Jean-Marc Labat a écrit :
Bof, la Belgique avait des Reichsgau, les Pays-Bas un Reichskomissariat, il ne faut pas chercher de la logique là-dedans.Le plus proche de Pétain est Quisling.
Après la capitulation de l'armée belge le 28 mai 1940, les Allemands mirent sur pieds une administration militaire dirigée par un aristocrate et militaire de carrière, le général Alexander von Falkenhausen. Une section de l'administration, appelée Militärverwaltungsstab et commandée par Eggert Reeder, fut responsable de l'administration quotidienne du territoire. Le Militärverwaltungsstab transmettait ses ordonnances au comité des secrétaires-généraux en vue de leur exécution.
La Belgique ayant connu une première occupation en 1914-1918, sans politique d'extermination raciale, mais au moins aussi dure que la seconde pour la généralité de la population (massacre de civils en 1914, démantèlement et transfert des usines en Allemagne, déportation de leur personnel, famine, interdiction de déplacement, port de brassard, politique de terre brulée lors de la retraite de 1918), son gouvernement avait prévu l'hypothèse d'une occupation et prévu une politique du moindre mal.
Elle s'articulait sur deux axes :
1. La création d’un comité des secrétaires-généraux (le plus haut fonctionnaire de chaque ministère).
2. La doctrine Galopin .
La base légale du comité des secrétaires généraux fut une loi du 7 septembre 1939 qui permettait, en temps de crise, à un secrétaire-général d'exercer le contrôle entier sur son ministère sans avoir le statut de ministre. Mais, dès le début de 1941, ce comité fut remanié par les Allemands qui y introduiront des personnes leur étant favorables dont Gérard Romsée qui était membre du parti flamand pro-nazi VNV . À partir de mars 1941, il est devenu clair que le Comité ne sera plus en mesure de résister aux demandes allemandes, même celles en violation flagrante avec la Convention de La Haye. Il nommera des bourgmestres et des gouverneurs de province issu des partis collaborationnistes.
Après la guerre, plusieurs secrétaires-généraux ont été jugés pour collaboration avec l'occupant. Tous sauf 2 seront rapidement acquittés.
Alexandre Galopin était gouverneur de la Société générale de Belgique et directeur du comité qui porte son nom. Pendant l'Occupation, ce comité se comporta comme un véritable gouvernement de l’ombre sur le plan économique et financier. En 1940, la Société Générale est le plus puissant holding belge. Elle contrôle 40% de l’industrie, principalement l'industrie lourde (charbon, acier, constructions métalliques). Galopin commence sa carrière à la Fabrique Nationale de Herstal (FN), la célèbre fabrique d'armement. Pour l'occupant, Galopin est un interlocuteur clé. En effet, dans les limites de la doctrine qui porte son nom, il ne s'oppose pas à la production au bénéfice de l'Allemagne. Il refuse toutefois l'intégration de l'économie belge dans un grand espace économique allemand (Grossraumwirtschaft). Cette politique aurait des conséquences désastreuses pour l'industrie lourde belge, qui vit du libre-échange et de bas prix. Il s'oppose aux plans allemands visant à supprimer la frontière douanière entre la Belgique et l'Allemagne. Finalement, les tentatives d'instituer une politique de prises de participation (Kapitalverflechtung) n'auront qu'un succès mitigé en raison de l'attitude de Galopin qui, par principe, n'en veut pas.
La doctrine poursuivait un triple objectif. Il s'agissait de garder la main sur l'industrie belge éminemment dépendante de ses exportations ; de sauvegarder l'emploi en évitant un chômage massif qui aurait été dicté par l'enrayement de la machine industrielle et de contrer par-là la déportation de travailleurs comme fut le cas lors de la première guerre mondiale ; et enfin de favoriser l'importation de denrées alimentaires avec l'occupant en échange de cette contribution industrielle. A partir de fin 1942, les allemands introduisirent le STO et cessèrent leurs livraisons alimentaires.
Le 28 février 1944, avec l'approbation d’Himmler , des collaborateurs nazis, membres du « corps de sécurité » SS composé à la fois de membres du mouvement collaborationniste flamand DeVlag et de la Algemeene-SS Vlaanderen, assassinèrent Alexandre Galopin.
La politique du moindre mal, si elle évita un démantèlement de l’industrie, ne fit que retarder les autres mesures décidées par l’occupant.
Alexandre Galopin resta une personnalité appréciée après-guerre.