Karolvs a écrit :
Mais pas du tout ! Bien au contraire ! C'est à croire que nous ne parlons pas du même livre : Jeanne d'Arc : histoire et dictionnaire !
Relis l'introduction de cet ouvrage :
Page 8 (c'est moi qui souligne) : [...] le dessein premier de Jeanne d'Arc : histoire et dictionnaire correspond à une franche volonté d'information, d'information méthodique, vérifiée et vérifiable : démarche qu'il est permis d'estimer salubre tant les approximations, voire les élucubrations, on pullulé et pullulent toujours à son sujet […] Inutile d'insister et de s'engager dans une polémique sans fin : disons simplement que les auteurs du présent livre, pleinement conscients de la complexité de toute cette histoire, ne serait-ce qu'au plan événementiel - il faut, comme on dit, s’en pénétrer - plaident la bonne foi.
De façon inévitable, des interprétations sont aussi proposées, ou plutôt des mises en perspective, tâche plutôt délicate dès lors qu’on se trouve confronté à un univers matériel et mental fort éloigné du nôtre et dès lors surtout que l'histoire de Jeanne d'Arc a un caractère à bien des égards dérangeant, exceptionnel, insolite, unique […] Or, l'explication historique consiste en grande partie à insérer tel ou tel phénomène au sein d'un ensemble plus vaste et donc à montrer que le phénomène en question n’est ni miraculeux, ni merveilleux, ni mystérieux mais rencontre des échos ou des correspondances autorisant des éclairages mutuels. [...]
D'une manière générale, le présent ouvrage entend mettre à profit, pour la fin du Moyen-Âge, le profond renouvellement de l'historiographie, depuis une génération, sur l'histoire des femmes (leur place réelle, l'idée qu'on s'en faisait), de la guerre et de la paix, de la diplomatie, des structures politiques et des cours, de l'opinion politique, du sentiment national, du sentiment religieux chez les clercs comme chez les laïcs, et même sur l'histoire des campagnes et des villes. En un sens, tous les travaux menés depuis 30 ou 40 ans sur l'histoire de la France, de l'Angleterre, des espaces breton et bourguignon, sur l'histoire de la chrétienté latine pendant la période allant du milieu du XIV au milieu du XVe doivent être utilisé et pris en compte en vue d'une compréhension plus profonde, plus « globalisante », du « phénomène Jeanne d'Arc » non point pour aboutir à une histoire parfaite ni même totale, mais pour multiplier les angles d'approche. Inversement, à partir des formidables sources documentaires la concernant ou tournant autour d'elle, à condition de les exploiter systématiquement, il est loisible d’avoir une vue à la fois pertinente et originale de son époque.
J’ai trouvé les auteurs couards et hypocrites, et, pour tout dire cathos craintifs : ils tiennent des propos comme ceux que vous citez, et ils n’affirment pas expressément leur foi en l’explication surnaturelle.
Mais dans l’article
Voix, visions et révélations - ils excluent l’hallucination (en effet très peu plausible vu le caractère normal de Jeanne), et ils ne mentionnent pas l’hypothèse du mensonge. Reste la foi, sur laquelle effectivement leur article débouche et dans laquelle, je dirai, ils invitent leur lecteur à se jeter, tout en le laissant libre. Je ne me suis pas jeté...
Et ce n’est pas seulement dans cet article qu’ils ont cette attitude…
Quand Jeanne fait le récit de l’ange remettant la couronne surnaturelle au roi, qui maintenant en dispose dans son trésor, ils imaginent qu’elle invente cette histoire (i.e. qu’elle ment) pour se débarrasser de leurs questions sur ses
véritables visions, dont elle a promis à ses saintes de ne pas parler…
Libres à eux de croire ce genre de choses, mais moi cet aspect de leur livre me paraît relever de l’élucubration, quoique le reste m’ait paru fort estimable.