Darwin1859 a écrit :
Mettons de côté Médée, personnage de fiction, mythologique.
Les tragédies grecques ont ceci de mettre le point sur ce que l'on ne peut nommer. Réduire le rapport Médée/Jason à Juliette et Roméo est une erreur de lecture et d'interprétation ; le jeune couple de Shakespeare se découvre, nul enfant, l'avenir devant eux.
Médée a ses fils qui sont aussi ceux de Jason. Le rapport bancal auquel elle doit faire face (elle se retrouve démunie -barbare, loin des siens, rejetée par celui qu'elle a sauvé, ayant trahi les siens par amour de Jason-) et il semble évident que la nouvelle épouse de Jason lui donnera des fils. Les siens seront donc voués à ? En tant qu'adulte, elle peut affronter seule son "destin" ; les enfants n'ont pas à souffrir de cette nouvelle donne. Je ne vois pas ceci comme un vague conte mythologique et pas Euripide comme un vague conteur, d'ailleurs le sujet a été repris mais, avec une lecture qui met l'accent sur une hystérisation de Médée. Normal, vu l'époque de la reprise et l'auteur.
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Le cas du bunker et des Goebbels est intéressant. Il y a les hommes: Goebbels, Hitler. Ils savent que s'ils sont pris, ils seront probablement jugés et sans aucun doute mis à mort.
Ce n'est pas la "mise à mort" qui pose problème à ce niveau, c'est que le contrôle échappe : quid de l'image ?
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Les femmes, par contre, Eva Braun et Magda Goebbels, s'attendaient-elles à subir exactement le même traitement?
Ce n'est que mon avis de femme : je pense. Braun parce-qu'elle avait déjà quelques TS à son actif et certains furent franchement "chaud" au point de "Dolfy" a cédé ; elle sait donc ce qu'est l'entre-deux ; c'est bien pour cette raison qu'elle est venue au bunker : que serait-elle devenue ?
Magda a eu une vie avant. Que AH fasse d'elle la "première dame officielle" est inespéré vu le sort qui a été fait à quelques unions dont il ignorait l'origine de l'un ou l'autre. Il s'est d'ailleurs servi de ceci pour faire quelques nettoyages. Il a ce côté très "petit bourgeois". vu l'époque, pour une femme comme Magda, c'est une résurrection : elle est en rupture de ban, familialement et socialement parlant. Vu les coupes qui amènent à des choix, dans son milieu, Magda était fichue. Fichue = vieille fille éternellement sous tutelle, ne sert à rien, est un boulet...
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Et quid des enfants?
Nous sommes à une époque où les enfants suivent les parents. Voyez l'exemple de l'officier dont les enfants s'exclame : "
Tiens Papa (ce n'est pas "Père")
tu as mis ton uniforme du dimanche..." ; l'épouse sert et un moment on voit le regard de cette femme. Elle "sent" que quelque chose ne va pas. De fait...
Les "droits de l'enfant", c'est relativement récent ; le côté "papa poule" aussi ; une présence du père "constante" de même.
Les parents décidaient -en couple ou non - et les enfants suivaient, sans avis. C'est très récent de demander l'avis des enfants, d'imaginer, d'entendre les enfants projeter leur avenir "que ceci plaise ou non". Les fils de, reprenaient la position du père etc.
Même si ceci bouscule nos sentiments et autres, pour les Goebbels, c'était le mieux/le meilleur.
Et d'ailleurs que seraient devenus ces enfants ? Comment vivre ensuite ? On ne laisse "rien" derrière soi, si on ne sait à qui passer le relais en toute sérénité. Et pour la sérénité, l'ambiance n'était pas tout à fait à cela. Je vous renvoie aux conduites ahurissantes dans le métro berlinois entre parents et enfants dès l'arrivée des Russes. Avaient-ils (les parents) tant fantasmé ce qui allait arriver ?
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Himmler était pris, bien traité, ausculté par un médecin britannique.
Pas si bien ausculté que cela car en finir avec une capsule de cyanure dans une dent : c'était élémentaire. D'ailleurs les officiers anglais s'en sont voulu de cet oubli. Comment allait terminer HH ? Fusillé ? Il savait que non. HH est un SS et ceci s'inscrit assez bien dans la fin SS. On ne laisse pas capturer, on doit savoir affronter la mort etc. Il y a tout un retour au grand suicide à l'antique. Pierma l'a bien évoqué, il y avait tout un côté mystico-mythique de la "fin".
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J'y vois une dernière manifestation d'arrogance, une dernière volonté de puissance
J'ai décidé de ne plus employer des mots comme "
suffisance" ou "
arrogance" concernant les soldats allemands quand pour des actions identiques, le mot "honneur" est employé chez d'autres.
On s'est pris des raclées, on a rarement vu des officiers se suicider. Il y a donc un rapport différent à la mort car l'honneur tout le monde est à peu près d'accord pour une définition.
"
Volonté de puissance", dans ces moments, on en n'est plus là. Maintenant en tournant un peu votre expression et y voir un besoin de garder le contrôle, j'adhère. Comment se projeter, projeter une vie (ce ne sont pas des vieillards) qui ne soit pas NS ? Et plus on monte dans la hiérarchie, plus c'est évident. D'où le grand étonnement lorsque l'on a appris qu'Eichmann etc.
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puisqu'il fallait avoir la capsule de cyanure déjà installée dans la bouche
C'est sur demande et ceci est vu comme une sorte de privilège. Très SS. Perso, c'est le contraire qui me pose problème : comment des Résistants risquant d'être pris et parler sous la torture n'avaient rien sur eux pour en finir correctement ?
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