Helios a écrit :
La Guerre du Vietnam au cinéma, ce sont avant tout quelques chefs d'oeuvre du cinéma réalisés par les plus grands (Voyage au bout de l'enfer, M. Cimino, 1978 ; Apocalypse Now, F.F. Coppola, 1979 ; Full Metal Jacket, S. Kubrick ; Platoon, O. Stone).
Pour en revenir sur le
Voyage au bout de l'Enfer (
The Deer Hunter, 1978) de Michael Cimino, je viens de revoir le film...
Si la plupart des spectateurs se focalisent sur les scènes de roulette russe (qui restent encore un sujet de controverses), il y a un aspect particulier qui m'a frappé... Globalement, Cimino montre clairement que ses personnages ne sont pas des descendants d'Anglo-saxons typiques, mais sont issus d'une communauté d'immigrants aux origines slaves.
Toute une bonne partie du début du film, d'ailleurs, se déroule durant une cérémonie de mariage dans une église russe orthodoxe.
Les noms des personnages envoyés au Vietnam sont tout aussi éloquents : Michael « Mike » Vronsky (Robert De Niro), Steven « Steve » Pushkov (John Savage), Nickanor « Nick » Chevotarevitch (Christopher Walken)... Et quand Nick se retrouve, bien plus tard, dans un hôpital militaire, un médecin lui demande «
Chevotarevitch, c'est russe n'est-ce-pas ? ». Et Nick de répondre «
Non ! C'est américain ! » ...
Ce qu'il faut comprendre, c'est que - même si les personnages de Cimino ne renient pas leurs racines - ils se considèrent bien comme des Américains.
Et, à la fin du film, suite à l'enterrement de Nick, tous entonnent en sourdine le
God Bless America... Parce que, même s'ils sont meurtris dans leur âme (et certains dans leur corps), ils restent patriotes. En dépit des épreuves traversées, si la foi dans leur pays d'adoption est sans doute ébranlée, il semble que le doute et le désamour ne soient pas considérés comme une option acceptable...
Attitude qui semblera sans doute surprenante à certains spectateurs du 21e siècle, s'attendant à les voir plutôt se tourner vers la contestation politique, voire dans le repli communautariste...