jibe a écrit :
Votre commentaire n'incite guère à regarder cette nouvelle "fantaisie historique". Tout le monde n'est pas Alexandre Dumas !
Je pense qu'il faudrait arrêter un peu avec ce sectarisme.
Interview de Mathieu Da Vinha, le conseiller historique:
L'interviewCiter :
Quel était concrètement votre rôle, pendant l’écriture ?
Simon et David me posaient des questions très précises. Par exemple: comment rasait-on le roi ? (...) Mon rôle, c’était que ce soit vraisemblable. Ils sont partis de grands cadres historiques,(...) : la recherche de noblesse, le problème protestant, les problèmes diplomatiques avec la Hollande, la construction du château… Ensuite, tout est imaginé. Ils ont joué avec la chronologie, les faits, le langage. L’idée n’est pas de raconter la vie au jour le jour. C’est une fiction. (...) Il fallait moderniser la série, on n’allait pas les faire parler en vieux français. (...) A partir du moment où ça aurait pu se passer comme ça, cela m’allait.
Cette position ne doit pas faire l’unanimité parmi vos confrères…
On m’a dit : « pourquoi tu vas te fourvoyer là-dedans ? ». (...) Je n’ai pas du tout vendu mon âme, comme le pensent certains. (...) Je l’ai fait le plus honnêtement possible. J’ai lâché sur certaines choses et eu gain de cause sur d’autres. Au début, les scénaristes faisaient de Bontemps [le 1er valet de chambre du roi, un rôle important dans la série] un homosexuel. Or j’ai écrit un livre entier sur Bontemps. Je me suis dit que dans le microcosme dans lequel j'évolue, si je laissais passer ça, je n’aurais plus jamais aucune crédibilité. Par ailleurs, sur la relation entre Louis XIV et Monsieur, qui était au début très manichéenne, mon rôle fut d’apporter des nuances (...)
Nous n’allons pas « fact-checker » toute la série. Mais que dire de la personnalité de Louis XIV, présenté ici comme très paranoïaque, à la fois craint et respecté mais vulnérable ?
Sa paranoïa fut un point d’achoppement avec les scénaristes, car si tout le monde se fiche de lui quand il décide en 1661 de se passer de premier ministre, en 1667 son pouvoir est déjà bien avancé. Mais l’objet de la série étant de montrer la construction d’un roi, ils ont joué sur l’exagération, pour le colorer. On sait qu’il était d’une grande vulnérabilité, profondément secret, il n’a jamais montré ses émotions. Il a brûlé tous ses papiers personnels avant de mourir. Si on retient aujourd’hui la figure ultra-charismatique, il faut l'imaginer plus jeune, quand il était timide, lisait beaucoup de romans et était féru de poésie, qu’il utilisait pour draguer.
Pour les historiens, que reste-t-il à connaître du quotidien de Versailles ?
Beaucoup de choses. (...) On a dit pendant longtemps qu’il n’y avait pas d’hygiène à Versailles: c’est simplement que les baignoires n’ont pas été conservées. Aujourd’hui les champs de recherche portent sur les écrits des visiteurs étrangers, car ce sont eux qui notaient ce qui ne leur était pas coutumier. Arthur Young, un visiteur anglais sous Louis XVI, est éberlué que l’appartement du roi soit ouvert au public, avec tous ces observateurs aux « têtes de galérien », écrit-il.