Nous sommes actuellement le 28 Mars 2024 19:13

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 58 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 06 Juil 2012 2:50 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 30 Jan 2009 22:17
Message(s) : 202
La Saussaye a écrit :
voire même que certains généraux comme Oda Nobunaga dans les années 1570 et Tokugawa Ieyasu plus tard se firent réaliser des armures de type espagnol, modifiées seulement par leurs décorations !

Les armures de type namban.

Il y a eu une très bonne exposition au Quai Branly il y a quelques mois, (tapez : Samouraï armure du guerrier dans google images) c'était un bon échantillon des armures de luxe (pas celle de simples soldats) et on voyait que les armuriers avaient beaucoup d'imagination pour la décoration : casque en forme de rhinocéros, a plumeau, à crinière, en forme de visage, conique, riveté, etc.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 07 Juil 2012 21:23 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Evoquons maintenant les combattants eux-mêmes :

Les Ashigaru, (pieds-légers) ou soldats du rang le plus bas, constituaient le gros des armées, l'infanterie, souvent revêtus de l'équipement le moins coûteux.
Leur armure était souvent faite de petites plaques cousues ensemble, susceptible d'être transportée dans un petit sac appelé tatami gusoku, ou sac à armure; ils pouvaient aussi porter une cuirasse, simple, faite de lames de métal solidement rivetées, appelée l'okegawa dô, ou encore l'hara-ate, armure qui protégeait la poitrine, mais pas le dos.

L'armure du soldat « moyen » consistait donc en un dô, ou cuirasse, et un kabuto, ou casque, de formes variées.

De plus, il avait également des kote, qui étaient des chemises aux manches rembourrées, sur lesquelles étaient cousues en renfort des baguettes de bois laqué.

Beaucoup avaient des sortes de jambières, souvent de simples protections en baguettes de bois sur le devant de la jambe, appelées suneate. Un tablier fendu, le haidate, était aussi souvent porté comme pièce d'armure; quoique très inconfortable pour la marche, le haidate fournissait au combat une protection appréciable.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 07 Juil 2012 22:55 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Les Bushis :

Ils sont beaucoup plus connus sous le nom de samouraïs. En fait, le terme de samouraï s'imposera après le Sengoku-Jidaï, mais leur code, qui sera élaboré au cours du XVIIème siècle, fera explicitement référence à leurs ancien nom : le Bushido.
Le cocasse de l'histoire est que nous connaissons donc sous un nom erroné les terribles combattants japonais qui sont entrés dans la légende, alors que les samouraïs proprement dit constitueront pendant plus de 250 ans l'armature militaire d'un pays en paix …

Bushi ou samouraï, nous les visualisons facilement en général, avec leurs armures et leurs casques étranges. Ils sont aussi connus par le fameux port des deux sabres, le sabre long, ou katana, et le sabre court, le wakizashi.

Les bushis (serviteurs en japonais) sont au départ des servants armés. Les amalgamer de ce fait aux chevaliers européens est donc un peu erroné, dans la mesure ou le bushi des origines n'est rien d'autre qu'un serviteur dans l'ordre social féodal.

Cependant, et au cours des siècles, les bushis sont devenus la colonne vertébrale des armées japonaises.

Fidèles à en mourir à leurs seigneurs de guerre, ils ont développé de manière considérable la plupart des arts de la guerre.

L'on croise donc (quoique ce ne soit pas forcément une bonne idée !) des bushis fantassins ou cavaliers, combattants à la lance, au naginata (sorte de hallebarde) ou au sabre, et aussi, sinon surtout, archers.
Equipés de l'arc japonais asymétrique (un arc très grand dont la partie inférieure est plus courte), les bushis sont réputés pour leurs talents d'archers, que ce soit à pied ou à cheval.

Evidemment, pour eux, l'apparition de l'arquebuse n'a pas été la meilleure nouvelle qui soit, et d'ailleurs l'archerie en souffrira, pour s'effacer lentement des champs de bataille avant de devenir un art martial pur et simple, presque un sport.

Les diables rouges de Naomasa sont des bushis, et la célèbre cavalerie des Takeda, dans les années 1545-1575, est également composée de bushis, bien sûr, puisque eux seuls combattent à cheval.

Le bushi va également donner lieu à l'apparition d'un guerrier un peu particulier : le rônin, ou samouraï sans maître.

