JPdeRouen a écrit :
J'ai vu récemment ce film d'Henri Verneuil avec Gabin et Blier, parmi tant d'autres. C'est censé se passer à la fin des années 1950 mais j'ai été frappé par l'absence totale de référence à la seconde guerre mondiale, comme si elle n'avait jamais eu lieu, ni à ses conséquences. Aucune référence au nazisme, à ses horreurs, à la défaite de 1940, au gaullisme. On voit bien les débuts de la construction européenne puisque c'est le sujet de débat parlementaire qui provoque la chute de Beaufort, alias Gabin, mais par référence à la grande guerre comme si elle avait vraiment été "la der des der". Aucune guerre coloniale non plus. La France et le Royaume-Uni qui sont toujours les puissances arbitre de l'Europe, voire du monde. Rien sur les USA et l'URSS et encore moins de guerre froide. Rien de tout ça, pas même en arrière-plan. Et la troisième République qui survit encore en 1960, ce qui est somme logique s'il ne s'est rien passé vingt ans avant. Bref, une troisième qui continue dans un monde sans grosse tragédie.
Si quand même: une vague allusion au 6 février 34 et aux ligues d'extrème-droite.
Suis-je le seul à avoir cette impression que ce film se passe dans un monde parallèle?
Vous n'êtes évidemment pas le seul et c'est bien entendu volontaire.
Pour moi, cela relève autant des nécessités de l'intrigue que d'une pratique généralisée dans le cinéma français des années 50.
Se prolonge ainsi la situation de l'Occupation: quand vous regardez le cinéma d'Henri-Georges Clouzot, qui croirait que
l'assassin habite au 21, le
Corbeau se déroulent en 42-43?
Je ne me souviens pas si
Quai des Orfèvres (47) évoque la guerre, je crois bien que non.
Il faut regarder dans le détail pour identifier les exceptions, mais habituellement on dit que le premier film à parler de la guerre est
La traversée de Paris (Autant-Lara, 1956) et reconnaissons que c'est par le petit bout de la lorgnette. Ensuite,
La vache et le prisonnier (1959), qui est carrément une comédie.
Dans le cas du
Président, il faut noter en outre que le réalisateur est
Henri Verneuil, qui a justement un talent (c'est mon analyse personnelle) pour décontextualiser complètement ses films s'il en a besoin, en recréant un environnement pourtant ultra-réaliste.
Dans quel pays, sous quel régime se déroule
I comme Icare ? Qu'est-ce que cette république du Hijar qui apparaît dans
100 000 dollars au soleil?
Et si vous visionnez
Peur sur la Ville (1975)
1000 Milliards (1979) aujourd'hui, à part les écrans d'ordinateurs monochromes et les cols pelle à tarte, tout pourrait avoir été écrit ce matin.