publié : 20 Jan 2008 23:47 
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Plutarque
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Fascinant de lecture. J'ai beaucoup appris sur certaines trames de l'Histoire nippone et vous en remercie Fuse bien que j'ai au départ réagis de la même manière que els autres face à vos propos initiaux ;).

Quoi qu'il en soit, j'ai eu à l'époque un cours faisant mention de Jules Brunet et le professeur d'histoire du Japon avait vraiment parlé de lui comme un "samouraï".

Mes mémoires évoquent la prise et la tenue d'un fort avec le reste des français et les troupes du Shogunat mais ma mémoire ne m'en donne pas davantage.

J'avais également pu voir une photo assez coquace sur laquelle les japonais désormais militarisés à l'occidental étaient vêtus de costumes militaires à l'européenne (français même) et c'était Brunet qui arborait l'hakama et la tenue traditionnelle de samouraï.

Si une personne a un lien vers cette photo cela intéressant.

De mémoire le professeur avait vraiment donné de cet homme une vision beaucoup plus "concernée et sincère dans ses choix" en faisant mention d'une lettre envoyée à Napoléon III pour annoncer sa démission et qu'il était prêt à mourir au Japon avec le reste des derniers samouraïs fidèles au Shogun et qu'il avait formé.

Vous en savez plus que moi et j'attend votre réponse.

_________________
"Lorsque vous avez éliminé l'Impossible, ce qui reste aussi improbable soit-il est nécessairement la Vérité"


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Message Publié : 22 Jan 2008 15:36 
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Hérodote

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Localisation : Paname
Difficile en effet de ne pas tomber dans le romanesque et l’épique tant l’histoire s’y prête volontiers. D’un autre côté, je ne souhaite pas le moins du monde minimiser une telle prise de décision et une forme de courage de la part de cette petite équipe française. Je me contenterai d’exprimer quelques idées. Sur le siège de la ville, il me serait difficile d’aller dans les détails sans paraphraser divers documents ou témoignages sur les évènements. Je peux simplement me permettre d’indiquer que les murailles, non terminées malheureusement au moment du soulèvement, avaient été calquées sur le modèle en étoile dit « à la Vauban ». La forteresse et les diverses fondations défensives (terrestres ou maritimes) étaient destinées à se protéger la ville, et la région par voie de conséquence, des avancées russes dans la région, de plus en plus pressantes. Sur les personnages eux-mêmes, on frôle aussi les clichés entre Asie et Occident. Les relations entre les élèves officiers et les instructeurs français, bien que très tendues à leur arrivée, se sont vite transformées en liens d’amitiés. Les raisons en sont bien évidentes et méritent peu de développement (l’exotisme du voyage, la forme privilégiée de l’instruction militaire, la jeunesse des protagonistes, les curiosités mutuelles, etc.).
Des divers documents que j’ai pu consulter, et malgré le respect mutuel, il n’y a que peu de transferts culturels japonais vers les militaires français, mais bien l’inverse. Faire occidental (parfois à l’excès) était déjà à la mode, et devient même l’objet de moquerie de la part des Occidentaux eux-mêmes. L’idée de « dernier samourai » est donc un complet non-sens.

Ce qui est intéressant, et qui n’apparait généralement pas dans les divers comptes-rendus sur cette histoire, provient des parcours des intervenants eux-mêmes. Le colonel Chanoine, responsable de la mission militaire, est tout de même connu, avant cette charge, pour sa dureté et quels faits peu recommandables dans les campagnes d’Afrique du Nord. Brunet n’a guère était tendre durant la reconquête de Paris contre les communards comme je l’avais déjà exprimé auparavant. Aucun Français (sauf un, dont le nom m’échappe) n’est jamais resté/retourné dans ce pays. À quelques heures de la dernière bataille à Hakodate, les insurgés français avaient en effet bénéficié d’un rapide laisser-conduit des autorités japonaises pour se rendre sur le navire « Le Duplex », amarré à peu de distance de la ville, afin de repartir sains et saufs vers la France. Cela a évité bien des tracas diplomatiques mais quelque peu ternie cette volonté, théorique, de mourir sur place avec les autres assiégés japonais. Les dossiers militaires sont ici des sources d’informations des plus intéressantes. Cela n’enlève rien à l’aventure de cette première mission française au Japon, mais cela en limite le romanesque.

Cordialement,


Fuse


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Message Publié : 13 Juil 2009 22:50 
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Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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Foulques a écrit :
Personnellement, je vois beaucoup de rapprochements avec Villebois-Mareuil. Il y a là une piste à creuser dans l'idéalisme français, et même pas colonial, aventurier.
Je verrais toutefois une différence: Villebois-Mareuil est mort dans une guerre qu'il ne comprenait pas et incompris des gens pour lesquels il se battait.


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Message Publié : 21 Déc 2009 19:51 
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Hérodote
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Inscription : 21 Déc 2009 19:25
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Je voudrai entrer en contact avec Fuse qui semble trés informé sur la vie du général Jules Brunet. J'aimerai connaitre les sources qu'il a utilisé dans ce forum. Je suis intéressé par le personnage pour des raisons personnelles: il était le frère de mon arrière grand-mère.


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Message Publié : 23 Déc 2009 6:50 
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Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
Message(s) : 2722
Localisation : 中国
oswald a écrit :
Je voudrai entrer en contact avec Fuse qui semble trés informé sur la vie du général Jules Brunet. J'aimerai connaitre les sources qu'il a utilisé dans ce forum. Je suis intéressé par le personnage pour des raisons personnelles: il était le frère de mon arrière grand-mère.

Essayez de lui envoye un MP. Mais ça fait un bout de temps que je ne l'ai pas vu intervenir sur ce forum...


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