L'idée en soi est aberrante dans le système social japonais, mais la réalité de la vie fait qu'à la mort de certains daymios, il n'est pas rare, et deviendra même de plus en plus fréquent, que des guerriers se retrouvent sans patronage, réduits à louer leurs services ou, pire, à devenir brigands pour survivre.

Après Sekigahara et la disparition de plusieurs dizaines de seigneurs de la guerre engloutis dans le désastre, ce sont des dizaines de milliers de rônins qui vont errer dans le Japon central, et ce sera l'une des graves questions qu'aura à gérer le jeune shôgunat Tokugawa.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 07 Juil 2012 22:57 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
A la fin du 16ème siècle, les variétés d'armures et leurs différentes décorations avaient atteint un point incroyable.

Même une pièce aussi simple qu'une cuirasse faite de lames horizontales solidement rivetées entre elles pouvait être assemblée de rivets arrondis ou non, ou de fixations largement décorées; il pouvait ainsi y avoir une douzaine de différentes pièces réunies.

L'un des éléments les plus reconnaissables de l'armure japonaise était bien sûr le sashimono, petit étendard monté sur une armature en bois et porté au dos de la cuirasse. Ces drapeaux représentaient l'héraldique du commandant de l'unité concernée.

Les seigneurs de la guerre, pour leur part, étaient accompagnés de porte-étendards, et utilisaient rarement le sashimono.

Les drapeaux d'unités différentes au sein d'une même armée pouvaient être les mêmes, afin de faciliter la reconnaissance des uns et des autres (dans les films « Ran » et « Kagemusha » d'Akira Kurosawa, les grands étendards sont pléthoriques dans les scènes de bataille; c'est très beau d'un point de vue visuel, mais évidemment loin de la réalité).

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 07 Juil 2012 22:59 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
L'armement

L'arme de base était le Yari, longue lance utilisée tant par l'infanterie que la cavalerie. Le Yari n'était pas une arme de jet, et il en existait de différentes dimensions suivant les clans. Les yari les plus longs, véritables sarisses macédoniennes, avaient été celles du clan Oda.

Ensuite venaient les fameux sabres, portés par paire : le sabre long, appelé Tachi ou Katana, et un plus court nommé Wakizashi. A cela s'ajoutaient des poignards.

Les soldats les plus pauvres ne portaient que le long sabre, avec un poignard ou deux en réserve.
Les poignards étaient souvent employés pour trancher les têtes d'ennemis tombés comme trophées. A la fin de la journée, les têtes étaient décomptées, et celles de personnages importants, daymio ou généraux, étaient présentées au commandant en chef au cours d'une curieuse cérémonie dite « de présentation des têtes ».

Chaque clan des deux armées disposait également d'unités regroupant parfois jusqu'à des centaines d'arquebusiers nommés teppô tai. L'arquebuse (Tenno) avait été introduite accidentellement par les portuguais en 1542, nous l'avons vu, et vers 1600 il s'en fabriquait artisanalement des quantités... industrielles !

Cette arme avait changé l'art de la guerre au Japon. Finis les postures avantageuses, les longs discours et les combats singuliers qui avaient constitué le moment fort du combat : comme en europe, n'importe quel crétin pouvait abattre de loin le plus courageux des seigneurs de la guerre.

Le triomphe de l'arquebuse avait été la bataille de Nagashino en 1575, lorsqu'Oda Nobunaga avait démantelé les charges de la cavalerie de Takeda Katsuyori en disposant, derrière des chevaux de frise en bambou, ses arquebusiers sur trois lignes. Pour la première fois, le Japon avait assisté à l'effet dévastateur des feux roulants.

Les unités d'arquebusiers avaient donc largement supplanté celles d'archers peu de temps auparavant. Les arcs étaient toujours employés, mais leur importance allait en diminuant considérablement. A Sekigahara, lorsque le clan loyaliste des Shimazu arriva avec ses archers, le vieux Shimazu Yoshihiro portant lui-même son arc, le reste de l'armée occidentale les considéra comme une bizarrerie.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 0:24 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il n'est pas neutre de préciser un point au sujet de ces armées.

Au début de l'époque dite du Sengoku-Jidaï, la guerre entre les provinces, les effectifs en présence sont généralement assez proches de ceux que l'europe, au même moment, connaît pendant les guerres de religion.
Les armées regroupent plusieurs milliers d'hommes.

