Si cela peut aider, j'ai deux bouquins (en e): Michel Vié et Georges Sansom. Sansom reprend la liste des premiers Empereurs: Ojin [270-310 ?] Nintoku 313-399 Richû 400-405...
Le problème, c'est qu'avant le IVe siècle, le Japon était illettré. Ce n'est qu'avec les relations avec le Paekje (Corée), qui encouragèrent l'adoption au Japon de l'écriture Chinoise, que la chronique apparaît. D'après Sansom, les chroniqueurs continentaux ne font que peu mention du Japon, mais il est question d'un "roi du Japon" dans une chronique chinoise de 478.
“Selon les chroniques, les seize souverains qui se succédèrent avant Nintoku vécurent entre 711 avant Jésus-Christ et 399 de notre ère, soit durant une période de 1110 ans. En plaçant si loin dans le temps le premier empereur, Jimmu, auquel on attribue l’expédition qui partit du Kyüshü pour fonder l’État du Yamato, les chroniqueurs ont été contraints de prêter à ces seize souverains une durée moyenne de vie de plus de cent ans. Cet expédient n’a rien d’unique dans l’historiographie ancienne, où tant de légendes doivent trouver leur place qu’il devient nécessaire soit d’allonger la vie, soit d’augmenter le nombre des personnages décrits. De toute évidence, non seulement la chronologie est inacceptable jusqu’en l’an 399, mais les faits relatés, tout en se rapportant à quelque chose qui s’est produit, appartiennent au domaine du mythe ou même de la fiction délibérée.” (Histoire du Japon, Georges Sansom, Fayard).
Sur l'établissement d'une dynastie, et le passage de chefferies à un pouvoir impérial, lire Michel Vié:
“C'est la période où comme chefferies, puis comme État, le Yamato, le pouvoir émerge. (...) Une réflexion sur les institutions du Yamato au VIe siècle permet toutefois d'entrevoir ce que fut l'unification du Japon. À sa tête se trouvait un « grand prince », l'O-Kimi, dont le pouvoir reste à préciser. Il régnait sur des uji, terme qu'il est d'usage de traduire par « clan ». Cependant ces derniers, dans lesquels se regroupait toute l'aristocratie, étaient d'une nature double. Ils englobaient à la fois : une vaste parentèle - avec base territoriale et sépultures correspondantes, du type kofun - et une fonction spécialisée, n'ayant de sens que dans la structure organique d'un État, mais détenue à titre patrimonial. (...) Il est difficile de se représenter dans cette structure fédérale, resserrée ou espacée, l'O-Kimi comme le détenteur de pouvoirs souverains.
En 660, pour faire face à une intervention victorieuse des Chinois, le Yamato tenta de secourir le Paekche, son dernier allié, par l'envoi d'un corps expéditionnaire qui fut écrasé . “La crainte d'une invasion de l'archipel par une armée chinoise se répandit. Des fortifications furent élevées par le futur empereur Tenchi. Or bien avant cette démonstration de sa supériorité militaire, la puissance de la Chine avait pu être observée in situ par les nombreuses ambassades envoyées sur place par le « régent » Shotoku taishi, de 600 à 614. Chacune d'elles comportaient des « étudiants » dont certains séjournèrent longtemps à l'étranger.
La conjonction des données militaires et du retour de Chine des « étudiants » qui avaient pu observer le fonctionnement d'un État, uniformément soumis à des institutions rigides, sous l'autorité d'une capitale, engagea la fédération du Yamato dans la voie de réformes radicales qui durèrent tout le VIIe siècle : sous Shotoku taishi, puis sous les Soga (un uji lié à la dynastie de l'O-Kimi et protecteur des immigrés coréens), sous les empereurs Tenchi (avant et après son intronisation), et Temmu, celui qui ordonna la compilation du Nihonshoki.
C'est alors que le mot « Japon », lever du Soleil, remplaça l'expression « pays des Wa », dans la terminologie géographique, et que Tenno fut substitué à O-Kimi pour la désignation du souverain : dans ces deux cas, l'égalité avec la Chine était affirmée. Bouddhisme et confucianisme servirent aussi les réformes dans la mesure où ces croyances ou idéologies universelles transcendaient le particularisme religieux des uji. Mais, pour faire contrepoids, la mythologie traditionnelle et le culte des kami, enracinement de la dynastie impériale et de la création du Japon tout entier dans un monde divin, furent confirmés, par les rites et les livres du shinto.” (Histoire du Japon, Michel Vié, PUF)
_________________ message du Loire au Dalgonar, oct. 1913
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