Espagne, 2018 : 84 députés sur 340 :
Un gouvernement minoritaire, l'Espagne est-elle un exemple?Mais justement on voit combien diriger un gouvernement minoritaire est un exercice difficile. On est à la merci des autres formations politiques qui permettent au gouvernement d'exister car elles s'abstiennent lors de certains votes. Il y a donc, en permanence, une recherche de compromis.
En fait, la lecture de l'article wikipedia sur
les gouvernements minoritaires est édifiante. Cet article semble ne pas avoir été mis à jour depuis 2019, puisqu'il ne tient pas compte des résutats en Espagne du scrutin de 2019. Mais, au moment de la rédaction de l'article, il y a 11 pays européens qui ont un gouvernement minoritaire !
Et, on y apprend qu'il y a eu aussi 2 épisodes sous la Ve République où le gouvernement a été mis en minorité à la Chambre.
Citer :
Cependant, il est arrivé que, sans que le vote de confiance ne soit rejeté, le Premier ministre n’obtienne pas le soutien de la majorité absolue de l’hémicycle. Son gouvernement est alors minoritaire car, malgré son maintien, il ne dispose plus que d’une majorité simple.
Cet événement, arrivé par deux fois dans la Ve République, résulte surtout d’une divergence politique à l’intérieur des grands blocs :
Le 26 avril 1962, le vote de confiance de Georges Pompidou, alors Premier ministre, n’obtient que 259 voix sur les 290 nécessaires. En cause, une division dans la majorité de droite entre gaullistes et non gaullistes, à la suite du désaccord de la majorité parlementaire avec la réforme introduisant l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Cette fracture sera à l’origine de l’unique motion de censure votée dans la Ve République quelques mois plus tard.
Le 16 septembre 2014, le second gouvernement de Manuel Valls n’obtient que 269 voix sur les 289 nécessaires. Cette fois en cause, les députés frondeurs du Parti Socialiste qui s’abstiennent, étant en désaccord avec la politique du gouvernement. Cependant, craignant la dissolution de l’Assemblée et le désaveu de leur parti, ils n’iront pas jusqu’à voter la censure
Alors, la question qu'on peut se poser est de savoir si le maintien d'un gouvernement minoritaire est une preuve de démocratie ou pas du pays concerné... En fait, ces gouvernements sont une indication de la division politique du pays. Malgré tout, il faut continuer à gouverner... Lors des épisodes où une telle crise institutionnelle perdure, on commence par recourir aux dissolutions et aux retour devant les urnes. Qui n'apportent pas forcément plus de stabilité, et parfois les élections aggravent l'instabilité. Dans un second temps, le groupe qui a le plus de députés tente parfois le gouvernement minoritaire, en évitant de poser la question de confiance ou en espérant que les autres groupes, de peur de se retrouver dans une situation encore plus instable, décident de ne pas participer au vote. Et parfois cela peut tenir des mois, puis des années. Chaque parti y trouvant son compte. Même s'ils dénoncent la situation lors des débats publics... pour espérer obtenir plus de voix aux prochaines élections. Et espérer réussir à former éventuellement un gouvernement minoritaire aux élections suivantes.
En fait, ce qui est plus préjudiciable à la gouvernance d'un pays, c'est la "friabilité" de la classe politique, comme la France l'a connue sous les IIIe et IVe République, comme l'a connu l'Italie durant diverses périodes de l'après-guerre. Comme le connait la Belgique, et d'autres pays.