Au Japon, ces effectifs vont augmenter lentement mais sûrement pendant le dernier quart du XVIème siècle.

En effet, si pour telle ou telle campagne l'on peut remarquer des chiffres de combattants comparables avec ceux des armées royales européennes, un facteur doit être pris en considération : au Japon, ces chiffres ne concernent que les troupes d'une ou de quelques régions sous un même commandement …

Ainsi, lorsque Hideyoshi a unifié l'essentiel de l'archipel, il est en mesure, sans même l'apport des Tokugawa, de mobiliser comme nous l'avons vu plus de 250 000 hommes pour les envoyer en Corée.

De ce fait, les effectifs en présence à Sekigahara sont d'une ampleur qui aurait sidéré Henri IV : chaque armée sera forte d'environ 80 000 hommes, non compris évidemment les dizaines de milliers d'autres qui, au même moment, se battent un peu partout ailleurs.

Le système de commandement, avec ses qualités et ses faiblesses, que nous avons évoqué plus haut prend ici toute son importance.

Pour la même raison, les généraux en chef, Tokugawa Ieyasu et Ishida Mitsunari, se devaient avec leurs adjoints de développer une stratégie extrêmement complexe et intégrée, que nous allons rapidement détailler, et qui était à la fois militaire, diplomatique et politique : en fait très moderne dans ses conceptions.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:08 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Les plans de campagne

Depuis la mort de Toyotomi Hideyoshi, l'action de Ieyasu lui avait mis à dos le conseil des bugyô et tairô. Le plus actif de tous, nous l'avons vu, était Ishida Mitsunari. Avant même de soumettre au conseil l'accusation contre son rival, le 22 août 1600, Mitsunari avait commencé à consolider ses forces.

Il avait passé un accord secret avec Uesugi Kagekatsu, de Aizu (fief au nord-est de celui de Ieyasu dans le Kantô) afin que leurs deux armées attaquent simultanément.

Pris en tenaille, le Tokugawa serait inévitablement broyé.

Il semble que les espions de Ieyasu firent merveille, car ce dernier déjoua la manoeuvre. Il avait alerté ses propres alliés de l'est de l'île pour qu'ils soient prêts à répondre à tout mouvement hostile de la part de Kagekatsu. Quand celui-çi bougea, Ieyasu était prêt.

Avec clairvoyance, ou plus vraisemblablement grâce à l'usage de ses espions (l'histoire raconte qu'à la différence de ses prédécesseurs qui les avaient plutôt pourchassés, il s'était entouré de ninjas jusqu'à en faire sa garde rapprochée), Ieyasu progressa assez lentement vers l'est pour se donner le temps de trouver un terrain d'entente avec Kagekatsu.

Le ralliement de ce dernier obtenu, il fit rapidement demi-tour vers l'ouest pour affronter Mitsunari.

Mitsunari, pour sa part, avait cru gagner à sa cause nombre de partisans du camp oriental.

Mais son caractère le desservit, et ruina la loyauté de ceux en qui il comptait, car il était connu pour ses réactions velléitaires, mais aussi pour un tempérament dangereux et vindicatif qu'il avait laissé voir à plus d'une occasion.

L'une de ses pires erreurs fut la façon dont il traita ses otages alors que les nuages s'amoncelaient.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:09 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
La pratique des otages était courante, et Mitsunari avait voulu s'assurer des épouses et des familles des généraux Tokugawa et de leurs fidèles qui avaient quitté Osaka après que Ieyasu soit parti pour Edo en juillet.

L'une de ces femmes, baptisée dans la foi chrétienne, Gracia, était l'épouse du général Hosokawa Tadaoki, tenant du clan Tokugawa.

Connaissant le latin et le portugais, dame Gracia était une aristocrate instruite et raffinée. Elle refusa d'être une gêne pour son mari et le seigneur de celui-çi. Lorsque Mitsunari envoya des hommes l'arrêter, elle ordonna à un serviteur de la tuer, et fit mettre le feu à sa demeure. Cet acte fit une telle impression dans Osaka que Mitsunari dut placer des gardes aux domiciles des autres épouses de généraux Tokugawa.

Certaines d'entre elles parvinrent cependant à s'enfuir la nuit même, parmi lesquelles les femmes de Katô Kiyomasa, Kuroda Nagamasa, et Ikeda Terumasa.

