Helios a écrit :
Merci, cher Kurnos, pour cette référence sur ce sujet qui m'intéresse beaucoup.
A propos du fait que les Romains construisaient ou non en zones inondables, je repense au fait que, à Rome, nous connaissons des bornes indiquant la limite maximum de constructibilité près du Tibre. Nous en avons retrouvé certaines en place, à une centaine de mètres du Tibre. Et que voit-on? Des fondations d'édifices entre cette borne et le Tibre... Ils avaient donc bien conscience du risque, mais la spéculation immobilière, à cette époque comme aujourd'hui, l'avait emporté sur la sagesse!
Pour compléter la réponse de Kurnos, si on connait le risque, on peut le prendre en compte et le gérer. On a cru que seules nos sociétés modernes, depuis l'invention de l'assurance et des connaissances que cela induit, savaient gérer les risques. Les archéologues montrent que plusieurs société anciennes géraient le risque.
Revenons au Tibre, en fait les spécialistes distinguent le
lit mineur et le
lit majeur d'une rivière ou d'un fleuve.
On peut construire dans le lit mineur d'un fleuve, par exemple des piles d'un pont, mais il faut adopter des méthodes de constructions qui vont résister durablement à la force de l'eau, surtout lors des épisodes où le débit est important. Le lit mineur, surtout dans les grands fleuves qui ont des variations de débit importants, peuvent être plus ou moins à sec durant une période de l'année, mais on devrait avoir de l'eau dans tout le lit mineur de manière assez régulière. Bref, y construire une habitation , autre que lacustre, est exclu. Mais, on peut l'aménager, et donc construire des murs, des quais, des jetées, les fondations d'une digue, des moulins à eau ...
En ce qui concerne le lit majeur, celui-ci est usuellement à sec car le lit majeur n'est inondé qu'en cas de crue. Or, selon le régime du fleuve ou de la rivière cette crue peut subvenir plusieurs fois par ans, ou une fois toutes les décennies. Si les crues sont régulières, on verra peu de monde construire durablement dans le lit majeur. Si elles sont exceptionnelles, on peut être tenté de le faire, mais on doit être informé que le risque d'inondation est réel. Mais, on voit qu'à certaines époques les gens, pour diverses raisons, ont accepté volontairement de construire dans le lit majeur, mais en aménageant les lieux pour cela. Ce peut-être la construction de buttes sur lesquelles on va construire les maisons pour les garder hors-eau.
Ensuite, il y a des évolutions au fil du temps. Premièrement à cause des aménagements faits par les hommes. Canaliser une des rivières qui alimente un fleuve va entrainer une augmentation du débit d'eau à cet endroit. Selon les bassins versants qui alimentent les diverses rivières en amont du fleuve, la canalisation partielle de ces rivières peut diminuer ou augmenter le risque de survenue de crues catastrophiques. Mais, il y a aussi les conséquences des évènements naturels. Les crues charrient des quantités souvent phénoménales de matériaux qui vont donc se déposer dès que la vitesse de l'eau diminue ... Au risque de boucher le lit mineur et d'entrainer la création d'un nouveau lit, ce qui peut changer pas mal de choses dans le paysage