La piteuse capture de Gotha et fuite de Soubise laisse entrevoir un aspect de la vie des Armées qui n'avait rien de très militaire et encore très méconnu, celui de la foule des civils femmes et enfants suivant les Armées, phénomène qui a disparu avec les armées modernes
«Dans la campagne de 1757, en Saxe, les généraux alliés, commandés par Soubise, étaient réunis dans Gotha, ville fortifiée, avec 8 000 hommes de toutes armes. Seidlitz, général prussien, tenta de les déloger avec 1500 chevaux qu'il déploya en courant sur la place. Soubise était sur le point de se mettre à table lorsqu'il reçut la nouvelle de ce coup de main. Il se crut attaqué par toute l'armée prussienne et prit la fuite avec ses soldats; les autres généraux l'ayant imité, Seidlitz s'empara de la ville et d'un grand nombre de secrétaires, valets de chambre, cuisiniers, comédiens, coiffeurs, marchands de nouveautés, singes et perroquets, qui suivaient l'Etat-Major Français. Il prit aussi les bagages, où l'on trouva des caisses entières d'eau de lavande, de parfums, de blanc, de rouge, de manchettes et de parasols. »
Soubise était allé en personne faire une reconnaissance à Gotha avec 8000 grenadiers et quelques escadrons, lorsque de son côté Seydlitz poussa une pointe vers cette même ville avec 1500 chevaux. Soubise, mal gardé, fut surpris au moment où il allait se mettre à table. Il n'eut que le temps d'ordonner la retraite qui s'exécuta en assez grand désordre et fit sur le moral de l'armée une impression des plus fàcheuses. Seydlitz prit dans Gotha, dit Chapuis, un grand nombre de secrétaires, d'officiers de cuisine, de valets de chambre, de comédiens et de comédiennes, de coiffeurs, etc., etc.; il trouva, dans les bagages des chefs, des caisses d'eau de lavande, de poudre à la maréchale ou à la Pompadour, des parasols, et jusqu'à des singes et des perroquets. On comprend le peu de mobilité d'une armée ainsi escortée.
Bataille de Rosbach (1757). — La honteuse incapacité de ses adversaires le sauva. Daun, le Fabius cunctator allemand, n'osa pas soutenir son lieutenant, qui s'était avancé jusqu'à Berlin. Les Russes s'arrêtèrent à la nouvelle d'une maladie de la tsarine et par crainte de son héritier présomptif, grand admirateur de Frédéric II. Richelieu négociait au lieu de combattre. Frédéric porta toutes ses forces contre l'armée des cercles, qui marchait sur Leipzig dans le plus grand désordre, avec l'armée du Mein du prince de Soubise. Les Français étaient subordonnés aux Allemands. Le prince d'Hilburghausen et son ridicule état-major d'officiers de parade allait, sur l'ordre du roi de France, commander aux officiers français. L'armée française semblait n'être plus qu'un simple contingent d'Empire. Encombrée de 12,000 chariots de marchands et de vivandiers, sans cesse occupée de maraude tandis que les officiers ne songeaient qu'aux fêtes et à la toilette, elle ressemblait plus aux cohues de Xerxès qu'aux troupes de Turenne. Hildburghausen et Soubise s'emparèrent de Gotha: mais, peu de jours après, le chef de la cavalerie prussienne, Zeidlitz, les en chassa en faisant manœuvrer à pied ses dragons sur un rang, de façon à faire croire qu'ils étaient très nombreux, et en prévenant Soubise par un faux déserteur que toute l'armée de Frédéric II approchait. Les deux princes évacuèrent Gotha avec tant de précipitation, que le camp français tomba aux mains de l'ennemi: on y trouva, disent les relations du temps, une foule de secrétaires, de cuisiniers et de valets; des tables avec beaucoup de vaisselle et d'argenterie; une quantité d'objets de toilette et de parfumerie, parasols, manchettes, eau de lavande et de nonpareille, singes, perroquets, etc. Ainsi l'armée avait tous les vices de la cour. Comment pouvait-elle se mesurer avec les belles troupes de Frédéric II!
Histoire de l'Europe et particulièrement de la France de 1610 à 1789 De Régis Jallifier, Henri Vast
il m'a fallu quand même le concours d'un dictionnaire pour comprendre dans cet inventaire à la Prévert ce qu'est nonpareille (d'ailleurs décrit dans d'autres descriptions comme sans-pareille)
L'historien Tempelhof, racontant la surprise du quartier général de l'armée de Soubise dans la. ville de Gotha, dit que les Prussiens prirent grand nombre de secrétaires, valets de chambre, officiers de cuisine, comédiens, coiffeurs, marchands, etc.; les bagages des généraux Français et Saxons tombèrent également en leur pouvoir; on y trouva des caisses entières d'eau de lavande, de sans-pareille, des manchettes, des singes, des perroquets,
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