Cette affaire fit que beaucoup en arrivèrent à considérer qu'être sous la coupe de Mitsunari n'était pas l'avenir qu'ils envisageaient. Une chose était de prendre des otages, voire de les abattre : cela était de bonne guerre; mais c'était autre chose de les pousser, en plus involontairement, au suicide.

Tout ceci rend un son familier aux lecteurs du roman « Shôgun », et c'est normal : remplacez Hosokawa Gracia par Mariko, Tokugawa Ieyasu par Toranaga, Ishida Mitsunari par Ishido et l'anglais William Adams par Blackthorne, vous décèlerez la trame historique de ce roman.

Trame sérieuse, sauf pour ce qui est de l'histoire d'amour entre Blackthorne et Mariko (qui n'a évidemment jamais eu lieu); pour le reste, le livre en question donne une bonne vision des machinations qui précédèrent Sekigahara : chaque personnage romancé a son équivalent historique.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:10 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Quand Ieyasu commença son mouvement vers l'ouest, ses intentions étaient de prendre le contrôle des routes Nakasendô et Tokaïdô, isoler Mitsunari de Ôgaki, et lui couper ses lignes de communications vers Sawayama.

Alors, selon lui, l'alliance loyaliste tomberait d'elle même...

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:10 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
La campagne de Sekigahara

La bataille de Sekigahara prend place au sein d'une véritable guerre. Ce conflit, qui a culminé le 21 octobre 1600 autour du village de Sekigahara, avait en fait débuté en juillet de cette même année.

Tout commença au nord, dans la province de l'Echizen.

Le clan Uesugi avait été l'un des plus puissants du nord du Japon. Il avait été le principal adversaire, pendant plus de quinze ans, du célèbre Takeda Shingen et de ses cavaliers du Kaï.

Uesugi Kagekatsu, fils du célèbre Uesugi Kenshin, s'était mis à puissamment fortifier ses domaines, lorsque Ieyasu lui envoya d'Osaka, en mai 1600, un message à Aizu, pour lui enjoindre de s'expliquer sur ses intentions.

La réponse émana, non de Kagekatsu lui-même, mais du chef de son conseil, son premier intendant, Naoe Kanetsugu, qui répondit sarcastiquement que, pendant que les samouraïs urbains perdaient leur temps à réunir des services à thé, ceux de la campagne, eux, amassaient des armes.

Le seigneur Hori Hideharu régnait sur la région voisine d'Aizu, l'Echigo. Lui aussi s'inquiéta des préparatifs de son belliqueux voisin, qui employait 80 000 hommes travaillant frénétiquement à l'édification d'une nouvelle forteresse et de plusieurs points défensifs autour d'elle. Il faisait également bâtir des routes destinées au déplacement d'un grand nombre de troupes.

Kagekatsu alla si loin qu'il attenta à la vie d'un messager de Ieyasu, que ses conseillers prirent (peut-être à raison) pour un espion. Ieyasu, furieux de cette atteinte à son autorité, et de cet affront, envoya à Kagekatsu une dépêche lui ordonnant de se rendre à Osaka pour s'y expliquer.

Se voyant répondre par la négative, et ayant décidé que la seule chose à faire était de mettre en branle ses coalisés afin d'abattre le seigneur des Uesugi, il réunit ses généraux pour un conseil de guerre à Osaka le 12 juillet 1600.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:11 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
22 juillet 1600 : les Tokugawa entrent en guerre

Ce 22 juillet, les alliés de Ieyasu quittaient Osaka pour leurs fiefs respectifs afin de s'y préparer à la guerre.

Au-delà du problème posé par le chef du clan Uesugi, Ieyasu savait qu'il était nécessaire que ses hommes soient partout dans le pays à leurs postes, quand les hostilités éclateraient avec Mitsunari.

Il convoqua ses armées et, le 24 juillet, sans que Mitsunari soit au courant, il quittait Osaka pour rejoindre rapidement ses provinces orientales.

Pour sa part, Kagekatsu ne s'inquiétait pas, car il était convaincu qu'à la première alerte, Mitsunari surgirait sur les arrières des Tokugawa.

Lorsqu'il passa à l'offensive, quelques semaines plus tard, deux alliés de Ieyasu, Môgami Yoshiakira et Date Masamune contre-attaquèrent immédiatement.

