Vézère a écrit :
Darwin1859 a écrit :
Le monde sait désormais ce que nos ordinateurs actuels et l'informatique en général doivent à Alan Turing, qui a conçu pendant la 2eGM la machine capable de déchiffrer les codes sophistiqués d'Enigma, la machine à chiffrer allemande.
Mais l'histoire d'Enigma elle-même n'est pas aussi connue. Qui sont les concepteurs de cette machine de cryptage capable de milliards de combinaisons, qui a donné tant de fil à retordre aux équipes de casseurs de codes alliées?
Juste une remarque. Sans rien enlever aux mérites des mathématiciens de Bletchley et avant eux des Polonais pour décrypter Enigma, il n'y seraient peut-être jamais parvenus (ou en tous cas beaucoup plus tard), s'ils n'avaient pas eu les clés de chiffrement achetées au
traître Hans-Thilo Schmidt par le 2ème Bureau.
Lequel
traître a consciencieusement transmis toutes les mises à jour jusqu'en 1943, informations dûment communiquées par les services français aux Anglais.
Cf notre discussion à ce sujet voici quelques années.Sur la machine elle-même, il peut être bon de rappeler qu'il existait une version civile vendue librement dans de nombreux pays avant la guerre, et même une version militaire achetée par des pays neutres.
Le brevet avait été déposé par un hollandais en 1919, racheté par un ingénieur allemand dont les travaux étaient très similaires. Cet homme a lancé la version civile, mais il est mort avant la guerre. Par exemple, j'ignore quels ont été les usages civils de la machine.
Edit: ooups, je n'avais pas vu le message de Narduccio. Le mien fait doublon.Narduccio, vous avez récupéré votre pseudo?
L'aide de Hans-Tilo Schmidt fut importante, mais un mathématicien polonais,
Marian Rejewski, avait déjà réussi à mettre en équation le fonctionnement de la machine. En fait, pour décrypter, c'est cela qui est important. Une fois qu'on a les équations de fonctionnement, il suffit d'avoir le nombre de calculateurs nécessaires à un décryptage rapide des messages. C'est cela que permettent les machines développées et perfectionnées durant la guerre par les anglais : décoder les messages dans un délai qui permette d'agir plutôt que de réagir en diminuant le temps nécessaire au décryptage.
Les allemands pouvait rendre ce décryptage plus difficile en multipliant le nombre de rotors (et ils sont effectivement passés de machines à 3 rotors à des machines à 4 rotors), soit en augmentant le nombres de lettres des rotors, idée qui ne semble pas les avoir effleurés. Voici un passage de wikipedia qui explique la contribution de Marian Rejewski :
Citer :
Rejewski aborde donc le problème de la découverte du câblage des rotors. Pour ce faire, selon l'historien David Kahn, il est le premier à utiliser les mathématiques pures dans l'analyse cryptographique. Les méthodes précédentes ont largement exploité les schémas linguistiques et les statistiques des textes en langage naturel : l'analyse fréquentielle des lettres. Rejewski applique des techniques de la théorie des groupes — des théorèmes sur les permutations — dans son « attaque » sur Enigma. Ces techniques mathématiques, combinées aux éléments fournis par le chef du renseignement radio français Gustave Bertrand, à partir de données de l'informateur allemand Hans-Thilo Schmidt, permettent à Rejewski de reconstituer les câblages internes des rotors et du réflecteur non rotatif de la machine. « La solution », écrit Kahn, « est le véritable exploit de Rejewski, qui l'élève au panthéon des plus grands cryptanalystes de tous les temps ». Rejewski utilise un théorème mathématique selon lequel deux permutations sont conjuguées si et seulement si elles ont la même structure de cycle, que le professeur de mathématiques et co-éditeur du journal de cryptologie Cryptologia, Cipher A. Deavours, décrit comme « le théorème qui a remporté la Seconde Guerre mondiale ».
Avant de recevoir les informations des services de renseignement français, Rejewski a soigneusement étudié les messages d'Enigma, en particulier les six premières lettres de messages interceptés au cours d'une même journée. Pour des raisons de sécurité, chaque message est crypté en utilisant différentes positions de départ des rotors, sélectionnées par l'opérateur. Ce message est composé de trois lettres. Pour le transmettre à l'opérateur destinataire, l'opérateur d'envoi commence le message en envoyant le paramètre du message sous une forme déguisée : un indicateur à six lettres. L'indicateur est créé à l'aide de l'Enigma avec ses rotors réglés sur un réglage de base, global et commun pour la journée, partagé par tous les opérateurs. La manière particulière dont l'indicateur est construit introduit une faille dans le chiffrement.