Saladin a écrit :
Je n'ai pas regardé l'émission entièrement, je vous rejoins dans la plupart de vos critiques. Mais dans l'ensemble, j'ai trouvé le propos et les explications correctes. Je pense que c'est dû en grande partie à la qualité des historiens invités comme Joel Cornette ou Jean-François Solnon.
Pour ma part, j'ai trouvé ces deux historiens comme étant les plus mauvais.
Jean-François Solnon est celui qui a donné des détails salaces, dont je n'avais jamais entendu parlés, et dont je doute de la véracité.
Joël Cornette est l'intervenant qui a dit le plus d'erreurs :
- Il prétend que l'élection de Henri III aurait été un triomphe de la diplomatie française, alors que ce fut un triomphe de la corruption. Il prétend que Henri III est parti en cachette parce qu'il aurait été nostalgique de la France. En réalité, il est parti parce qu'il ne pouvait pas payer les électeurs polonais.
- Il prétend que Henri III se serait retrouvé en Pologne tout seul, ou avec seulement "au maximum dix" Français. Ce n'est pas vrai quand on consulte les listes des gentilshommes qui étaient venus en Pologne, ainsi que ceux qui sont avec lui à Venise.
- Il prétend que Henri III est passé au retour par Venise pour transformer son parcours en un voyage d'études et d'agréments. C'est faux. Il est passé par l'Italie, parce que la route directe par l'Allemagne était coupée. En effet, les protestants allemands étaient solidaires des protestants français. Jean de Montluc s'était fait arrêté en Allemagne, et depuis ce temps, Catherine de Médicis faisait passer tous les Français par l'Italie bien que la route soit plus longue.
- Il prétend que Henri III aurait rencontré Charles Borromée au début de son voyage en Italie, et laisse sous-entendre que ce fut à Venise. En réalité, ce fut à Monza, après Venise.
- Il ne parle que de Venise comme lieu de passage notable de passage d'Henri III en Italie, en oubliant qu'il fut aussi très bien reçu à Padoue, Ferrare et Mantoue qui étaient des localités riches et somptueuses.
- Il prétend que Paris aurait été une "ville à part" parce que la Ligue n'y aurait été présente que là. C'est faux. La Ligue existait hors de Paris, puisque Henri IV n'a pas pu se faire couronner à Reims mais à Chartres. La Ligue était dominante à Nancy, Chalon, Mâcon, Dijon, Auxonne, Lyon, et comptait de nombreux partisans à Rouen et à Marseille où ils ont entrepris des actions d'importance.
- Il prétend que la France aurait été catholique à 85 ou 90%. C'est faux, puisque la majeur partie du Sud-Ouest était protestant, et car il y avait aussi beaucoup de Français protestants en Provence et ailleurs.
- Il prétend que le pape n'est pas allé jusqu'à excommunier Henri III. C'est faux. La bulle du 9 septembre 1585, du pape Sixte Quint, excommunie Henri III, ainsi que Henri de Navarre.
Ca fait tout de même huit erreurs factuelles sur une quinzaine de propos, soit une erreur sur deux ou sur trois à chaque fois qu'il parlait, ce qui fait tout de même beaucoup. Mais, ce n'est pas étonnant, car c'est un historien généraliste, qui connait très mal le 16e siècle.
Saladin a écrit :
Je trouve que l'émission invite moins de personnes qui n'ont a priori pas de vrai cursus en histoire comme des écrivains etc. Et cela contribue à renforcer la qualité de l'ensemble.
C'est vrai que cela fait un moment la parole n'est plus donnée à Clémentine Portier-Kaltenbach, Henri Charlier, et un romancier dont le nom m'échappe. Cependant Stéphane Bern a fait une large place à Joël Cornette qui n'était pas compétent sur le sujet.
De plus, Stéphane Bern s'accommode de grands écarts surprenants avec la réalité et avec la logique, tels que ses mots de conclusion où il déclare que Henri III a eu le mérite de se "sacrifier" permettant la venue sur le trône du grand Henri IV. Pourtant, comme l'a bien montré l'émission, Henri III ne s'est absolument pas sacrifié, puisqu'il n'a jamais souhaité sa mort, ni même souhaité se retirer du pouvoir, et encore moins le donner à Henri de Navarre, sauf dans les tous derniers temps de son existence où il n'avait plus le choix. Henri III s'est battu tant qu'il a pu contre Henri de Navarre. Il est allé jusqu'à le déchoir de ses droits en 1585. Ensuite, est-ce vraiment une qualité d'être bon pour Henri III parce qu'il disparaît ?