Maeda Toshinaga aurait dû les rejoindre, mais il fut tout à coup confronté à une guerre contre son propre frère et quelques autres, ralliés au camp loyaliste.

Un quatrième Daimyô, Satake Yoshinobu, refusa de porter les armes contre Kagekatsu, mais les forces réunies des Môgami et des Date allaient s'avérer suffisantes.


Pendant ce temps, le chef du clan Tokugawa, ayant évacué Osaka dont les loyalistes allaient aussitôt prendre le contrôle pour en faire leur quartier général, faisait route vers l'est et ses provinces.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:12 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Ieyasu s'arrêta passer la nuit au château de Fushimi le 25 juillet, et y passa la soirée à boire et à discuter avec le commandant de la garnison, un vieil ami et un fidèle, Torii Mototada.

Tous deux savaient que la guerre était proche, que Fushimi serait l'une des premières cibles des troupes loyalistes, et que Mototada ne pourrait jamais l'emporter.

Le château tomberait inéluctablement, et lui allait mourir : les deux amis étaient conscients de cette réalité.

Les adieux des vieux compagnons d'armes, le matin suivant, furent poignants, et allaient entrer dans la légende pour des générations.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:13 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Août 1600 : les loyalistes Toyotomi se mettent en marche

Ishida Mitsunari convoqua son propre conseil de guerre, alors que Ieyasu était déjà en route pour le Kantô.

Le 17 août, les coalisés loyalistes se réunirent au château de Sawayama.

Ukita Hideie représenta Mitsunari, et les généraux présents étaient Shimazu Yoshihiro (âgé de 65 ans, chose rare pour un Daimyô!), seigneur de Satsuma; Kobayakawa Hideaki; Nabeshima Katsuhige, fils de Nabeshima Naoshige, seigneur de Saga; Chôsokabe Morichika, seigneur de Tosa; Ôtani Yushitsugu, seigneur de Tsuruga.

Ce dernier aurait dû rejoindre Ieyasu dans sa campagne contre Kagekatsu, mais Mitsunari l'avait intercepté et convaincu de rallier les loyalistes.

Choix fatal que Yushitsugu allait regretter toute sa vie.

Hideaki est présent, il participe au conseil de guerre. Il se tait ...

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:14 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Ieyasu avançait lentement, ce qui lui permettait de réagir efficacement aux manoeuvres diplomatiques de Mitsunari.

Il avait toute confiance dans la capacité de Masamune et Yoshiakira à contenir Kagekatsu.

De son côté, Mitsunari était persuadé qu'avant peu, le gros des forces Tokugawa engagerait le clan Uesugi, ce qui lui permettrait alors de lancer son armée par les routes Nakasendô et Tôkaidô – les deux axes de communications reliant Edo à la capitale – et de tomber sur les arrières de Ieyasu.

La tenaille apparaissait parfaite.

Le seigneur Tokugawa rejoignit Edo le 10 août, et y resta jusqu'au 1er septembre, date à laquelle il fit mouvement vers le nord et Ôyama avec 50 000 hommes : des masses combattantes encore inusitées dans l'histoire du Japon étaient en train de se rassembler au sein de l'archipel.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Sekigahara
Message Publié : 08 Juil 2012 2:18 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Jan 2008 23:00
Message(s) : 1002
Dans le même temps, Date Masamune, Maeda Toshinaga et quelques autres capitaines donnaient à Uesugi Kagekatsu du fil à retordre; Ieyasu, de son côté, semblait prêt à se ruer sur lui, mais semble bien ne pas en avoir eu l'intention : il avait à faire ailleurs ...

A Osaka, Kikkawa Hiroie ne décolérait pas contre l'affront fait au clan Môri par Mitsunari quand ce dernier avait obligé leur chef de clan à rester en dehors des évènements.

Il fit parvenir des messages secrets aux généraux Tokugawa Kuroda Nagamasa et II Naomasa, et les assura que, le jour de la bataille, les 36 000 hommes du clan resteraient l'arme au pied.

Cette décision allait être lourde de conséquences.

Môri Hidemoto, cousin de Terumoto et commandant des Môri en l'absence de son parent, supplia Terumoto de se rallier aux Tokugawa avant qu'il ne soit trop tard : il avait conscience de ce qu'une défaite signifierait pour leur famille...

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 58 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 14 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB