Anlyse partagée:
"Avec « Deadwood », HBO frappe encore un coup, et un coup de maître qui plus est, en replongeant de façon totalement immersive le spectateur dans une conquête de l’ouest plus vraie que nature. Si je voulais jouer la référence foireuse, je parlerais bien d’antithèse de « Docteur Quinn », tant les thèmes abordés sont dans le fond similaire. Rien d’étonnant à cela, puisque « Deadwood » ne fait que reprendre les fondamentaux du western, avec sa galerie de cabaretiers véreux, de docteurs acharnés à sauver leurs patients envers et contre tout, de vertueux sheriffs complètement à côté de leurs basques, d’as des cartes et de la gâchette, de jeunes et jolies veuves un peu paumées, bref, la galerie habituelle, à quelques détails près.
Ici tout sent aussi vrai que dans « Rome », et d’ailleurs sans doute va-t-on parfois un peu dans la surenchère, mais celle-ci se révèle absolument nécessaire à donner une âme à cette ville naissante, qui reste le premier personnage de la série. Les diverses figures qui l’habitent ont un avenir à peu près aussi incertain qu’elle, mais doivent survivre dans un milieu terriblement hostile.
Le scénario, particulièrement bien écrit, permet de s’attacher très vite à tous les personnages, même les plus a priori détestables, suffisamment en tout cas pour avoir envie de les suivre jusqu’au bout de la première saison et de la suivante.
Encore une fois pour une série HBO, l’audace prédomine, puisque ici on ose montrer dans fard cette naissance de l’Amérique dans la crasse, les visages de ceux qui façonnent ce pays encore en devenir (la Guerre de Sécession vient de se terminer) et qui est loin d’être reluisant, la corruption des agents de l’Etat, la violence qui sanctionne finalement tous les rapports.
Tout va très vite dans le microcosme de Deadwood, trop vite sans doute pour que la ville, l’Etat, et en fin de compte, le pays tout entier ne puisse s’adapter à ces changements brutaux et radicaux.
« Deadwood » s’impose donc comme une excellente série, que je trouve supérieure à « Rome », grâce à une galerie de personnages sans doute plus riche et ambitieuse, « Rome » souffrant en quelque sorte de devoir suivre le destin de nombreux personnages historiques, alors que « Deadwood » peut s’octroyer davantage de libertés.
Je ne serais donc trop vous conseiller ce petit bijou, à mettre entre toutes les mains (sauf entre celles des gens qui se choquent d’un rien. Sauf si vous cherchez à les tuer. Dans ce cas là, enchaînez tout de suite avec « Rome »), même entre celles de ceux qui n’aiment pas les westerns. La preuve, j’en suis… "
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